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LETTRE DU GÉNÉRAL KLÉBER,

AU

DIRECTOIRE EXÉCUTIF DE FRANCE.

Au-quartier général du Caire, le 4 vendémiaire, an VIII (26 septembre 1799.)

CITOYENS DIRECTEURS,

A. Le général en chef Bonaparte est parti pour France, le 6 fructidor au matin, sans en avoir prévenu personne : il m'avait donné rendez-vous à Rosette, le 7; je n'y ai trouvé que ses dépêches. Dans l'incertitude si le général a eu le bonheur de passer, je crois devoir vous envoyer copie, et de la lettre par laquelle il me donne le commandement de l'armée, et de celle qu'il adresse au grand-visir à Constantinople, quoiqu'il sût parfaitement que ce pacha était déjà arrivé à Damas.

B. Mon premier soin a été de prendre une connaissance exacte de la situation actuelle de l'armée.

Vous savez, citoyens directeurs, et vous êtes à même de vous faire représenter l'état de sa force lors de son arrivée en Egypte; elle est réduite de moitié, et nous occupons tous les

OBSERVATIONS DE NAPOLÉON

SUR

LA LETTRE DU GÉNÉRAL KLÉBER,

AU DIRECTOIRE EXÉCUTIF DE FRANCE.

A. Le grand-visir était à la fin d'août à Erivan dans la haute Arménie; il n'avait avec lui que 5,000 hommes. Le 22 août on ignorait en Egypte que ce premier ministre eût quitté Constantinople; l'aurait-on su, qu'on y aurait attaché fort peu d'importance. Au 26 septembre, lorsque cette lettre était écrite, le grandvisir n'était ni à Damas ni à Alep ; il était au delà du Taurus.

B. L'armée française était forte de 30,000 hommes au moment de son débarquement en Egypte, en 1798; puisque le général Kléber déclare qu'elle était réduite de moitié au 27 septembre 1799: elle était donc de 15,000 hommes, ceci est une fausseté évidente, puisque les états de situation de tous les chefs des corps, envoyés au ministre de la guerre, datés du 1er septem

Suite de la Lettre du Général Kléber.

points capitaux du triangle des Cataractes à El-Arisch, d'El-Arisch à Alexandrie, et d'Alexandrie aux Cataractes.

Suite des Observations de Napoléon.

bre, portaient la force de l'armée à 28,500 hommes, sans compter les gens du pays. Les états de l'ordonnateur Daure faisaient monter la consommation à 35,000 hommes, y compris les abus, les auxiliaires, les rations doubles, les femmes, et les enfans. Les états du payeur Esteve, envoyés à la trésorerie, faisaient monter l'armée à 28,500 hommes. Comment, dira-t-on, la conquête de la haute et de la basse Egypte, de la Syrie; les maladies, la peste, n'avaient fait périr que 1,500 hommes ? Non, il en a péri 4,500; mais, après son débarquement, l'armée fut augmentée de 3,000 hommes, provenant des débris de l'escadre de l'amiral Brueys.

Voulez-vous une autre preuve tout aussi forte c'est qu'aux mois d'octobre et de novembre 1801, deux ans après, il a débarqué en France 27,500 hommes venant d'Egypte, sur lesquels 24,000 appartenaient à l'armée; les autres étaient des marins, des mamelucks, ou

des gens du pays: or, l'armée n'avait reçu aucun

renfort, si ce n'est un millier d'hommes partis par les trois frégates, la Justice, l'Egyptienne et la Régénérée, et une douzaine de corvettes ou avisos qui y arrivèrent dans cet intervalle.

En 1800 et 1801, l'armée a perdu 4,800 hommes, soit de maladie, soit à la campagne contre le grand-visir, en 1800; soit à celle contre

Suite de la Lettre du Général Kléber.

C. Cependant il ne s'agit plus aujourd'hui comme autrefois de lutter contre quelques hordes de mamelucks découragés ; mais de combattre et de résister aux efforts réunis de trois. grandes puissances: la Porte, les Anglais, et les Russes.

Le dénuement d'armes, de poudres de guerre, de fer coulé et de plomb, présente un tableau aussi alarmant que la grande et subite diminution d'hommes dont je viens de parler: les essais de fonderie faits n'ont point réussi; la manufacture de poudre établie à Ruondà n'a pas encore donné et ne donnera probablement pas le résultat qu'on se flattait d'en obtenir : enfin la réparation des armes à feu est lente; et il faudrait pour activer ces établissemens des fonds et des moyens que nous n'avons pas.

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