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rayon de Cracovie. Les Polonais, loin de suivre le conseil sage et bienveillant qui leur avait été donné, firent tout le contraire. Ce n'est qu'après avoir été barcelés inutilement et après avoir perdu plusieurs milliers d'hommes, qu'ils se rangèrent enfin derrière la ligne autrichienne, en continuant cependant toujours d'exciter l'attention des Russes par d'inutiles provocations. Les Russes semblent dès lors avoir pris le parti de déloger le corps polonais, placé dans leur flanc et dans leur dos. Cette supposition très-naturelle en elle-même, a acquis plus d'évidence par les mouvemens et les rassemblemens de leurs troupes. L'empereur, décidé à ne pas sacrifier inutilement du monde pour la conservation d'un rayon entièrement épuisé et n'offrant plus aucune ressource aux troupes qui de vaient être approvisionnées de tout par des provinces autri chiennes, a transmis l'instruction éventuelle ci-jointe au général Frimont. Le général n'a pas encore été dans le cas d'en faire usage, la dénonciation de l'armistice n'ayant pas eu lieu de la part des Russes.

La retraite des Polonais sur le territoire autrichien offre de toute manière les plus désagréables complications. Elle ne peut s'effectuer que sur le point le plus embarrassant pour les subsistances de la troupe; la partie de la Gallicie, à la hauteur de Cracovie, n'est qu'une gorge étroite entre les Carpathes et Ja Silésie. Il se trouve sur ce point des troupes du corps d'armée du prince de Reuss, et déjà le corps du général Frimont est trop nombreux pour pouvoir y vivre conjointement avec elles, sans s'affamer réciproquement. L'empereur ne saurait d'un autre côté, et dans aucun cas, permettre aux Polonais de séjourner dans ses états; mais il se prête à une exception au principe invariablement et si heureusement soutenu jusqu'à présent, de ne pas permettre qu'une troupe étrangère touche et traverse son territoire, trouvant que cette chance offrirait moins d'inconvéniens encore que celle du séjour d'une troupe, à laquelle il rend complettement justice sous le point de vue militaire, mais qui, en toute occasion, s'exprime et se conduit plus en ennemi vis-à-vis de l'Autriche que vis-à-vis des Russes mêmes.

Une convention pour le passage des Polonais et des faibles restes du corps saxon de Gablenz vient d'être conclue avec le général Watzdorff. L'ambassadeur a l'honneur de la joindre ici; il se fatte que S. Ex. y trouvera la conviction que l'Autriche a usé, dans cette circonstance, de toute la délicatesse possible envers les généraux et les troupes en question. Comme au corps de Gablentz se trouvent joints les restes d'un bataillon français, l'empereur a cru devoir donner une marque particulière d'attention à cette troupe, en ordonnant explicitemect que le commandant du bataillon conservât également une compagnie sous Jes armes...

S. M. I. regarde le moment présent comme celui qui devra décider du sort de l'Europe, en décidant de celui des puissances intermédiaires. Ni la France, ni la Russie n'ont des risques à courir; leur querelle ne peut être terminée que par uu accord si désirable entre les grandes puissances, ou bien entraîner dans un abyme, difficile à mesurer, l'Autriche et d'autres états utiles à la propre existence des deux cours de France et de Russie. L'empereur d'Autriche restera fidèle à sou caractère; il ne bornera pas ses démarches en faveur de la cause qu'il croit devoir plaider, celle de la paix, à de simples paroles; et si des exagérations possibles dans les vues des cabinets coalisés devaient prévaloir sur la raison et la modération que ne cessera de professer S. M. I.; elle mettra, sans hésiter, une imposante force dans la balance de la puissance, qu'elle regarde, abstraction faite des complications immenses du moment, comme son alliée la plus naturelle.

S. M. doit attendre les premières explications qui auront lieu entre son ambassadeur et le ministre français sur des bases générales, avant de pouvoir proposer un armistice. Cette démarche n'offrait, dans la position actuelle des choses, et sans être accompagnés d'explications quelconques, que des compromissions d'autant plus gratuites pour l'Autriche et pour la France, que les alliés prendraient pareille demande pour une simple preuve de faiblesse, et que, comme telle, loin de servir à S. M. l'empereur des Français, elle placerait, à pure perte, son attitude et celle de l'Autriche dans un jour entièrement faux, en rehaussant prodigieusement aux yeux des peuples de l'Europe, celle des puissances coalisées.

L'ambassadeur croit devoir ajouter ici, qu'au moment où ses dépêches furent rédigées à Vienne, le ministre de S. M. n'avait pas encore reçu celles qu'il lui a adressées depuis son retour à Paris, et qui renferment le développement des idées de S. M. l'empereur des Français sur cet objet.

L'ambassadeur ne doit pas manquer d'observer, de nouveau, combien la situation très-particulière, où les circonstances actuelles placent l'empereur vis-à-vis de ses propres peuples, réclame l'attention de son auguste allié et combien elle mérite positivement d'être admise dans ses calculs. La nation autrichienne, fatiguée par tant d'années de calamités, n'avait qu'un seul vœu, celui du repos, qui permit au gouvernement de guérir les maux passés, de rétablir l'ordre dans les finances, et de faire revivre l'ancien état de prospérité, dont, depuis long-tems, le peuple avait cessé de jouir. L'alliance avec la France devait réaliser toutes les espérances, et ce n'est que sous ce point de vue, qu'après une longue série de souffrances, ce nouvel ordre de choses pouvait devenir populaire. Cependant la guerre du nord éclata; la part que l'empereur y prit imposa des sacrifices inattendus à ses sujets; ils furent portés;

mais on vit avec peine que les suites du nouveau système politique ne se faisaient pas encore sentir d'une manière aussi bienfaisante que les besoins de la nation l'exigeaient.

Les événemens de la dernière campagne ont trompé tous les calculs. L'empereur n'ayant pas cru devoir prendre part à cette guerre que partiellement, voit subitement une immense étendue de ses frontières menacées; malgré les grands embarras de l'état actuel des finances les circonstances exigent impérieusement que des forces considérables soient activées; l'empereur est forcé d'avoir recours à ses peuples; au lieu du repos qu'on leur promettait comme l'unique fruit du nouvel ordre politique, tout leur présage une guerre générale. Dans cet ordre de choses, il ne reste qu'un moyen à l'empereur, c'est de ménager la bonne volonté de la nation, comme la base la plus précieuse de ses ressources. Pour y arriver, il n'y a qu'une manière, c'est de déclarer, qu'il arme uniquement pour obtenir une paix prompte et solide,

No. 14.

Note remise le 21 Avril à M. le comte de Metternich par l'ambassadeur de France.

L'ambassadeur de S. M. l'empereur des Français, roi d'Italie, a eu l'honneur de donner à S. Ex. M. le comte de Metternich, ministre d'état des affaires étrangères, communication de la dépêche de M. le duc de Bassano du 11 Avril. Cette dépèche en annonçant que S. M. l'empereur serait probablement à Mayence, où des nouvelles postérieures apprennent qu'il est arrivé le 16, contient textuellement le passage que le soussigné va mettre sous les yeux de S. Ex.

"Sa Majesté a dit au prince de Schwarzenberg, à qui je l'ai répété qu'aussitôt qu'elle sera arrivée à son premier quartiergénéral en Allemagne, elle enverra au général Frimont, par un courrier qui passera par Prague, l'ordre de dénoncer l'armistice; vous devez en prévenir M. de Metternich et vous expliquer, à cet égard, sans détour avec lui, afin que vous vous assuriez positivement que les ordres de S. M. seront exé. cutés sans discussions. Il sera bon aussi que M. de Metternich avertisse M. le général de Frimont, afin d'ôter toute possibilité à un mal-entendu dont les conséquences seraient trèsfâcheuses."

Dans un autre paragraphe, il dit: "Il est très-probable que l'ordre de dénoncer l'armistice sera envoyé pas S. M., du 22 au 25. Il devient de la plus haute importance que le général Frimont y défère ponctuellement."

Le soussigné, en faisant part à S. Ex. M. le comte de Metternich des intentions de S. M., ne croyait pas pouvoir douter que la réponse qu'il recevrait ne fût un acquiescement plein et

entier à des intentions si strictement conformes au dernier traité de Paris.

C'est donc avec autant de surprise que de peine que, le lendemain de cette communication, il a appris, de la bouche même.de M. le com'e de Metternich, que le corps auxiliaire sous les ordres du général Frimont ne se permettrait aucune hostilité contre les Russes, dans le cas où, avec une troupe quelconque, il se croirait assez fort pour l'attaquer, et que déjà, sans attendre le terme de 15 jours stipulé par l'armistice, et sans savoir, par conséquent, s'il serait ou non attaqué, le général Frimont était en pleine marche pour effectuer sa retraite.

Le soussigné était d'autant plus fondé à croire, qu'au moins le terme de 15 jours serait observé, que, lorsque S. Ex. M. le comte de Metternich s'était décidé, le 16 du courant, à donner des ordres à M. de Lebzeltern, pour demander la révocation de la dénonciation de l'armistice qui avait eu lieu le 12, il avait été calculé que la réponse portée directeinent au général Frimont, pouvait lui arriver avant qu'il eût effectué son mouvement, et que des ordres lui seraient expédiés à ce sujet; il est aisé de voir que, si cet arrangement avait été rempli, les ordres de S. M. l'empereur de France, qui doivent être expédiés d'Erfurth le 20, seraient facilement parvenus au commandement du corps auxiliaire avant l'expiration des 15 jours.

Le soussigné est donc fondé à croire que ces ordres n'eussent sûrement pas été exécutés, puisque c'est toute espèce d'hostilités que l'Autriche veut éviter.

Sans doute, S. M. l'empereur des Français verra avec une extrême satisfaction que les vœux de l'Autriche pour la paix soient remplis et qu'elle réunisse tous ses moyens et tous ses ef

pour la procurer à l'Europe, mais il n'a jamais entendu ni pu entendre que ce vœu pour la paix annullât un traité subsistant.

Ce traité stipule un corps auxiliaire; ce corps auxiliaire doit être aux ordres de S. M. l'empereur; s'il n'obeit pas, que n'a-ton pas le droit d'en inférer ?

Le soussigné, dont la première instruction est de tout faire pour entretenir la bonne intelligence entre les deux empires, et de prouver, en toute occasion, les sentimens qui animent l'empereur son maître pour S. M. l'empereur d'Autriche, croit que le meilleur moyen de remplir un devoir aussi sacré, est de maintenir de son mieux les traités si heureusement subsistans entre Leurs Majestés.

Il invoque donc celui de Paris, pour que S. Ex. M. le comte de Metternich veuille bien faire donner sur-le-champ des ordres au général Frimont, d'employer tous ses moyens pour conserver la position que lui assignait l'armistice, et qu'il y attende les ordres qu'il plaira à S. M. l'empereur de France de lui faire parvenir.

Vienne, ce 21 Avril, 1813. (Signé) L. NARBONNE.

N°. 15.

Note remise le 26 Avril, 1813, par M. le comte de Metternich, à M. le comte de Narbonne.

Le soussigné ministre d'état des affaires étrangères a soumis à l'empereur la note que M. l'ambassadeur de France lui a fait l'honneur de lui adresser en date du 21 de ce mois. Il a l'ordre de faire à S. Ex. la réponse suivante :

Rien ne tient plus à cœur à l'empereur que la conservation des rapports d'amitié et de la meilleure intelligence avec S. M. l'empereur des Français. S. M. impériale a fourni, dans les momens de crise les plus éminens, trop de preuves de ce sentiment, pour ne pas s'en rapporter simplement aux faits.

Dans le même tems que l'Autriche faisait des ouvertures formelles de paix auprès de plusieurs cours séparées l'une de l'autre par de grandes distances, qu'elle entrait en pourparlers sur les questions les plus compliquées qui, peut-être, se soient jamais offertes en politique, les événemens de la guerre et les préparatifs militaires n'en recevaient pas moins chaque jour de nouveaux développemens. D'immenses armées vont se trouver en présence. Les vœux de l'Autriche en faveur de la paix, loin de s'affaiblir, à l'approche d'une grande et nouvelle crise, n'ont pu que se prononcer d'une manière plus décidée.

L'empereur n'eût voulu que bien faiblement cette paix, dont la nécessité est si universellement.sentie, s'il n'eût pensé et agi ainsi qu'il le fait. C'est donc avec une grande satisfaction que S. M. I. s'est convaincue non-seulement par la communication que S. Ex. M. l'ambassadeur de France a faite du contenu des dépêches de S. Ex. M. le duc de Bassano, mais aussi par les rapports de M. le prince de Schwarzenberg, que, par le déve loppement de nouveaux moyens, elle a rencontré les intentions de S. M. l'empereur des Français.

La communication faite par M. le comte de Narbonne en forme de note verbale et sous la date du 7 Avril, renfermait ce qui suit; :

Après avoir mis en opposition avec les intentions pacifiques de la France les apparences de sentimens très-différens de la part, de la Russie, S. Ex. M. l'ambassadeur dit:

"Dans cette circonstance, l'Autriche qui s'est mise en avant pour la paix et qui la désire si vivement, doit prendre, pour tendre à ce but, une couleur prononcée, insister sur l'ouverture immédiate d'une négociation, et entrer dans la lutte comme partie principale. Dans les premiers jours de Mai, lorsque l'empereur des Français sera de sa personne sur la rive droite de l'Elbe avec 300,000 hommes, l'Autriche pourrait renforcer l'armée de Cracovie et la porter, avec les troupes du prince Poniatowski, à plus de 150,000 hommes; ces mouvemens ayant lieu en Avril, l'armée se concentrant, se mettrait sur une position défensive,

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