Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

perdu la Toscane; mais cet état est remplacé en Allemagne par des possessions équivalentes et adhérentes, qui ajouteront encore à cette force centrale dont il sentira le prix. Il est donc facile de juger que, dans la masse particulière dont se compose une puissance comme l'Autriche, ce qu'elle peut perdre numériquement mérite à peine quelque attention, et se trouve abondamment compensé par les avantages qui résultent pour elle de la réunion, et, si on peut le dire, de la condensation de ses forces.

Fixons à présent nos regards sur l'administration civile et politique du premier consul; en rapportant tout ce qu'il a fait pour détruire les factions anarchiques qui troublaient l'état, et pour rétablir la tranquillité publique, qu'il nous soit permis de lui dire ce qu'il doit faire pour le bonheur du peuple français. A peine Bonaparte est-il revêtu de la dignité suprême du consulat, qu'il s'occupe à guérir les plaies profondes de l'état, et à rétablir l'ordre dans toutes les parties du service public. Il brise les tables de proscription, et rappelle dans leur patrie des citoyens exilés par des lois révolutionnaires. La taxe relative au person

nel et l'emprunt forcé sont supprimés. Cette fatale liste des émigrés qui paralysait toutes les branches de l'administration, qui bouleversait l'ordre social dans ses bases fondamentales, et qui était devenue entre les mains des hommes pervers un instrument de vengeance et de proscription, est fermée. Cette loi cruelle des otages, qui était le scandale de la justice, et l'effroi de l'humanité, est abolie. Bonaparte va dans les prisons, console ces victimes qui gémissaient sous le joug d'une oppression inconnue dans les contrées asiatiques, les remet en liberté, en leur adressant ces paroles de consolation : « Une loi injuste vous a privés << de la liberté; mon premier devoir est de vous <<< la rendre. » ́

* L'intérêt général sollicitait depuis long-temps une nouvelle division du territoire de la France et de l'administration intérieure; les départemens présentaient un tableau affligeant; tout était incertitude, désordre, découragement. Les administrateurs n'avaient plus la conscience de leur force; la timidité, où l'injustice dictaient leurs décisions: les uns, faibles et tremblans, n'osaient proposer le bien; ils imposaient silence à cette voix intérieure qui les pressait d'être justes: les

autres, pervers et factieux, faisaient le mal par systême, par calcul, et par intérêt; esclaves et despotes tour-à-tour, ils obéissaient servilement à ces agens superbes et puissans qui leur dictaient des lois, et se vengeaient ensuite de cette dégradation en maîtrisant avec un sceptre de fer ceux qui venaient réclamer leur protection et leur justice. Il n'y avait ni patriotisme, ni esprit public, ni moralité, ni vertus; on ne voyait dans l'exécution des lois ni célérité, ni précision, ni fermeté; la violation de tous les principes, la servitude des uns, la tyrannie des autres semblaient annoncer une dissolution politique, et c'était des départemens que devait partir cette flamme électrique qui menaçait d'incendier la capitale de l'empire français.

Un vice intérieur produisait cette anarchie et cette corruption. Pour parvenir à une régénération salutaire, il fallait simplifier les rouages de cette machine immense, et établir dans cette partie principale de l'économie politique une unité de pouvoir et d'action. Si, dans un vaste état, il faut confier à un seul homme l'autorité suprême et l'exécution des lois, toutes les parties de l'administration doivent être conformes aux principes fondamentaux qui ont établi la forme de ce gouvernement: s'il y a ici unité

de pouvoir, il faut que le même principe régisseles administrations particulières. Ce sont les chaînes du même anneau qui ne peuvent se rompre ni se diviser; tous ces différens pouvoirs correspondent au centre commun. La puissance exécutrice, dans son unité, doit être le type et le modèle des autorités secondaires; le gouvernement doit avoir une autorité centrale qui éclaire de ses rayons tout l'intérieur de la circonférence. Il faut un point central où se réunissent toutes les pensées, et d'où partent toutes les actions; des pouvoirs trop divisés s'éclipsent les uns les autres, et n'ont point cette centralité si nécessaire pour donner à toutes les opérations administratives un mouvement de force et d'activité. Détruisez ce principe, il n'y aura ni union, ni stabilité, ni vigueur dans le gouvernement; ce sera une agrégation informe qui, par un choc continuel, affaiblira les forces de l'état, et préparera sa langueur et son dépérissement. Pour faire cesser cette oscillation perpétuelle, pour rétablir cet équilibre nécessaire, pour donner au corps politique sa vigueur, Bonaparte crée dans chaque département un préfet, un conseil de préfecture, et un conseil général, Les préfectures, substituées aux administrations collectives, ont donné à l'action uniforme des lois un principe régénérateur qui a vivifié les parties de

l'administration frappées de stérilité. L'institution des conseils est destinée à éclairer le préfet, à donner des lumières au gouvernement, et à lui offrir le tableau statistique du département. L'unité de pouvoir a fait disparaître les vices des formes polygarchiques qui régissaient les administrations centrales. Les départemens jouissent des bienfaits de cette institution salutaire; des hommes probes et éclairés exercent ces fonctions importantes, et les préfets ont appelé dans les conseils administratifs des citoyens recommandables par leurs talens et leur moralité. Toutes les parties, auparavant confuses et éparses, se sont réunies vers un centre commun; elles correspondent ensemble: de cette harmonie, résultent une force, une justice, qui facilitent l'exécution, et préparent les succès des opérations administratives.

Si la liberté politique doit nécessairement résulter de la bonne organisation des pouvoirs législatif et exécutif, la liberté civile ne peut être défendue et affermie que par l'institution du pouvoir judiciaire. C'est sur la législation que reposent l'édifice social et tout le systême du bonheur public; elle est bien propre à régénérer les mœurs

ΙΟ

« ZurückWeiter »