Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

les deux peuples provient principalement de la différence de leur religion, et d'un ordre de relations plus étendues dans lequel le hollandais se trouve placé. Celui-ci peut embrasser le monde, tandis que le Belge, retenu d'ailleurs dans les liens d'une religion moins libre, est borné au cercle étroit de ses localités propres. Tous les mouvemens extérieurs des Belges étaient observés avec une ombrageuse vigilance par la Hollande et par d'autres puissances de l'Allemagne. L'Escaut était fermé, Ostende était surveillée, on ne laissait de libre aux Belges que leurs champs et leurs temples. Voulez-vous un peuple hon, franc, hospitalier, laborieux, économe, ami de l'ordre et de la régularité, vous le trouvez dans le Belge; c'est un peuple nativement moral, dont on pourrait dire que la vertu est dans le sang, et qu'elle vient le trouver plutôt qu'il ne la cherche. Voué au culte de l'habitude, et à une succession de jours également paisibles, le calme fait son bonheur; sa vie est une ligne droite, ses affections sont dépourvues d'émotions, et ses joies de mouvement; ne le jugez point par la froideur et l'embarras de ses manières, son cœur ne man

que pas de chaleur, surtout pour la bienfaisance, il se réchauffe à ce feu sacré; ne le troublez pas, alors son support pourra ressembler même à de l'amour; ne le recherchez pas, le mérite des prévenances peut lui échapper; ne le chagrinez pas, vous le verriez s'éloigner et comme rentrer en lui-même, et pour le faire sortir de ce for intérieur vous pourriez avoir beaucoup à faire, car, de tous les homle Belge est celui auquel la séquestration de la société coûte le moins, il excelle à se passer des autres.

mes,

Le Belge a conservé l'amour de la vie intérieure, principe des vertus domestiques; ainsi l'état de famille est en honneur chez lui. Son esprit a peu d'éclat, mais il est juste, on dirait qu'il fait plus usage de son sens moral que de ses facultés intellectuelles; aussi sa littérature est-elle très bornée, et son travail porte-t-il de préférence vers l'érudition. Les commentaires et les gloses sont les occupations favorites de ses laborieux écrivains; ces travaux obscurs abondent dans ses bibliothèques, elles sont vides d'ouvrages d'invention.

Le Belge fut long-temps le premier peuple

il a

manufacturier du monde. Dans les arts, joui de plusieurs siècles d'aînesse sur l'Angleterre elle-même; son école de peinture occupe le second rang parmi celles de l'Europe, et quelquefois elle fit craindre une rivale à Rome.

Les champs de la Belgique offrent le pre

mier théâtre de culture de l'Europe entière. Dans ces derniers temps, on en a fait honneur aux moines, idée fausse comme beaucoup d'autres, témoins la Hollande et l'Angleterre, qui ont bien su fertiliser leurs champs sans ces auxiliaires. Un peuple laborieux et persévérant a créé un nombre infini de villes, de villages, qui l'emportent sur beaucoup de cités renommées, de canaux qui fertilisent les campagnes, et qui enrichissent les villes par les immenses facilités qu'ils donnent au commerce, de routes superbes qui l'emportent, la solidité et la décoration, sur tout ce qui se voit ailleurs; en un mot, la Belgique est un coin de terre dont le travail et l'industrie réunis ont fait un des séjours le mieux appropriés au bonheur de l'homme, qui existent sur le globe. Dans ce pays, tout dans l'ordre domestique porte l'empreinte de la sagesse et du calcul.

par

Le Belge n'a pas, comme le Hollandais, la gênante superstition de la propreté, mais il en a retenu ce qui est vraiment à l'usage de l'homme, l'éclat et la fraîcheur. Chez lui, les habitations sont solides et commodes, l'aisance est partout, et le luxe presque nulle part. L'économie est comme innée parmi les Belges; elle les tient au-dessus des coups du sort et de la fortune. On ne peut ruiner des hommes parmi lesquels règne une règle générale de borner la dépense à une partie des facultés, en réservant l'autre pour un accroissement successif de la richesse. C'est ce qu'ont éprouvé les Belges pendant les longues guerres de la révolution. L'usage général de la Belgique étant de placer le surplus des revenus dans les différentes banques de l'Europe, et principalement sur celle de Vienne, il s'est trouvé que, pendant la révolution, il y a eu peu de Belges qui n'aient été atteints par les banqueroutes que tous les états ont faites chacun à leur tour, Comment ont ils paré à ces pertes? en recourant à l'économie, mère de ees capitaux perdus, et dont la perte n'altérait pas le fonds primitif de la richesse qui les avait créés. Il est probable qu'à cette heure

le même procédé a réparé une partie de ce qui alors a été perdu. Tout peuple qui suit cette méthode préservatrice est inruinable, comme tout peuple qui ne s'est pas ménagé cette ressource est toujours sur le bord de sa ruine.

[ocr errors]

Le Belge est très religieux. L'attachement à la religion catholique empêcha la Belgique de faire cause commune avec la Hollande. Lors de la séparation de celle-ci avec l'Espagne, la politique entraînait la Belgique du côté de la séparation, mais la Hollande ayant embrassé la réformation, la religion fixa la première du côté de l'union avec l'Espagne, et la conserva à cette puissance. Aussi, dans la Belgique, la religion a-t-elle gardé une teinte du culte espagnol et italien; l'enseignement et les pratiques religieuses se rapportent à ce qui leur correspond dans ces deux contrées; les moines n'y ont pas exercé un empire infé rieur à celui que leur avait cédé la superstition italienne et espagnole, souvent aux dépens du clergé séculier, que les réguliers ont effacé dans ces deux pays. Deux cents ans de domination espagnole avaient fait des Belges les espagnols du nord, et si l'Espagne a long

« ZurückWeiter »