personnage. Si cependant il lui manquait encore quelques motifs de conviction, nous ajouterions aux détails caractéristiques que nous avons déja donnés, les particularités suivantes, dont la connaissance nous est parvenue trop tard, pour les classer dans cet ouvrage suivant l'ordre chronologique.

S'il fallait en croire ce passage de l'instruction de ce proconsul aux frères et amis du département de l'Isére: « Tout homme qui a au-delà de ses besoins, ne peut pas en user; ainsi, en lui laissant ce qui lui est strictement nécessaire, tout le reste appartient à la république et à ses membres infortunés, on ne pourrait douter que Fouché, ayant bien audelà de ses besoins, ne fût disposé à donner au moins une partie de son

superflu aux membres infórtunés de la république; mais on sera bien surpris, lorsqu'on apprendra qu'il a refusé n'aguère de payer, même à ses ouvriers, le juste salaire de leurs travaux ; témoin Daniel, qu'il avait chargé de l'entretien de ses bois et forêts, à qui il ne rougit pas de refuser le remboursement de douze cents francs d'avances. Daniel, que ee refus mettait dans le plus grand embaras, menaça le ministre de le traduire devant les tribunaux : « Je te le conseille, lui dit M. le duc tu auras beau jeu. » Le malheureux comprit toute la force de ce conseil, et perdit les douze cents francs, pour ne pas tout perdre (1).

(1) Tel maître, tel valet; Fouché, en refusant un salaire bien acquis à ses ouvriers,

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Ici l'on peut dire, comme un ancien de minimis non curat prætor, le préteur ne s'inquiète pas de si petites choses ou de si petites gens; mais les deux traits suivans prouvent qu'il n'usait pas toujours de la même indifférence envers de plus hauts personnages. Cet homme, à qui l'on a justement reproché d'avoir favorisé par tous les moyens possibles, ses complices compris dans l'ordon

imita la conduite de Bonaparte, qui, d'un trait de plume, fit perdre à Lasserre, entrepreneur de bâtimens, trente mille francs, sur un mémoire de trente-six mille, vérifié et réglé, pour des réparations faites au château des Tuileries. Lasserre ayant voulu lui faire quelques représentations: «Tais-toi, lui dit le premier consul, ou.... ». C'est l'entrepreneur lui-même qui nous a rapporté ce fait, les yeux noyés de larmes,

nance du 24 juillet dernier, fut bien loin de se comporter envers le maréchal Ney, d'une manière digne du ministre d'un prince aussi loyal que juste. On assure qu'avant l'ordonnance, ce maréchal lui demanda un passe-port : « Vous n'en avez pas besoin, lui répondit Fouché; allez vous-en sans bruit, tout s'arrangera pendant votre absence. Tel fut Farrangement: il fit suivre pas à pas ce fugitif, par un soldat déguisé qui dirigea son arrestation, au premier ordre qu'il en reçut.

Longtems auparavant, Fouché avait donné la mesure de son machiavélisme et de son atroce perfidie. Le directoire, dont il était ministre, ayant perdu toute espèce de considération et de ressources, et tous les regards étant déja fixés sur sa tombe, il fut jugé convenable de faire une

diversion, en supposant une conspiration nouvelle; Fouché se chargea de cette invention, qui faillit coûter la vie à trois vertueux pères de famille. Nous allons publier littéralement, et pour la première fois, les détails que nous a communiqués l'une de ces trois victimes, concernant cette prétendue conspiration.

Le 6 vendémiaire an 8, on lut dans le n°. 1422 du Postillon par Calais, cet article officiel :

« Comme la conspiration Lottin trouvé quelques incrédules comme il ne peut pas être cependant que la vérité ne soit vérité que quand et comme il plait à quelques personnes (1), on invite celles qui

(1) Quelles pensées et quelle manière de s'exprimer ! Ce langage tient évidemment des entrailles de fer dont il est sorti.