Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

province et la France? Nous les avons connues nousmêmes; car, long-temps endormies, elles ont eu dans notre âge un terrible réveil. Ces questions de la souveraineté du peuple affirmée par les prédicateurs de la Ligue, du libre examen réclamé par les protestants, du droit divin et de l'autorité absolue que défendaient Henri IV et Groulart, ont reparu sous d'autres formes en 1789, et ne sont pas complètement résolues.

Toutefois, l'étude de ces temps misérables ne laisse pas d'être utile, surtout si l'on remarque combien ils furent féconds en caractères puissants et marqués d'une forte empreinte. Les conseillers au Parlement, par exemple, dans l'un et dans l'autre parti, déployèrent les mêmes qualités de constance, de dévouement, d'abnégation, et cette vertu si précieuse, commune alors, plus rare depuis, du courage civil. La foule du peuple se modelait sur eux, et c'est avec la même persévérance qu'on vit le peuple des grandes villes subir la misère, la famine, les désolations d'un long siége, sans découragement, presque sans murmures. C'est un malheur sans doute que d'avoir à déployer cette fermeté politique au milieu des guerres civiles; mais plus malheureux encore, et moins dignement malheureux, les peuples qui ne savent plus que subir en silence le cours des révolutions, et tendre la tête au joug du plus fort!

Enfin, de cette tristesse même il sort comme une fleur de consolation. Après avoir vu, dans cette seule province de Normandie, tant de combats acharnés, d'actions féroces, de doctrines exaltées, les crimes les plus affreux érigés en exploits, le corps de l'État prêt à se dissoudre, la foi catholique grandement menacée, deux grands principes ne semblant avoir de salut que dans la ruine l'un de l'autre ; lorsqu'on revoit ensuite ces éléments, en ap

parence inconciliables, se réunir; ce que les causes diverses avaient de juste triompher peu à peu; à tant de maux succéder le calme, la prospérité, l'alliance de l'autorité et de la religion; la France, enfin sortie de cette épreuve plus vivace et plus forte, s'avancer vers la plus belle période de son histoire, qui méconnaîtra l'intervention d'une main divine dirigeant toutes nos actions, même les pires, au meilleur résultat? Encore que cette vérité soit vulgaire, il est parfois utile et toujours fortifiant de reposer ses regards sur elle. Pour des hommes vivant à une époque non moins tourmentée, elle éclaire d'un rayon d'espérance les obscurités de l'avenir.

FIN.

TABLE DES MATIÈRES.

[ocr errors]

INTRODUCTION.

État de la France à la fin du XVIe siècle. État particulier de la Normandie (1562-1576).-Origine de la Ligue (1576).-Ses progrès en Normandie.-Opinion et conduite du Parlement.-Claude Groulart nommé premier président (1584). Son caractère et ses principes. Déplorable situation de la Normandie en 1576 et pendant les années suivantes. -Désordre et incurie de l'administration. Le duc d'Épernon nommé gouverneur de la province. — Harangue menaçante du grand-pénitencier Dadré. - Séjour de Henri III à Rouen après sa fuite de Paris. lèvement en Normandie. Groulart se retire de Rouen. Journée des Barricades à Rouen. Scission entre les membres royalistes et les membres ligueurs du Parlement.

[ocr errors]

Sou

HISTOIRE DU PARLEMENT DE NORMANDIE PENDANT
SON SÉJOUR A CAEN. 1589-1594.

Chapitre I".

Destinée du Parlement pendant la Ligue.

Dispersion des con

seillers royalistes du Parlement de Normandie. Le roi transfère à Caen le Parlement de Rouen. Situation de Caen en 1589.

-

- Arrivée à Caen des membres de la Cour. Le Parlement se constitue et s'établit aux Cordeliers. Serment exigé de la noblesse par Montpensier, gouverneur de la province. - Serment - Arrêt contre exigé par le Parlement de tous les fonctionnaires.

les ligueurs. Les ligueurs de Bernay enlèvent l'original des lettres-patentes de translation. - Situation générale. Le Parlement reçoit la nouvelle de l'assassinat de Henri III. — Indignation qu'elle soulève.

[ocr errors]

39

56

Chapitre II.

Situation de la France à la mort de Henri III. - Caractère et con

[ocr errors]

duite du roi de Navarre. Hésitation au sein du Parlement. — Henri de Navarre est reconnu roi de France — Conduite des échevins de Caen, leurs lettres au roi. Difficultés entre le Parlement et le Clergé.· Le Parlement censure l'administration municipale. Conduite indécise du gouverneur de Caen, La Vérune; craintes qu'il inspire au Parlement. Plusieurs conseillers effrayés se retirent de Caen.—La Vérune veut occuper militairement le pont Saint-Pierre; combat entre ses troupes et les bourgeois La Vérune triomphe. Représentations faites en vain par la Cour au gouverneur. -Hauteur avec laquelle le roi reçoit les supplications de la Cour.

Chapitre III.

La St.-Martin d'hiver de 1589.- État de Caen au mois de novembre de la même année; division parmi les habitants; craintes d'une attaque des ligueurs. Groulart appelle le roi en Normandie; lui suggère un plan de campagne; lui donne les moyens de l'exécuter. -Marche de l'armée du roi en Basse-Normandie prise d'Alençon, de Domfront, d'Argentan, de Falaise. — Groulart est mandé au camp royal; on lui propose la place de chancelier; brillant accueil qu'il reçoit du roi.· - Conduite religieuse et politique tenue alors par Henri IV. Mesures prises par le Parlement pour tirer parti des victoires de l'armée; sa sévérité contre les ligueurs; son hostilité aux mesures de clémence ordonnées par le roi.—Prise de Lisieux, de Honfleur, de PontAudemer, d'Évreux, de Verneuil ; les armées en présence à Ivry. -Efforts du Parlement pour grossir les rangs de l'armée royale; procession qu'il ordonne à la veille de la bataille. — Te Deum d'actions de grâces et réjouissances publiques après la victoire d'Ivry.

[blocks in formation]

Chapitre IV.

Résultats de la bataille d'Ivry et situation des partis. - Procédures du Parlement contre les nobles, déserteurs du champ de bataille. -Prédications séditieuses dans les églises de Caen. Un jacobin est arrêté et mis en prison; on est forcé de le relâcher, par crainte d'une sédition.-Arrêt du Parlement contre les ecclésiastiques. -Refus formel du curé de St. Jean de prêcher en faveur du roi. -Harangues séditieuses à l'Université; serment que la Cour exige des professeurs. - Moyens employés par le Parlement pour empêcher les prédications et les discours séditieux. - Guerre déclarée par le Parlement aux nobles qui, retirés dans leurs châteaux, n'en sortaient que pour ravager le pays. — Arrêt contre les pillards de Neuilly-l'Évêque ; prise du château, sa démolition. - Prise du château de Fauguernon et de plusieurs autres dans le Lieuvain. - Guerre entre les ligueurs et les royaux dans l'Avranchin; part active qu'y prend le Parlement; lettre qu'il écrit à Canisy. Réponse de Canisy. · Mort du ligueur de Vicques au siége de Pontorson.

[ocr errors]
[blocks in formation]

Retour de la plupart des con-
Aventures du conseiller Pi-

seillers partis l'année précédente.
peray. - Sévérité de la Cour pour eux; examen qu'elle leur fait
subir. - Jugement porté sur le Parlement de Caen, par un con-
temporain. - Part que prend la Cour aux affaires générales.
Esprit hostile d'une partie des habitants de Caen.-Opposition de
La Vérune aux mesures de sûreté proposées par la Cour. - Soins
apportés par le Parlement à la police municipale de Caen. - Ar-
rêts remarquables sur la police des rues, des marchés, de
la boucherie, des pauvres.
·Réorganisation administrative de
la province par le Parlement.

Conseillers envoyés en mission

dans les bailliages.- Tentative des ligueurs sur Lisieux. — Siége

de Paris. Remontrances du Parlement au roi. - Conduite à la

fois humble et héroïque du Parlement.

93

115

« ZurückWeiter »