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tiennent le combat avec intrépidité. C'est au centre, vers la Rothière, qu'on est le plus acharné; Napoléon y commande, les souverains alliés y sont aussi. La nuit seule met fin à l'action, et retrouve notre armée à peu près dans les mêmes positions qu'elle occupait le matin, mais nous n'avons pu enlever la victoire l'ennemi a une supériorité marquée; plus d'audace le rendrait entièrement maître du champ de bataille (1).

A huit heures du soir, Napoléon revient au château, et de là il ordonne la retraite sur Troyes par le pont de Lesmont, dont la réparation est à peine terminée. Tandis que l'armée effectue ce mouvement à la faveur de l'obscurité, Napoléon n'est pas sans crainte que l'ennemi, profitant de ses avantages, ne fasse une attaque de nuit et

(1) Cette bataille honora plus la bravoure des deux armées, qu'elle ne prouva l'habileté du vainqueur. En effet, ce n'est qu'un choc en ordre parallèle, où, à valeur égale, les masses les plus fortes ont écrasé les plus faibles. On n'y aperçoit aucune manœuvre réelle ment savante. On reproche à Napoléon d'avoir donné dans le piége que lui tendait son ad

ne vienne mettre de la confusion dans nos marches. A chaque instant, il demande s'il n'y a rien de nouveau; il va lui-même à la fenêtre, d'où l'œil domine sur toute la ligne des bivouacs du champ de bataille. Les coups de fusil avaient entièrement cessé; nos feux brûlaient tels que nous les avions allumés à la fin de la bataille; l'ennemi ne faisait aucun mouvement; les collines, dont le rideau couvre la vallée de l'Aube, en arrière de Brienne, masquaient parfaitement notre retraite, et ce n'est que le lendemain à la pointe du jour que l'ennemi reconnaît l'abandon de nos lignes. Napoléon avait quitté le château de Brienne à quatre ' heures du matin.

Le 2 février, à onze heures du matin, l'armée française avait repassé l'Aube; et le pont de Lesmont, coupé encore une fois, nous séparait de l'ennemi; mais le duc de Raguse, resté sur l'autre rive pour protéger notre mouvement, se trouvait dans une situation difficile. Le général Wrede, à la tête des Bavarois, s'était chargé de le tourner et de lui couper toute retraite: c'est la même entreprise, la même manoeuvre, le même ennemi qu'à Hanau. Ce souvenir de Hanau ranime le courage des troupes françaises elles trouvent l'ennemi bar

versaire. Voyant qu'il ne se retirait pas devant toutes ses forces déployées, il devait penser, dit-on, que Blücher cherchait à gagner du temps; et la position qu'il prit à Trannes aurait dû achever de l'éclairer. Mais si le feld-rant le passage de la Voire au village maréchal prussien mérite des éloges pour avoir su, après le combat de Brienne, ménager sa jonction avec la grande armée, attirer et tenir son ennemi en échec toute la journée du 31, il est bien loin, le jour de la bataille, d'a

voir tiré de ses immenses ressources tout le parti possible. On peut, au contraire, excuser l'impatience de Napoléon, par la nécessité où il se trouvait de remporter une victoire qui pût relever la confiance de la nation et de l'armée. L'ordre et le calme avec lesquels la retraite s'effectua, firent douter longtemps au feld-ma réchal que Napoléon se tint pour battu. Les pertes des alliés y furent plus considérables

que les nôtres.

de Rosnay; le duc de Raguse met aussitôt l'épée à la main; à sa voix, les braves s'élancent la baïonnette en avant; et tout le corps d'armée passe sur le ventre de vingt-cinq mille Bavarois ! Si, de temps à autre, la muse de l'Histoire croit devoir arracher quelques feuillets de son livre, qu'elle conserve du moins pour l'honneur du duc de Raguse la page où le combat de Rosnay se trouve inscrit! Cette journée suffira pour justifier la confiance

que Napoléon mettait dans l'intrépidité | délais cette forme de négociation nous de Marmont.

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Tandis que ce maréchal effectue victorieusement sa retraite par la rive droite de l'Aube vers Arcis, le gros de l'armée continue la sienne par la rive gauche, sur la grande route de Troyes. On couche au village de Piney. Le 3, de bonne heure, l'armée arrive à Troyes la vieille garde, commandée par le duc de Trévise, est sortie de la ville pour venir au-devant de nous; elle prend position sur la route, devient notre arrière-garde, et d'une main ferme arrête l'ennemi au moment où il croyait entrer derrière nous dans Troyes.

Napoléon loge au centre de la ville, dans la maison d'un négociant nommé Duchâtel-Berthelin: il y trouve quelque moment de repos dont il profite pour lire ses courriers.

Depuis le départ de Paris, on n'avait pas encore envoyé de bulletin de l'armée; l'espérance de débuter par une victoire avait fait différer le départ des nouvelles jusqu'après l'issue de la marche entreprise contre le maréchal Blücher. On ne peut plus retarder cet envoi davantage, mais la chance a tourné de telle manière que c'est le récit de la bataille perdue à Brienne qui commence la série des bulletins de cette campagne. Les premiers courriers qui partent de Troyes pour Paris en sont porteurs.

Moins les événements militaires étaient favorables, plus on désirait avoir des nouvelles du duc de Vicence: on en reçoit enfin; le congrès va se tenir à Châtillon-sur-Seine; il doit s'ouvrir le 4 février. Le comte Stadion y représentera l'Autriche; le comte Razumowski, la Russie; le baron de Humboldt, la Prusse; et lord Castlereagh, l'Angleterre. De combien de

menace encore!

Les seules nouvelles de l'intérieur qui soient un peu rassurantes viennent des bords de la Saône. Les Lyonnais ont fait bonne contenance devant les troupes que le général autrichien Bubna avait fait avancer jusqu'aux barrières de la ville; ils ont donné le temps à nos troupes du Dauphiné d'arriver à leur secours, et l'armée autrichienne s'est repliée sur la Bresse.

Après avoir donné au repos de l'armée les journées du 3, du 4 et du 5 février, Napoléon se décide à évacuer Troyes: les vieilles murailles de cette ancienne capitale de la Champagne, et les nombreux canaux entre lesquels la Seine y divise son cours, nous of fraient à la vérité de grands moyens pour tenir tête à l'ennemi; mais les alliés pouvaient tourner cette position et s'avancer de toutes parts sur Paris. Le temps devenait trop précieux pour le perdre en opérations défensives; et une résistance obstinée sur ce point pouvait n'avoir d'autres résultats que l'incendie et la ruine de Troyes, dont toutes les maisons sont en bois. D'ailleurs, les secours attendus des Pyrénées approchaient la première division, commandée par le général Leval, devait être le 8 à Provins: en continuant sa retraite pour se rapprocher de Paris, l'armée allait en même temps au-devant d'un précieux renfort.

Jusqu'au dernier moment, nos troupes ont fait une telle contenance en avant de Troyes, que l'ennemi croit devoir se préparer à une seconde ba taille. Le corps de Lichtenstein, qui s'était avancé le 3 jusqu'au pont de Cléry, y avait été battu par le duc de Trévise; le 4 février, les généraux Colloredo, Nostiz et Bianchi, avaient

été repoussés dans une attaque qu'ils | du nord, les ennemis ont occupé Aixavaient risquée contre les ponts de la | la-Chapelle et Liége, aussitôt après le Barce; le général Colloredo y avait été blessé. Enfin, le 5 février, Napoléon ayant fait faire au delà de la Barce une forte démonstration pour donner le change à l'ennemi sur le mouvement de retraite que nous devions faire le lendemain, les alliés avaient cru voir toute l'armée française débouchant pour reprendre l'offensive; ils avaient aussitôt reculé d'une marche, et leur quartier-général, établi le 4 à Lusigny, près Vandoeuvres, avait été reporté, le 5 au soir, à Bar-sur-Aube.

Cette vigueur dans de simples opérations d'avant-poste est remarquable après une bataille perdue.

Le 6, l'armée quitte Troyes et prend la route de Paris; après son départ, les autorités municipales ne tiennent leurs portes fermées que le temps nécessaire pour obtenir de l'ennemi la garantie d'une capitulation.

Napoléon couche au hameau des Grès, qui est à moitié chemin de Troyes à Nogent.

L'abandon de Troyes et la prolongation de notre retraite dissipaient nos dernières espérances: le soldat marchait dans une tristesse morne qu'on ne saurait décrire. Où nous arrêteronsnous? Cette question était dans toutes les bouches.

Le 7, on arrive à Nogent on fait créneler les maisons qui donnent sur la campagne; on prépare ce qu'il faut pour faire sauter le pont si l'on est forcé dans la ville; en peu d'heures, Nogent est mis à l'abri d'un coup de main. Dans cette position, on s'arrête pour disputer le passage de la Seine au prince Schwarzenberg.

Les courriers qui viennent nous rejoindre à Nogent continuent d'apporter des nouvelles défavorables du côté

départ du duc de Tarente; l'armée anglo-prussienne bloque Anvers, mais le général Carnot est arrivé à temps pour en prendre le commandement : il y est entré le 2 février, au moment où les portes se fermaient devant l'ennemi. Le général Bulow, après avoir tenté une vaine attaque sur la place, y a laissé en observation les Anglais et les Saxons; avec ses Prussiens et ses Russes, il s'avance sur la Flandre : le 2, son avant-garde est entrée à Bruxelles; la Belgique est perdue. Le général Maison effectue sa retraite sur notre ancienne frontière.

Les lettres de Paris, et les aides-decamp du duc de Tarente, viennent annoncer un danger encore plus pressant: c'est la marche du maréchal Blücher, qui s'avance sur la capitale par la grande route de Châlons.

Après la bataille de Brienne, Blücher s'est aussitôt séparé de l'armée autrichienne; il a rallié à lui, entre Arcis-sur-Aube et Châlons, les diverses parties de son armée, dont il avait été un moment coupé par notre excursion de Saint-Dizier; et, toutes ses forces réunies, il s'est chargé de descendre la Marne, tandis que les Autrichiens descendront la Seine. Le général Yorck est entré à Châlons le 5 février. Le corps du duc de Tarente s'y trouvait, arrivant du pays de Liége; mais ce maréchal, poussé par toute l'armée prussienne, n'avait pu opposer qu'une faible résistance. Il se retirait sur Épernay, sans prévoir où il pourrait s'arrêter, et demandait des ordres et des secours. Ainsi l'ennemi est maître de Châlons et peut-être d'Épernay.

Ces nouvelles ajoutent à la stupeur qui s'est emparée des esprits; Napoléon lui-même ne paraît pas inaccessible à

l'inquiétude générale. C'est dans ce» léon. Il s'agit maintenant de bien moment qu'il reçoit de Châtillon les >> d'autres choses! Je suis en ce moconditions que les alliés prétendent lui»ment à battre Blücher de l'œil; il dicter; elles ne se ressentent que trop » s'avance par la route de Montmide l'influence des événements de » rail: je pars, je le battrai demain, Brienne. « Les alliés disconviennent » je le battrai après demain; si ce >> des bases proposées à Francfort..... » mouvement a le succès qu'il doit >> Pour obtenir la paix, il faut rentrer » avoir, l'état des affaires va entière>> dans les anciennes limites de la » ment changer, et nous verrons >> France. >> >> alors!»>

Napoléon, après avoir lu ces dépêches, se renferme dans sa chambre et garde le plus morne silence.

II.

Aucune route de poste n'établit de communication entre la grande route de Troyes, où se trouve l'armée française, et celle de Châlons, que les troupes du maréchal Blücher parcourent avec tant d'assurance. Les vastes plaines de la Brie champenoise séparent ces deux avenues de la capitale; et de

SECONDE EXPÉDITION CONTRE LE MA- Nogent à Montmirail, par Sezanne, on

RÉCHAL BLUCHER.

COMBAT DE

CHAMPAUBERT. BATAILLE DE
COMBAT DE CHA-

MONTMIRAIL.
TEAU-THIERRY ET DE VAUCHAMPS.

(Du 9 au 15 février.)

La marche de Blücher, à travers la Champagne, avait jeté l'alarme dans la capitale. D'heure en heure, les estafettes les plus inquiétantes arrivaient de Paris. Blücher était entré dans la Brie champenoise, il s'avançait à marches forcées; le duc de Tarente se retrait sur la Ferté-sous-Jouarre; les fuyards arrivaient à Meaux.

Cette audacieuse incursion de l'ennemi ranime Napoléon; il veut du moins faire payer cher aux Prussiens leur témérité, et il prend la résolution de tomber sur leurs flancs à l'improviste. Napoléon était encore étendu sur ses cartes, les parcourant le compas à la main, lorsque le duc de Bassano se présente avec les dépêches qu'il a passé le reste de la nuit à préparer pour Châtillon. «< Ah! vous voilà, lui dit Napo

ne compte pas moins de douze grandes lieues de traverse, que les gens du pays s'accordent à regarder comme très difficiles en cette saison. Un tel obstacle n'est pas suffisant pour arrêter Napoléon. Il laisse à Nogent le général Bourmont, sous les ordres du duc de Bellune; il laisse au pont de Braysur-Seine le duc de Reggio; il leur recommande de retenir les Autrichiens le plus long-temps qu'ils pourront au passage de la Seine; et aussitôt, se dérobant, avec l'élite de l'armée, derrière le rideau que forme notre arrière-garde, il entreprend sa seconde expédition contre l'armée prussienne. Dès le 8 au soir, la garde impériale avait fait une marche vers Villenoxe; le 9, Napoléon part de Nogent, et va coucher, avec le gros de ses troupes, à Sezanne.

Ce soir même, nos coureurs rencontrent quelques cavaliers prussiens sur les bords de la rivière du Petit-Morin, entre Sezanne et Champaubert.

Les nouvelles des habitants sont que le duc de Tarente est en retraite sur Meaux; que les Prussiens couvrent les

routes depuis Châlons jusqu'à la Ferté et au-delà; qu'ils marchent dans une sécurité parfaite.

Nous n'avons plus que quatre lieues à faire pour les surprendre! mais les coups de sabre qu'on vient de se donner aux avant-postes peuvent avoir averti l'ennemi; l'escarpement de la vallée du Petit-Morin, les marais de Saint-Gond, les bois et les défilés qui s'y trouvent, vont peut-être offrir de grands obstacles à une armée embourbée, que l'artillerie ne peut rejoindre... La vivacité et la hardiesse de notre mouvement maîtrisent les hasards qui | nous auraient été défavorables. Nous ne trouvons devant nous qu'un petit corps de troupes, qui se garde mal, et qui a pris nos sabreurs de la veille pour des maraudeurs égarés.

Cependant le duc de Raguse, qui commande l'avant-garde, a trouvé les chemins trop mauvais il revient sur ses pas. Napoléon le force aussitôt à recommencer son mouvement; on requiert des chevaux de tous côtés, on double les attelages, et la volonté du maître s'exécute.

la route, au coin de la grande rue du village. C'est là qu'on lui amène les gé. néraux ennemis qui viennent d'être pris: il les fait dîner avec lui.

Depuis l'ouverture de la campagne nous avions toujours été malheureux; avec quelle joie nous voyons enfin briller sur nos armes cette première lueur de succès! Napoléon sent renaître bien des espérances. L'armée prussienne, coupée encore une fois dans sa marche, n'oppose plus que deux tronçons dont il compte tirer bon parti ; et déjà il craint que le duc de Vicence, usant de la latitude que lui donnent les pouvoirs qui lui ont été expédiés de Troyes, ne mette trop d'empressement à signer le traité. Il lui fait écrire qu'un changement brillant est survenu dans nos affaires, que de nouveaux avantages se préparent, et que le plénipotentiaire de la France peut prendre au congrès une attitude moins humiliée.

Le maréchal Blücher, de sa personne, n'avait pas encore dépassé Champaubert; il était avec son arrière-garde aux Vertus, entre nous et Châlons. Le duc de Raguse reste chargé de le contenir, tandis que Napoléon va se mettre sur les traces des généraux Yorck et Sacken qui sont entre nous et la capitale.

C'était à qui seraient les premiers à Paris, des soldats de Blücher, et de ceux de Schwarzenberg. Les Prussiens s'efforçaient de prendre les devants sur tous; déjà le général Yorck voyait les clochers de Meaux. Le général russe Sacken, qui le soutenait, était

Le 10 au matin, le duc de Raguse passe les défilés de Saint-Gond sous les yeux de Napoléon, et enlève à l'ennemi le village de Baye. Dans l'après-midi, l'armée parvient au village de Champaubert, débouche sur la grande route de Châlons, et y bat à plate couture les colonnes que le général Alsufief (le même qui défendait Brienne) a ralliées trop tard contre nous. La déroute est telle que les forces de l'ennemi se séparent: les uns fuient du côté de Mont-à la Ferté. Deux marches encore, et mirail, et sont poursuivis par la cava-ils bivouaquaient au pied de Montlerie du général Nansouty; les autres fuient sur Etoges et Châlons, et sont poursuivis par le duc de Raguse.

Maître de Champaubert, Napoléon s'y loge dans une chaumière qui est sur

martre! Tout à coup les Prussiens s'arrêtent; les Russes les rappellent à grands cris; la nouvelle du combat de Champaubert leur est arrivée avec la rapidité de la foudre; et toutes ces

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