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couvraient les mers, et étaient commandées par Tourville, les Jean-Bart, les Paul, les DuguaiTrouin, les Cassart, les Château - Renaud, les Duquesne, les Destrées, les Forbin. C'est par sa marine que l'Angleterre est parvenue à ce degré de gloire et de prospérité qui étonne l'Europe, et qu'elle s'est emparée de cette suprématie qui lui procure les trésors de l'univers, et lui donne le commerce universel. Le rétablissement de la marine française recréera cet équilibre que toutes les puissancés réclament; et il est réservé au conquérant de l'Italie et de l'Égypte de briser ce sceptre maritime dont le gouvernement anglais fait un abus si oppressif contre les droits des nations. Les rives de la Tamise verront ces mêmes prodiges de puissance, de valeur et de justice, qui ont été opérés sur les Alpes, et sur les bords du Nil : il est un termè à la violence et à l'usurpation. L'histoire nous apprend que toutes les puissances injustes ont péri, quelque éclat qu'ait eu leur prospérité momentannée. Les Phéniciens ont brillé, et ont fait place aux Carthaginois. Alexandre fonda le commerce de l'Égypte ; ces belles contrées attirèrent les richesses du monde; elles passèrent aux Romains; le commerce périt sous le joug des oppresseurs du monde. Constantin le régénéra en transportant l'empire romain dans

F'Orient; les croisades en rapportèrent le fruit aux nations de l'Occident; les Pisans, les Vénitiens, les Florentins, en recueillirent la plus précieuse part.

L'opulence et le pouvoir rendirent Venise insolente, et la ligue de Cambrai punit l'orgueil et l'ambition de cette républiqué. Les Génois régnèrent à leur tour sur le commerce du Levant; les Florentins s'emparèrent de Pise; Colomb découvrit l'Amérique. Les Espagnols étaient les dieux. de l'Océan; ils régorgeaient de l'or du Mexique et de l'argent du Pérou; on ne connaissait que le pavillon espagnol sur les mers: l'Espagne perdit bientôt sa puissancé et sa grandeur. Telle sera la destinée de l'Angleterre : elle s'écrasera sous son propre poids, et au milieu de ses richesses et de ses trésors. Sans doute, la violence et l'injustice ont servi à conquérir, à dominer; mais on ne voit point que l'une et l'autre aient servi à conserver: elles exaltent d'abord la force, et l'énervent ensuite, Le monde se gouverne par la sagesse, et s'entretient par la concorde des élémens. Les nations ne se maintiennent qué par la justice, et les gouvernemens ne se soutiennent que par cette modération sage et héroïque qui ne se dément jamais.

Le premier consul s'occupera à donner aux

colonies un gouvernement conforme au climat, au génie, aux mœurs, au caractère des colons. II leur faut une législation qui respecte leurs usages, leurs habitudes, leurs préjugés, et qui conserve leurs propriétés. La première de toutes, la plus sainte, c'est la loi de la propriété. Si cette loi est violée, le colon perdra le goût du travail et des occupations utiles, et il ne voudra pas accroître et améliorer un bien dont il ne sera que le possesseur incertain; il n'aura ni respect, ni amour pour le gouvernement, et peu lui importera d'obéir à une nouvelle puissance. En conservant la loi qui affranchit les nègres, il faut rétablir les propriétaires dans leurs anciennes possessions, et envoyer dans les colonies des administrateurs qui réunissent les vertus aux talens. Alors le commerce colonial reprendra son ancien cours, et versera ses antiques bienfaits. Le commerce de nos colonies occasionnera une circulation annuelle de six cents millions. Il fournissait aux finances de l'état plus de cent millions de tributs annuels, qui se payaient sans efforts, parce que cette contribubution publique était prélevée sur les bénéfices du travail, et sur les plaisirs du luxe que procure la richesse. S'il existe quelque moyen de demander au pauvre une portion de sa subsistance pour soutenir les charges de l'état et les dépenses du gou

vernement, c'est en augmentant dans les colonies une opulence qui reflue dans toute la nation.

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Bonaparte a voulu connaître le tableau statistique de tous les départemens de l'empire français; ce travail lui a été présenté. On donne ce nom à cette partie de l'économie politique qui considère un état, une contrée, sous les rapports agricoles, administratifs, còmmerciaux, et qui en fait connaître la situation dans tous ses détails. Peut-être, jusqu'à présent, on n'avait pas attaché parmi nous assez d'importance à l'étude de la statistique. Cette science si nécessaire au gouvernement, sans laquelle l'administration d'un état est toujours vicieuse et incertaine, semblait être le patrimoine exclusif de quelques politiques contemplateurs, et, dans la politique, elle était d'un usage presque nul; il fallait qu'un ministre éclairé la fit sortir de cette espèce de déconsidération, qui tenait peutêtre aussi à l'idée qu'on s'était faite de cette science d'après les ouvrages stériles de quelques écrivains du dernier siècle. L'esprit français, accoutumé aux conceptions les plus rapides et les plus brillantes, repousse avec dédain tout ce qui porte un caractère de sécheresse ou d'obscurité; il lui faut

une nourriture plus choisie et plus engageante, s'il est permis de s'exprimer ainsi; et sa délicatesse ne pouvait s'accoutumer à l'avidité des théoristes, de ceux sur-tout qui ont inondé l'Angleterre et l'Allemagne de leurs annales et de leurs calculs hypothétiques.

La statistique renferme des mémoires remplis de faits instructifs et d'observations utiles. On aime, après les dissentions civiles et étrangères qui ont trop long-temps fatigué la patrie, à reconnaître ses richesses, à contempler sa fertilité, à passer en revue toutes ses ressources, à faire, en quelque sorte, l'inventaire de ses produits; et si, dans cette glorieuse énumération, il est quelquefois douloureux de voir que le commerce et les manufactures sont encore négligés dans un pays aussi florissant, où la richesse du sol a pu seule produire cette indifférence, l'esprit est bientôt consolé en pensant au degré de splendeur réservé à l'état, lorsque la protection du gouvernement, les lumières et le zèle du ministre de l'intérieur auront porté les arts, le commerce et l'agriculture à la perfection qu'ils doivent atteindre.

Le ministre de l'intérieur s'occupe constamment de la splendeur et de la prospérité de l'état : il a formé, sur les principaux points de la République, des réunions d'hommes éclairés et versés

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