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Constantinople, cette devise bien plus glo«rieuse et plus sensée : Les forces de cet empire ne serviront plus désormais à l'agran« dir, mais à le gouverner. Avec ces maxi«< mes d'une sage politique, il verra, s'accomplir << en peu d'années tous les présages que le génie << de Pierre le Grand osa concevoir, et que les «succès de plusieurs règnes glorieux n'ont qu'imparfaitement réalisés; de la surabondance des productions locales naîtra un principe d'émula«< tion, qui, dirigé par une administration pré<< voyante, favorisera la population des classes in«dustrielles ; d'un commerce intérieur solide<«<ment constitué sortira cette impulsion féconde << et nationale qui peut seule organiser, au profit « d'un état, les ressorts de son commerce exté«< rieur, et lui en assurer les bénéfices. Une ma<< rine militaire s'élèvera du sein d'une bonne ma<rine marchande; les armées de terre se forme

ront librement de l'excédant de la population « de toutes les classes; et alors l'empire russe sera << un des plus grands empires du monde. »>

Alexandre Ier va remplir ces hautes et brillantes destinées; son génie, sa justice, ses vertus, tout promet un règne paisible et glorieux à peine est-il monté sur le trône de ses pères, qu'il s'unit avec la France par une alliance solennelle : c'est

ainsi que Pierre le Grand forma ses premières liaisons avec cette puissance par un traité de commerce de 1717. Cette alliance donnera à la Russie le droit et le privilége de faire avec la France un commerce direct et réciproque. Les Anglais ne seront plus des acheteurs exclusifs qui retiraient un bénéfice immense de leurs achats et de leurs ventes. La Russie entretiendra des relations commerciales directes avec la France et les autres puissances du nord; elle favorisera la concurrence des nations du midi; elle vendra plus cher ses productions, achètera à meilleur marché les marchandises étrangères, et procurera de grands avantages à l'Europe en ouvrant une nouvelle route à l'industrie et au commerce de płûsieurs peuples. La Russie, alliée avec la France, ne redoutera ni l'Autriche, ni la Prusse, et pourra exécuter, sans crainte et sans obstacles, ses projets éventuels; elle fortifiera sa marine pour rétablir cette liberté des mers, qui doit assurer, étendre et vivifier le commerce et l'industrie des autres nations. On a versé des flots de sang pour rétablir sur le continent cette balance destinée à s'opposer à l'ambition des autres puissances; il est juste de maintenir sur les mers ce même systême d'équilibre qui doit multiplier dans toutes les parties de l'univers ces canaux salu

taires propres à répandre l'abondance et la fertilité, et à donner au commerce, à la navigation, et à l'industrie des autres nations, des nouveaux principes de vie et d'accroissement. Alexandre Ier et Bonaparte se réuniront pour opérer cette révolution si utile à tous les peuples de l'Europe. Qui pourra résister à la force de leurs armes, à leur génie et à leur sagesse!

Bonaparte n'avait cessé de présenter au gouvernement anglais l'olivier de la paix, et le signe de la réconciliation. « La guerre, avait-il écrit à Geor «ges III, qui depuis huit années ravage les quatré « parties du monde, doit-elle être éternelle ? n'y << a-t-il pas moyen de parvenir à s'entendre? » Il exprimait ensuite son desir sincère de contribuer à une pacification générale. Qu'elle était tou chante cette lettre! on y voyait de la fierté sans orgueil, de la grandeur sans ostentation, de l'hu manité sans faiblesse : mais le génie de Pitt avait prévalu, l'Angleterre avait préféré les horreurs de la guerre aux bienfaits de la paix; elle vou lait dominer sur les mers, et asservir les nations. Le premier consul était prêt à s'armer de toute. la force, de toute la puissance de la nation, et à

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passer les mers pour offrir à Georges l'olivier de la paix. Il aurait parlé d'abord en ami et en médiateur, ensuite en maître et en conquérant. Ce n'était point comme Pyrrhus, qui, ne pouvant défendre son pays, fut attaquer celui de son ennemi, ni comme Charles XII qui, ne pouvant résister aux forces des puissances réunies contre la Suède, fit une irruption en Norwége pour y porter le théâtre de la guerre : c'était ici le conquérant de l'Égypte et de l'Italie, c'était un guerrier plein de valeur et de prudence, qui voulait venger l'humanité, qui prenait en main la cause de tous les peuples, et voulait briser ce sceptre maritime qui était devenu l'effroi et le scandale de l'Europe. « Il faut détruire Carthage, disait Caton «dans le sénat romain on ne vaincra jamais les « Romains que dans Rome, disaient Annibal et << Mithridate. » Le maréchal de Saxe répétait souvent: << On ne vaincra jamais les Anglais que dans << Londres. » L'Anglais ne fut jamais plus faible que dans ses propres foyers; les Romains, les Saxons, les Danois, les Normands, ont conquis et subjugué la Grande-Bretagne, et Louis VIII a été proclamé roi à Londres: Ruyter fit trembler cette capitale; une seule escadre hollandaise éleva de longs amas de cendres sur les bords de la Tamise. Il est inutile de parler ici des diverses ex

péditions faites par les Français pour tenter des des centes en Angleterre ; des fautes militaires, des intrigues de cour, un systême de machiavélisme, rendirent sans effet celles qui furent tentées sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV; mais cette expédition, dirigée par un guerrier vaillant et heureux, devait nécessairement réussir. Les soldats français ne connaissent aucuns obstacles; ils volent au combat en bravant le danger, et en chantant les hymnes de la victoire: l'amour de la patrie enfante des miracles; le ciel doit bénir les armés d'un peuple qui veut venger l'Europe et l'humanité des attentats d'un gouvernement oppressif et déprédateur.

Le passage de la mer pour aborder en Irlande n'était pas plus difficile pour les armées françaises que le passage du Rhin, du Danube, du Pô et de l'Adige; nos soldats triomphans ont passé ces fleuves à la vue des phalanges ennemies, et sous le feu d'une artillerie formidable. On peut aborder sur les côtes d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande;

les

ports de toute la partie qui fait face aux côtes de France sont aujourd'hui barrés; ils sont trèspropres pour y tenter une descente avec des bateaux, sous l'escorte des frégates qui approcheraient beaucoup plus près de la barre que ne pour raient le faire de gros vaisseaux ; les vents d'ouest,

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