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sur des lois constitutionnelles. Louis ne fut point appelé à ces négociations. Des propos sans authenticité lui apprenaient qu'il s'agissait de lui. ·

Les membres de la députation vinrent enfin le trouver, l'informèrent de tout, et l'engagèrent à accepter, en l'assurant que la nation lui donnait la préférence. Il fit alors tout ce qu'il put pour éviter l'expatriation; son frère lui répondit qu'il s'alarmait trop vite; mais les députés de la Hollande l'instruisaient d'eux-mêmes des progrès de la négociation. Voyant s'approcher l'instant décisif, il se décida à refuser obstinément, lorsqu'on vint lui annoncer que l'ancien stathouder était mort. Le prince héréditaire ayant renoncé à ses charges et reçu Fulde en indemnité, vous n'avez, vous ne pouvez plus avoir d'objections raisonnables. Que nous soyons forcés ou non à demander un roi, ce qu'il y a de certain pour vous, ce qu'il y a d'incontestable, c'est que nous venons volontairement et appuyés du suffrage des neuf dixièmes de la nation, vous prier de lier votre sort au nôtre, et de nous empécher de tomber en d'autres mains.

Son frère s'expliqua plus ouvertement, et lui fit entendre que, s'il n'était pas plus con

sulté sur cette affaire, c'est qu'un sujet ne pouvait refuser d'obéir. Louis réfléchit qu'il pouvait être contraint par la force; que l'empereur le voulant absolument, il lui arriverait ce qui était arrivé à Joseph, qui, pour avoir refusé l'Italie, était alors à Naples. Cependant il fit encore une dernière tentative; il écrivit à son frère qu'il sentait la nécessité pour les frères de l'empereur de s'éloigner de France, mais qu'il lui demandait le gouvernement de Gênes ou de Piémont. Son frère refusa, et peu de jours après le prince Talleyrand, alors ministre des relations extérieures, se rendit à Saint-Leu, et lut le traité et la constitution qui venaient d'être conclus, à haute voix, à Louis et à Hortense.

Questionné s'il l'approuvait, Louis répondit qu'il était impossible de juger un objet si important sur une simple lecture; qu'étranger aux discussions et au travail qui avaient eu lieu, il ignorait si on ne lui faisait pas promettre plus qu'il ne lui serait possible de tenir; mais qu'il pouvait assurer

son frère qu'il se dévouerait à son nouveau pays avec zèle, et chercherait à justifier dans l'esprit de la nation la bonne opinion que l'empereur avait sans doute donnée de lui.

C'était le mardi 3 juin 1806. Le prince Talleyrand annonça que le surlendemain jeudi le roi de Hollande serait proclamé.

L'existence de Louis devenait de jour en jour plus insupportable en France. Sans intérieur, sans tranquillité, muet au conseil, non employé militairement, voyant à cet égard ses fonctions restreintes à présenter des officiers au serment, et à visiter de temps en temps l'école militaire; portant ostensiblement les marques de la défaveur, trèspeu de personnes osant le venir voir, il se sentait dans un état de gêne et de spasme moral qu'il lui était impossible de supporter plus long-temps, si les événemens n'étaient venus l'arracher à sa position. En Hollande, disait-il, les intérêts, les besoins, les affaires publiques m'occuperont entièrement ; je porterai sur mon pays toute l'affection que je ne puis placer dans mon intérieur. Je pourrai peut-être revenir petit à petit de mon abattement physique et moral.

Le surlendemain, Louis se rendit à SaintCloud sur une invitation ordinaire, comme s'il ne se fût agi que d'une simple présentation.

Il était peiné des formes avec lesquelles on traitait une affaire si importante pour lui. On ne s'en informait qu'indirectement et par des mots jetés au hasard, quoique la conclusion fût si prochaine.

Un jour qu'il se trouvait aux Tuileries, le prince Talleyrand vint annoncer à l'empereur qu'il avait enfin décidé les députés hollandais à conclure: Tout est fini, ajoutat-il; mais, sans le prince Louis, jamais je n'aurais pu réussir. Ces dernières paroles étonnèrent celui-ci : Quoi! disait-il, ne suis-je donc en cela qu'un accessoire? Mais, en y réfléchissant, il crut ne trouver dans eette expression qu'un ton de légèreté et de suffisance.

Le 5 juin 1806 fut le jour destiné à la proclamation de Louis comme roi de Hollande; voici comment cette cérémonie eut lieu.

Le même jour, l'ambassadeur de la Porte fut présenté à l'empereur d'une manière so

lennelle; il offrit des présens magnifiques de la part du sultan Selim III.

Les députés hollandais ne furent introduits qu'après l'ambassade de Turquie.

L'amiral Verhuell prononça le discours suivant :

<< Sire,

>> Les représentans d'un peuple connu » par sa patience courageuse dans les temps » difficiles; célèbre, nous l'osons dire, par » la solidité de son jugement et par sa fidé»lité à remplir les engagemens contractés, >> nous ont donné l'honorable mission de »> nous présenter devant le trône de V. M.

>> Ce peuple a long-temps souffert des agi>>tations de l'Europe et des siennes : témoin » des catastrophes qui ont renversé quelques » états, victime des désordres qui les ont » ébranlés tous, il a senti que la force des » intérêts et des rapports qui aujourd'hui >> unissent ou divisent les grandes puissan» ces, lui faisait une loi de se placer sous la >> première des sauvegardes politiques de >> l'Europe, et que sa faiblesse même lui

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