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faste, ni d'attrait pour les distinctions. « J'observe, << dit-il, que, dans les siècles modernes, les hom« mes n'ont plus de prise les uns sur les autres, <«< que par la force et par l'intérêt, au lieu que <«<les anciens agissaient beaucoup plus par la per<< suasion, par les affections de l'ame, parce qu'ils << ne négligeaient pas la langue des signes; toutes << les conventions se passaient avec solennité : « pour les rendre plus inviolables, avant que lá « force fût établie, les dieux étaient les magis<< trats du genre humain; c'est pardevant eux que « les particuliers faisaient leurs traités, leurs << alliances, prononçaient leurs promesses; la face << de la terre était le livre où s'en conservaient les << archives; des rochers, des arbres, des mon<< ceaux de pierres, consacrés par ces actes, et << rendus respectables aux hommes barbares, « étaient les feuillets de ce livre ouvert sans cesse << à tous les yeux; le puits du serment, le puits << du vivant, et, voyant le vieux chêne de Mambré, « le monceau du témoin. Voilà quels étaient les << monumens grossiers, mais, augustes de la sain«teté des contrats; nul n'eût osé d'une main sa

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crilége attenter à ce monument, et la foi des « hommes était plus assurée par la garantie de « ces témoins muets, qu'elle ne l'est aujourd'hui << par toute la vaine rigueur des lois.

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<< Dans le gouvernement, l'auguste appareil de << la puissance royale en imposait aux sujets; des << marques de dignité, un trône, un sceptre, une « robe de pourpre, une couronne, un bandeau, << étaient pour eux des choses sacrées ; ces signes, respectés, leur rendaient vénérable l'homme qu'ils en voyaient orné; sans soldats, sans me«nace, sitôt qu'il parlait, il était obéi ; maintenant, qu'on affecte d'abolir ces signes, qu'arrive-t-il « de ce mépris? que la majesté royale s'efface de << tous les cœurs, que les rois ne se font plus obéir qu'à force de troupes, troupes, et que le respect des sujets n'est que dans la crainte du châtiment. « Les rois n'ont plus la peine de porter leur dia«< dême, ni les marques de leurs dignités; mais il faut avoir cent mille bras toujours prêts pour « faire exécuter leurs ordres; quoique cela leur « semble plus beau, peut-être il est aisé de voir « qu'à la longue cet échange ne leur tournera pas « à profit..... Que d'attention chez les Romains à « la langue des signes! des vêtemens divers, sui<< vant les âges, selon les conditions; des toges, << des saies, des prétextes, des bulles, des lati«< claves, des chaires, des licteurs, des faisceaux, << des haches, des couronnes d'or, d'herbes, de « feuilles, des ovations, des triomphes; tout chez eux était appareil, représentation, cérémonie,

<< et tout faisait impression sur les cœurs des ci

<< toyens. >>

Les législations modernes n'ont presque rien fait pour la régénération des peuples. Chez les anciens, les créations morales avaient de la profondeur et de la puissance; chez nous, on a oublié l'art des institutions morales; rien dans les constitutions actuelles ne retrace plus cette sagesse antique qui épurait les mœurs publiques, et transformait une multitude éparse en un véritable corps de nation. On ne sait plus établir entre les mœurs et les lois, les opinions et les gouvernemens, ces rapports qui doivent unir la politique et la législation à la morale. On cherche à éclairer l'esprit, et non à perfectionner le cœur. C'est dans des théories obscures qu'on va chercher ces maximes qui doivent régir les sociétés politiques; on 's'occupe à établir la liberté de l'homme, mais on ne travaille point au bonheur des peuples.

Bonaparte s'occupera à régénérer les mœurs publiques: sans mœurs, il ne peut y avoir ni patrie, ni lois, ni justice, ni bonheur. La morale est aussi nécessaire à l'harmonie sociale, que les grandes forces de la nature à l'harmonie de l'univers. Un peuple corrompu perd ses droits et son

indépendance, s'asservit lui-même, et se prépare des fers honteux qui perpétueront sa misère et sa servitude; sans les mœurs, la législation n'est qu'un vain ouvrage des arts; les lois toutes seules feront des esclaves; mais les lois unies avec les mœurs formeront des hommes libres et des citoyens vertueux n'oublions jamais qu'avec les mœurs les lois peuvent tout, et sans les mœurs ne peuvent rien. Les mœurs fortifient les bonnes lois, suppléent aux lois insuffisantes, et corrigent les mauvaises: des calamités publiques, des guerres malheureuses, peuvent mettre en danger la République; mais, si elle a des mœurs, elle ne doit craindre ni les maux de l'anarchie, ni les crimes de la tyrannie, ni les attentats de la rebellion : affermie sur cette base immortelle, elle bravera les fureurs des révolutions, et les invasions des conquérans; sa force et sa puissance en imposeront à ses ennemis; son existence politique ne périra jamais ; elle gouvernera l'Europe, et commandera aux autres nations. La Grèce fut brillante et heureuse sous les Solon, les Lycurgue, les Pélopidas; le luxe de Périclès, les vices de Pisistrate, les débauches d'Alcibiade, les cruautés de Nabis, la tyrannie de Périandre, préparèrent sa destruction. Rome, gouvernée par les Camille, les Fabricius et les Caton, présenta le spectacle ma

jestueux de la gloire et de la grandeur; les richesses de Crassus, les crimes de Scylla, le faste de Lucullus, l'ambition de César, enfantèrent les factions, les guerres civiles, l'esclavage, et la ruine de l'empire romain. Avec des mœurs, Vous verrez un nouvel ordre de choses plus heureux et plus consolant ; ces nœuds précieux, qui unissent le peuple français à son premier magistrat et à ses représentans, se fortifieront, s'embelliront; la justice et la morale affermiront la liberté et les lois; le gouvernement donnera l'ordre moral pour basé à l'ordre politique; il sera juste et clément; le peuple obéira aux lois, sera libre, heureux et puissant.

I

- Il vient de paraître un ouvrage qui a pour titre Récréations Morales, par le citoyen HEKEL, où les maximes de la morale y sont développées avec autant de force que de goût et de vérité. On y voit la profondeur des pensées, la noblesse et l'élégance du style, la pureté des principes, la beauté des images et les variétés brillantes des descriptions: tout, dans cet ouvrage, est agréable et instructif ; il respire l'amour du bien, de l'ordre, du juste et du beau. Comme le génie de l'auteur est dans son cœur, c'est au cœur de ceux qui le lisent qu'il parle, et se fait entendre. Après la lecture de cet ouvrage, on respire, on se sent soulagé, l'ame se repose, et l'esprit est éclairé; ou s'éGrie: Bénissons la Providence ! il existe encore des

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