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S VI.

GUERRE EN ITALIE.

Défection de Murat.

Traité de Naples du 11 janvier 1814. Rétablissement du Grand Duc de Toscane et du Souverain Pontife.

«... Mais la politique de MURAT était de sauver sa couronne, et pour cela, il dut être continuellement du parti du conquérant. Ses premiers agents me furent adressés après la bataille de Leipzig. Il regardait alors la cause de NAPOLÉON Comme perdue.

(Lord BENTINCK à lord CASTLEREAGH.)

« Où sont les égards dus à un Monarque malheureux, reconnu formellement par toute l'Europe, et qui, dans un moment difficile, a décidé de la campagne de 1814 en faveur de ces mêmes Puissances qui l'accablent aujourd'hui du poids excessif de leurs persécutions. >> (MURAT à MACIRONE.)

Vers le milieu du mois de mars, Wellington continua de poursuivre Soult. Il entra, le 20, à Tarbes, d'où le maréchal français s'était retiré, d'abord à Saint-Gaudens et ensuite à Toulouse, où il arriva le 21. Wellington ne put passer la Garonne que le 8 avril; mais le 10, il y eut près de Toulouse une bataille sanglante: les Français furent entièrement défaits et se retirèrent sur la route de Carcassonne. Wellington entra dans Toulouse le 12 avril.

Ainsi le sang coula, lorsque Paris était depuis dix jours au pouvoir des Alliés. Le maréchal Wellington ne connut cet événement que le 12; il en fit part aux maréchaux Soult et Suchet, avec lesquels il conclut, le 19, un armistice qui termina la campagne du côté des Pyrénées.

Campagne d'Italie.

L'Italie fut, cette année, le théâtre d'un événement qu'il est aujourd'hui impossible de qualifier. Joachim Murat, que Napoléon avait placé sur le trône de Naples, fit cause commune avec les ennemis de son bienfaiteur. Murat n'a pu mériter l'estime de ses contemporains, ni lorsque, jeune encore, il donna dans les travers de la Révolution ; ni lorsque, dans un âge plus mûr, il présida à l'assassinat juridique du Duc d'Enghien, et qu'il négocia avec les juges de Moreau la condamnation de cet accusé, en leur promettant sa grâce; ni lorsqu'il servit d'instrument à Napoléon pour diriger la révolution d'Espagne et les massacres du 2 mai 1808, ni, enfin, lorsque assis sur le trône, il courtisa tour à tour les philosophes et les prêtres, les jacobins et la noblesse. Il ne put acquérir de la considération lorsqu'il parut dans les rangs des Alliés; sa conduite postérieure a été le comble de la versatilité et de la légèreté; sa mort tragique n'a pu inspirer de l'intérêt, par ce qu'elle n'a été que la juste punition d'une entreprise folle et extravagante. On pourrait le plaindre néanmoins, s'il était vrai que dans toutes les actions de sa vie, il a été le jouet d'une femme qu'il regardait comme l'auteur de sa fortune, et dont l'ambition était sans bornes.

On assure que dès le mois de mars 1813, Murat avait fait faire des tentatives à Vienne, par son Ministre le Duc de Saint-Ange, pour conclure une alliance avec l'Autriche, mais que les négociations n'eurent pas de résultat, soit parce que la Cour Impériale elle-même n'était pas encore bien décidée sur le parti qu'elle prendrait, soit parce qu'elle ne se fiait pas à la bonne foi de Murat. L'accueil froid et indifférent qu'éprouvèrent ses démarches l'engagea, dit-on, à accepter, au mois d'août, l'invitation

de Napoléon de se rendre à Dresde. Cependant il continua secrètement les négociations; mais on a des motifs pour croire qu'elles étaient connues de Napoléon, qui les regardait comme un moyen de pénétrer les projets de l'Autriche.

Murat quitta Napoléon à Erfurt, sous prétexte que sa présence était indispensable à Naples pour défendre son royaume; mais le 22 octobre, aux avant-postes, il avait stipulé des conventions avec l'Autriche et l'Angleterre. Murat a expié son crime par une mort terrible. Il faut respecter son malheur.....

Défection de Joachim Murat.

Après la bataille de Leipzig, Joachim Murat, jugeant les affaires de son beau-frère entièrement perdues, s'empressa de se rendre à Naples et d'adopter une politique par laquelle il espéra se maintenir sur le trône, même après la chute de Celui qui l'y avait placé. Il publia, le 11 novembre 1813, une Déclaration qui devait lui concilier l'amitié des Anglais; elle abolit le système continental et permit l'entrée de toute espèce de vaisseaux dans le port de Naples. A la même époque, il envoya le marquis de Saint-Elie en Sicile pour faire connaître à lord Bentinck son désir de conclure la paix avec la Grande-Bretagne, et chargea le Prince Cariati de négocier avec la Cour de Vienne son accession à la Coalition. Il ne paraît pas que le Cabinet de Londres ait porté grand intérêt à l'ouverture faite à lord Bentinck; mais l'Autriche, qui désirait conquérir la Lombardie, ne rejeta pas une proposition qui tendait à doubler ses forces en Italie. Pendant les négociations qui eurent lieu en novembre et décembre 1813, Murat préparait ses troupes; elles se mirent même en marche, sans qu'il eût déclaré si c'était comme alliées ou comme ennemies

des Français qu'elles agiraient. Les lettres qu'à cette époque il écrivait au Prince Eugène, annonçaient que son mouvement n'avait d'autre objet que d'agir conjointement avec l'armée française. La première division de ses troupes, sous les ordres du général Carascosa, entra le 2 décembre 1813 à Rome, et y fut reçue comme amie par le général Miollis. Une seconde et une troisième division, commandées par le général Millet et par Pignatelli-Cucchiara, la suivirent de près. Ce dernier resta à Rome; une partie des autres troupes marcha à Florence, la plupart se dirigèrent sur Ancône et Fano. Le général Ambrogio, à la tête d'une quatrième division, se dirigea par les Abruzzes sur Ancône. Toutes ces forces s'élevaient à 34,000 hommes.

Traité de Naples du 11 janvier 1814.

Dans l'intervalle, les négociations avec la Cour d'Autriche avançaient. Le Comte de Neipperg arriva à Naples le 30 décembre pour conclure un traité entre François Ier et Murat. Celui-ci aurait désiré que la GrandeBretagne y prît part; mais cette Puissance ne s'étant pas déclarée encore, il fallait se borner à un traité partiel. Les comtes de Neipperg et de Mier le signèrent, le 11 janvier, pour l'Autriche, le marquis de Gallo pour Murat. En voici les conditions :

Les deux parties contractent une alliance ayant pour but la poursuite de la présente guerre et la réunion de leurs forces pour rétablir l'équilibre entre les Puissances, et pour assurer un véritable état de paix en Europe, et particulièrement en Italie, où elles se garantissent la défense de leurs intérêts respectifs (art. 1 et 2).

L'Empereur d'Autriche garantit à Joachim Murat, et à ses héritiers et successeurs, la jouissance libre et paisible ainsi que la souveraineté pleine et entière de tout ce

que celui-ci possède en Italie, et emploiera ses bons offices pour faire accéder ses alliés à cette garantie (art. 3).

L'Autriche tiendra constamment en campagne 150,000 hommes, dont 60,000 en Italie. Murat mettra en campagne 30,000 hommes (art. 5).

Si Murat se trouve à la tête de son armée, le corps autrichien qui se trouvera réuni à l'armée napolitaine sera sous ses ordres; dans le cas contraire, le corps napolitain sera sous les ordres du général en chef autrichien (art. 7).

Par des articles secrets l'Autriche promet :

1o D'employer tous les moyens pour obtenir, en faveur de Joachim Murat et de sa descendance, un acte de renonciation formelle du Roi de Sicile, pour lui et ses successeurs, à toutes ses prétentions au Royaume de Naples ;

2o De garantir cette renonciation (art. 1o);

3o D'employer ses bons offices pour hâter la conclusion de la paix entre Murat et le Gouvernement Britannique (art. 2);

4o D'employer également ses bons offices efficaces, à la paix future, pour lui procurer une bonne frontière militaire (art. 4).

Par contre, Joachim Murat

1° Renonce, pour lui et ses successeurs, à toute prétention sur le royaume de Sicile, et se déclare prêt à en garantir la possession à la Dynastie actuelle (art. 1or);

2° Il s'engage dès à présent à admettre le principe qu'il doit être procuré au Roi de Sicile une indemnité convenable et à étendre ses efforts à procurer l'indemnité à ce Monarque (art. 2).

Il est encore convenu, par l'article 3, que Joachim Murat ne pourra être dans l'obligation de faire agir activement son armée sur les plans d'opérations à com

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