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Tout le monde sait que ce n'est ni l'expérience, ni le savoir qui manquent à Votre Majesté; vous connaissez la France et votre siècle ; vous connaissez la puissance de l'opinion; mais votre bonté vous a trop souvent disposé à prêter l'oreille aux vœux de ceux qui vous ont suivi dans l'adversité (1). Depuis ce mo

(1) Chaque mot est pesé dans ce paragraphe; on y voit tour-à-tour le professeur de 1788, le sans-culotte de 1793, et le courtisan de 1815. Cependant le représentant de 1793 y domine; il en appelle encore à la puissance de l'opinion, extrêmement formidable sans doute, lorsqu'elle est inspirée, dirigée, commandée par des hommes qui prêchent que tout est permis à qui conque agit dans le sens de la révolution ; voilà, suivant Fouché, les hommes que S. M. devrait écouter, et non pas ceux qui n'ont point marché dans le sens révolution naire.

ment il y a eu comme deux peuples en France (1). Il était sans doute pénible pour Votre Majesté de ree pousser ces vœux par des actes de votre propre volonté. Combien n'avez-vous pas dû souvent regretter de n'avoir point opposé à ces demandes la puissance, dès-lors nationale (2) !

(1) Depuis que S. M. a écouté ses vrais amis, il a existé comme deux peuples en France! Oui, sans doute, si l'on peut prostituer. ce titre à une minorité factieuse de la population française, dont l'immense majorité à désavoué les extravagances parri

cides.

- (2) S. M., s'il faut en croire le ministre de la police, qui est censé tout savoir, a souvent été disposée à prêter l'oreille aux vœux de ceux qui l'avaient suivie dans l'adversité, vœux qu'elle a été forcée de repousser par des actes de sa propre volonté, en regrettant de n'avoir point à leur opposer la

Si le même systême devait se renouveler, et si, voulant tenir tous ses pouvoirs d'un droit héréditaire, Votre Majesté ne reconnaissait d'autres droits du peuple que ceux qui émanent des concessions du trône la France redeviendrait, comme auparavant, incertaine sur sa conduite; elle hésiterait entre son amour pour le prince (1), ses affections naturelles

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puissance nationale ! Il eût été à desirer que Fouché eût expliqué ce qu'il entend par cette puissance nationale; sans cela, on est tenté de présumer, d'après sa doctrine connue, qu'il veut parler du canon du 10 août, baïonnettes du 2 septembre, de l'échafaud du 21.... C'est à lui qu'il appartient d'achever cette citation.

des

de

(1) C'est un grand crime aux yeux nos meilleurs politiques, que S. M. veuille, à l'imitation de ses aïeux, tenir ses pouvoirs

et le progrès de ses lumières. (1) Son obéissance n'aura désormais d'autres bases que sa confiance particulière dans Votre Majesté ; et, quoique cette confiance suffise pour la maintenir dans le respect qu'elle vous doit, ce n'est cependant pas ainsi que les

d'un droit héréditaire, et ne point accorder à ses sujets le droit de juger et d'assassiner leur maître. Aussi Fouché, l'un de ceux qui ont jadis exercé les fonctions de tels juges, menace-t-il Louis XVIII d'une nouvelle incertitude de la part des Français partagés, suivant son présage, entre leur souverain et les bons sans-culottes, en qui seuls résidait n'aguère la patrie.

(1) On ne peut appliquer plus heureusement l'épithète de naturelles aux affections qu'une partie des Français a portées, sous le règne des Fouché et des Carrier à leurs souverains légitimes: sublime effet du progrès des lumières !

dynasties s'affermissent et écartent les dangers (1).

« Sire, Votre Majesté s'est convaincue que ceux qui poussent le pouvoir àu-delà de ses limites sont peu propres à le conserver, lorsqu'il s'ébranle (2); que l'autorité se détruit elle-même dans les luttes qui

(1) Ainsi donc, quoique le peuple respecte S. M., cela ne suffit point pour affermir une dynastie qui règne depuis huit cents ans, et pour écarter les dangers, c'està-dire les révolutions. Quand Fouché prononçait cet oracle, il ne pensait pas que, pour en écarter de nouveaux, on commence rait avec raison par l'écarter lui-même.

(2) C'est à Bonaparte et à ses ministres qu'il faut adresser cette observation, et non pas à Louis XVIII, qui n'a jamais outrepassé les limites de la charte constitution nelle.

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