! papa voici une pétition d'un petit garçon dont le Sa première éducation d'enfance fut très-facile. vous vous mettez ainsi en colère? « Crois-tu qu'on m'ait entendu? s'écria-t-il; j'en serais bien fâché. Pardon, maman Quiou (c'est ainsi qu'il l'appelait); je ne le ferai plus. >> L'empereur aimait passionnément son fils; il le prenait dans ses bras toutes les fois qu'il le voyait, l'enlevait violemment de terre, puis l'y ramenait, puis l'enlevait encore, s'amusant beaucoup de sa joie. Il le taquinait, le portait devant une glace, et lui faisait souvent mille grimaces dont l'enfant riait jusqu'aux larmes. Lorsqu'il déjeunait, il le mettait sur ses genoux, trempait un doigt dans la sauce, le lui faisait sucer, et lui en barbouillait le visage. La gouvernante grondait, l'empereur riait plus fort, et l'enfant, qui prenait plaisir au jeu, demandait dans sa joie bruyante que son père réitérât. C'était là le bon moment pour faire arriver les pétitions au château. Elles étaient toujours bien accueillies, grâce au crédit tout puissant du petit médiateur. L'empereur, dans ses tendresses, était quelquefois plus enfant que son fils. Le jeune prince n'avait encore que quatre mois, que son père mettait sur ce joli nourrisson son chapeau à trois cornes. L'enfant pleurait assez ordinairement; alors l'empereur l'embrassait avec une force et un plaisir qu'il n'appartient qu'à un père tendre de ressentir. Il lui disait : « Quoi, sire, vous pleurez! Un roi, un roi pleure! fi donc; comme cela est vilain! >> Il avait un an, quand un jour, à Trianon, sur la pelouse, devant le château, je vis l'empereur qui avait placé la ceinture de son épée sur l'épaule du roi et son chapeau sur sa tête. Il se mettait à quelque distance, tendant les bras à l'enfant, qui marchait jusqu'à lui en chancelant. Quelquefois ses petits pieds s'embarrassaient dans l'épée de son père. Il fallait voir alors avec quel empressement Sa Majesté étendait les bras pour lui éviter une chute. Une fois, dans son cabinet, l'empereur était couché sur le tapis; le roi, à cheval sur ses jambes, montait par saccades jusqu'au visage de son père, et alors il l'embrassait. Une autre fois l'enfant vint dans le salon du conseil, qui était fini. Les conseillers et les ministres y étaient encore. Le roi courut dans les bras de son père sans faire attention à d'autres qu'à lui. L'empereur lui dit : « Sire, vous n'avez pas salué ces messieurs. L'enfant se retourna, salua avec grâce, et son père l'enleva dans ses bras. Quand il venait voir l'empereur, il courait dans les appartemens de manière à laisser madame de Montesquiou loin derrière lui. Il disait à l'huissier du cabinet : « Ouvrez-moi, je veux voir papa. » L'huissier lui répondait : « Sire, je ne puis ouvrir.— Mais je suis le petit roi. — Non, sire, je n'ouvrirai pas. >> Pendant ce moment, sa gouvernante arrivait, et, fier alors de sa protection, il disait: << Ouvrez, le petit roi le veut. »> Madame de Montesquiou avait fait ajouter aux prières que l'enfant faisait soir et matin ces mots : « Mon Dieu, inspirez à papa de faire la paix pour le bonheur de la France. Un jour que l'empereur assistait au coucher de son fils, il fit la même prière. L'empereur l'embrassa, ne dit rien, mais sourit d'une manière pleine de bonté en regardant madame de Montesquiou. L'empereur disait au roi de Rome quand il était effrayé de son bruit et de ses grimaces : « Comment! comment! un roi ne doit pas avoir peur. » Je me rappelle encore une anecdote sur le jeune fils de l'empereur qui m'a été racontée par Sa Majesté elle-même un soir que j'étais à la déshabiller comme de coutume. L'empereur en riait de tout son cœur. « Vous ne vous douteriez pas, me dit-il, » de la singulière récompense que mon fils a de>> mandée à sa gouvernante pour avoir été bien sage. » Ne voulait-il pas qu'elle lui permît d'aller bar>> botter dans la boue!» Le fait était vrai, et prouve, |