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L'empereur réitéra avec instance ses ordres pour le transport des blessés, tourna bride en silence, et revint au quartier-général le soir. Je passai la nuit près de lui. Il eut le sommeil très-agité, ou plutôt il ne dormit pas. Il répétait plusieurs fois, en s'agitant brusquement sur son oreiller : « Ce pauvre Caulincourt! Quelle journée ! quelle journée ! »

CHAPITRE IV.

Itinéraire de France en Russie.

Magnificence de la cour de

Dresde. - Conversation de l'empereur avec Berthier.

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- La

guerre faite à la seule Angleterre. Bruit général sur le rétablissement de la Pologne. Questions familières de l'empereur. Passage du Niemen. - Arrivée et séjour à Wilna. Enthousiasme des Polonais. - Singulier rapprochement de date. - Députation de la Pologne. — Réponse de l'empereur aux députés. — Engagemens pris avec l'Autriche. Espérances déçues. - M. de Balachoff à Wilna, espoir de la paix. - Premiers pas de l'empereur sur le territoire de la vieille Russie. Retraite continuelle des Russes. Orage épouvantable. Immense désir d'une bataille. Abandon du camp de Drissa. - Départ d'Alexandre et de Constantin. Privations de l'armée et premiers découragemens. La paix en perspective après une bataille. Dédain affecté de l'empereur pour ses

mis.

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enne

Nouvelles retraites

des armées russes. Paroles de l'empereur au roi de Naples.

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billé. L'incertitude insupportable à l'empereur. - Oppositions inutiles du duc de Vicence, du comte de Lobau et du Départ de Witepsk et arrivée à Smo

grand maréchal.

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Ainsi que je l'ai annoncé précédemment, je tâcherai de réunir dans ce chapitre quelques souvenirs relatifs à des choses personnelles à l'empereur, dans les différens séjours que nous fîmes entre la frontière de France et les frontières de l'empire russe. Il résulterait, hélas! un bien grand contraste de la comparaison que l'on ferait entre notre route pour aller à Moscou et notre route pour en revenir. Il faut avoir vu Napoléon à Dresde, environné d'une cour de princes et de rois, pour se faire une idée du plus haut point que peuvent atteindre les grandeurs humaines. Là, plus encore que partout ailleurs, l'empereur se montra affable envers tout le monde; tout lui souriait, et aucun de ceux qui jouissaient comme nous du spectacle de sa gloire ne pouvait seulement concevoir la pensée de voir bientôt la fortune lui être pour la première fois infidèle; et quelle infidélité!

Je me rappelle, entre autres particularités de

notre séjour à Dresde, un mot que j'entendis uni jour l'empereur dire au maréchal Berthier, qu'il avait fait appeler de très-bonne heure auprès de lui. Quand le maréchal arriva, l'empereur n'était pas encore levé. Je reçus l'ordre de le faire entrer sur-le-champ, de sorte que tout en habillant l'em- . pereur j'entendis, entre Napoléon et son majorgénéral, une conversation dont je voudrais bien me rappeler les détails; mais au moins suis-je assuré de rapporter fidèlement une pensée qui me frappa. L'empereur dit en propre termes : « Je n'en veux nullement à Alexandre; ce n'est point à la Russie que je fais la guerre, pas plus à elle qu'à l'Espagne; je n'ai qu'une ennemie, c'est l'Angleterre; c'est elle que je veux atteindre en Russie; je la poursuivrai partout. » Pendant ce temps le maréchal rongeait ses ongles, selon sa constante habitude. Ce jour-là il y eut une revue magnifique, à laquelle assistèrent tous les princes de la confédération, qui entouraient leur chef comme de grands vassaux de sa couronne.

Quand les différens corps d'armée, échelonnés de l'autre côté de l'Elbe, se furent avancés sur les confins de la Pologne, nous quittâmes Dresde, pour trouver partout le même enthousiasme éclatant où arrivait l'empereur. Nous étions par contre-coup choyés dans toutes les résidences où nous

nous arrêtions, tant on s'efforçait de fêter Sa Majesté jusque dans les personnes qui avaient l'honneur de la servir.

A cette époque c'était un bruit généralement répandu dans toute l'armée et parmi toutes les personnes de la maison de l'empereur que son intention était de rétablir le royaume de Pologne. Bien qu'étranger comme je l'étais et comme je devais l'être à tout ce qui avait rapport aux affaires, je n'entendais pas moins que tout autre l'expression d'une opinion qui était celle de tout le monde et dont tout le monde parlait. Quelquefois l'empereur ne dédaignait pas de me faire rendre compte de ce que j'avais entendu dire, et alors il souriait, car il aurait fallu trahir la vérité pour lui rapporter des choses qui auraient pu lui être désagréables; il était alors, le terme n'est pas trop fort, l'objet des bénédictions des populations polonaises.

Le 23 de juin nous étions sur les bords du Niémen, de ce fleuve devenu déjà si fameux par l'entrevue des deux empereurs, dans des circonstances bien différentes de celles où ils se trouvaient l'un à l'égard de l'autre. L'opération du passage de l'armée commença le soir, et dura près de quarante-huit heures, pendant lesquelles l'empereur fut presque constamment à cheval, tant il savait que sa présence activait les travaux. Ensuite nous

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