§.. XXIV. De la vingt quatrième espece ou dif ference de Pouls qui est suffoqué, Sa description. C'Est celuy qui a l'un de ses mouvemens de systole & diastole libre, & l'autre captivé ou reprimé; de sorte que le captivé n'a que la moitié & encor moins du temps que l'autre libre pour parfaire fon action; d'où vient qu'il participe, & du fort, & du grand, & du refonnant, & du solide, quelquefois plus d'un, d'autres fois plus de l'autre, & l'artere pincée vient à faire ce que fait la peau d'un tambour touché, celle-là dans le sentiment du doigt, celle-cy sous la baguette qui le touche. Regles ou indications generales particulieres du Pouls fuffoqué. Le Pouls suffoqué, declare rafroidissement des esprits sanguinaires qui sont sans vertu, si samefure ou compas eft reglé & referré, il marque que l'homme a perdu de son sang. Et fi la mesure du compas du diastole, n'est que demy du systole, il découvre que la femme a avorté. Le Pouls suffoqué & precipité dans le diastole, & fuperficiel, & solide par tout, de forte que le diastole n'est que la moitié, ou moins que la moitié de la mesure, ou compas du systole, alors tenez pour vous ce secret que personne ne m'a enseigné, & que la seule experience m'a appris à force de reflections & usage, de plus de douze années. Tenez donc pour secret asseuré que c'est une marque infaillible d'un vent malin,lequel s'il est en quelque partie principa le, comme le cœur & la teste, si l'on n'y accourt vifte avec les remedes proportionnez, eft dangereux, aufli bien s'il se saisit de tout le corps ou des machoires avec furie, pource qu'il ramortit les esprits & hu. mecte toute la masse du sang, d'où il se faut bien garder de tirer du sang, bien qu'il excite d'ordinaire une fievre ardente & feche, de peur que tout le fang ne reste sans esprits. Ce vent malin cause des douleurs aiguës ou pesantes conformes aux endroits & membres dont il se saifit, & quoy qu'il ne soit enferré que dans un petit endroit, si on n'y applique les remedes,il se dilate ou se seignorie de telle façon qu'il y a grande peine à l'en faire fortir, & quelquefois s'en rendra maistre pour la vie, ainsi plusieurs sont paralitiques, manchots, boiteux, estropiez, &c. On connoist encor ce vent malin qui regne fort dans toute la Zone Torride, & tuë infinité de monde, tout de mesme que l'air empesté dans laZone temperée, par les veines, par le feu, par efflagrations, & par le caractere de ce Pouls que ie viens de peindre,& conforme aux touches & regions, & côtez; vous connoissez où il est, se fervant des regles du premier chapitre. Par les urines vous connoissez le vent malin qui est dans le corps, en versant une goute d'huile don cement sur l'urine du malade, laquelle si d'abord & tout à coup,eft rompuë ou divisée en plusieurs,ou par des petits boüillons, repartie, ou tout à l'instant sans ordrerejettée; c'est signe infaillible qu'il y a du vent malin. Par le feu, en touchant sur le lieu douloureux, avec le bout d'une creuse de noix allumé, & touchant legerement, s'il y a du vent auffi-tost il repoussera le feuavec le bruit que feroient quelques grains de bonne poudre. Par efflagration, vous connoîtrez ce vent malin qui a tué grand nombre de François, qui passent la Zone temperée, plusieurs ouvriers Apoftoliques, qui pour l'Amour de Iefus-Chrift, & pour le salut des ames, se sont bannis d'Europe, & exposez à une infinité de morts & de martyres. Et de moy ie crois pour certain & infaillible, que c'est ce vent malin qui tua mon S. François Xavier en l'isse de Sanchoam; car ayant un peu de fievre, & s'estant fait porter en terre durant un grád vent, le corps foible, les humeurs émuës, & les pores ouverts, il ne pouvoit eviter d'estre surpris & penetré de ce vent malin, fur lequel la fievre se rangeant, & ces bons ignorans qui le conseilloiét l'ayans saigné, il ne se pouvoit faire humainement qu'il ne mourût ; & Dieu ne voulut pas faire un miracle pour dilater davantage son exil & le prix de tant de travaux. |