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clamations d'un peuple immense qui revoit son libérateur. Des actions de graces furent rendues au ciel. Un Te Deum fut chanté; Bonaparte y assista. Dans une lettre qu'il écrivit aux deux consuls, il leur dit : Malgré ce qu'en pourront dire les athées de Paris, j'assisterai demain à un Te Deum qui sera chanté dans la métropole de cette ville. Paroles précieuses et consolantes que l'histoire aimera à recueillir, et qui attestent que Bonaparte reconnaît, bénit et adore cette divine providence qui distribue ses dons à quelques hommes privilégiés, pour décorer l'univers, et pour orner les siècles. C'est elle qui forme les héros et les guerriers, leur accorde la palme de la victoire, fixe le sort des batailles, affermit, ébranle, détruit les empires, et donne aux peuples des chefs pour les gouverner. Admirons les vertus religieuses de Bonaparte; elles méritent d'être racontées à toute la terre.

Bonaparte publia une proclamation pleine de sagesse et de modération, dans laquelle il invita le peuple cisalpin à l'oubli de toutes les querelles, afin qu'il n'existât chez lui qu'un seul desir, eelui de consolider un état libre et fort. Il assura ne vouloir reconnaître pour amis de la liberté que ceux qui sauraient obéir aux lois, éteindre les haines, honorer le malheur. Il composa un gou

vernement provisoire des citoyens les plus respectables et les plus éclairés de Milan. Il promit de rétablir la république sur les bases fixes de la religion et du bon ordre, aussitôt que son territoire serait délivré de l'ennemi. Cette sagesse, cette humanité, cette justice, lui ont obtenu une grande récompense. L'amour se réunit au respect, l'admiration aux hommages, et les bénédictions à la reconnaissance. Si les monumens publics se sont élevés pour consacrer et immortaliser la gloire de Bonaparte, tous les cœurs se sont ouverts pour y graver ses vertus.

Pavie tombe au pouvoir des Français; le général Duhesme s'empara de Lodi et de tous ses magasins, et la légion cisalpine de Cassano. Le général Mélas, commandant l'armée autrichienne, veut concentrer ses troupes dans les places fortes du Piémont; l'armée française marcha à sa rencontre. Le général Moncey pénétra dans Plaisance, et l'armée passa le Pô, après avoir culbuté et mis en déroute l'ennemi. Bonaparte fit la proclamation suivante à l'armée : « Soldats, un de nos dé«<partemens était au pouvoir de l'ennemi; la cons«ternation était dans tout le midi de la France; la plus grande partie du territoire ligurien, la plus

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<< fidelle amie de la République, était envahie. La

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passée, était devenue le jouet du grotesque ré

gime féodal. Soldats, vous marchez, et déjà le <«< territoire français est délivré; la joie et l'espé«rance succèdent dans notre patrie à la conster<<< nation et à la crainte; vous rendez la liberté et l'indépendance au peuple de Gènes; il sera pour toujours délivré de ses éternels ennemis ; vous << êtes dans la capitale de la Cisalpine; l'ennemi << épouvanté n'aspire plus qu'à regagner ses fron<< tières; vous lui avez enlevé ses hôpitaux, ses magasins, ses parcs de réserve. Le premier << acte de la campagne est terminé. Des millions « d'hommes, vous l'entendez tous les jours, vous << adressent des actes de reconnaissance; mais « aura-t-on donc impunément violé le territoire <«<français ? Laisserez-vous retourner dans ses « foyers l'armée qui a porté l'alarme dans vos fa<< milles ? Vous courrez aux armes ! Hé bien, « marchez à sa rencontre; opposez-vous à sa re<< traite; arrachez-lui des lauriers dont elle s'est emparée, et, par là, apprenez au monde que la « malédiction du destin est sur les insensés qui « osent insulter le territoire d'un grand peuple. « Le résultat de tous nos efforts sera gloire « sans nuage, paix solide. »

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Bonaparte fit ses dispositions pour livrer à Mélas une bataille générale et décisive. L'armée

se rangea en bataille, et le combat s'engagea. Le choc fut terrible, et le carnage affreux. Les Autrichiens se croyaient vainqueurs; mais le général Watrin arriva, et les choses changèrent bientôt de face. Toute l'armée s'ébranla; l'ennenai fuit comme un torrent qui l'entraîne. La terre fut couverte de morts et de mourans; six mille Autrichiens furent faits prisonniers. C'est dans les plaines de Montebello que Mélas apprit quels étaient les soldats qu'il avait à combattre. Cette bataille porta l'épouvante et le découragement dans le conseil de

Vienne.

L'Autriche réunit ses forces, et ordonna de livrer une bataille générale. L'action s'engage; l'aile gauche de l'armée française chancelle; l'infanterie commençait à se retirer en désordre, et la cavalerie était vivement repoussée. Bonaparte arrive, ranime la confiance et la valeur du soldat; nos phalanges se pressent, se serrent, et présentent un aspect imposant. Les Autrichiens se rallient, et combattent vaillamment. Tout paraissait annoncer la déroute de notre armée ; le champ de bataille était couvert de morts et de mourans. En voyant les blessés, Bonaparte s'écria avec l'accent de la douleur : « On regrette de n'être « pas blessé comme eux, et de ne pas partager « leurs douleurs; allons, braves militaires, dé

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ployez vos drapeaux; voici le moment de vous. signaler je compte sur votre courage pour ven«ger vos camarades. » Un tiers de l'armée était hors de combat. Berthier annonce à Bonaparte que l'armée pliait, et que la déroute commençait. Il lui répondit : Vous ne m'annoncez pas cela de sang froid. Au milieu de cette confusion, froid Bonaparte donne ses ordres avec ce sang qui caractérise le véritable héros : il commande en général, et combat en soldat; il voit les obstacles et les dangers, il n'en est point effrayé; s'ils se multiplient, c'est pour augmenter sa gloire, et Par-tout donner un nouveau prix à son courage. il voit la mort, et le glaive meurtrier est suspendu sur sa tête ; il ramasse toutes les forces de son ame, et aussitôt son génie lui répond de la fortune. Il parcourt les rangs; il porte ces regards perçans et rapides qui règlent les événemens, et fixent les destinées. Soldats! s'écrie-t-il, souvenèz-vous que mon habitude est de coucher sur le champ de bataille ! Il inspire cette valeur, cet enthousiasme, cette confiance qui précèdent et enfantent les grands succès; il est habile à saisir avec tranquillité ces instans rapides qui décident des victoires, et il enchaîne à son char cette fortune heureuse qui paraissait vouloir s'en détacher. Le signal de la victoire est

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