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lettre qui les contenait, et en envoya l'original au gouver nement. Un militaire aussi fortement prononcé ne pouvait plus balancer sur le parti qu'il avait adopté. On vit qu'on ne pouvait rien faire par séduction ou par surprise. Le plan n'était point de suivre une attaque régulière dans ce moment. Bientôt le prince d'Hohenlohe fila le long des frontières de la Lorraine, pour se réunir aux Prussiens qui allaient tenter l'invasion de la Champagne. 2 et 8 août 1792.

6. Quelques mois plus tard, Custine entra dans le Palatinat; mais, après y avoir demeuré pendant l'hiver, il cessa d'être heureux au printemps de 1793; le 2 avril, il se replia derrière les lignes de la Queich entre Landau et le Rhin. Obligé de se placer derrière celles de la Lauter, près de Weissembourg, il occupa toutes les positions qui pouvaient assurer la communication entre Landau et Weissembourg. Pendant ces divers mouvements, les Autrichiens passèrent le Rhin à Kelsch, près de Schwelzingen, avec les forces réunies sur les deux rives du Necker. Landau fut encore investie par le général Wurmser; il employa en vain encore une fois la force et la séduction pour s'emparer de cette ville. Le général Wurmser, ayant fait proposer au commandant français une entrevue, le général Gilot voulut bien y consentir, et fixa le lieu du rendez-vous. M. de Wurmser dé* clara au général Gilot que son corps d'armée, joint à celui des Prussiens, sous les ordres du prince d'Hohenlohe, pourrait à chaque moment entreprendre le siége de Landau, dont il n'était éloigné que d'une lieue et demie; mais qu'il serait fâché d'être cause de sa ruine et de celle de ses habitants; il lui rappela ce qu'il devait à son nouveau roi Louis XVII, et lui promit enfin de le recommander fortement à l'empereur d'Allemagne, s'il voulait être traitable, ajoutant qu'il ne serait pas difficile d'obtenir par la force ce que l'on ne pourrait gagner par la persuasion. Le général Gilot répondit que Landau lui ayant été confiée par la nation, il ne la rendrait qu'avec la vie. Les deux généraux prirent alors congé l'un de l'autre; un officier francais s'écria en se retirant: Notre géneral ne sera pas un Dumourier! Gilot, rentré dans Landau, renouvèle avec sa garnison le serment de s'ensevelir sous ses ruines, plutôt que de se rendre. Une seconde sommation, faite au commencement de mai, reçut

une semblable réponse; elle ne fit même qu'augmenter l'ardeur des troupes et leur confiance dans leur général. On en reconnut la force dans une circonstance critique- Un bataillon de volontaires voulait donner sa démission; Gilot les menaça seulement de faire connaître cette lâcheté à toute l'armée, ces volontaires reconnaissent alors leur erreur, et s'enflamment d'un nouveau zèle pour défendre la pátrie. Dans la journée du 17 mai, la garnison de Landau contint l'armée; prussienne sur Germersheim, tandis que Custine enlevait un corps de sept à huit mille hommes posté près de Rixheim. Le 12 août fut marqué par une nouvelle action. Le général Beauharnais, voulant faire parvenir à Landau un petit convoi, fit attaquer l'ennemi à la pointe du jour; une sortie de la garnison favorisa le mouvement, et facilita l'introduction du convoi. Landau, toujours disposée à faire la plus vive résistance, perdit son commandant. Le général Gilot fut appelé à un commandement actif dans l'armée du Rhin; il fut remplacé par le général Laubadère, qui ne mit pas moins d'activité dans sa défense.

Malgré le succès d'une forte sortie, les Prussiens commencèrent le bombardement de Landau sous les yeux du prince royal. Le 29 octobre, l'arsenal fut incendié; le magasin à poudre, près de la porte de France, sauta, et causa la destruction d'une partie de la courtine et des maisons environnant l'hôtel-de-ville. Ce désastre ne put déterminer le général Laubadère à se rendre; il renvoya au général Knobelsdorff la sommation qui lui avait été faite. Les Prussiens cessèrent leur feu le premier novembre pour se porter vers Anweiller, pour maintenir leurs communications entre l'Alsace et l'ancienne Lorraine allemande. Vingt-cinq mille bombes furent jetées sur cette ville infortunée; un particulier travaillait à éteindre l'incendie de l'arsenal au moment où l'on vint lui apprendre que le feu venait d'être mis à sa maison par une bombe : Ma maison, répond il, n'est qu'une propriété particulière; je me dois tout entier à la patrie, je ne quitterai point mon poste; et il continue de travailler. Que ne pouvait-on pas oser, quand on se trouvait commander à de tels hommes! Les privations les plus dures ne les effrayaient pas davantage. Lorsque Hoche débloqua Landau, on y vivait, depuis trois semaines, de viande de cheval, de chats et d'herbages; le pain de munition s'y vendait quatorze francs la livre. Au moment de leur

délivrance, on témoignait à quelques officiers combien leur conduite était étonnante. Eh! qu'y a-t-il d'étonnant à faire son devoir, répondent-ils avec vivacité? La Convention récompensa les militaires par des grades, des louanges et des lauriers; ils furent satisfaits de recevoir la monnaie seule convenable à leur valeur. Mais, en donnant aux habitants de Landau une part bien méritée dans les éloges, on n'eût pas réparé les maux que leur avaient causé les bombes ennemies. La convention fut juste envers eux, en ordonnant qu'ils seraient indemnisés par le trésor public des pertes qu'ils avaient éprouvées; c'était tout à la fois récompenser le dévouement et exciter la valeur.

Hoche, commandant de l'armée de Rhin et Moselle, fit une première tentative sur Kayserlautern pour débloquer Landau. Elle ne réussit pas; mais bientôt il entreprit une nouvelle attaque. Après avoir mis le plus grand ordre dans l'armée, et pourvu à la défense de la Meurthe, de la Moselle et de la Sarre, par des travaux considérables, Hoche se transporta, à la tête de trois divisions de l'armée de la Moselle, en Alsace, où les affaires allaient assez mal. Le lendemain de son arrivée, il attaque les Autrichiens, postés sur des hauteurs considérables devant Haguenau, et retranchés fortement; leurs redoutes et leurs retranchements sont enlevés, seize pièces de canon prises. Hoche poursuit au pas de charge les Impériaux jusqu'à Werdt, où ils se rallient. Décidé de terminer la journée par une nouvelle victoire, Hoche fait attaquer, après avoir laissé seulement un moment de repos à ses troupes. Les Autrichiens, ayant reçu des renforts, et occupant des positions avantageuses, tinrent un peu. L'avant-garde française passe les ravins; un combat terrible commence; rien ne résiste à la valeur des troupes, ils s'emparent des canons, des sacs, des fusils des Autrichiens. Cette importante journée fit évacuer le poste de Stembach, qu'aucunes forces militaires n'auraient peutêtre pu emporter. On poursuit les Impériaux jusqu'à Sultz; ils s'y rallient en force, attendent Hoche sur un superbe plateau au pied est un marais. Le 23 décembre à midi, les tambours battent la charge. Après un feu à demi-portée durant trois quarts d'heure, les baïonnettes se croisent; il fallait cependant céder au nombre, lorsque Hoche apperçoit deux bataillons, sortant d'un bois, qui accouraient au bruit du canon. L'armée prussienne avançait en bon ordre; les

Républicains tenaient encore. Hoche ordonne aux bataillons qui venaient prendre part au combat de marcher sur le flanc de Wurmser; ils s'avançent, et font éprouver une telle perte aux Autrichiens, que ceux-ci se sauvent, et vont se rallier sur les hauteurs de Weissembourg. Déjà deux fois Hoche avait été victorieux, mais un nouveau combat est encore nécessaire; il était peu encouragé, en voyant l'armée du Rhin venir lentement à son secours. On augmente sa responsabilité et ses embarras en lui donnant momentanément le commandement des deux armées. Pendant le soir et la nuit du 25 au 26 décembre, Hoche donne ordre à trente-cinq mille hommes de se joindre dans la plaine en ayant des lignes de Weissembourg, fait marcher trois autres divisions de l'armée de la Moselle sur Kayserlautern, Kousel, et dans les gorges de Ham et d'Anweiller; et deux de celles du Rhin sur Lauterbourg. Les mouvements ordonnés s'exécutent avec une grande précision; les Autrichiens sont étonnés d'être attaqués au moment où ils comptaient surprendre les Français. Ceux-ci avançaient toujours en ordre; toujours l'ennemi reculait et manoeuvrait. Il fut repoussé jusqu'au camp de Guttemberg. Parvenus sur cette hauteur, les Autrichiens y placèrent sept batteries; ce fut une faute considérable, car, resserrés dans un petit espace, ils se trouvèrent placés au centre d'un demi-cercle, dont Hoche fit prendre la forme à son armée : alors le feu convergent de l'artillerie légère et de la mousqueterie dut faire un horrible carnage sur leur masse. Arrivés au bas de BergGuit est une enceinte de ravins, de haies et de fossés; il fallait franchir ce pas sous le feu le plus vif. La charge! s'écrie-t-on; les bataillons français s'élancent. Les Antrichiens, connaissant leur valeur, n'osèrent les attendre; ils se replièrent encore dans un désordre complet, laissant en leur puissance canons et équipages. Le lendemain Lauterbourg est emporté; on y prit treize canons et des magasins immenses de fourrages et de munitions. Depuis ce jour, il ne se passa que quelques affaires de postes; Landau fut libre, et l'armée française se porta en avant de Worms. Tout était dû à Hoche dans cette journée; cependant Pichegru osa donner ce déblocus comme son ouvrage : on eut l'impudeur de répandre une perfide obscurité sur des faits qui avaient pour témoins l'Alsace sauvée et les milliers de soldats de l'armée de la Moselle. Maintenant que le temps a

fait taire toutes les passions et les intérêts personnels, Hoche jouit seul d'une gloire qui lui est propre, et les lignes de Weissenbourg sont les témoins des rares talents d'un homme qui, sorti des derniers rangs de la milice, sut obtenir par son génie les premiers grades militaires, et se montrer digne par sa conduite de commander, jeune encore, à des armées. Les traits de courage se multiplièrent dans ces belles journées; on voulut distribuer le pain aux soldats en marchant vers Landau : Nous n'en voulons, s'écrièrent-ils, qu'au moment où nous y serons arrivés. L'ordre le plus parfait régna lors de l'entrée des troupes de Hoche; ils y furent accueillies comme des libérateurs. 2. avril au 26 décembre 1793.

LANDRECIES (sièges de). 1. L'empereur Charles-Quint vint en 1543, à la tête de cinquante mille hommes, mettre le siége devant Landrecies, ville du Hainaut français. Cette place, médiocrement fortifiée, est bâtie sur la Sambre, dans une plaine basse et très-unie; un fossé rempli d'eau, et quelques ouvrages formaient sa seule défense; mais elle comptait dans son enceinte trois mille fantassins aguerris, et deux cents cavaliers d'élite, encouragés par les exemples et l'intrépidité de leur commandant Lalande. Envain Charles-Quint crut-il attirer les Français dans une affaire importante, il ne put jamais y parvenir; jamais, malgré les efforts qu'il fit, malgré les moyens qu'il employa, il ne lui fut possible de les attirer à une action décisive. Les Français surent bien secourir Landrecies sans déployer autant et d'aussi grands moyens. Brissac réussit à jeter du secours dans la place, et fait sa retraite en plein jour, avec tant de précaution, d'adresse et de valeur, qu'enveloppé trois fois, il ne perd pas un seul homme. François Ier, le voyant revenir tout couvert de sueur et de poussière, lui verse lui-même à boire, et le comble de louanges sur le succès de son entreprise. Martin du Bellay, chargé une seconde fois de ravitailler la place, est averti, chemin, qu'il est attendu par douze cents chevaux ennemis. Quoique son escorte soit extrêmement inférieure, il ne juge pas à propos de reculer; il ordonne seulement aux paysans qui mènent le convoi de monter à cheval sur leurs sacs de farine, et de marcher en bataille. Cette ruse Tome IV.

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