Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

du Mississipi, sur les billets de rente, sur les assignats, sur les biens nationaux, sur le cours de la dette perpétuelle de l'État, sur les terrains propres à la construction des maisons, sur les actions industrielles de toute nature, exploitations de mines, desséchements de marais, entreprises de canaux ou de chemins de fer, sur beaucoup de marchandises, sur le 3/6, c'est-à-dire l'alcool à 36 degrés, le savon de Marseille, l'huile, le café, le sucre en pain, etc.

Si l'on voulait écrire l'histoire de l'agiotage en France, l'année 1719 y occuperait une large place. Le système de Law arrivait alors à son développement le plus complet, l'ivresse était à son comble, chacun croyait parvenir à la fortune par ce qu'on appelait le commerce des papiers: pour ceux qui étaient assez habiles et réalisaient à temps, les illusions devenaient des richesses positives; mais pour tous les autres, le désenchantement et la ruine approchaient, et au mois de décembre de la même année allait commencer la chute rapide des valeurs.

aujourd'hui le degré de richesse où est arrivée la vaste contrée arrosée par le Mississipi, et la splendeur actuelle de la Nouvelle-Orléans, on conçoit facilement à quelles illusions ont pu se laisser entrainer ceux auxquels on promettait que l'exploitation de ce point du globe se ferait à leur profit.

Celui qui dirigeait ces entreprises gouvernait en même temps les finances de l'État. Bientôt la banque générale devint une banque royale. Au privilége du commerce d'Occident vint s'ajouter le privilége du commerce de la Chine et des Indes; la Compagnie d'Occident qui, en dehors de ces attributions ordinaires, avait déjà pris le bail des fermes générales, qui avait acquis, en outre, le privilége du commerce du Sénégal, devait enfin prendre le titre de Compagnie des Indes. Chaque transformation devenait l'objet de l'émission d'actions nouvelles. Les actions de la Compagnie d'Occident, comme dérivant des actions de la banque, furent appelées les filles; celles de la Compagnie des Indes se désignérent ensuite comme les petites filles. Le désir d'em

amena d'abord des actionnaires, puis l'habitude du trafic des actions commença à prendre, l'agiotage fit le reste. Law l'excitait par tous les moyens, et, au commencement de 1719, il inaugurait le marché à prime, en achetant au pair deux cents actions de la Compagnie d'Occident, payant 40,000 livres à compte sur 100,000 livres formant leur valeur, et consentant à perdre les arrhes ainsi donnés s'il ne remplissait pas ses engagements dans un délai déterminé.

En présence du déficit et des embarras financiers de toute nature légués par Louis XIV; cher-ployer les billets d'État, qui étaient dépréciés, chant, en outre, les moyens de faire face à ses propres profusions, le régent, après avoir eu recours aux expédients ordinaires des emprunts, de la vénalité des faveurs, de l'altération des monnaies, avait fini par écouter les suggestions de Law. Homme instruit, habile, ardent, Law, qui n'avait pu réussir en Ecosse, sa patrie, n'en était pas moins resté convaincu lui-même de la solidité et de la possibilité d'application de toutes ses vues financières. Suivant lui, la richesse est d'autant plus grande que le principal agent des échanges devient plus abondant, et le billet de banque est surtout utile en ce qu'il se prête à une augmentation aussi rapide que possible du signe représentatif; mais le souverain donnant seul la valeur aux monnaies, le billet, pour acquérir et conserver sa valeur, doit s'appuyer sur l'État. Pour obtenir cet appui, une banque devait donc accepter les obligations de l'État comme pouvant former une part importante de son capital. D'un autre côté, il fallait que la banque se créat par actions, et pour attirer les actionnaires, il fallait leur offrir l'appåt de bénéfices commerciaux en obtenant la concession de quelques grands priviléges. Le système avait ainsi pour éléments essentiels le billet et l'action.

Law obtint, le 2 mai 1716, le privilége de fonder une banque particulière, dont le capital pût être souscrit, payable, pour les trois quarts, en billets d'État. L'année suivante, il fit décider que les billets émis par la Banque seraient reçus comme espèces par les comptables publics. Cependant les opérations restaient encore languissantes; les actions étaient au-dessous du pair; il fallait leur donner un attrait nouveau. Le commerce au long cours se faisait alors par des compagnies privilégiées, et il y avait dans l'exploitation d'un monopole de ce genre toutes les chances propres à faire naître l'espoir dans les esprits. Law fut admis à succéder à Crozat dans le droit d'exploiter le commerce de la Louisiane, et la traite des castors au Canada. Sa banque fonda, en conséquence, la Compagnie d'Occident. Quand on voit

[ocr errors]

Le centre des opérations était dans la rue Quincampoix, habitée alors par les banquiers et les changeurs; le bruit des fortunes rapides qui se faisaient en ce lieu y fit accourir la foule; les opérations portèrent bientôt sur des valeurs nominales, qui paraîtraient encore aujourd'hui fabuleuses. Le ruisseau de cette rue était appelé le Mississipi, et les anecdotes abondent sur la singularité des faits qui se passaient en ces lieux : on se plaît à raconter qu'un bossu y faisait fortune en prêtant sa bosse pour servir de pupitre à signer les contrats.

Les premières actions avaient été longtemps sans atteindre le pair de leur émission, 500 livres; les nouvelles, avec le même capital nominal, étaient émises pour 5,000 livres. A la fin de novembre 1719, elles se vendaient à quarante fois ce capital nominal. Pendant ce temps, le papier-monnaie se multipliait sans prudence, et le moment de la catastrophe approchait. Les agioteurs les plus adroits commencèrent les premiers

se retirer de la partie; ils soutinrent les cours aussi longtemps qu'ils le purent, pour avoir le temps de transformer les valeurs fictives qu'ils possédaient contre des valeurs réelles; mais le gros du public, composé de gens simples et de speculateurs inhabiles, supporta tout le poids de la banqueroute.

Depuis cette époque, l'agiotage ne s'est plus présenté avec cet ensemble qui lui a donné pour un temps un effet véritablement dramatique. Les opérations ont été plus variées, le jeu s'est en quelque sorte régularisé en se divisant, et en

portant à la fois ou tour à tour sur des objets de différente nature. Les fonds publics lui ont servi du reste d'aliment le plus constant et le plus régulier. Les gouvernements représentatifs ont dù adopter le principe de la publicité des comptes, et renoncer à la ressource précaire que présentait aux monarques absolus l'altération des monnaies; on a facilement fait passer en principe que l'honneur national était lié au payement ponctuel des engagements contractés au nom du pays. Par là, le crédit public s'est développé; mais avec ce système, qui, tombé en de mauvaises mains, a si justement excité la verve satirique de Paul-Louis Courier 1, les dépenses ont augmenté dans des proportions gigantesques; les emprunts se sont succédé, et la dette publique de chaque État a grevé l'avenir du lourd fardeau des intérêts.

Pour faciliter l'infiltration des titres d'emprunts dans la circulation, on a établi la non distinction d'origine dans l'inscription des dettes sur le grandlivre; on a donné aux rentes le privilége de ne pouvoir être saisies par opposition contre le titulaire; l'on a ouvert un marché avec vente journalière à la criée et au comptant; mais pardessus tout, on a fomenté l'esprit du jeu; des priviléges spéciaux ont été réservés pour les agents de change, qui en sont devenus les principaux intermédiaires. Les opérations réelles ont servi de manteau à un nombre beaucoup plus grand d'opérations fictives, et le mélange d'opérations de diverses natures a été tel que, dans les marchés à terme, dont quelques-uns sont sans doute très légitimes, il a été difficile d'arriver à découvrir ce qui n'était que le fruit de l'agiotage. On a donc multiplié le nombre et la nature des opérations, ainsi qu'on pourra le voir au mot BoURSE.

A différentes époques, notamment en 1827 et 1828, il s'est développé à Paris un véritable agiotage sur les terrains propres à bâtir. La paix et les facilités commerciales qui en étaient la suite augmentaient la population. Avec une aisance plus grande, chacun cherchait à se procurer un logement plus propre, mieux situé, plus aéré; de la, la nécessité de constructions nouvelles. La spéculation cherchait donc les meilleurs emplacements, et quand le choix avait été heureux, la revente procurait de beaux bénéfices. Aussi était on à la recherche de vastes enclos, sur le terrain desquels de nouveaux quartiers pouvaient être ouverts, de nouvelles rues pouvaient être tracées. Jusque-là l'opération était très légitime; mais il n'en était pas toujours de même des moyens employés pour achalander les lieux, et pour faire monter le prix des lots; les manœuvres ordinaires de l'agiotage étaient mises en jeu. Un des moyens employés, dont les conséquences ont été véritablement désastreuses pour beaucoup de gens, était de faire construire, sans bourse délier, des maisons sur plusieurs points d'un quartier nouveau. A cet effet, le spéculateur, acquéreur de l'ensemble du terrain, choisissait, afin d'y faire construire une maison pour son compte, un lot convenablement situé; il faisait dresser les plans par un architecte, puis faisait appel à des entrepreneurs de maçonnerie, de charpente, de serrurerie, de mePamphlets, édition de 1827; Pièce diplomatique,

p. 481.

nuiserie, de couverture, de vitrerie et de peinture; il offrait successivement à chacun d'eux de se charger de la partie de la construction qui le concernait, pour en étre payé, par compensation, en terrains du même quartier pour une valeur supérieure aux travaux, à des prix que l'agiotage avait singulièrement surélevés. Beaucoup de sousentrepreneurs se laissaient prendre à l'amorce, fiers de se trouver à leur tour propriétaires, ils commençaient à édifier des maisons sur les lots acquis par eux, échangeant pour cela leurs services, celui-là donnant en charpente la même valeur qu'il recevait en maçonnerie, celui-ci en couverture ce qu'il recevait en serrurerie et ainsi de suite. Mais la spéculation ne réussissait pas toujours; les terrains avaient été vendus trop cher, les appartements se louaient peu, les maisons se vendaient moins encore. Tous les travaux n'avaient pu se faire qu'au moyen de fournitures nombreuses faites par les marchands de bois, de fer, de platre, de pierre, de couleurs, et de matériaux de tout genre; ces fournisseurs poursuivaient les sousentrepreneurs, ils suivaient l'expropriation des maisons construites par eux. L'adjudication se faisait d'ordinaire à vil prix; le speculateur primitif avait soin de se rendre acquéreur, puis il faisait compensation, par suite de son privilége de vendeur, de son prix d'adjudication avec ce qui lui restait dû sur le prix exagéré donné dans l'origine à l'immeuble, et se trouvait ains possesseur de terrains couverts de maisons, sans autre déboursé que le payement primitif du terrain nu sur lequel il avait conçu l'idée ingénieuse de tracer des rues.

N

De 1832 à 1834, le tour des actions industrielles est arrivé. Profitant des facilités données par l'article 38 du Code de commerce, qui permet le partage de la commandite en actions, et, prenant surtout avantage de la jurisprudence qui admis que cette action commanditaire peut étro faite au porteur, on a fondé de grandes entrepris industrielles. Un fondateur de société se préser tait seul chez un notaire; sans posséder un sou vaillant, il faisait dresser un acte qu'il déclarait obligatoire entre lui comparant d'une part, et tous ceux qui plus tard deviendraient propriétaires d'une action dans la commandite fixée à un chiffre élevé. Il se retirait ensuite, et n'avait plus qu'à trouver au dehors des dupes pour verser dans sa caisse des fonds réels contre des actions, ou même des coupures d'action, auxquelles il avait donné une valeur arbitraire; l'essentiel était seulement de trouver un bon prétexte pour justifier la fondation, et de bien faire jouer ensuite les ressorts de l'agiotage.

L'exploitation des mines a joué un grand rôle à cette époque. Paris étant le grand marché pour les actions industrielles, c'est là que les spéculateurs établissaient le centre de leurs opérations. Ils cherchaient ensuite quelle concession de mine pourrait devenir l'objet d'un premier apport social, à faire acquérir par des actionnaires, lesquels fourniraient, en outre, le fonds de roulement nécessaire à l'exploitation. Le bassin houiller de la Loire a surtout appelé l'attention de ces speculateurs. Ils commençaient par acquérir des mines aux concessionnaires originaires; ils les

[ocr errors]

nistrateurs de ces entreprises. On a découvert, il n'y a pas longtemps, en Angleterre, que plusieurs compagnies de chemins de fer avaient pu faire doubler le prix d'émission des actions, en trompant le public sur leur situation et sur l'importance des bénéfices annuels.

La vénalité des charges d'agents de change ou de courtiers entraîne avec elle un motif de plus d'excitation au jeu sur les rentes ou sur les marchandises, de même que la vénalité des charges de notaires excite le jeu sur le terrain. Quand on a engagé un capital considérable dans l'achat d'une charge et par l'immobilisation d'un cautionnement, on est entrainé à rechercher tous les moyens de gagner des honoraires ou des courtages qui puissent indemniser de tant de sacrifices.

payaient au-dessus déjà de leur valeur; mais ils en faisaient l'apport ensuite en société à un prix beaucoup plus élevé, voulant réaliser ainsi sur les actionnaires le bénéfice personnel, seul motif déterminant de leur intervention dans l'entreprise. La réalisation de ce bénéfice abusif ne pouvait avoir lieu que par le placement des actions; aussi toutes les ressources de l'agiotage étaient-elles mises en jeu pour développer les espérances sur les chances de succès dans l'avenir; les promesses les plus éblouissantes étaient prodiguées, et, la passion du jeu aidant, le public se laissait prendre d'une fièvre de spéculation sur les actions des mines. L'engouement alla même si loin, que deux concessions abandonnées et presque épuisées, après avoir été vendues à des spéculateurs, au prix de soixante-dix mille francs, furent mises en actions au capital d'un million. Par la vente des actions, ce capital fut, à peu de choses près, réalisé, et les fondateurs passèrent en Belgique. Ces mêmes concessions, mises plus tard en adjudication, se vendirent au prix de trente-sept mille francs, d'où résulte la preuve que la valeur avait pu en être exagérée dans la proportion de un à vingt-sept! En deux ou trois ans, quelques agioteurs, plus habiles que les autres, réussirent à faire des fortunes considérables formées de la dépouille de ceux qui avaient eu la bonhomie d'ac-plus qu'à vendre et revendre le plus grand nombre quérir et de garder en main leurs actions.

Plus tard, l'agiotage se porta en France, comme en Angleterre et dans beaucoup d'autres pays, sur les entreprises de chemins de fer. Là les illusions pouvaient d'autant plus facilement naître et se développer que l'avenir présentait plus d'incertitude, qu'il y avait l'appȧt d'une concession de monopole, qu'on savait qu'il y aurait des recettes considérables à faire, et que l'on ignorait quels pourraient être les frais d'exploitation et d'entretien. Dans un pays d'intervention gouvernementale, comme la France, les espérances pouvaient se donner d'autant plus facilement carrière, que l'on avait pour garantie la responsabilité de l'État, qui faisait faire les études et les projets par son corps des ponts et chaussées, qui entreprenait par lui-même, en certains cas, les terrassements et autres travaux d'une dépense difficile à évaluer, qui parlait d'une garantie de minimum d'intérét, qui, contrairement au droit commercial, permettait de mobiliser au porteur des actions sur lesquelles la moitié seulement des versements serait faite, enfin qui demandait moins le concours de l'industrie que le concours des capitaux.

Le gouvernement, faisant appel aux associations purement financières, stimulait ainsi surtout l'esprit d'agiotage. Les projets de formation de compagnies se multiplièrent; on composait les conseils d'administration de pairs de France, de généraux, de gens ayant tous de hautes positions, donnant par là à présumer que l'on avait plus de chances d'obtenir la concession du privilége. C'est ainsi que l'on arrivait à émettre des promesses d'actions auxquelles le jeu ajoutait immédiatement des primes.

Parfois l'agiotage s'exerce sur des entreprises par actions depuis longtemps fondées, et cela au moyen de comptes infidèles produits par les admi

Quand un courtier a réussi à trouver un négociant qui consent à vendre à livrer, au terme d'un ou deux mois, 500 sacs de café Saint-Domingue de qualité loyale et marchande, il ne lui reste plus qu'à rencontrer un acheteur auquel il pourra persuader que les chances de revendre avec avantage se présenteront avant l'époque fixée pour la livraison. Passant, ensuite, d'un acquéreur à un autre, sachant avec adresse effrayer celui qui a joué à la baisse, en vendant à livrer, et flatter au contraire celui qui croit à la hausse, un courtier ne songe

de fois possible la même partie de marchandise, laquelle souvent n'existe même nulle part qu'on sache encore. Lorsque l'échéance approche, on cherche enfin une seule partie de 500 sacs de café qui vient représenter les trente ou quarante operations qui ont été faites. L'ordre de livraison écrit par un des vendeurs devenu acquéreur de la marchandise existant, est successivement transmis par endossement de l'un à l'autre; on se paye des différences; l'un gagne ce que l'autre perd; mais le seul qui fasse un gros bénéfice, aux dépens de tous les autres, est encore le courtier, qui, percevant un demi pour cent de chaque vendeur et un demi pour cent de chaque acheteur, touche ainsi en définitive: trente ou quarante pour cent sur une marchandise dont la valeur réelle a varié à peine de cinq ou six pour cent pendant les deux mois qu'a duré la manœuvre de l'agiotage.

Pour la négociation des rentes, les abus sont plus grands encore. L'agent intermédiaire ne fait pas connaitre le vendeur à l'acheteur, il ne met pas une partie en présence de l'autre, il reste seul responsable vis-à-vis de chacune d'elles, et peut se soustraire ainsi facilement à la défense que lui fait la loi d'agir pour son compte. Les opérations portent en outre sur une nature de valeurs pour lesquelles un marché est tous les jours ouvert, où des ventes sont faites à la criée et sur des titres auxquels des priviléges spéciaux sont attribués. Les ministres chargés de surveiller l'application des lois se croient, au contraire, intéressés à exciter l'agiotage, afin de rendre plus facile, à l'occa sion, l'infiltration sur le marché de nouveaux titres d'emprunt lorsque l'État en a à émettre. L'agio tage a été, ingénieux à varier et compliquer les opérations qui se font sur les rentes; quelques dé tails à cet égard trouveront place ailleurs.

Sans doute les chances du jeu auront toujours

un grand attrait pour beaucoup de gens, et il sera difficile de faire complétement disparaitre l'agiotage; mais il est hors de doute que le principal remède au mal se rencontre ici, comme en beaucoup d'autres cas, dans un retour à la liberté. Ce qu'il faudrait ensuite serait une loi répressive definissant bien, et permettent d'atteindre, tous les genres d'escroqueries. Il est encore un autre remède qui aurait une efficacité réelle; mais celuilà nos sociétés modernes ne paraissent pas nous le devoir donner de sitôt : il faudrait renoncer à l'énormité des dépenses publiques, aux déficits annuels, aux emprunts qui aliènent l'avenir et absorbent les épargnes du présent; alors on n'aurait plus besoin de l'intervention de ceux qui souscrivent et négocient les emprunts publies, on n'aurait plus intérêt à protéger l'agiotaze. HORACE SAY.

Voyez les mots ACCAPAREMENT, AGENT DE CHANGE et BOURSE.

BIBLIOGRAPHIE.

Consulter encore sur ce sujet :

J.-B. Say: Cours complet, 2 éḍ., t. 11, ch. 16, de lagiotage. (Collect, des princip. Econom.)

id. Traité d'Econ. polit., 6e ed., liv. 4, ch. 46, et liv. 3, ch. 11. (Mème collect.)

Jd. L'article Agiotage, du Dict. du commerce et des marchandises.

Histoire du système des finances sous la minorité de Louis XV, pendant les années 1719 et 1720, par du Hautchamp. La Haye, 1739, 6 vol. in-12.

« C'est la chronique la plus curieuse de l'agiotage et des agicteurs pendant toute la durée du système de (BL.)

Law.

- Cette histoire renferme les détails les plus curieux sur l'agiotage et le personnel des agíoteurs.

(THIERS, art. Law de l'Encyclop. progressive.) Réflexions politiques sur les finances et le commerce, Par Dutot. T. ler, Collect. des princip. Econom.)

Dénonciation de l'agiotage au roi et à l'assemblée des notables, par le comte de Mirabeau. 1787, in-8.

Ce pamphlet est accompagné du Plan des opérations de l'abbé d'Espagnac pour soutenir et continuer le monopole des actions de la nouvelle Compagnie des Indes, et suivi d'une trentaine de notes où l'on trouve l'explication des termes d'argot usités, à cette époque, parmi les joueurs, et d'autres renseignements non moins curieux. Dans la note 5, Mirabean définit ainsi l'agiotage:

• l'on donnerait, dit-il, de l'agiotage une idée assez juste, et surtout très moderée, en disant qu'il est Petude et l'emploi des manoeuvres les moins delicates pour produire des variations inattendues dans le prix des effets publics, et tourner à son profit les dépouilles de ceux qu'on a séduits ou trompés. »

De la Bourse et des spéculations sur les effets publics, outrage dans lequel les marchés à terme sont considérés d'après les lois, la jurisprudence, la morale et le crédit public, par A. S. G. Coffinières. Paris, BelinLeprieur, 1824, 4 vol. in-8.

divers degrés de civilisation des sociétés. Ouvrage consciencieux, qui en résume beaucoup d'autres, et A. G. qui mérite d'être plus connu. »>

AGOULT (CHARLES-CONSTANCE - CÉSAR - LOUP JOSEPH-MATHIEU d'), né à Grenoble en 1747; nommé, le 13 mai 1787, évêque de Pamiers, démissionnaire de ce siége en 1801, mort à Paris le 21 juillet 1824.

Outre un grand nombre d'écrits sur différents sujets, on a de lui les ouvrages économiques sui

vants :

Projet d'une banque nationale, ou moyen de tirer la France de la crise actuelle. Paris, Egron, 1815, in-4 de 9 feuilles.

C'est un mémoire présenté à Louis XVI, mais auquel l'auteur fit subir des modifications avant de le livrer à l'impression.

Éclaircissement sur le projet d'une banque nationale, et réponse aux objections faites contre ce projet. Paris, Egron, 1816, in-4 de 6 feuilles. (Tiré à un petit nombre.)

Des impôts indirects et des droits de consommation, ou essai sur l'origine et le système des impositions françaises, comparé avec celui de l'Angleterre. Paris, Egron, 1817, in-8.

Livre intéressant à consulter, à cause des particularités qu'il renferme sur les finances de l'empire et sur celles de l'Angleterre.

AGRICULTURE. L'agriculture forme l'une des grandes divisions de l'industrie générale. Elle embrasse tous les travaux par lesquels l'homme contraint la terre à produire au gré de ses besoins. Ces travaux sont nombreux et divers, et il serait impossible d'en donner ici l'énumération complète. On se bornera à les indiquer par ordre de destination, et à exposer sommairement en quoi consistent les principaux. Ainsi envisagés, ils se partagent en quatre branches distinctes:

1° Travaux affectés à la préparation du sol avant les ensemencements;

2o Travaux d'ensemencement, de culture et de récolte des divers produits;

3o Travaux de conservation et de mise en état pour la vente des produits récoltés;

4o Travaux nécessaires à l'élève et à la multiplication des animaux, ainsi qu'à l'apprêt des produits qu'ils fournissent.

Les travaux appartenant à la première de ces catégories comprennent les défrichements, opérations à l'aide desquelles on débarrasse les terres encore incultes des arbres et des plantes sauvages qui les couvrent;

Les amendements, opérations ayant pour but de modifier la composition du sol arable par le mélange à ses couches supérieures des espèces de terre et des substances minérales qu'il ne contient pas en quantité suffisante;

Les fumures, opérations qui consistent à reHonorable protestation contre les abus de l'agio-cueillir, à préparer, à transporter et à mêler au sol tage, qui a eu le sort de toutes les protestations précédentes. Ce sera un ouvrage interessant à consulter le jour où l'on voudra sérieusement mettre un terme au

brigandage des speculations de Bourse. La legislation sur la matière y est résumée avec ordre. »

(BL.)

AGNÈS (J. A.), docteur en droit, avocat à Saint-Brieuc.

De la propriété considérée comme principe de consertation, ou de l'hérédité. Paris, Videcoq, et Guingamp, B. Jullivet, 1840, 2 vol. in-8.

C'est un exposé historique et comparé de l'origine et des modifications du droit de propriété dans les

des détritus organiques ou engrais propres à lui communiquer les propriétés productives qui lui manquent naturellement, ou que les récoltes qu'il vient de nourrir lui ont retirées;

Les ameublissements, labours, servant à rompre, à diviser, à émietter le sol de telle sorte que les racines des plantes puissent s'y enfoncer, y cheminer sans obstacle, et y puiser tous les sucs nutritifs dont elles ont besoin.

Ces travaux, tous indispensables au succès de

la culture, demandent d'autant plus de fini que | les produits confiés au sol sont moins robustes ou plus précieux. S'il est des plantes qui peuvent se contenter du degré d'ameublissement obtenu par l'emploi de la charrue, de la herse et du rouleau, i en est qui veulent davantage, et nécessitent l'usage de la bêche, de la herse et des instruments de jardinage.

Au nombre des travaux sans lesquels certaines terres ne se prêteraient pas à la culture, figurent encore ceux qui servent à leur ôter les eaux dont la surabondance les rend improductives, et à leur amener celles dont le manque les stérilise. Les irrigations et les défrichements acquièrent d'autant plus d'importance que les populations, en devenant plus nombreuses, sentent davantage la nécessité d'étendre leurs labeurs agricoles, et voilà pourquoi bien des contrées qui jusqu'ici les ont négligés n'hésitent plus à les multiplier au prix même de sacrifices fort considérables.

Les travaux affectés à la culture même des produits consistent dans la préparation et la mise en terre des semences, dans les façons à donner aux végétaux pendant leur croissance, et dans les opérations à l'aide desquelles on les recueille au moment de la maturité. Ces travaux sont d'une multiplicité extrême. A partir des arbres qui peuplent les forêts jusqu'à la moindre des herbes potagères, tous requièrent les soins de l'homme, et des soins non moins variés dans leurs formes que les espèces de plantes qui les reçoivent. Ce serait se perdre dans des détails infinis qu'énumérer ici les différentes sortes de labeurs dont les arbres sylvestres ou fruitiers, les vignes, les céréales, les farineux, les racines alimentaires, les plantes fourragères, industrielles, potagères ou médicinales sont l'objet soit avant soit pendant la récolte. Tous ces travaux tendent à placer les végétaux dans les conditions qui, suivant la nature de chacun, sont les plus favorables à son développement. Ils y réussissent tantôt en agissant sur les produits mêmes, tantôt en les débarrassant du voisinage des herbes parasites qui leur disputent les sucs de la terre, ou les étouffent par leur contact; tantôt en tenant le sol suffisamment meuble pour assurer l'absorption et la circulation des éléments de fertilisation qu'il recèle ou reçoit de l'atmosphère. Plus les produits sont fréles et délicats, plus ces travaux sont multipliés et fréquemment renouvelés.

Les travaux qui concourent à la conservation des récoltes ainsi qu'à les mettre en état d'être portés au marché sont également fort divers. Tous les produits ne sont pas traités de la même manière autres sont les labeurs dont les céréales requièrent l'emploi, et autres sont ceux que demande la préparation du chanvre ou du lin. Il y a des œuvres bien différentes à accomplir après la récolte dans l'intérieur des exploitations, et parmi ces œuvres on en compte qui, comme la fabrication des vins, des cidres, des boissons tirées des fruits, sont de première importance.

Les travaux consacrés aux animaux domestiques ainsi qu'aux produits qu'ils fournissent forment une des applications les plus essentielles de l'industrie rurale. Les animaux sont de sortes dif

férentes; il y en a de basse-cour, de bergerie, d'étable, d'écurie, et tous, pour subsister et prospérer, réclament des labeurs continus. Il faut aussi en recueillir et en approprier les produits aux convenances des acheteurs. On s'empare de la laine des moutons; le lait des vaches donne lieu à des fabrications de beurre et de fromage; on engraisse les porcs, les volailles, les bétes destinées à la boucherie, et tout cela constitue une série de soins et d'occupations qui prennent du temps et ont leurs difficultés.

On voit en quoi consistent et à quelle destination répondent les travaux que l'agriculture comprend dans sa sphère d'activité. Ces travaux sont remarquables par leur diversité. Non-seulement chaque espèce de production en veut de particuliers, mais chaque saison a les siens qui se succèdent toujours différents, et commandent sans cesse à ceux dont ils forment le partage de nouvelles applications d'intelligence et de force.

C'est là un des caractères par lesquels les travaux de l'agriculture se différencient fortement des travaux des autres industries. La division n'en est pas possible; tous ou presque tous sont réunis dans les mêmes foyers de production, et exécutés par les mêmes producteurs. Cette circonstance exerce trop d'influence sur la marche de l'art rural pour ne pas mériter quelque attention.

On sait à quel point les travaux qui concourent à la production manufacturière se séparent et se diversifient: autant de matières à ouvrer, autant d'occupations ou de professions distinctes. Bien plus, à chacune des transformations qu'elles ont à subir avant d'être adaptées aux exigences de la consommation, ces matières passent dans des mains nouvelles, et dans des mains qui portent d'autant plus d'habileté dans leur genre de labeurs que, n'en pratiquant jamais d'autre, elles en ont acquis une habitude plus complète. C'est là une des causes de la puissance de l'industrie manufacturière, un des avantages dont elle jouit et dont l'usage facilite le plus la réalisation des progrès dont chacune de ses branches est susceptible. Or cet avantage manque entièrement à l'agriculture. Les travaux qui forment son partage ne sauraient donner naissance à la formation de métiers particuliers, et le moindre cultivateur est chargé d'une multitude de tâches trop dissemblables pour qu'il puisse les remplir toutes avec une égale dextérité.

Ce qui étend l'inconvénient, c'est qu'il n'est pas d'exploitation rurale, grande ou petite, qui ne soit en réalité une manufacture de produits de beaucoup de sortes diverses. On peut bien diviser les cultures en catégories générales, nommer les unes céréales, les autres herbagères, viticoles ou maraîchères : ces qualifications n'empêchent pas que chaque culture ne soit tenue de réunir d'autres genres de productions que celui dont elle s'occupe principalement et auquel elle doit le nom qu'on lui donne. Il y a pour cela des raisons toutes puissantes. Les terres ne se prêtent pas à la culture continue des mêmes produits; elles ne tarderaient pas à s'épuiser si on ne variait les récoltes qu'on leur demande, et force est de recourir à des rotations sans lesquelles elles ces

« ZurückWeiter »