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fût rendue publique deux heures après, ellecouvrait les murs de la capitale par les soins de MM. Michaud qui se trouvaient dans les appartemens voisins de la salle du conseil.

Cette déclaration était tout: c'est elle qui a fixé le sort de la France, en écartant l'obstacle qui était entr'elle et ses anciens souverains, en liant les souverains alliés, en assurant à la cause des Bourbons l'appui de leurs forces. Son changement date donc de cette résolution: c'est elle qui a tout fait. Il y a un point décisif dans les affaires, et il était là, Une simple hésitation suffisait pour tout changer. Si postérieurement les résolutions déja arrêtées ont pu être attaquées, qu'eût-ce été s'il n'y en avait pas eu? On ne peut donc trop le dire; la restauration est sortie de ce conseil. Dès-lors, tous les vœux ont pu se manifester, tous les esprits et tous les cœurs ont pu se réunir pour en hâter l'accomplissement.

A la fin du conseil nous mîmes tous nos soins à empêcher l'effet des représentations que les négociateurs, au nom de Napoléon, pourraient chercher à produire. Si nous ne pûmes les empêcher d'arriver, on parvint du moins à

abréger leur séjour, et à en atténuer l'effet. Dès que nous fùmes sortis du conseil, M. le baron Louis et moi, nous travaillâmes à nous' assurer d'un des généraux les plus influans, et nous dépêchâmes vers lui.

En revenant chez M. de Talleyrand, nous eûmes connaissance que les souverains s'étaient engagés à faire, dans le traité de paix, sous les Bourbons, de meilleures conditions à la France qu'on ne lui en aurait accordé sous Napoléon; ce grand service est dû à M. de Talleyrand: le lendemain, il se rendit au sénat à trois heures; il y prononça le discours ci-joint.

Dans cette séance, le gouvernement* provisoire fut nommé, ou plutôt confirmé; car les choix qui avaient été arrêtés entre nous, ne souffrirent pas une contradiction.

Dès ce moment la révolution fut consom→ mée tout ce qui suivit ne fut que la conséquence de ces premiers actes, et l'on vit se réaliser avec rapidité ce que nous avions annoncé au conseil des souverains. Les signes du gouvernemt précédent tombaient successivement (1) les emblêmes de celui que

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(1) Dans la journée du 31 mars, M. de Bourienne

l'on attendait se relevaient à mesure : tous les corps, et fonctionnaires se mirent à délibérer, à adhérer au changement provisoire l'exemple de Paris, comme on l'avait bien prévu, entraîna tout.

les

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Dès le 1er avril, le conseil général du département de la Seine, le premier de tous corps constitués de cette ville, prononça sa séparation avec Napoléon, et son væti pour le rappel de la maison de Bourbon.

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Le 2 avril, le sénat, aussi fatigué d'être l'instrument que la victime de la tyrannie qui s'étendait à tout, rendit le sénatus-consulte de déchéance, et délia le peuple et l'armée de ses obligations envers Napoléon (1). C'était lui porter le coup mortel.

s'empara de la direction des postes, chose de la plus grande importance; car la restauration s'étendit à mesure que les nouvelles du changement arrivé à Paris, se propagèrent dans les départemens. C'est un grand et courageux service; car il ne f e faut pas oublier que Napoléon était à quelques lieues de Paris, et que personne ne pouvait répondre du parti que prendrait l'armée.

(1) C'est dans ce moment que Napoléon dut connaître toute l'étendue de la faute qu'il avait faite, en n'as

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Le 3 avril, le corps législatif adhéra aux actes du sénat dès-lors les chefs des armées, aussi éclairés que braves, rapportant toujours leurs travaux au service de la patrie, furent libres de se lier au changement que son bien venait d'exiger, et de se séparer de celui qui était devenu l'auteur de tant de maux. L'exemple en fut donné par le maréchal duc de Raguse, qui, par cette détermination réfléchie, traça la ligne de démarcation entre les devoirs du guerrier et ceux du citoyen.

Napoléon avait voulu essayer de se faire jour jusqu'à Paris, avec ce qui hui restait des débris de son armée, débris eux-mêmes de tant d'autres débris: il s'avança jusqu'à six lieues de Paris; mais bientôt détrompé, il céda aux instances de ses anciens généraux, et fit upe abdication qu'il voulait rendre personnelle à

sociant en aucune manière la nation à ses délibérations, ni à l'exercice de son pouvoir: après s'en être servi seul et pour lui seul pendant beaucoup d'années, il resta seul le jour où il l'invoqua dans ses nécessités; et comme il n'avait jamais écouté personne, à son tour il ne fut écouté de personne. 2!

lui seul, en demandant pour son fils ce qu'il n'avait pu obtenir pour lui-même.

De grands efforts furent tentés auprès des souverains pour les porter à accéder à cette substitution du fils au père; mais cette entreprise échoua: ce fut dans la nuit du 5 au 6 avril, que ce dernier obstacle à l'affermissement de la restauration fut définitivement écarté.

M. le général Dessolle, appellé d'une retraite dont le motif avait été glorieux, au poste de commandant de la garde nationale de Paris, signala sa rentrée dans les affaires par la plus courageuse opposition à l'adoption des demandes de Napoléon.

Ici doit s'arrêter mon récit : la restauration était consommée, et c'est elle que j'ai voulu retracer. Cependant qu'il me soit permis de dire que l'empereur Alexandre ayant désigné M. Pozzo di Borgo, pour résider auprès du gouvernement provisoire, pendant l'absence qu'il ferait en allant combattre Napoléon, campé à six lieues de Paris, le gouvernement provisoire me désigna pour l'accompagner, avec le même titre. Heureusement ces dispositions furent superflues. Deux jours après, le

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