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blement dans ce voyage. J'avais fait emplète de plusieurs choses de prix. Tout fut brûlé avec mes effets, dont j'avais toujours une grande quantité dans mes voyages. Une grande partie des effets de l'empereur furent perdus de la même manière.

Une fort belle voiture du prince Berthier, qui venait d'arriver et n'avait point encore servi, fut aussi brûlée. A chacun de ces feux se tenaient quatre grenadiers qui, la baïonnette en avant, devaient empêcher que personne ne prît ce qui de

vait être sacrifié. Le lendemain on fit la visite des voitures qui avaient été épargnées pour s'assurer qu'il n'y restait aucun effet. Je ne pus garder que deux chemises. Nous couchâmes à Wilna. Mais le lendemain de grand matin l'alarme se répandit. Les Russes étaient aux portes de la ville. Des gens arrivaient tout effarés en criant: Nous sommes perdus. Le roi de Naples fut réveillé brusquement, sauta de son lit, et en un instant l'ordre fut donné pour que le service de l'empereur partît sur-lechamp. Je laisse à penser avec quelle confusion tout cela se fit. On n'eut le temps de faire aucune provision. On nous obligea à partir sans retard. Le prince d'Aremberg fut mis dans une voiture du roi avec ce qu'on put se procurer pour les besoins les plus pressans. Nous étions à peine sortis de la ville, que nous entendîmes de grands cris

derrière nous et des coups de canon, accompa→ gnés de vives fusillades. Nous avions à gravir une montagne de glace. Les chevaux étaient fatigués. On n'avançait pas. La voiture du trésor fut laissée à l'abandon, et une partie de l'argent fut pillée par des gens qui, à cent pas de là, étaient obligés de jeter ce qu'ils avaient pris pour sauver leur vie.

CHAPITRE VIII.

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L'empereur est mal logé durant toute la campagne. - Bicoques infestées de vermine. Manière dont on disposait l'appartement de l'empereur. - Salle du conseil. - Proclamations de l'empereur. Habitans des bicoques russes. Comment l'empereur était logé, quand les maisons manquaient. La tente. Le maréchal Berthier. - Moment de refroidissement entre l'empereur et lui. M.. Colin contrôleur de la bouche. Roustan. — Insomnies de l'empereur. - Soin qu'il avait de ses mains. Il est très-affecté du froid. Démolition d'une chapelle à Witepsk. - Mécontentement des habitans. Spectacle singulier. — Les soldats de la garde se mêlant aux baigneuses. grenadiers. -Installation du général Friand. - L'empe reur lui donne l'accolade. Réfutation de ceux qui pensent que la suite de l'empereur était mieux traitée que le reste de l'armée. Les généraux mordant dans le pain de Communauté de souffrances entre les géné

munition.

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Revue des

raux et les soldats. Les maraudeurs. Lits de paille.

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- Une nuit des

personnes Je ne me déshabille pas une

de la suite de l'empereur.

fois de toute la campagne.

Sacs de toile pour lits. Sol

licitude de l'empereur pour les personnes de sa suite,➡ Ver

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DURANT toute la campagne de Russie l'empereur fut généralemeut fort mal logé. Il fallait pourtant bien se plier à la nécessité. La chose était un peu' dure, il est vrai, pour des gens qui avaient presque toujours logé dans des palais. L'empereur en prenait son parti courageusement, et tout le monde par conséquent. Grâces au système d'incendie adopté par la politique russe, il en résultait que les gens aisés du pays, en se retirant plus avant dans les terres, abandonnaient à l'ennemi leurs maisons en ruines. A dire vrai, sur toute la route qui conduisait à Moscou, à l'exception des villes un peu importantes, les habitations étaient assez misérables. Après des marches longues et fatigantes, nous étions bien heureux de rencontrer une bicoque sur la place que l'empereur indiquait pour le quartier-général. Les propriétaires de ces misérables réduits, en les quittant, y laissaient parfois deux ou trois mauvais siéges et des bois de lit, où logeait à foison la vermine que nulle invasion n'épouvante. On prenait la pièce la moins sale, quand elle se trouvait heu

reusement la plus aerée. Quand vint le froid, on sait que les courans d'air ne nous manquaient pas. Quand le local était choisi et le parti pris de s'y fixer, on mettait un tapis par terre. On dressait le hit de fer de l'empereur. On posait sur une mauvaise table le nécessaire ouvert dans lequel' était renfermé tout ce qui peut être agréable ou utile dans une chambre à coucher. Le nécessaire contenait un service de déjeuner pour plusieurs personnes. On déployait tout ce luxe quand l'empereur conviait ses maréchaux. Il fallait à toute force redescendre aux habitudes des petits bourgeois de province. Si la maison avait deux pièces, l'une servait à la fois de chambre à coucher et de salle à manger; et l'autre était prise pour le cabinet de Sa Majesté. La caisse aux livres, les cartes géographiques, le portefeuille, une table couverte d'un tapis vert formaient tout l'ameublement. C'était là la salle des conseils. C'est de ces galetas de mendians que partaient ces décisions promptes et tranchantes qui changeaient un ordre de bataille et souvent la fortune d'une journée; ces proclama tions vives et énergiques qui remontaient şi vite l'armée découragée. Quand notre appartement se composait de trois pièces, cas extrêmement rares, alors la troisième pièce ou cabinet était destinée au prince de Neufchâtel, qui couchait toujours le

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