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CHAPITRE VI.

Différens avec la Cour de Rome.

l'Église à l'Empire français.

Réunion des États de Enlèvement du Pape.

Il y a deux périodes bien marquées dans la vie politique de Pie VII; nous avons épuisé la première, où nous avons vu le Pontife, mettant à profit toutes les circonstances, se plier à toutes les positions, lorsque l'intérêt de la religion et de Rome l'a exigé; nous entrons dans la seconde, nous touchons au moment où sa vie va devenir un combat, où toute sa conduite sera une conduite d'opposition et de résistance, parce qu'à ses yeux l'intérêt de la religion et de Rome, lui en fera un devoir. Cette partie de l'histoire de Pie VII, l'offrira sous un aspect plus brillant et plus digne d'inté

rêt; cependant, on ne peut d'abord se défendre d'une réflexion pénible; c'est que si Napoléon, oubliant tous les égards dus à l'auguste chef de la chrétienneté, viola ouvertement les lois divines et humaines, de son côté, le Pontife ne commença à résister aux volontés du dominateur de l'Europe, qu'alors qu'il le vit porter la main sur le temporel de la cour de Rome; la cour de Rome, singulier mélange de souveraineté religieuse et politique, d'intérêts terrestres et d'intérêts spiri uels, également chargée de faire observer les lois de Dieu et de conserver les provinces soumises à son empire.

Je ne sais si Napoléon aimait les prêtres; mais il les regardait comme un élément nécessaire de la société; et à ce titre ils attiraient toute son attention; il y a lieu de croire qu'il s'inquiéta toujours très-peu du spirituel en lui-même, mais on sait que la constitution civile du clergé n'était pas à ses yeux sans importance; toutes les fois

que l'occasion s'en présenta, il donna donc au clergé tout ce qu'il put lui accorder sans péril pour la chose publique, ou si l'on veut, pour sa tranquillité personnelle; car lui aussi disait : l'Etat, c'est moi. Par lui, le clergé participa aux faveurs, et aux dignités; par lui, il reprit le rang qu'il doit raisonnablement occuper : c'est dans cet esprit qu'il avait rappelé en France la religion exilée, et relevé ses autels. Le clergé lui devait beaucoup, et le sacre avait été l'expression de sa reconnaissance; mais le clergé catholique ne se contente pas de peu, et comme on l'a déjà dit, la cour de Rome avait repassé tristement les Alpes sans avoir assuré l'exécution de ses voeux, et portant dans son sein le levain qui devait fomenter plus tard les discordes dont il était impossible de prévoir le terme.

Un parti se forma donc contre Napoléon; et, chose étrange, ce parti, fut dirigé en France par un homme que ses relations de famille devaient en écarter plus que

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tout autre, le cardinal Fesch. Alors l'Empereur, suivant l'expression de M. de Pradt, harcelé par les prêtres, se retourna contre eux comme le lion le fait contre les chasseurs. Et sans doute c'est dans un de ces momens d'irritation qu'il médita la séparation entière du spirituel et du temporel; qu'il se proposa de fixer le séjour du Pape à Paris; peut-être même, comme on l'a dit, de se déclarer lui-même patriarche des Gaules.

Quoi qu'il en soit, la querelle s'alluma. Napoléon s'était fait roi d'Italie et dominait directement ou indirectement sur toute la partie supérieure de cette belle contrée; l'Autriche tremblait pour Venise; Naples conservait toujours sa première frayeur; et Rome ne pouvait, sans frémir, voir les Français à ses portes.

C'est dans cet état de choses, que se forma, contre Napoléon, la coalition de l'Autriche, de Rome, de Naples et de l'An

gleterre qui, déjà en guerre avec la France, devait naturellement prêter l'appui de ses forces et de son argent à tous ceux qui se déclareraient contre elle; coalition où, s'il faut le dire en passant, l'intérêt du ciel entra sans doute pour très-peu.

La guerre commença d'abord avec l'Autriche, et fut bientôt terminée dans les champs d'Austerlitz. Naples mòntra des intentions hostiles, et le Roi fut rejeté de l'autre côté du détroit: et Joseph Bonaparte s'assit sur le trône de Ferdinand de Bourbon. Rome se borna aux intrigues, les seules armes qu'elle pût opposer.

Napoléon n'ignorait pas, ou du moins il feignait de croire, que le ministre autrichien dominait à Rome; que l'Angleterre y avait établi le siége de ses menées contre la Franec, et que la capitale des États ecclésiastiques servait de retraite à tous les réfugiés Napolitains. D'ailleurs, la position même de ces Etats, qui coupaient toute

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