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Il naquit à Nantes, en mai 1963, de parens honnêtes et assez fortunés; c'était alors le règne philosophique de Voltaire et de Jean-Jacques; le jeune Fouché suça dès sa première jeunesse tout le poison de l'école de ces novateurs. Le trône et l'autel ne furent à ses yeux que des objets surannés d'idolatrie, consacrés à perpétuer l'enfance de nos pères. Ces sentimens prirent une si · forte racine dans son âme, qu'il ne put s'empêcher d'en faire parade, même étant professeur au collége de Juilly; c'est une particularité que nous avons apprise de l'un des professeurs, ses collègues, qui, plus d'une fois, fut scandalisé de son langage anti-religieux et démagogique.

Eh! qui n'eût pas été scandalisé,

quand ce misérable ne craignait pas d'affliger sa mère par la jactance précoce d'une impiété dont elle était bien loin de lui avoir donné l'exemple; sa mère, qui ne pouvant supporter une pareille absence de bon sens et de morale, dit un jour à table, au milieu d'une réunion nombreuse de convives: « que je suis malheureuse d'avoir produit un tel être ! » et il n'était encore que professeur.

Au commencement de la révolution, Fouché, échappé à la poussière des classes de Juilly, où il avait enseigné la rhétorique parut à la tribune des jacobins de Nantes, avec le maratisme qui lui valut une place à la convention nationale; là, assis à côte de son maître, si faussement appelé l'ami du

peuple, dont il était le bourreau, il ne tarda pas à se montrer son digne élève, par l'application des leçons qu'il en avait reçues dans ses feuilles périodiques, et dont il ambitionnait le plus prompt salaire.

Il y y avait à la convention deux moyens de se faire distinguer de ses collègues ; celui de jonner à la tribune contre les prêtres, les nobles et les émigrés, et celui d'être le rapporteur de quelque comité. Ce dernier était le plus sûr, parce qu'il donnait l'occasion de se populariser, en présentant des projets de décrets qui, , presque toujours, étaient adoptés, et souvent avaient été amplement payés d'avance par des hommes intéressés (1). Fouché né

(1) Tout le monde sait que la plupart des décrets sur les finances étaient mis à prix.

perora point comme Robespierre g il tâcha de s'introduire dans les comités. Il fut d'abord admis à celui d'instruction publique, le seul peutêtre qui n'offrait aucune ressource pour l'ambition, étant destiné, par la nature de ses fonctions, à conserver plutôt qu'à détruire (1) : aussi Fouché, dont le but était de s'avan

(1) On s'est déchaîné avec raison contre les membres des comités révolutionnaires, qui s'appropriaient les dépouilles des proscrits et des suppliciés; mais on ne peut faire ce reproche, ni au comité d'instruction publique, ni à la commission temporaire des arts, qui mirent un zèle et une fidélité à toute épreuve, pour conserver tout ce qui tenait à la bibliographie, à la peinture, et à tous les arts utiles ou d'agrément. Nos musées, nos bibliothèques, nos jardins pu blics en sont une preuve.

cer et de faire fortune, à quelque prix que ce fût, ne resta-t-il pas longtems sous cette espèce d'éteignoir pour l'industrie. Il se fit nommer membre du comité des finances; là il développa des talens qu'il a su perfectionner par la suite, de la manière, sinon la plus honnête du moins la plus lucrative; il s'attacha sur-tout à la partie du travail financier, qui lui assurait le plus de popularité, de bénéfice, et le moins de risque.

La France avait cessé de l'être en rébellion ouverte, en guerre continuelle contre son chef légitime et ses sujets fidèles; veuve d'avance d'une grande partie de ses enfans proscrits, déshérités poursuivis au loin, le feu, le fer à la main elle n'était plus à leur égard qu'une

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