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son industrie et de ses travaux, que le peuple s'arrête au devoir de l'obéissance, et se laisse gouverner; qu'au sein de la vertu et de l'aisance, il jouisse de ses droits, et oublie sa souveraineté. Il est des vérités saintes qu'il faut souvent rappeler pour les imprimer profondément dans le cœur des hommes; il faudrait même les graver sur des tables d'airain, et les exposer dans les places publiques ces monumens rappelleraient à tous les citoyens quels sont les droits qu'ils peuvent exercer, et quels sont les devoirs qu'ils doivent remplir.

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C'est dans la formation du gouvernement que les législateurs ont développé de grandes vues de sagesse et de raison; ils ont puisé dans l'étude de l'histoire, dans la science politique, et dans les ouvrages des publicistes, leurs lumières et leurs pensées ; ils ont connu les véritables principes qui doivent régir les sociétés politiques, et les ont appliqués au nouveau pacte social. Le gouvernement, qui réside essentiellement dans le pouvoir exécutif, a été associé à la puissance législative: on lui a donné un centre d'unité et de pouvoir. Il ne faut point confier l'exercice de la puissance exécutrice à plusieurs; un seul doit être revêtu de cette suprême autorité. Un

centre unique de pouvoir est nécessaire pour imprimer aux lois un caractère de grandeur et de sagesse : c'est l'exécution des lois qui rend un peuple libre ou esclave. Il ne suffit pas de décréter des principes, il faut les appliquer avec prudence, avec discrétion, avec maturité. Pour assurer l'exécution des lois, il faut consulter le temps, les. circonstances, les situations, et distinguer de l'opinion générale ces élans subits et passagers qui naissent du sein des orages politiques et du choc des intérêts et des passions. Pour remplir cet objet important, une seule volonté doit avoir la plénitude de l'autorité pour exécuter les lois. Ce chef unique ne rencontrera ni obstacles, ni entraves; il aura en son pouvoir le fil qui dirigera ses opérations; il appercevra le terme où il doit aboutir, et saura l'atteindre par ses propres forces; il conduira au port le vaisseau de l'état, battu par les orages et les tempêtes: il ne sera point soumis aux caprices et aux volontés inconstantes des coopérateurs divisés dans leurs principes ; il ne craindra ni les efforts de l'opposition, ni les manœuvres de la jalousie, mi les soupçons de la méfiance: il sera pénétré de l'étendue de ses devoirs; il verra dans sa fidélité une récompense précieuse et honorable.

La force et l'unité du pouvoir exécutif mettront un frein à ces révolutions journalières qui

annoncent la faiblesse des lois, et les vices du gouvernement; elles affermiront la constitution, et la défendront contre les provocateurs de l'anarchie, et contre les sectateurs de la tyrannie. Le suprême exécuteur des lois s'armera de la force militaire pour s'opposer aux déchiremens de l'état, pour réprimer ces républicains hypocrites, ces agitateurs sombres, ces intrigans corrompus qui, sous prétexte de défendre la liberté, pervertissent l'esprit public, séduisent les peuples, sèment sous leurs pas la confusion, les soupçons, les forfaits, érigent en systême et en devoir la rebellion, le meurtre, et brisent les liens du corps social. C'est dans le pouvoir exécutif que résident la base et le principe de l'union sociale; c'est la chaîne dont les deux extrémités doivent se correspondre et se réunir pour entretenir la force et l'harmonie: il est l'ame du gouvernement; il met en activité toutes les parties de la machine politique; il en fixe les rouages; il en suit la direction, en prescrit les limites, en règle le but, ordonne le mouvement et la marche des armées, paie les fonctionnaires publics; il vivifie le commerce, l'industric, et toutes les branches éparses de l'admnistration publique ; il nomme les ambassadeurs, pénètre dans les cabinets des puissances étrangères, connaît leurs systêmes et leurs opérations, en devine

les secrets; il déclare la guerre, et fait la paix ; il purifie, pour ainsi dire, les institutions républicaines, et les fait tourner à l'utilité des peuples, et à la prospérité de l'empire. Si ces grands travaux, si ces fonctions importantes sont confiées à différentes mains, plus d'union, plus d'ordre, plus de force; les anneaux de la chaîne sociale se détachent, se brisent; les jalousies, l'ambition', l'amour-propre, les méfiances président dans les conseils; la loi est suspendue ou marche sans activité et au hasard; l'anarchie prépare la tyrannie, et la tyrannie prépare les fers de l'esclavage. Un centre unique de pouvoir prévient ces déchiremens et ces calamités; vers lui se reportent tous ces rayons qui forment un faisceau de lumière; c'est l'étincelle électrique qui se fait sentir en même temps aux deux extrémités de la chaîne : la loi, délivrée de ses entraves, parcourt paisiblement tous les points de la circonférence, et se rend à sa destination sans avoir été troublée dans sa marche; alors elle éclaire les esprits et les consciences, fait chérir les devoirs qu'elle impose : c'est une rosée salutaire qui fertilise les campagnes et donne d'abondantes

moissons.

En environnant le premier magistrat de la Ré

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publique d'une grande force, d'une grande confiance, d'un grand respect, il faut sans doute que l'opinion publique, qui est un jugement réfléchi sur ce qui est fait, ou un jugement anticipé sur ce qui est à faire, éclaire le gouvernement, et lui présente le vœu national; mais il faut que celui qui exerce une grande autorité ne soit point exposé à des dénonciations vagues, à des méfiances injustes, à des soupçons inquiets, et à des poursuites judiciaires. Lorsque le premier magistrat est respecté, il est toujours juste; ce respect l'invite à remplir les devoirs qui lui sont imposés: une censure amère, une calomnie, produit dans son ame dés inquiétudes, des agitations qui le forcent quelquefois à devenir tyran. On a montré une grande sagesse en déclarant inviolable le premier magistrat de la République. Chargé de faire exécuter les lois, et de surveiller toutes les parties de l'administration, il faut qu'il soit élevé au-dessus des autres citoyens, pour que son action, qui tend toujours à l'ordre public, n'éprouve pas d'obstacles; il faut qu'il imprime le respect qui fait aimer l'obéissance que la loi commande, et qu'il contienne dans les limites constitutionnelles toutes les autorités secondaires qui ne tendent qu'à s'en écarter ou à les franchir; il faut qu'il prévienne ou qu'il réprime toutes les passions qui s'efforcent de con

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