poivre, un peu comprimées & fe detachant aifé ment. FUTOKADSURA ou SANEKADSURA. Appellé par d'autres ORENIKADSURA, à Frutex vifcofus, procumbens, folio Telephii vul- C'eft un petit arbriffeau garni irregulierement de plufieurs branches de la groffeur du doigt, d'où fortent des rejettons fans ordre; raboteux, pleins de verrues, gerfez, & d'une couleur brune. L'arbriffeau eft couvert d'une écorce épaiffe, charnue, & vifqueufe, compofée d'un petit nombre de fibres deliées qui s'étendent en longueur. Si peu qu'on mâche de cette écorce, elle remplit la bouche d'une fubftance mucilagineufe. Les feuilles font épaiffes & attachées une à une, à des pedicules minces, cambrez, de couleur de pourpre, elles font placées fans ordre, & reffemblent aux feuilles du Teliphium vulgare. Etroites au fond elles s'élargiffent, finiffent en pointe, & font de deux, trois ou quatre pouces de longueur, un pouce de largeur au milieu, au plus; un peu roides, quoique graffes; quelquefois pliées vers le dos, ondées, douces au toucher, d'un verd pâle, avec un petit nombre de pointes, en forme de dents de scie, à leur bord; coupées fur la longueur, par un nerf traverfé de beaucoup d'autres d'une petiteffe presque imperceptible. Les fruits pendent à des queues d'un pouce & demi de longueur, vertes & deliées: il font en forme de grappe, compofée de plufieurs bayes (quelquefois trente ou quarante) difpofées en rond fur un corps tirant fur le rond qui leur fert de bafe. Les bayes reffemblent parfaitement aux grains de raifin, tirant fur le pourpre en Hiver, forfqu'elles font mûres. Leur membrane qui eft mince contient un jus épais, quafi fans goût & infi M 5 pide, pide: dans chaque baye on trouve deux graines dont la figure reiflemble à un rognon, un peu com primées là où elles fe touchent reciproquement. Elles font de la groffeur des pepins des raifins ordinaires, couvertes d'une membrane mince, & grifâtre; leur fubftance eft dure, blanchâtre, d'un goût âpre & pourri, très defagreable au palais. Les bayes font difpofées autour d'une base tirant fur le rond ou ovale, d'une fubftance charnue, fpongieufe & molle, d'environ un pouce de diametre; reffemblant affez à une fraife, rougeâtre, d'une rayure relevée en forme de rets, dont les niches paroiffent moyennement profondes, quand les bayes en font détachées. Defcrip tion de la maladie. III. De la Cure de la COLIQUE par la Piquure d'une Ette forte de Colique que les Japonnois ap Cilent Senki, eft que maladie particuliere de cet Empire fi peuplé: elle eft fi commune, qu'entre dix perfonnes adultes à peine y en a-t-il une qui n'en ait fenti les atteintes. Ce même air qui d'ailleurs eft fi fain, la maniere de vivre des naturels du pays, leur manger & leur boire, les expofent aux attaques de cette maladie. Les étrangers n'y font pas moins fujets que les naturels, lorfqu'ils ont bu des liqueurs du pays. Nous en fimes une trifte experience, lotfqu'en arrivant au Japon nous voulumes, felon l'ufage des gens de mer, oublier le verre à la main les dangers que nous avions effu yez pendant un long & difficile Voyage, & boire abondamment de la biere froide du pays, qu'ils appellent Sakki. Cette biere eft faite avec du ris, & a la confistance des vins d'Efpagne: elle eft d'une telle nature qu'il ne faudroit point la boire froide, froide, mais moderément chaude, & avec des taffes, à la maniere des naturels du pays. Le nom de Senki n'eft pas donné indifferemment à toutes les douleurs du ventre, mais feulement à cette efpece particuliere, qui outre la douleur aiguë qu'elle fait fentir dans les boyaux, caufe en même temps des convulfions aux aines; car telle eft la nature & la violence de cette maladie, qu'elle caufe des convulfions à toutes les membranes & à tous les muscles du bas-ventre. A l'égard de la caufe de la maladie, les Japonnois croyent que ce n'eft point une matiere morbifique logée dans la cavité des boyaux, ce qui felon eux ne cauferoit qu'une legere douleur; que fon fiege eft dans la fubftance membraneufe de l'abdomen, comme par exemple les mufcles, le peritoine, l'épiploon, le mefentere, ou les inteftins; & qu'en y fejournant elle fe change en une vapeur, ou plutôt en un vent fubtil & acre qui. enfle, , coupe, & corrode les membranes qui le contiennent. C'eft fur cette theorie qu'eft fondée leur cure: toutes les fois que ce vent eft tiré de la prifon étroite où il est enfermé, dans le même mo ment, difent-ils, la douleur caufée par l'enflure de ces parties fi fenfibles doit ceffer. Avant de paffer outre, on me permettra d'observer qu'au lieu de ce nom Latin Colica, que l'on donne quelquefois mal à propos à cette maladie, puifque le boyau du même nom n'en eft pas fort fouvent attaqué; les Brahmins aiment mieux le nommer en feur langage, conformément à l'opinion des Chinois & des Japonnois, Convulfions ou tiraillemens du ventre & des inteftins. Quelques fymptomes particuliers de cette maladie nationale ou locale reffemblent beaucoup à la paffion hyfterique. Elle met fouvent le patient dans la crainte d'être fuffoqué, toute la region du bas-ventre, depuis les aînes jufqu'aux fauffes côtes, & plus haut, étant fortement tiraillée; & même après que le patient a été tourmenté miferablement pendant long-temps, la maladie fe termine quelquefois en tumeurs & en enAures qui s'élevent en divers endroits du corps, M. 6. & & qui ont des fuites dangereufes: cela caufe en particulier aux hommes une enflure à l'un des tefticules, qui fouvent tourne en fuppuration, & en abfcès; dans les femmes cela produit des tubercules ou des puftules au fondement & aux parties honteufes, & qui font ordinairement suivies de la perte du poil. Il faut pourtant remarquer que ces tumeurs aux tefticules (que les Japonnois nomment Sobi, & ceux qui en font attaquez Sobimotz) comme auffi les puftules aux parties fecretes des femmes, font auffi des maladies domestiques du Japon, & attaquent plufieurs perfonnes qui n'ont jamais reffenti les atteintes de la Colique. Avant que j'en vienne à montrer la methode particuliere des Japonnois pour la cure de cette maladie qui se fait par le moyen de l'aiguille, il ne fe fera pas hors de propos de remarquer qu'il y a deux remedes principaux dans la Chirurgie, que l'on fuppofe réuffir également pour guerir & pour prevenir les maladies; dont les habitans de ces parties orientales du monde, tant fains que malades, riches & pauvres, fe fervent par l'entremise des Medecins, ou des Empiriques. Les habitans de la Corée, les Chinois, & les Japonnois, fort grands admirateurs de l'antiquité, & fcrupuleux a l'excès pour conferver les anciennes coutumes qu'ils ont reçues de leurs ancêtres, pretendent tous que ces remedes étoient connus dans les fiecles les plus reculez, long-temps avant l'invention de la Medeci ne. Leurs noms choqueront peut-être & effrayeront les lecteurs. Ce n'eft pas moins que le feu & le metal. On doit pourtant rendre cette juftice aux Japonnois, qu'ils font bien éloignez de fe fervir de cet appareil cruel, (on pourroit même dire barbare) de nos Chirurgiens d'Europe. Ces fers chauds, & cet étalage de couteaux tranchans, & autres inftrumens neceffaires pour nos operations, fpectacle fi effrayant pour le tient, fi choquant même pour les affiftans s'ils ne font depouillez de tout fentiment d'hu pa ma moife. manité & de compaffion, font toutes chofes que les Japonnois ignorent entierement: leur feu eft moderé, tel que les Dieux du pays veulent qu'on brûle fur leurs Autels; en un mot ce n'est autre chofe qu'un rouleau qui s'allume infenfiblement, qui eft compofé de l'herbe qui porte le nom de la fameufe Reine Artemife *. 11 en eft de même des Artemetaux dont ils fe fervent dans leurs operations de mifia, A Chirurgie, ce font les plus nobles de tous: ils font l'ornement des Palais; ils font la production du foleil & de la lune; &, comme les Philofophes le pretendent, enrichis des qualitez & des vertus de ces deux corps celeftes. Le lecteur comprend ai fément que je parle de l'or & de l'argent, dont les Japonnois ont des aiguilles faites d'une maniere finguliere, parfaitement polies, & extrèmement propres à operer la ponction, ou la piquure dans les corps humains. Ils en font un fi grand cas pour cette raifon, qu'ils les portent toujours avec eux où qu'ils aillent; ils font la même chofe des boites entieres d'autres inftrumens, ou curiofitez, qu'ils eftiment beaucoup, ou dont ils croyent avoir befoin. L'ufage & l'application des remedes dont nous venons de parler font d'une fi grande confequence, que la feule connoiffance des parties où l'on doit appliquer le feu avec le Moxa, ou qu'on doit piquer avec les aiguilles, eft l'objet d'un art particulier dont les maitres font appellez Tenfafi, comme qui diroit toucheurs ou chercheurs des parties, à caufe que leur principal emploi confifte à faire le choix de la partie fur laquelle on doit faire l'une ou l'autre de ces operations. Ceux qui appliquent l'aiguille, ou de leur chef, ou felon le defir des patiens, ont en particulier le nom de Farittate, qui fignifie piqueurs d'aiguille. Je viens à prefent a la defeription de ces aiguilles. Il feroit quali impoffible d'enfoncer une groffe aiguille dans le corps, fans s'expofer à quelque dangereufe confequence d'eft par cette raifon que celles qui font deftinées à cette operation doivent être fort deliées, faites d'or ou d'argent auffi pur & aufli fin qu'on |