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cune affaire sans l'être. Arrivé près de son frère, celui-ci fit un mouvement de surprise et de joie : « Je vous croyais mort, » lui dit-il : des grenadiers étaient venus lui annoncer la mort de son frère.

La veille de la bataille de Rivoli, qui précéda celle de la Favorite, Napoléon se trouvait à Vérone. Sa droite, commandée par Augereau, était sur le bas Adige, du côté de Porto-Legnago, pour couvrir le siége de Mantoue et empêcher l'ennemi d'y pénétrer en passant cette rivière. L'ennemi était aussi devant Vérone, sur la route de Vicence; il était de même sur la gauche dans les montagnes de Rivoli, où la division Joubert avait été battue. Celui-ci fit dire qu'il lui était impossible de tenir; que l'ennemi, trop supérieur en nombre, se disposait à l'envelopper; et qu'ainsi il allait profiter de la nuit pour se retirer sous Peschiera. En même temps, les ennemis se mettaient en mouvement devant Vérone, et sur la droite à Legnago. L'armée française, beaucoup trop faible pour pouvoir faire face de tous côtés, avait besoin de deviner l'intention de l'ennemi, de réunir toutes ses forces sur

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le point où il agirait; mais si l'on se trompait, quelle suite funeste pouvait avoir cette erreur!..... Napoléon, les yeux attachés sur les cartes et les descriptions des lieux, les rapports de ses généraux d'un côté, ceux de ses espions et des troupes légères de l'autre, passa dans l'indécision une partie de la nuit; enfin, il s'écria sur de nouveaux rapports, c'est clair, c'est clair: à Rivoli. Il laissa une garnison à Vérone, et avec le général Masséna et toutes les troupes dispo. nibles, il se rendit chez le général Joubert, et lui porta sa réponse. Il ordonna aux généraux Rey et Baraguey-d'Hilliers de suivre par les hauteurs de Saint-Marc, mais seulement quelques heures plus tard. Il donna. des ordres à la droite à Augereau, qui devait rester pour couvrir le siége de Mantoue; à Serrurier devant cette place, etc., etc.; mais partout de vive voix, par ses aides de camp, pour ne pas perdre de temps. Louis fut chargé d'aller à Peschiera ; il avait ordre de rejoindre ensuite à Rivoli; il quitta Vérone dans la même nuit, en même temps que l'état major général et la division Masséna se portaient chez Joubert. A l'aube du

jour, après avoir rempli sa mission, il rejoignait l'armée, lorsqu'il rencontra des fuyards, des bagages que l'ennemi avait pillés, et une dizaine de pièces d'artillerie légère qui se retiraient à toute bride. Il les arrêta, les questionna, et apprit avec étonnement que l'armée avait passé avant le jour, mais que, depuis, les ennemis s'étaient formés derrière elle en la tournant, et qu'én voulant suivre les ordres du général en chef, on ne ferait que se donner à l'ennemi, puisqu'il tenait notre armée prisonnière. Louis chercha, avec les officiers qu'il rallia, à réunir le plus de troupés possible; tous les fuyards furent rassemblés; un escadron du quinzième de dragons, qui se trouvait par hasard arriéré, vint augmenter sa petite troupe; il l'établit sur une ligne, fit mettre l'artillerie en batterie, et en imposa à l'ennemi, qui n'osa avancer davantage sur les derrières de l'armée française. En même temps, comme il avait été témoin de la décision spontanée de Napoléon, et de l'expédition des ordres de mouvement, persuadé que toutes les froupes ne pouvaient être arrivées à Rivoli, il fit battre la campagne, et découvrit à

gauche les divisions Rey et Baraguey-d'Hilliers; il s'y rendit; il demanda au premier d'attaquer l'ennemi « qui croit, ajouta-t-il, »> ne tenir enfermé que la division Jou»bert, tandis qu'il aura bientôt toute l'ar>>mée à combattre ; je suis sûr que le général >> en chef n'attend que les premiers coups de » fusil de ce côté pour attaquer ; c'est pour » cet effet qu'il vous a laissés en arrière ; il » était prévenu dès hier que l'ennemi cher>> chait à envelopper nos gens. »

Il ne put rien obtenir, pas même un ba taillon qu'il avait demandé pour renfort; il retourna joindre sa petite troupe; fit porter l'artillerie sur les derrières afin de ne pas la compromettre, après qu'elle eut fait quelques décharges pour avertir à Rivoli le gros de l'armée. Il envoya ses hommes d'infanterie en tirailleurs sur la droite de la route où était une chaîne de collines, et fit former en colonne, sur le grand chemin, tous les hommes à cheval unis à l'escadron du quinzième de dragons. Dès que le feu fut commencé, ils chargèrent l'ennemi; et, comme il l'avait prédit au général Rey, l'armée bloquée n'eut pas plus tôt entendu les premiers

coups, qu'elle attaqua de toutes parts. L'ennemi, voyant des troupes tout autour de lui, se crut entouré lui-même, se débanda, et ses lignes, qui couronnaient toutes les hauteurs, coupées en plusieurs endroits, s'éclaircirent en un clin d'œil. Le gros de la cavalerie française chargeait de Rivoli pour percer la ligne de l'ennemi qui avait tourné l'armée, quand Louis faisait la même chose en sens contraire avec son détachement; de sorte qu'ils se rencontrèrent nez à nez. Les détachemens rejoignirent leurs corps, Louis retourna près de son frère, qui lui témoigna beaucoup de satisfaction sur sa conduite, et sur ce qu'il avait deviné la situation véritable des choses.

et

Cette victoire fut complète; à la fin du jour et durant la nuit, on ne fit que rassembler des colonnes ennemies coupées et égarées. Le nombre des prisonniers s'éleva à plus de quinze mille : Alvinzi faillit être du nombre.

Tranquille sur ce point, ayant bien rassuré Joubert, Napoléon vola vers Mantoue, emmenant la division Masséna, et toutes les troupes que Joubert ne jugea pas lui être

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