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XLIX

Cet écho qui se continue dans la postérité, et qu'on appelle encore improprement gloire, a été son moyen et son but. Qu'il en jouisse donc! Homme de bruit, qu'il retentisse à travers les siècles! Mais que ce bruit ne pervertisse pas la postérité et ne fausse pas le jugement du peuple. Cet homme, une des plus vastes créations de Dieu, s'est mis, avec plus de force qu'il ne fut donné à aucun homme d'en accumuler, sur la route des révolutions et des améliorations de l'esprit humain, comme pour arrêter les idées et faire rebrousser chemin aux vérités. Le temps l'a franchi; les idées et les vérités ont repris leur courant. On l'admire comme soldat, on le mesure comme souverain, le juge comme fondateur de peuples. Grand par l'action, petit par l'idée, nul par la vertu : voilà l'homme!

on

LIVRE DIXIÈME

Les Bourbons. - Louis XVIII. Sa vie à la cour de Louis XVI.

- Sa nature. Son esprit. Sa conduite pendant la Révolution. Sa fuite de Paris. Son séjour à Coblentz.- Traité de Pilnitz. - Manifeste des princes français. -Physionomie de la cour du comte de Provence dans l'émigration. Ses opinions. Son impopularité dans l'émigration. - Popularité de son frère, le comte d'Artois. - Lettre du comte de

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Provence à Louis XVI. Guerre contre la république. Le comte de Provence régent.

Ses intrigues en France et en Vendée. Son
Sa vie à Vérone. Il quitte

manifeste à la mort de Louis XVII.

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Vérone et se rend à l'arméé de Condé..

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- Il abandonne l'armée de Condé.

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Ses négociations avec Piche-
Ses aventures et sa vie en

- Il se retire à Mittau. Il est forcé de le quitter.

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Il est recueilli par le duc

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M. de Blacas. L'Angleterre et Louis XVIII

I

Pendant que Napoléon s'acheminait ainsi vers son premier exil, où nous aurons bientôt à le suivre, les princes de la maison de Bourbon se rapprochaient de Paris. Ils venaient occuper ou entourer ce trône que la guerre leur

rendait après l'avoir relevé pour un autre, et que la révolution et la contre-révolution, unanimes alors, allaient bientôt se disputer. La France ne connaissait d'eux que leur nom.

Avant de raconter leur avénement, leur essai de règne et leur seconde chute, disons de quels princes et de quelles princesses se composait alors cette famille royale, aussi proscrite depuis vingt ans du souvenir que du sol. Disons dans quel esprit ces membres de la famille souveraine rentraient dans le royaume de leurs pères, et dans quel esprit la France elle-même les contemplait et les saluait au retour.

II

La famille royale se composait de sept princes et de cinq princesses: le roi Louis XVIII, son frère le comte d'Artois; les deux fils de ce dernier prince, le duc d'Angoulême et le duc de Berri; le prince de Condé, le duc de Bourbon son fils, le duc d'Orléans.

Les princesses étaient la duchesse d'Angoulême, la duchesse d'Orléans, veuve de Philippe-Égalité; la duchesse d'Orléans, épouse de Louis-Philippe d'Orléans; mademoiselle d'Orléans, sœur de Louis-Philippe ; enfin la duchesse de Bourbon, plus les enfants de Louis-Philippe, duc d'Orléans, la princesse Louise et le duc de Chartres. Voilà ce que l'exil rendait à la patrie.

Il y avait dans ce retour au foyer commun de la vieille France, après tant d'années d'adversités et de deuil, après tant de mutilations du tronc royal et de ses branches par la

hache révolutionnaire ou par l'assassinat de Vincennes, dans cette tardive réparation des proscriptions, dans cet étonnement des palais retrouvant leurs premiers hôtes, dans ces joies des serviteurs revoyant leurs anciens maîtres, dans le bonheur inespéré de cette famille foulant enfin, au bruit des acclamations et des espérances publiques, ce sol qui avait dû si longtemps les dévorer; il y avait, dis-je, dans tout cela, une telle sympathie des cœurs même étrangers pour des infortunes imméritées et pour des réparations touchantes, une telle effusion de la sensibilité populaire s'associant à ces impressions royales, un tel attendrissement enfin dans l'air du pays, que cet attendrissement, ces étonnements, ces joies de famille semblaient, en quelque sorte, un esprit national, et que l'imagination du peuple paraissait participer aux adversités et aux félicités d'une famille. C'est la puissance de la nature, quand on la retrouve sous la politique; c'est le prestige des souvenirs, quand il se confond pour un instant avec les espérances; c'est le réveil des traditions dans les cœurs, quand ces traditions sont personnifiées dans des races rentrant des longs exils; c'est la pitié qui se venge; c'est le sacre populaire des restaurations. Elles n'ont que ces jours-là pour elles, mais ces jours sont beaux à la fois comme le passé et comme l'avenir. Le lendemain recommence leurs difficultés et leur périls, car on leur demande l'impossible, l'embrassement des idées et des intérêts qui se repoussent, ce qui fut et ce qui ne peut plus être, ce qui doit venir et ce qui est passé, le prestige et le réel, la mémoire et le temps. Mais n'anticipons pas sur cet avenir de la famille royale. On ne l'entrevoyait pas dans son retour. Il était précédé d'une immense faveur; c'était la puissance du sentiment.

III

Louis XVIII touchait à la soixantième année de sa vie, l'âge où l'esprit a toute sa maturité et où le corps ne perd rien encore de sa vigueur dans les fortes races. Il était frère de Louis XVI, ce Charles I de la France. Son père était le dauphin, fils de Louis XV, prince qui n'avait fait qu'entrevoir le trône et qui ne paraissait destiné à y porter que d'obscures vertus. Louis XVIII, avant le meurtre de son frère Louis XVI, portait le nom de comte de Provence. Il avait épousé jeune Joséphine de Savoie, fille de VictorEmmanuel III, roi de Sardaigne. Il n'avait jamais eu d'enfants. Il avait perdu sa femme pendant l'émigration. Ce prince, qui a joué avec un rare bonheur un des rôles les plus difficiles de l'histoire sur le trône, mérite d'être regardé. Son intelligence était à la hauteur des circonstances, si son caractère était inférieur à son œuvre. Il aurait fondé, s'il avait su maintenir. Étudions cette vie, elle explique ce règne.

IV

Le comte de Provence, solitaire et réservé à la cour de Louis XVI, son frère, s'était entouré d'une petite cour à part qui convenait à son caractère studieux, familier, un peu féminin. La virilité manquait à son âme comme à son

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