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comme souverain; ce dernier les fait exécuter comme souverain et comme réprésentant la nation; ce qui prouve la souveraineté et l'indépendance des pouvoirs.

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Un gouvernement est plus utile qu'une constitution des lois politiques et civiles peuvent régir les états; mais il faut un gouvernement pour imprimer à ces lois un principe de mouvement et d'ordre. On peut bien concevoir un empire sans constitution, mais on ne peut pas le concevoir sans gouvernement.

Montesquieu admet trois espèces de gouvernemens; le républicain, le monarchique et le despotique. Le gouvernement républicain, dit-il, est celui où le peuple en corps, ou seulement une partie du peuple, a la souveraine puissance; le monarchique, où un roi gouverne, mais par des lois fixes et établies; le despotique, celui où un seul gouverne, sans loi, et sans règle certaine, peut tout par sa volonté et son caprice.

Cette division des pouvoirs n'est ni claire ni exacte. Le despotisme est une corruption de gouvernement, et non un gouvernement lui-même; c'est un état violent, une maladie politique', une confusion d'ordre, un principe désorganisateur qui substitue la force au droit, et qui produit tous les crimes de la tyrannie: alors il n'y a plus de

gouvernemens, il n'y a plus de citoyens, ce sont des esclaves qui obéissent à leurs oppresseurs. Des hommes formés en société n'ont point voulu sans doute créer et se soumettre à un gouvernement despotique qui dispose à son gré de leur vie, de leur industrie, et de leurs propriétés; 'quand ils ont confié l'autorité à un seul, ils ne lui ont point donné le droit de les asservir à ses caprices ty ranniques s'il existait un pareil traité, il serait contraire à la nature, à la justice, et on pourrait l'anéantir les armes à la main.

On doit diviser les gouvernemens en deux espèces générales, le monarchique et le républicain, et diviser ensuite la première espèce en gouvernement illimité ou absolu, et en gouvernement limité, mixte ou représentatif, et la seconde espèce en gouvernement aristocratique et démocratique. Le gouvernement illimité ou absolu est celui où le chef, qui s'appelle roi ou empereur, comme en Danemarck et en Russie, reunit les pouvoirs légis latif et exécutif; le gouvernement limité, mixte ou représentatif, est celui où, comme en Angleterre, le pouvoir législatif est exercé par les représentans de la nation, et le pouvoir exécutif par un chef qui est associé à la puissance législative : ces deux pouvoirs sont égaux, indépendans, et partagent l'exercice de la souveraineté nationale que le peuple leur a

et le

déléguée. Comment appellerons-nous le gouverne ment de la France et celui des États-Unis, dont le premier consul et le président n'exercent le pouvoir exécutif que pour un temps limité? Nous les appellerons gouvernemens mixtes ou représentatifs, quoique le président du congrès américain n'ait qu'un veto d'observation, et qu'en France le premier consul ait l'initiative des lois. Et c'est ici qu'il ne faut point confondre la constitution gouvernement. La constitution est l'acte fondamental qui fixe la séparation des pouvoirs, leur combinaison, leur balance; le gouvernement est le moyen et la force d'exécution; c'est, comme l'a remarqué un publiciste, l'assemblage de mesure, de protection, de garantie, dont le premier ouvrage est entouré. La constitution représente le pouvoir créateur, le gouvernement est le pouvoir conservateur. La constitution peut être républicainé, et le gouvernement mixte. La constitution est républicaine, lorsqu'elle a créé un pouvoir législatif qui est exèrcé par les représentans de la nation ; le gouvernement est mixte ou représentatif, lorsqu'il existe dans l'état un être unique qui exerce le pouvoir exécutif, et qu'il sanctionne les lois, ou en a l'initiative. La perpétuité ou l'amovibilité de ce pouvoir, son hérédité ou son élection, n'en changent ni la nature, ni l'essence; ce gouvernement

est toujours mixte, parce qu'il n'y a aucune interruption dans son exercice.

En parlant des avantages du gouvernement d'un seul, nous ne prétendons parler que du gouvernement mixte ou représentatif; il est le plus ancien des gouvernemens : la puissance paternelle en a été la source et le modèle. Confucius pensait que l'autorité des pères était l'origine de la souveraineté, l'administration d'un état était d'autant plus parfaite, qu'elle s'éloignait moins de l'administration paternelle. Voilà pourquoi ce législateur répétait souvent cette maxime, qu'en bien réglant sa famille, on parvenait à se rendre digne de bien régir un empire.

, que

Lorsque les hommes dispersés se furent réunis en société, ils créèrent un pacte social et des lois; ils élirent un chef à qui ils confièrent le pouvoir de défendre leurs droits et leurs propriétés; ils lui promirent fidélité et obéissance : le chef promit protection, secours, sûreté, justice et liberté; le spectacle de l'univers leur donna le modèle du gouvernement qu'ils devaient établir; ils contemplèrent cet astre unique et éclatant qui répandait sa lumière et ses bienfaits sur l'univers, et ils comprirent qu'il fallait à un corps politique un centre de pouvoir et d'unité: ils portèrent leurs pensées plus loin; ils reconnurent qu'un Dieu avait créé l'univers, et prési

dait à sa conservation: on vit donc qu'il fallait un chef unique qui régît l'état, comme le soleil féconde la nature, et comme un Dieu gouverne l'univers. L'histoire ancienne ne nous parle que des rois, des monarques, des patriarches qui donnaient des lois à leurs petits états; la Grèce, l'Italie, les Gaulois, les Bretons, les Chinois, les Indiens, les Perses, les Lacédémoniens avaient leurs rois ; les Africains avaient leurs chefs; les Américains leurs incas et leurs caciques; les Arabes leurs cheics, les Tartares leurs kans. Les gouvernemens d'un seul ont produit les autres gouvernemens; la démocratie n'a d'autre origine que l'abus de l'autorité du chef, les secousses de la liberté opprimée, ou l'usurpation de quelques hommes puissans.

le

De toutes les nations libres qui ont joué un rôle brillant sur la terre, dit un savant publiciste, il n'y en a pas une seule qui n'ait été forcée de subir gouvernement d'un seul; toutes, après avoir étendu leur puissance et leur domination par la sagesse de leur constitution, se sont trouvées dans l'impossibilité de conserver les fruits de leurs victoires en suivant leurs anciennes maximes; toutes, pour se dérober aux maux dont elles étaient la proie, se sont vues dans la nécessité de se donner un chef: car il est impossible qu'une nation libre acquière de vastes connaissances, devienne riche

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