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qu'on en peut voir dans quelque autre femme du pays que ce foit. Enfin tout ce qui fe paffe avec elles reffemble plus à une fcene de comedie, qu'à une mendicité caufée par l'indigence. Il eft certain que leurs peres ne fauroient envoyer des perfonnes plus propres à faire la quête; car non feulement elles favent attaquer la bourfe des voyageurs, mais elles ont encore affez de beauté & de charmes, pour leur rendre d'agreables fervices. Pour les diftinguer des autres Religieufes mendiantes, on les appelle Kamano Bikuni, à caufe qu'elles vont toujours deux à deux : elles ont leurs poftes marquez feulemeut fur les chemins voifins de Jokaitz. Elles font obligées de porter une certaine fomme chaque année de ce qu'elles ramaffent en mendiant, au Temple d'Isje, en maniere de tribut.

Le Lundis de Mars, nous partimes de Jokaitz au lever du foleil: l'Envoyé de l'Empereur dont nous avons parlé en étoit parti à minuit, Nous arrivames à onze heures du matin à Quano, après avoir fait trois lieues dans un pays uni & fertile: nous traverfames dix villages & plufieurs rivieres, deux defquelles avoient des ponts, l'un d'eux de 150 pas de long. Nous fumes obligez d'en paffer à gué la plupart. J'ai marqué les differens villages dans la Carte de notre route, ainfi je me difpenfe de rapporter ici leurs noms, d'autant mieux que je n'y vis rien de remarquable que je n'euffe vu ailleurs: je pris garde feulement qu'au village de Navi ils font cuire les huitres de Jamaguri avec un feu de pommes de pin, & les vendent aux gens de pied qui paffent dans ce village.

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Kuwana, Kfana, ou Quano eft une fort grande ville, & la premiere de la Province d'Owari. Elle eft fituée fur un port fpatieux, ou plûtôt baye, de la mer du Midi. Elle eft compofée de trois differentes parties qui font comme autant de villes. Nous fumes trois grands quarts d'heure à aller à notre hôtellerie qui étoit au bout de la troifieme partie. La premiere partie eft entourée, de même que la troifieme, d'une haute muraille & de

fof

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foffez: les portes font fortes & bien gardées; la feconde partie ou celle du milieu n'a point de murailles, mais elle eft entourée d'eau, à caufe que le pays eft plat & plein de rivieres; au côté meridionalde la troilieme partie, eft le Château & la demeure de Matzindairo Jetfu Cami, bâti dans l'eau. Les murailles en font fort hautes avec des barbacanes, & couvertes d'un toit fort propre; on y a bâti des fortins à peu de diftance l'un de l'autre ce ChâLe côté de l'Eft teau occupe un grand terrein. feulement eft un peu rond, il eft feparé de la ville par un foffe profond fur lequel on a mis deux ponts de communication. Les trois autres côtez font baignez de la mer. Au milieu du Château il y a une tour quarrée & blanchie, de fept étages de hauteur, avec plufieurs toits à la maniere du pays, qui contribuent beaucoup à la beauté de la place. Ce Château fut bâti par l'Empereur Gengoin oncle du Monarque à prefent regnant, qui avoit naturellement de l'averfion pour le fexe, & fur-tout pour l'Imperatrice fon épouse; de forte qu'il ordonna qu'elle, les Dames de fa Cour, & la propre nourrice de l'Empereur, y pafferoient le refte de leurs jours.

Mia.

Nous dinames à Quano, & le temps s'étant mis Paffage de au beau après une groffe ondée de pluye, nous quittames cet endroit à midi, & allames avec nos chevaux, & notre bagage, à bord de quatre barques qui devoient nous paffer à Mia, éloigné de Quano de fept lieues & demie. La grande riviere de Saijah fe jette dans la mer près d'un village du même nom à trois lieues de Quano, Cette riviere porte beaucoup de bois flotté, de la Province d'Ōwari & de plufieurs autres endroits. Le port a fort peu de profondeur, & a plufieurs bancs de vafe qui paroiffent quand la marée s'eft retirée, quatre ou fix pieds hors de l'eau. Ce peu d'eau nous obligea de quitter nos quatre grandes barques que nous avions arrêtées pour notre paffage, une heure avant que nous arrivaffions à Mijah, & d'en prendre de plus petites pour nous porter nous & notre bagage jusqu'à cet

te

te ville. Ces petits bateaux étoient tirez, ou plûtôt levez, à l'aide des perches de Bambous; deux hommes étoient employez pour chaque bateau, l'un devant & l'autre derriere. Cette maniere de naviger qui nous paroiffoit à nous étrangers bien étrange & bizarre, parce que nous n'y étions point accoutumez, ne laiffoit pas de réuffir, à caufe que le deffus de la vafe étoit affez doux & uni, le terrein au deffous ferme, & les bateaux fort petits, ne contenant que fept à huit perfonnes, & moins même, s'il y avoit des marchandifes. Nous arrivames ainfi à Mija deux heures avant le coucher du foleil. Nous trouvames plus de cinquante bateaux qui étoient à l'ancre à demie lieue de la ville, à caufe du peu de profondeur du port. Le chemin par terre de Kwano à Mia est beaucoup meilleur; mais plus long, y ayant dix lieues du village de Sajah à Mijah, fans compter le refte. Sur ce que je viens de dire, il ne faut pas s'étonner d'Ulyffe & de fes Argonautes, fi, lors que l'occafion le demandoit, ils pourfuivoient leur navigation par terre, comme Rudbeck le remarque dans Exemples fon Atlantica. On voit la même chose aujourd'hui, de naviga- pratiquée par les Cofaques, qui tirent leurs bateaux de la riviere du Tanaïs jufqu'à celle du Wolga près de la ville de Zarich. Il arriva pendant mes voyages de Mofcovie en Perfe, que le jour qui préceda notre arrivée à Zarich, 800 Cofaques avoient porté ainfi leurs bateaux depuis le Tanaïs au Wolga pour defcendre la riviere, pour fuivre leurs ennemis les Tartares Calmuques, & leur reprendre le butin que ces Tartares leur avoient enlevé. Pour retourDefcrip- ner à notre fujet, Mia n'a point de murailles, il y tion de a un mechant foffé à l'entrée & à la fortie de la vil

tion par

terre.

Mia.

le. Elle eft grande & bien peuplée, quoiqu'elle ne foit pas fi grande que Quano; ne contenant qu'environ deux mille maifons. Sur la droite elle a un palais quarré bâti en forme de Château, où l'Empereur loge lorfqu'il va à Miaco, où qu'il en revient; comme font auffi quelques-uns des plus confiderables Princes de l'Empire, dans leurs voyages à la Cour. Les rues fe coupent à angles droits, avec

toute

toute la regularité que la difpofition du terrein peut le permettre. Une longue rue ou rang de maifons s'étend pendant deux lieues depuis Mijah, & finit à Nagaija, demeure du Seigneur de la Province, qui eft un Prince du fang Imperial. Le Château où ik fait fa refidence eft regardé comme le troifieme de l'Empire par rapport aux fortifications & à l'étendue. Ce Prince fait fon voyage à la Cour avec une magnificence extrême: fon avant-garde feule eft compofée de plus de 2000 hommes, avec des chevaux de main, des halebardes, des piques, des arcs, des fleches & d'autres armes; des paniers, des coffres, & une infinité d'autres chofes, les unes pour l'ufage, les autres pour la parade feulement, avec fes armoiries deffus. Lorfque les Hollandois le rencontrent fur le chemin, toute leur fuite doit mettre pied à terre: notre Resident fort de fon Norimon, & tous dans une pofture humiliée, par refpect pour le fang Imperial, s'arrêtent jufqu'à ce qu'il foit paffé. Le pays autour de Mijah eft uni, fertile, & bien habité. En traverfant la ville nous paffames par un petit Temple du Sintos bâti depuis quatre ans. On l'appelle Azta, ou le Temple des trois Simeterres, on voit à fon entrée deux portes rouges telles qu'on en voit devant les Temples. On y gar de comme de faintes reliques trois Simeterres miraculeux, dont on fe fervoit au temps reculé de cette race de demi-Dieux qui habitoient le pays, & fe faifoient une cruelle guerre. On les gardoit autrefois dans un Temple à Isje, d'où on les a transportez ici. Cinq Prêtres du Sintos deffervoient ce Temple, habillez de robes blanches ecclefiaftiques, avec des chapeaux noirs verniffez, tels qu'on les porte à la Cour du Dairi, ou de l'Empereur Ecclefiaftique hereditaire. Deux du plus bas rang fe tenoient debout fur le fol du Temple, deux autres d'un rang plus relevé étoient affis un peu plus haut derriere les premiers, & le cinquieme étoit affis fur le milieu du Temple dans un endroit plus relevé que tout le refte. Il y a auffi un autre Temple de la même efpece que l'on peut voir dans la ville, nom

mé Fakin ou le Temple des huit Simeterres; l'on y garde avec beaucoup de foin & de veneration huit épées dont fe fervoient les heros demi Dieux de ces anciens temps. Dès Prêtres habillez de même deffervent ce Temple.

Le Jeudi 6 de Mars, nous partimes de Mijah par terre à la pointe du jour : nous traverfames divers villages & hameaux dont le principal étoit Kaffadira, village d'environ cent maifons, ainsi nommé d'un Temple de ce nom bâti en l'honneur d'une Idole confiderable. Les Japonnois qui paffent auprès, fonnent une cloche fufpendue devant le Temple, & font une profonde reverence: quelques-uns recitent une courte priere. Narimufi ou Narumi eft un autre village d'environ 400 maisons ou huttes. Arimatfi n'a pas plus de cent maifons; on y fait, & l'on y vend de bons habits de toile de Cotton. Imokawa eft un village d'environ 200 maisons. Tfiwa ou Tfiriu eft une petite ville; la premiere Okafaki. qu'on trouve dans la Province de Mikawa. Okafaki eft une grande ville : on y compte environ 1500 maifons, la plupart bien bâties; elle eft ceinte d'une haye fort jolie, ou paliffade de Bambous, & en quelques endroits d'une muraille. Le Château eft fitué à l'extremité meridionale de la ville fur une colline, & eft entouré de foffez & d'une muraille blanche élevée fur un rempart bas; cette muraille est defendue avec de bons corps de garde bâtis de pierre, en differens éloignemens. Du côté de la colline, où il feroit plus aifé de l'attaquer, il eft defendu par une triple muraille forte. La haute tour qui eft la marque ordinaire de la refidence d'un Prince, fait un effet merveilleux à l'œil du côté du midi. Je trouvai que les fauxbourgs contenoient environ 200 maifons. Une grande riviere qui tire fon nom de la ville, la traverse cette riviere eft affez large, & ne manque pas d'eau; mais à cause de fon peu de profondeur elle n'eft pas navigable. Elle prend fa fource dans les montagnes voifines qui font au Nord-Ouest; d'où elle coule avec beaucoup de ra

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