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et de Pologne. Elles sont remplacées à l'armée d'Espagne par les cinq divisions de réserve.

Aujourd'hui, 7, à midi, l'empereur est arrivé à Nogent. Tout est en mouvement pour manœuvrer.

L'exaspération des habitans est à son comble.

L'ennemi

commet partout les plus horribles vexations. Toutes les mesures sont prises pour qu'au premier mouvement rétrograde il soit enveloppé de tous côtés. Des millions de bras n'attendent que ce moment pour se lever. La terre sacrée que l'ennemi a violée, sera pour lui une terre de feu qui le dévorera.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes sur la situation des armées au 12 Février:

Le 10, l'empereur avait sou quartier-général à Sezanne. Le duc de Tarente était à Meaux, ayant fait couper les ponts de Laferté et de Tréport.

Le général Sacken et le général Yorck étaient à la Ferté; le général Blucher à Vertus, et le général Alsuffiew à ChampAubert. L'armée de Silésie ne se trouvait plus qu'à trois marches de Paris. Cette armée, sous le commandement en chef du général Blucher, se composait des corps de Sacken et de Langeron, formant 60 régimens d'infanterie russe, et de l'élite de l'armée prussienne.

Le 10, à la pointe du jour, l'empereur se porta sur les hauteurs de Saint-Prix pour couper en deux l'armée du général Blucher. A 10 heures, le duc de Raguse passa les étangs de Saint-Gond et attaqua le village de Baye. Le 9e corps russe, sous le commandement du général Alsuffiew et fort de 12 régimens, se déploya et présenta une batterie de 24 pièces de canon. Les divisions Lagrange et Ricart avec la cavalerie du 1er corps, tournèrent les positions de l'ennemi par sa droite. A une heure après midi nous fûmes maîtres du village de Baye.

A 2 heures, la garde impériale se déploya dans les belles plaines qui sont entre Baye et Champ-Aubert. L'ennemi se reployait et exécutait sa retraite. L'empereur ordonna au général Girardin de prendre avec deux escadrons de la garde de service, la tête du 1er corps de cavalerie, et de tourner l'ennemi afin de lui couper le chemin de Châlons. L'ennemi, qui s'ap perçut de ce mouvement, se mit en désordre. Le duc de Raguse fit enlever le village de Champ-Aubert. Au même instant, les cuirassiers chargèrent à la droite et acculèrent les Russes à un bois et à un lac entre la route d'Epernay et celle de Châlons. L'ennemi avait peu de cavalerie; se voyant sans retraite, ses masses se mêlèrent. Artillerie, infanterie, cavalerie, tout s'enfuit pêle-mêle dans les bois; 2000 hommes se noyèrent dans le lac. Trente pièces de canon et 200 voitures furent prises. Le général en chef, les généraux, les colonels, plus de 100 officiers

et 4000 hommes furent faits prisonniers. Ce corps de deux divisions et 12 régimens devait présenter une force de 18,000 nommes; mais les maladies, les longues marches, les combats l'avaient réduit à 8000 hommes: 1500 à peine sont parvenus à s'échapper à la faveur des bois et de l'obscurité. Le général Blucher était resté à son quartier-général de Vertus, où il a été témoin des désastres de cette partie de son armée sans pouvoir y porter remède. Aucun homme de la garde n'a été engagé à l'exception de deux des quatre escadrous de service, qui se sont vaillamment comportés. Les cuirassiers du 1er corps de cavalerie ont montré la plus rare intrépidité.

A huit heures du soir, le général Nansouty ayant débouché sur la chaussée, se porta sur Montmirail avec les divisions de cavalerie de la garde des généraux Colbert et Laferrière, s'empara de la ville et de 600 Cosaques qui l'occupaient.

Le 11, à cinq heures du matin, la division de cavalerie du général Guyot se porta également sur Montmirail. Différentes divisions d'infanterie furent retardées dans leur mouvement par la nécessité d'attendre leur artillerie, Les chemins de Sézanne à Champ-Aubert sout affreux. Notre artillerie n'a pu s'en tirer que par la constance des canonniers et qu'au moyen des secours fournis avec empressement par les habitans, qui ont amené leurs chevaux.

Le combat de Champ-Aubert, où une partie de l'armée russe a été détruite, ne nous a pas coûté plus de 200 hommes tués ou blessés. Le général de division comte Lagrange est du nombre de ces derniers; il a été légèrement blessé à la tête.

L'empereur arriva le 11, à dix heures du matin, à une demilieue en avant de Montmirail. Le général Nansouty était en position avec la cavalerie de la garde, et contenait l'armée de Sacken, qui commençait à se présenter. Instruit du désastre d'une partie de l'armée russe, ce général avait quitté La Fertésous-Jouarre le 10, à neuf heures du soir, et marché toute la nuit. Le général Yorck avait également quitté Château-Thierry. A onze heures du matin, le 11, il commençait à se former, et tout présageait la bataille de Montmiral, dont l'issue était d'une si haute importance. Le duc de Raguse, avec son corps et le 1er corps de cavalerie, avait porté son quartier-général à Etoges, sur la route de Châlons.

La division Ricart et la vieille garde arrivèrent sur les 10 heures du matin. L'empereur ordonna au prince de la Moskowa de garnir le village de Marchais, par où l'ennemi paraissait vouloir déboucher. Ce village fut défendu par la brave division du général Ricart avec une rare constance; il fut pris et repris plusieurs fois dans la journée.

A midi, l'empereur ordonna au général Nanscuty de se porter sur la droite, coupant la route de Château-Thiery, et forma les 16 bataillons de la 1re division de la vieille garde sous le LLLL

TOME V.

commandement du général Friant en une seule colonne le long de la route, chaque colonne de bataillon étant éloignée de 100 pas.

Pendant ce tems, nos batteries d'artillerie arrivaient successivement. A 3 heures, le duc de Trévise avec les 16 bataillons de la 2e division de la vieille garde, qui étaient partis le matin de Sézanne, déboucha sur Montmirail.

L'empereur avait voulu attendre l'arrivée des autres divisions; mais la nuit approchait. Il ordonna au général Friant de marcher avec 4 bataillons de la vieille garde, dont 2 du 2e régiment de gendarmerie et 2 du 2e régiment de chasseurs, sur la ferme de l'Epine-aux-Bois, qui était la clef de la position, et de l'enlever. Le duc de Trévise se porta avec 6 bataillons de la 2e division de la vieille garde sur la droite de l'attaque du général Friant.

De la position de la ferme de l'Epine-aux-Bois dépendait le succès de la journée. L'ennemi le sentait. Il y avait placé 40 pièces de canon; il y avait garni les haies d'un triple rang de tirailleurs et formé en arrière des masses d'infanterie.

Cependant, pour rendre cette attaque plus facile, l'empereur ordonna au général Nansouty de s'étendre sur la droite, ce qui donna à l'ennemi l'inquiétude d'être coupé et le força de dégarnir une partie de son centre pour soutenir sa droite. Au même moment, il ordonna au général Ricart de céder une partie du village de Marchais, ce qui porta aussi l'ennemi à dégarnir son centre pour renforcer cette attaque, dans la réussite de laquelle il supposait qu'était le gain de la bataille.

Aussitôt que le général Friaut eut commencé son mouvement et que l'ennemi eut dégarni son centre pour profiter de l'apparence d'un succès qu'il croyait réel, le général Friant s'élança sur la ferme de la Haute-Epine avec les quatre bataillons de la vieille garde. Ils abordèrent l'ennemi au pas de course, et firent sur lui l'effet de la tête de Méduse. Le prince de la Moskowa marchait le premier, et leur montrait le chemin de l'honneur. Les tirailleurs se retirèrent épouvantés sur les masses, qui furent attaquées. L'artillerie ne put plus jouer, la fusillade devint alors effroyable, et le succès était balancé; mais au même moment, le général Guyot, à la tête du 1er de lanciers, des vieux dragons et des vieux grenadiers de la garde impériale, qui défilaient sur la grande route au grand trot et aux cris de Vive l'Empereur, passa à la droite de la Haute-Epine. Ils se jettèrent sur les derrières des masses d'infanterie, les rompirent, les mirent en désordre, et tuèrent tout ce qui ne fut pas fait prisonnier. Le duc de Trévise avec six bataillons de la division du général Michel, secondait alors l'attaque de la vieille garde, arrivait au bois, enlevait le village de Fontenelle, et prenait tout un parc ennemi.

La division des gardes d'honneur défila après la vieille garde

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sur la grande route, et arrivée à la hauteur de l'Epine-aux-Bois, fit un à gauche pour enlever ce qui s'était avancé sur le village de Marchais, Le général Bertrand, grand maréchal du palais, et le maréchal duc de Dantzick, à la tête de deux bataillons de la vieille garde, marchèrent en avant sur le village et le mirent entre deux feux. Tout ce qui s'y trouvait fut pris

ou tué.

En moins d'un quart-d'heure, un profond silence succéda au bruit du canon et d'une épouvantable fusillade. L'ennemi ne chercha plus son salut que dans la fuite. Généraux, officiers, soldats, infanterie, cavalerie, artillerie, tout s'enfuit pêle-mêle,

A huit heures du soir, la nuit étant obscure, il fallut prendre position. L'empereur prit son quartier-général à la ferme de Ï'Epine-aux-Bois.

Le général Michel de la garde a été blessé d'une balle au bras. Notre perte s'élève au plus à 1000 hommes tués qu blessés Celle de l'ennemi est au moins de 8000 hommes tués ou prison uiers, on lui a pris beaucoup de canons et six drapeaux. Cette mémorable journée, qui confond l'orgueil et la jactance de l'ennemi, a anéanti l'élite de l'armée russe. Le quart de notre armée n'a pas été engagé.

Le lendemain, 12, à 9 heures du matin, le duc de Trévise suivit l'ennemi sur la route de Château-Thierry. L'empereur, avec deux divisions de cavalerie de la garde et quelques bataillons, se rendit à Vieuxmaisons, et de là prit la route qui va droit à Château-Thierry. L'ennemi soutenait sa retraite avec 8 bataillons qui étaient arrivés tard la veille et qui n'avaient pas donné. Il les appuyait de quelques escadrons et de 3 pièces de canon. Arrivé au petit village des Cacquerets, il parut vouloir défendre la position qui est derrière le ruisseau et couvrir le chemin de Château-Thierry. Une compagnie de la vieille garde se porta sur la petite Noue, culbuta les tirailleurs de l'ennemi, qui fut poursuivi jusqu'à sa dernière position. Six bataillons de la vieille garde à toute distance de déploiement occupaient la plaine, à cheval sur la grande route. Le général Nansouty, avec les divisions de cavalerie des généraux Laferrière et Defrance, eut ordre de faire un mouvement à droite et de se porter entre Château-Thierry et l'arrière-garde ennemie. Ce mouve ment fut exécuté avec autant d'habileté que d'intrépidité. La cavalerie ennemie se porta de tous les points sur sa gauche pour s'opposer à la cavalerie française; elle fut culbutée et forcée de disparaître du champ de bataille, Le brave général Letort, avec les dragons de la seconde division de la garde, après avoir repoussé la cavalerie de l'ennemi, s'élança sur les flanes et les derrières de huit masses d'infanterie qui formaient l'arrière-garde engemie. Cette division brûlait d'égaler ce que les chevaulégers, les dragons et les grenadiers à cheval du général Guyot avaient fait la veille. Elle enveloppa de tous côtés ces masses,

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et en fit un horrible carnage. Les trois pièces de canon, le général russe Freudenreich qui commandait cette arrière-garde, ont été pris. Tout ce qui composait ses bataillons a été tué ou fait prisonnier. Le nombre des prisonniers faits dans cette brillante affaire s'élève à plus de deux mille. Le colonel Curely du 10e de hussards, s'est fait remarquer. Nous arrivâmes alors sur les hauteurs de Château-Thierry, d'où nous vimes les restes de cette armée fuyant dans le plus grand désordre, et gagnant en toute hâte ses ponts. Les grandes routes leur étaient coupées; ils cherchèrent leur salut sur la rive droite de la Marne, Le prince Guillaume de Prusse, qui était resté à ChâteauThierry avec une réserve de 2000 hommes, s'avança à la tête des faubourgs pour protéger la fuite de cette masse désorganisée, Deux bataillons de la garde arrivèrent alors au pas de course. A leur aspect, le faubourg et la rive gauche furent nettoyés ; l'ennemi brûla ses ponts, et démasqua sur la rive droite une batterie de 12 pièces de canon: 500 hommes de la réserve du prince Guillaume ont été pris.

Le 12 au soir, l'empereur a pris son quartier-général au petit château de Nesle.

Le 13, dès la pointe du jour, on s'est occupé à réparer les ponts de Château-Thierry.

L'ennemi ne pouvant se retirer ni sur la route d'Epernay, qui lui était coupée, ni sur celle qui passe par la ville de Soissons, que nous occupons, a pris la traverse dans la direction de Reims. Les habitans assurent que de toute cette armée, il n'est pas passé à Château-Thierry dix mille hommes, dans le plus grand désordre. Peu de jours auparavant, ils l'avaient vue florissante et pleine de jactance. Le général d'Yorck disait que dix obusiers suffiraient pour se rendre maître de Paris. En allant, ces troupes ne parlaient que de Paris; en revenaut, c'est la paix qu'elles invoquaient.

On ne peut se faire une idée des excès auxquels se livrent les Cosaques; il n'est pas de vexations, de cruautés, de crimes que ces barbares n'aient commis. Les paysans les poursuivent, les traquent dans les bois comme des bêtes féroces, s'en saisissent et les mènent partout où il y a des troupes françaises. Hier, ils en ont conduit plus de trois cents à Vieuxmaisons. Tous ceux qui se sont cachés dans les bois pour échapper aux vainqueurs tombent dans leurs mains, et augmentent à chaque instant le nombre des prisonniers.

Sa Majesté l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de l'armée au 15 Février au matin :

Le 13, à trois heures après midi, le pont de Château-Thierry fut raccommodé. Le duc de Trévise passa la Marne, et se mit à la suite de l'ennemi, qui, dans une épouvantable désordre

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