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à la tête de dix mille hommes, culbuta toutes les positions sur lesquelles s'appuyait le centre de l'armée française, et parut devant la redoute de Montenotte. Bonaparte, suivi de Berthier et de Massena, porte sur ce point, durant la nuit, les troupes de son centre, force Beaulieu à la re traite, et le chasse de Cuscaro et du Caillot; bat les Autrichiens à Dego et à Millesimo; sépare les Impériaux des Piémontais, s'empare de Ceva, entre en triomphateur à Mondovi, porte l'effroi et la terreur dans la cour de Turin, et force le roi de Sardaigne à lui laisser toutes les places du Tenaro, et à lui ouvrir le passage du Pô, sous Valence.

Cependant le général Beaulieu, avec les débris de l'armée impériale, pouvait encore, pour défendre le Milanais, prendre une superbe position, ayant son front au Pô, sa droite au Tésin, sa gauche à l'Adda. Mais il crut qu'il devait attendre les Français par Valence. D'après l'armistice accordé au roi de Sardaigne, il se retrancha sur le Tésin. Bonaparte: le confirma dans son erreur par d'adroites démonstrations, se porta, par une marche forcée, jusqu'à Plaisance, où il passa le Pô; après

avoir vaincu tous les obstacles et bravé tous les dangers, il rendit inutiles, par cette savante ma>nœuvre, toutes les redoutes de Pavie, et tous les

retranchemens du Tésin. L'armée française se rangea en bataille, força Beaulieu d'abandonner Fombió, le poursuivit jusque sur l'Adda, et le duc de Parme fut obligé de recevoir la loi du vainqueur. La route de Milan était ouverte aux Français; mais, pour le conquérir et en conserver la conquête, il fallait chasser les Autrichiens de l'Adda. Le général Beaulieu avait concentré sur Lodi la plus grande partie de ses forces; Bonaparte marcha pour l'attaquer. Le pont de Lodi, qu'il avait à franchir, était défendu par une artillerie formidable; mais le général français connaissait la bravoure des troupes qu'il commandait. Il compose une colonne de quatre mille grenadiers, chargée d'emporter le pont. La colonne marche, s'avance, et soutient avec intrépidité le feu continuel de l'artillerie ennemie; plus elle's approche, plus le feu devient violent et meurtrier elle s'arrête; mais Berthier et Massena se précipitent à la tête des rangs ils les enfoncent, enlèvent l'artillerie, emportent le pont, renversent tout ce qui se trouve sur leur passage, dispersent les Autrichiens, et portent par-tout la confusion et le carnage; Lodi est pris, et le Milanais conquis. Bonaparte, en rendant compte au Directoire de cette journée mémorable, s'exprime ainsi : « Si nous n'avons

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perdu que peu de monde, nous le devons à la promptitude de l'exécution, et à l'effet subit qu'ont produit sur l'armée ennemie les masses << et les feux redoutables de notre invincible co« lonne. S'il fallait nommer tous les militaires qui se sont distingués à cette bataille, je se« rais obligé de nommer tous les carabiniers de l'avant-garde, et presque tous les officiers << de l'état-major; mais je ne dois point oublier l'intrépide Berthier, qui fut, dans cette journée, «< canonnier, cavalier et grenadier. ́»

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Milan ouvrit ses portes, et Beaulieu fuyait vers Mantoue, toujours harcelé vivement par nos troupes; l'armée française soumettait Pavie, et s'emparait de Pizzigitone et de Crémone. L'étendard tricolor flottait, depuis l'extrémité du lac de Côme et la frontière du pays des Grisons, jusqu'aux portes de Pavie; et, pour achever la conquête de la Lombardie, il ne restait que le château de Milan à prendre.

Bonaparte anime la valeur du soldat, et le dispose à de nouveaux triomphes par des proclamations écrites d'un style mâle et rapide; son exemple et ses paroles produisent l'effet de la foudre. «< Soldats, dit-il à l'armée française, vous « vous êtes précipités, comme un torrent, du haut « l'Apennin; vous avez culbuté, dispersé tout

«< ce qui s'opposait à votre marche. Le Piémont, « délivré de la tyrannie autrichienne, s'est livré à << ses anciens sentimens de paix et d'amitié pour <«< la France. Milan est à vous, et l'étendard ré<< publicain flotte dans toute la Lombardie. Les << ducs de Parme et de Modène ne doivent leur << existence politique qu'à votre générosité. L'ar« mée qui vous menaçait avec tant d'orgueil, ne << trouve plus de barrière qui la rassure contre « votre courage. Le Pô, le Tésin, l'Adda, n'ont «< pu vous arrêter un jour. Ces redoutables bar«rières de l'Italie, vous les avez franchies aussi rapidement que l'Apennin tant de succès << ont porté la joie dans le sein de la patrie; vos re« présentans, pour consacrer vos victoires, ont or« donné une fête célébrée dans toutes les commu«nes de la République. Là, vos mères, vos sœurs, « vos épouses, vos amantes, se réjouissent de vos << succès, et se vantent avec orgueil de vous appar<< tenir; oui, soldats, vous avez beaucoup fait.... << Mais ne vous reste-t-il plus rien à faire? Dira« t-on que nous avons su vaincre, mais que nous << n'avons pas su profiter de la victoire ? La pos«<térité nous reprochera-t-elle d'avoir trouvé

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Capoue dans la Lombardie? Mais je vous vois déjà courir aux armes, un lâche repos vous fatigue, les journées perdues pour la gloire le

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<< sont pour votre bonheur. Eh bien! partons, << nous avons encore des marches forcées à faire, << des ennemis à soumettre, des lauriers à cueillir, «< des injures à venger; ceux qui ont aiguisé les poignards, allumé la guerre en France, qui ont << lâchement assassiné nos ministres, incendié nos «< vaisseaux à Toulon, qu'ils tremblent!..... l'heure << de la vengeance a sonné; mais que les peuples « soient sans inquiétude, nous sommes amis de << tous les peuples, et particulièrement des des«cendans des Brutus, des Scipion, et de tous « les grands hommes que nous avons pris pour « modèles. Le peuple français, libre, respecté du « monde entier, donnera à l'Europe une paix glorieuse, qui l'indemnisera des sacrifices de << toute espèce qu'il a faits depuis six ans ; vous << rentrerez alors dans vos foyers, et vos conci<< toyens diront, en vous montrant: Il fut de << l'armée d'Italie. »

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Bonaparte entre à Milan en triomphateur : à peine a-t-il proclamé la liberté de la Lombardie, que d'ardens conspirateurs arborent à Milan et à Pavie l'étendard de la révolte; ils méditent des assassinats et des crimes : une prompte et terrible vengeance pouvait seule arrêter les ravages de cet incendie, qui menaçait l'Italie ; les officiers municipaux de Pavie, coupables de cette

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