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un nombre considérable, on obtiendra un grand quotient. C'est la raison qui rend les impôts indirects si productifs, quand ils ne sont pas pous sés à cet excès qui provoque la fraude, et annulle la perception. Leur tarif, souvent appliqué, paie pour tous, et à tous les instans, aboutit, par des fractions presque insensibles, à des produits qui -semblent tenir du prodige. Les grosses taxes présentent l'impôt dans toute sa nudité, et le rendent nécessairement odieux; elles détachent le contribuable du sentiment de l'intérêt commun; elles restreignent ses jouissances, parce qu'il ne s'occupe qu'à cacher sa fortune; ses dépenses ainsi réduites privent le pauvre de son travail, et le fisc de la contribution du pauvre. Parcourez un pays d'arrosage'; ce n'est pas la rivière même que le cultivateur fait promener sur ses prairies pour les arroser, il la saigne avec ménagement de distance en distance, et ne cherche la fertilité qu'à l'aide des faibles ruisseaux qu'il fait serpenter dans ses champs. Les champs sont le gouvernement; la rivière, c'est la nation entière; les filets d'eau l'agriculteur en extrait sont l'image de ce que doivent être les contributions.

que

Bonaparte, dans la création des taxes personnelles et indirectes, ne veut point frapper l'industrie dans un moment où il faut l'encourager

et la ranimer; il ne veut point, par des mesures impolitiques contre les grandes fortunes, resserrer de plus en plus les capitaux, dont la circulation n'est déjà que fort embarrassée; il sait que toute taxe sur le riche est une véritable taxe sur le

pauvre, qu'on prive par là des moyens de travail; que si le riche est accablé d'impôts, il ne pourra point occuper le pauvre; et que c'est principalement dans les états libres qu'il peut être dangereux de réduire par les impôts des jouissances du luxe. Plus, dans un vaste état, il y'a de luxe, et moins il y a de pauvres, parce qu'il y a plus de moyens de subsistances, et plus de circulation d'argent. Une loi romaine, selon Voltaire, qui eût dit à Lucullus: Ne dépenseż rien, lui aurait dit en effet: Devenez encore plus riche, afin que votre petit-fils puisse acheter un jour la république ! 07

Bonaparte profitera des bienfaits de la paix pour établir un bon systême de finances; il est aussi nécessaire qu'une sage législation. On peut réparer les imperfections, les vices des lois; mais il est bien difficile de guérir les plaies que fait à l'état un mauvais plan de financés. Dans cette opération importante la sagesse du premier consul lui interdirá les secousses, les mésures violenLes; il verra les objets en masse, et ce sera au

Conseil d'état et au ministre des finances à lui proposer les moyens propres à parvenir à une heureuse régénération, On diminuera les impôts, dont l'excès éteint toute émulation et tout sentiment patriotique, décourage les hommes et les empêche de se reproduire; ils ne seront levés que pour le besoin de l'état, et les besoins de l'état ne seront que ceux du peuple, ou plutôt ceux que ses besoins nécessitent; on établira une justice exacte dans leur répartition, et on créera un mode simple de perception; on augmentera la valeur des biens nationaux; on facilitera la circulation du numéraire, qui est le principe vital d'un état; des lois sévères feront tomber ce taux excessif et scandaleux de l'argent qui entrave les relations commerciales, diminue la valeur des terres; elles réprimeront ce jeu meurtrier et scandaleux de l'agiotage, qui corrompt les mœurs publiques, et qui frappe de stérilité cette sève gé nératrice et ce principe de fécondité qui vivifiaient toutes les branches de l'industrie sociale; on déduira, on déterminera les dépenses; on assurera l'acquittement et l'extinction des dettes constituées; on rétablira ce crédit qui fait circuler les richesses qu'on a, et qui supplée à celles qu'on n'a pas ; on régularisera les paiemens; on renoncera à ces opérations ruineuses qui procurent quelques

fonds dans un moment de détresse, mais qui détruisent le crédit, la confiance, et arrêtent la circulation du numéraire; on assurera un mode de comptabilité qui embrassera toutes les parties de l'administration; on créera des primes pour encourager les plantations, les défrichemens et les manufactures; on adoptera des principes sévères de cette économie réelle et toute-puissante qui, comme le dit Thomas, gouverne les trésors d'un empire' comme les biens d'une famille, qui établit l'ordre, et qui applique tout entier aux besoins' de l'état, ce qui est la substance et le sang de l'état même ; on appellera dans l'administration des finances des hommes distingués par leurs ta lens, leurs connaissances, et respectables par la pureté de leurs mœurs : alors, il n'y aura ni op pression, ni déficit, ni retardemens de paiemens; le gouffre qui dévorait tant de trésors sera fermé; alors on verra les moeurs publiques se régénérer; la liberté publique sera affermie sur des bases inébranlables. Le peuple sera heureux ; tous les citoyens, par un heureux concert, concert, béniront la justice et la sagesse de leur premier magistrat, et la France présentera le tableau consolant du bonheur et de la prospérité.

Le commerce doit fixer l'attention des administrateurs des empires; il encourage l'agriculture et les manufactures; il soutient l'industrie, franchit tous les mers, parcourt toutes les contrées, satisfait aux besoins de tous les peuples, leur répartit les richesses de la terre, et réunit par son activité les nations les plus éloignées. La France est appelée, par sa position topographique, par le génie et l'industrie de ses habitans, à être une puissance riche par son commerce; aussi était-elle parvenue à un degré de splendeur et de prospérité inconnu aux autres nations: mais un génie révolutionnaire, et la guerre, ont détruit son commerce et ses colonies; l'affranchissement des nègres, le maximum, les décrets absurdes et imprudens de la convention nationale, ont renversé cet édifice brillant; toutes les parties de l'administration commerciale ont été frappées de stérilité; ces canaux qui portaient l'abondance et la fertilité ont été obstrués, et cette tige qui produisait des rameaux si superbes n'est plus qu'un tronc inutile; le commerce, l'industrie, tout a été la proie d'un systême dévastateur: Bonaparte a vu ce dépérissement universel, et toutes ses pensées se sont fixées sur cet objet si essentiel et si précieux;

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