lez, cher Lecteur, tirer profit & reputation de cet Ouvrage, il faut le lire bien de loisir, & en suite entrer en l'exercice de la Medecine, & toucher plusieurs Pouls; & aprés retourner relire, & repeter les Regles qu'il contient, iusques à ce que vous les poffediez bien; & alors il n'y aura personne qui puisse vous l'emporter; il n'y aura maladie que vous ne connoissiez, ny alteration que vous ne découvriez, & vous pourrez passer pour un petit Prophete, & tres habile Medecin, fi d'ailleurs vous sçavez appliquer les remedes convenables aux maladies que vous aurez reconnuës. Vous sçaurez auffi, que pour don ner afsurance aux touches & differences des tons que fait le mouvemét du Pouls, il faut avoir la main fort legere, la peau delicate, les esprits raffis, l'esprit recueilly & quiet, & fon attention appliquée à cette unique confideration. Il faut aussi que celuy à qui vous prenez le Pouls soit en repos, la main sur un coussin,les bras en liberté; & partant détourner tout ce qui peut empécher le repos & l'attention de l'un & de l'autre, de celuy qui prend le Pouls, & de celuy à qui on le prend. De plus, ne foyez pas empressé ny precipité à prendre le Pouls & porter aussi-toft vostre jugement, parce que d'un moment à l'autre il peut y avoir du changement, & plusieurs Pouls ne se produisent pas à l'abord:& partant pour ne pas errer,& joüer à l'asseuré, il sera toujours mieux de prendre deux fois le Pouls, & trois fois, s'il se peut, en temps different, avant que porter jugement, & arrester que c'est telle chose; Que fi le mal ne le permet pas, ou les personnes qui vous appellent ne vous donnent pas le loifir, laissez passer quelques intervales de temps, & aprés retournez prendre le Pouls à vostre loisir, comptant au moins 25 compas ou mesures du fystole & diastole, si ce n'est que le mal fut d'abord sensible, sans donner lieu de douter de sa cause ou principe. r Vous verrez dans la suite de ce Traitté, que ie ne me fers point des termes subtils & ufitez par nos Medecins Européens, parce que cét Ouvrage ne tient quasi rien de l'Europe, & parce que pour le rendre populaire j'ay évité ces termes exquis & de l'Art. D'ailleurs, vous ne vous estonnerez pas fi ie l'ay mis en François, les premieres feüilles ayant esté faites en Latin; c'est afin qu'il soit profitable à tous les François & fçavans & ignorans, & de peur que les autres Nations n'enviassent ce bien à la France, & ainsi qu'il fût en danger de demeu rer en chemin. En reconnoissance de ce travail, & pour la peine que j'ay pris, mon cher Lecteur, pour vostre avantage, ie vous demande deux choses; la premiere, que si vous reconnoissez que j'aye erré en que que chose, ou confondu des choses si delicates & fi peu sensibles, vous m'avertissiez de mes fautes: Que si vous ne voulez pas prendre la pei ne de me corriger, que vous m'excu fiez sur le peu de connoissance que j'ay de cét Art. La deuxieme chose que ie vous demande eft, que pour payer ma peine, vous redoubliez vos prieres & vos bonnes œuvres, pour demander à Dieu la converfion du Royaume de la Chine, le restablissement & la liberté du Chriftianisme & de ses Pasteurs, entre lesquels le plus chetif est celuy qui vous envoye ce Traité de son banniffement de Quam Cheu capitale de la Province de Quantum du Royaume de la Chine. Ce 21 Octobre 1668. LIVRE PREMIER, DES SECRETS découverts. CHAPITRE PREMIER. Des Regles generales, pour découvrir les Secrets,par le mouvement des Arteres & du Pouls. I. REGLE. E mouvement des Arteres & du Pouls est conforme au mouvement du Cœur ; le mouvement du Cœur confor me au temperament de la Personne d'où il s'enfuit que les A 1 |