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La vacance du Saint-Siége dura sept mois, et se serait prolongée plus encore, si Napoléon Bonaparte, alors premier Consul, n'eût pensé à rétablir en France le culte catholique, et à éteindre les anciennes dissensions qui divisaient le Clergé. On suppose que pour y parvenir, il favorisa l'élection d'un nouveau Pontife avec qui l'affaire pourrait être traitée. Quoi qu'il en soit, presque tous les voeux du Conclave se portèrent sur un seul homme, et cet homme fut le cardinal Chiaramonti, élu Pape le 14 mars 1800, à la majorité de trente-deux voix, sur trente-cinq.

Le nouveau Pape prit le nom de Pie VII, comme un hommage à la mémoire de son prédécesseur; des illuminations et des réjouissances publiques signalèrent sa nommination, et le 21 mars la triple couronne fut posée sur son front par le cardinal Doria. La Cour d'Autriche, dont l'influence avait fixé sur lui plus d'un suffrage, l'entoura d'une garde d'honneur et mit tout

en usage pour obtenir que le siége pontifical fut établi dans un lieu soumis à son gouvernement; mais toutes les tentatives furent vaines, et le nouveau Pontife, pensant avec raison que, hors de Rome, il ne serait qu'un personnage sans importance politique s'embarqua, le 6 juin, avec toute sa Cour sur la frégate qui le déposa bientôt après sur les rives du Tibre.

PIE VII est assis sur le trône pontifical, ébranlé par une secousse violente; il possède des états sans importance politique; et son autorité spirituelle n'a pas toujours triomphé dans la lutte engagée avec les principes philosophiques répandus dans le dernier siècle; mais Rome est en paix avec l'Europe, et avec Napoléon lui-même qui va bientôt demander un appui au Pontife, dont il a peut-être, en secret, favorisé l'élection: Rome peut donc espérer encore de reconquérir quelques-unes des prérogatives et l'influence qu'elle a perdues. Tâchons de saisir les moyens qu'elle va mettre en usage.

Jusqu'au moment de son élection, le cardinal Chiaramonti avait eu une conduite douteuse; et au milieu des mouvemens qui entraînaient l'Italie en sens divers, it avait su ménager l'un et l'autre parti. Devenu Pape, son caractère, naturellement doux et conciliant, continua à influer sur ses déterminations et sur ses actes; mais la politique de son conseil souvent opposée à ses vues personnelles, lui inspira des résolutions qui furent plus d'une fois funestes à lui, à Rome et à la religion.

C'est une chose remarquable que l'unité de vues et d'actions de la Cour de Rome; les hommes changent, les principes restent les mêmes; les affections, les intérêts personnels disparaissaient; la politique de Rome est éternelle; et cette persévérance a une force et une influence qui, tôt ou tard, se font sentir.

Le premier acte remarquable du règne de Pie VII, fut le rétablissement de cette

célèbre et redoutable Société de Jésus, que Ganganelli s'était vu forcé de sacrifier aux justes ressentimens de l'Europe entière; et certainement cette mesure décisive fut l'ouvrage de la politique romaine, plutôt que celui de Pie VII.

Pour bien en concevoir l'importance, il faut connaître l'esprit et la puissance de cet ordre fameux, qui de nos jours tente encore d'envahir, si l'on peut parler ainsi la génération présente et les générations à venir, par les moyens les plus puissans, les missions et l'enseignement.

Dans le dernier siècle, la société de Jésus fut successivement bannie de tous les états européens. L'arrêt du parlement de Paris, qui expulsa les Jésuites de France en 1762, déclarait leur institut « inadmis»sible par sa nature, dans tout état » licé, comme contraire au droit naturel, » attentatoire à toute autorité spirituelle » et temporelle, et tendant à introduire

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