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tout quand il s'interdisait tout repos extraordinaire Cependant je le vis toujours s'informer comment tout allait autour de lui, s'il y avait des gîtes pour tout le monde. Il n'était tranquille qu'après avoir été parfaitement instruit de tous ces détails.

Quoique l'empereur eût presque toujours son lit, les pauvres abris dans lesquels on le dressait étaient souvent si sales que, malgré les soins que l'on prenait pour les nettoyer, j'ai plus d'une fois trouvé dans ses vêtemens une vermine fort incommode et très-commune en Russie. Nous avons plus que l'empereur souffert de cette malpropreté, étant privés, comme nous l'étions, de linge propre et d'autres vêtemens de rechange; car la plus grande partie de nos effets avaient été brûlés avec les voitures qui les contenaient. Cette mesure extrême avait été prise, comme l'on sait, pour une bonne raison. Tous les chevaux étaient morts de froid ou de besoin.

Nous ne fûmes guère mieux couchés dans le palais des czars qu'au bivouac. Pendant quelques jours nous eûmes des matelas; mais un grand nombre d'officiers blessés en manquaient, et l'empereur leur fit donner les nôtres. Nous en fimes le sacrifice de bien bon coeur, et la pensée que nous soulagions de plus malheureux que nous, nous aurait

fait trouver bonnes les couches les plus dures. Du reste, dans toute cette guerre nous eûmes plus d'une fois l'occasion d'apprendre à mettre de côté tout sentiment d'égoïsme et d'étroite personnalité. Nous nous fussions rendus coupables de pareils oublis que l'empereur eût toujours été là pour nous rappeler à ce devoir simple et si facile.

CHAPITRE IX.

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Publication à Paris du vingt-neuvième bulletin. - Deux jours d'intervalle, et arrivée de l'empereur. - Marie-Louise, et première retraite. - Joséphine et des succès. Les deux impératrices.Ressources de la France. Influence de la présence de l'empereur. - Première défection et crainte des imitateurs. Mon départ de Smorghoni.- Le roi de Naples commandant l'armée. Route suivie par l'empereur.— Espérance des [populations polonaises. - Confiance qu'inspire l'empereur. Mon arrivée aux Tuileries. Je suis appelé chez Sa Majesté en habit de voyage. Accueil plein de bonté. Mot de l'empereur à Marie-Louise etffroideur de l'impératrice. - Bontés de la reine Hortense. Questions de l'empereur, et réponses véridiques. - Je reprends mon service, Adresses louangeuses. L'empereur plus occupé de l'entreprise de Mallet que des désastres de MosQuantité remarquable de personnes en deuil. — L'empereur et l'impératrice à l'Opéra. - La querelle de Talma et de Geoffroy. — L'empereur donne tort à Talma. - Point d'étrennes pour les attachées au service personnes particulier. L'empereur s'occupant de ma toilette.-Cadeaux portés et commissions gratuites. - Dix-huit cents francs de rente réduits à dix-sept.- Sorties de l'empereur

cou.

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dans Paris. Monumens visités sans suite avec le maréchal

Motifs poli

Duroc. - Passion de l'empereur pour les bâtimens. - Fréquence inaccoutumée des parties de chasse. tiques et les journaux anglais.

LE

Le trop fameux vingt-neuvième bulletin de la grande armée ne fut publié à Paris, où l'on sait quelle consternation il répandit dans toutes les classes, que le 16 décembre; et l'empereur, suivant de près ce manifeste solennel de nos désastres, arriva dans sa capitale quarante-huit heures après, comme afin de paralyser par sa présence le mauvais effet que cette communication devait produire. Le 28, à onze heures et demie du soir, Sa Majesté descendit au palais des Tuileries. C'était la première fois, depuis son avénement au consulat, que Paris le revoyait après une campagne sans qu'il rapportât une nouvelle paix conquise par la gloire de nos armes. Dans cette circonstance, les nombreuses personnes qui, par attachement pour l'impératrice Joséphine, avaient toujours vu ou cru voir en elle une espèce de talisman protecteur des succès de l'empereur, ne manquèrent pas de remarquer que la campagne de Russie était

la première qui eût été entreprise depuis le mariage de l'empereur avec Marie-Louise. Sans être superstitieux on ne saurait disconvenir que, si l'empereur fut toujours grand, même quand la fortune lui fut contraire, il y eut une différence bien marquée entre le règne des deux impératrices. L'une ne vit que des victoires suivies de la paix, et l'autre que des guerres, non sans gloire, mais sans résultats, jusqu'au grand et funeste résultat de l'abdication de Fontainebleau.

Mais ce serait trop anticiper sur les événemens

que

de s'occuper de malheurs qu'un petit nombre d'hommes osait encore prévoir, même après les désastres de Moscou. Personne n'ignorait que le froid et une température dévorante avaient plus contribué à nos revers que l'ennemi, que nous avions été chercher jusque dans le sein de sa capitale incendiée; la France offrait encore d'immenses ressources, et l'empereur était là pour en activer l'emploi et en multiplier la valeur. D'ailleurs aucune défection ne s'était encore manifestée, et, à l'exception de l'Espagne, de la Suède et de la Russie, l'empereur ne comptait que des alliés dans toutes les puissances du continent européen. Il est vrai que le moment approchait où le général Yorck donnerait le signal; car, autant que je puis me le rappeler, la première nouvelle en parvint à l'em

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