Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

terre, et pour le bonheur de l'humanité. Oui, le premier consul rétablira la religion romaine parce que c'est la religion antique de l'état et du peuple français ; il la rétablira, parce que sa morale et ses dogmes se réunissent pour conserver l'autorité des lois, et pour l'entourer d'une sanction divine; il la rétablira, parce qu'un gouvernement ne peut pas exister sans religion, et qu'il faut ce frein puissant pour forcer les chefs des nations à pratiquer les lois de la justice, et à rendre leurs peuples heureux. « Quand il serait <«< inutile, dit Montesquieu, que les sujets eussent << une religion, il ne le serait pas que les princes << en eussent, et qu'ils blanchissent d'écume le << seul frein que ceux qui ne craignent point les <«<lois humaines puissent avoir. Un prince qui aime <«< la religion, et qui la craint, 'est un lion qui «< cède à la main qui le flatte, ou à la voix qui l'appaise. Celui qui craint la religion, et qui la <<< hait, est comme les bêtes sauvages qui mordent <«< la chaîne qui les empêche de se jeter sur ceux * qui passent. Celui qui n'a point du tout de reli

[ocr errors]

gion est cet animal terrible qui ne sent sa liberté << que lorsqu'il déchire et qu'il dévore.»- Il faut, « dit l'immortel Bossuet, que les peuples espè<< rent en Dieu, et que leurs chefs le craignent.

Quand la religion, dit M. Necker, ne sert plus

<< de guide aux chefs des états, il ne reste alors « que le despotisme pour gouverner, et la servi« tude pour obéir. >>

à

Le peuple français conserve pour la religion de ses pères cet amour et ce respect que les crimes de la révolution n'ont pu affaiblir. Il a vu dans le silence de la douleur la destruction des temples, la profanation des mystères sacrés, le scandale et la prostitution dans le lieu saint. Il attendait un libérateur qui vînt réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire relever les autels abattus, et rétablir la solennité des fêtes et des cérémonies. Le peuple est pret faire le sacrifice qu'exigent les dépenses du culte public; s'il pose sur l'autel de la patrie ces tributs que la loi exige, avec quels transports d'alégresse il posera sur les autels de la religion ces dons et ces offrandes destinés à perpétuer un culte d'amour et de reconnaissance! Avec quel ravissement il reverra les monumens de sa vénération et les objets de sa piété ! avec quel plaisir il ouvrira ses trésors, et consacrera les prémices de ses moissons pour orner le sanctuaire, et pour secourir ces pontifes vénérables qui lui présenteront le spectacle édifiant des vertus, lui annonceront les vérités consolantes de l'Évangile, et l'exhorteront à obéir aux lois, et à demander au ciel la con

servation de ce héros magistrat qui réunit le génie de Charlemagne aux vertus de Louis IX! L'amour de la patrie forme des guerriers et des soldats; l'amour de la religion crée des citoyens. La force militaire et la religion, voilà ces bases inébranlables qui soutiennent les gouvernemens, les lois, les institutions, et leur promettent l'immortalité. Le projet de Bonaparte, de rétablir la religion nationale et le culte public, honore son génie et atteste ses vertus. C'est le chef-d'œuvre de la prudence et de la sagesse. La religion, montrée dans son appareil de puissance, de majesté, et dans la solennité de ses fêtes et de ses cérémonies, ouvrira toutes les sources de la félicité publique; elle commandera au peuple la soumission et l'obéissance aux lois de l'état; elle gravera dans son cœur cet amour et ce respect qu'il doit à son premier magistrat; elle présentera aux citoyens un gage de l'intégrité de leurs concitoyens, et aux étrangers une garantie de la foi de la nation. Les ministres de cette religion annonceront la justice et la paix. Toutes leurs pensées seront dévouées aux progrès de la morale et au triomphe des vertus. Ils prendront pour modèle les Fénélon, les François de Sales, les Vincent de Paul, ces apôtres de lumière et de consolation qui ont illustré l'église et honoré l'humanité par la pureté de leurs mœurs, par

leur génie et leurs vertus. Les mœurs publiques seront régénérées; tous les cœurs s'ouvriront au respect et à la reconnaissance; et on sentira le goût et le besoin d'estimer et de chérir celui que la volonté du peuple a appelé pour le gouverner. On ne verra plus ces temps de discorde et d'horreur qui ont si long-temps versé sur la France ses fléaux et ses crimes. Ce n'est que dans un temps de corruption et d'immoralité que se forment ces tristes et sanglantes révolutions qui bouleversent les corps politiques, et conduisent les peuples à l'anarchie et à l'esclavage. Cette religion apprendra au chef de la nation à pratiquer la justice, à donner le précepte et l'exemple des vertus, à honorer de sa confiance des hommes qui réuniront les talens et les lumières à la probité; elle lui apprendra que la félicité du peuple doit être l'objet constant de sa sollicitude: quelle consolante pensée, quels momens délicieux que ceux où, tranquille avec sa conscience, il pourra réfléchir le matin aux heureux qu'il fera, et le soir aux heureux qu'il a faits! Quelle différence pour lui entre ce souvenir attendrissant, et ces jours de gloire et de grandeur où il contemple son front orné des lauriers de la victoire, où il reçoit les hommages que l'ambition, la flatterie et l'intérêt lui prodiguent! La palme que donne la vertu ne périt jamais; les bénédictions et l'amour des peu

ples immortalisent plus que les conquêtes et les triomphes. Qu'il est beau, qu'il est honorable pour Bonaparte d'être appelé par le ciel à former l'auguste alliance qui doit unir ensemble le bonheur du peuple, la prospérité de l'état, avec la religion destinée à épurer ses mœurs! La religion affermira l'autorité du premier consul sur des bases inébranlables, et lui montrera les grands devoirs qui lui sont imposés.

rompre

le

Le premier consul a développé, dans son systême politique et dans ses opérations diplomatiques, de grandes et sublimes conceptions. Il respecte les gouvernemens étrangers et les droits des gens; il ne veut point abattre les trônes des rois, parce qu'il ne les redoute point; il ne veut point pacte social qui unit une nation à son chef, parce qu'il sait que les souverains exercent une autorité légitime, et que les peuples ont le droit de créer, de défendre, et de maintenir la constitution qu'ils croient conforme à leur intérêt, à leur bonheur, et qu'on trouve la liberté dans les monarchies comme dans les républiques. Bonaparte a combattu pour faire reconnaître et respecter l'indépendance du peuple français, pour

« ZurückWeiter »