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Le siége d'Acre pouvait être long et meurtrier; Bonaparte était instruit qu'on organisait dans l'Egypte des soulèvemens qui paraissaient se lier à un système général d'attaques. Après avoir dissipé une tribu d'Arabes qui infectait par ses brigandages la province de Gizeh, après avoir réprimé quelques révoltes, et détruit des hordes d'Arabes, commandés par un imposteur qui se disait l'ange el Mahdi annoncé par l'alcoran, et après avoir vaincu les Mamelucks qui étaient venus dans la basse Egypte pour soulever les Felluhs et les Arabes, il lève le siége d'Acre. Il ne pouvait plus, sans compromettre le sort de son armée et de ses conquêtes, prolonger plus long-temps son séjour en Syrie. Le général Berthier, aujourd'hui ministre de la guerre, qui a toujours accompagné Bonaparte dans ses campagnes, qui a partagé ses dangers, qui mérite d'être associé à sa gloire, et qui réunit la valeur du guerrier aux lumières et aux connaissances de l'administrateur et dé l'homme d'état, fait, dans sa relation des campagnes de Bonaparte en Egypte et en Syrie, des réflexions justes sur cette retraite. Bonaparte, dit-il, vit le but de son expédition rempli. L'armée, après avoir traversé le désert qui sépare l'Afrique de l'Asie, et vaincu tous << les obstacles avec plus de rapidité qu'une armée

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arabe, s'était emparée de toutes les places fortes

qui défendent les puits du désert; elle avait dé« concerté les plans de ses ennemis par l'audace « et la rapidité de ses mouvemens. Elle avait dispersé, aux champs d'Édrelon et du mont Tha« bor, vingt-cinq mille cavaliers et dix mille fan«tassins, accourus de toutes les parties de l'Asie << dans l'espoir de piller l'Egypte. Elle avait forcé « le corps d'armée qu'on envoyait sur trente bå« timens assiéger les ports de l'Egypte. Avec en<< viron dix mille hommes, Bonaparte avait nourri pendant trois mois la guerre dans le cœur de << la Syrie; il avait détruit la plus formidable des << armées destinées à envahir l'Egypte, pris ses

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équipages, ses outres, ses chameaux, et un gé« néral; il avait tué ou fait prisonniers plus de << sept mille hommes, pris quarante pièces de «< campagne, enlevé plus de cent drapeaux, forcé « les places de Ghazah, Jaffa, Caiffa. Le château «< d'Acre ne paraissait pas disposé à se rendre ; quelques jours de plus donnaient l'espoir de prendre le pacha dans son palais. Cette vaine gloire ne pouvait éblouir Bonaparte; il touchait << au terme du temps qu'il avait destiné à l'expé«dition de Syrie. Les saisons des débarquemens << en Egypte y rappelaient impérieusement l'armée pour s'opposer aux descentes et aux ten

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«<tatives de l'ennemi. La peste faisait des progrès

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effrayans en Syrie; déjà elle avait enlevé sept <«< cents hommes aux Français; et, d'après les << rapports recueillis à Sour, il mourait journelle<< ment plus de soixante hommes devant la place << d'Acre. >>

L'ennemi fit plusieurs sorties pendant que Bonaparte s'occupait à partir pour l'Egypte ; mais il fut toujours repoussé. Ce fut alors qu'il apprit par un parlementaire que la Porte avait déclaré la guerre à la France, et qu'elle avait fait un traité d'alliance avec l'Angleterre. Avant de partir pour l'Egypte, Bonaparte fit publier une proclamation à l'armée, où, après lui avoir rappelé ses victoires et ses conquêtes, il lui annonce qu'elle a une carrière de fatigues et de dangers à courir : « Après avoir mis, dit-il à ses braves soldats, l'O«rient hors d'état de rien faire contre nous pen

dant cette campagne, il nous faudra peut-être << repousser les efforts d'une partie de l'Occident; « Vous y trouverez une nouvelle occasion de gloire; «et si, au milieu de tant de combats, chaque jour est marqué par la mort d'un brave, il faut que de << nouveaux braves se forment, et prennent rang à «<leur tour parmi ce petit nombre qui donne l'élan << dans le danger, et maîtrise la victoire. »

Bonaparte arriva au Caire, où il s'occupa de

ses nouvelles opérations militaires. Il se rendit aux pyramides de Gizeh, où le général Murat, qui venait de disperser un rassemblement d'Arabes aux lacs Nutron, eut ordre de le joindre. Il poursuit les Arabes qui marchaient à la suite de Mourad bey. C'est aux pyramides de Gizeh qu'il apprend que les Anglais avaient débarqué à Aboukir, et menaçaient Alexandrie. Il ordonna à Lasne et à Rampon de passer le Nil, au général Friant de suivre Mourad bey par-tout où il irait, et de surveiller la situation du Caire; au général Dugua de tenir des colonnes mobiles dans les provinces environnant le Caire; au général Regnier de faire surveiller les approvisionnemens des forts d'Elarysch, Cathied, Salehieh, Belbeys, et de s'opposer à tous les mouvemens d'Ibrahim bey, de Dyezzar et des Arabes, au général Kleber de faire un mouvement sur Rosette, en laissant les troupes nécessaires à la sûreté de Damiette et de la province; au général Menou de mettre garnison dans quelques forts, et de venir le joindre à Rahmanié avec le reste de sa colonne. Après avoir fait ces dispositions, aussi savantes que profondes, Bonaparte quitte Gizeh, et se rend à Rahmanié, où il apprend que les Anglais avaient enlevé à Aboukir la redoute, et que le fort, dont le commandant avait été tué, s'était rendu par

lâcheté ou par trahison. Bonaparte, instruit que l'ennemi se proposait de s'établir et de se retrancher dans la presqu'île d'Aboukir, qu'il formait des magasins dans le fort, qu'il organisait les Arabes, et qu'il attendait Mourad bey, vit qu'il lui fallait prendre une position où il pût attaquer l'ennemi qui se renforçait, et reprendre Aboukir, Il développa toute l'étendue et toute l'audace de son génie. Il resserra l'ennemi, lui rendit ses communications avec le pays plus difficiles, et intercepta les secours qu'il attendait des Arabes et des Mamelucks.

Bonaparte fit ses dispositions pour livrer un combat général. Il attaque les Turcs; la déroute est complète; dix mille hommes se précipitent dans la mer; Mustapha pacha, commandant en chef, est pris avec deux cents Turcs; deux mille restent sur le champ de bataille; toutes les tentes, tous les bagages, vingt pièces de canon, dont deux anglaises, qui avaient été données par la cour de Londres, restent au pouvoir des Français. L'armée fit des prodiges de valeur. Le général Murat, qui a contribué par sa valeur à cette éclatante victoire, fut blessé. On somma ensuite le château d'Aboukir de se rendre; sur son refus, il fut hom barbé; bientôt il ne présenta que des ruines enflammées et des monceaux de pierres. Enfin l'en

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