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la guerre, le général Déjean, des cultes, Portalis, de la police, Fouché, de Maret, secrétaire d'Etat, et de Marescalchi, ministre des relations extérieures de la république italienne. Les généraux grands officiers, Junot, Baraguay-d'Hilliers, Songis, Marescot et le vice-amiral Bruix, les suivaient immédiatement.

Une salve de cent et un coups de canon annonça l'instant où le cortége impérial déboucha sur le parvis de Notre-Dame. Les cardinaux Cambacérès et de Belloy attendaient leurs majestés sur le portail de l'église; ils leur présentèrent l'eau bénite, suivant le cérémonial du sacre des anciens rois, et les conduisirent lentement près de l'autel, où deux fauteuils se trouvaient placés sous un dais.

Au moment où les cris de vive l'empereur, mille fois répétés par la foule enthousiaste annoncèrent Napoléon à l'entrée de Notre-Dame, le pape, assis devant son prie-Dieu, quitta sa place, se rendit à l'autel et entonna le veni creator. Leurs majestés s'agenouillèrent un instant pour prier; puis, pendant que Joséphine préparait sa toilette en face de l'autel pour recevoir la couronne, Cambacérès s'avança vers Napoléon pour recevoir la main de justice; Lebrun prit ensuite le sceptre, Joseph la couronne, Talleyrand le grand collier, et le connétable l'épée que portait l'empereur. Lorsque la prière fut terminée, sa sainteté s'approcha de Napoléon et lui demanda sur l'Évangile, que le grand aumônier de France, le cardinal Fesch, lui présenta, s'il professait le catholicisme: le prince répondit d'une voix ferme: Profiteor. Les cardinaux et les archevêques français s'approchèrent alors, saluèrent leurs majestés et les conduisirent au pied de l'autel pour recevoir l'onction sainte. Tandis qu'il faisait la triple onction, l'une sur la tête et les deux autres sur les mains, le pape récitait la prière suivante : Dieu tout Puissant et éternel, qui avez établi Hazaël pour gouverner la Syrie, et Jéhu roi d'Israël, en leur manifestant vos volontés par l'organe du prophète Elie; qui avez également répandu l'onction sainte des rois sur la tête de Saul et de David par le ministère du prophète Samuel, répandez par mes mains les trésors de vos grâces et de vos bénédictions sur votre serviteur Napoléon, que malgré notre indignité personnelle, NOUS CONSACRONS AUJOURD'HUI EMPEREUR DES FRANÇATS.

Après la consécration, le pape bénit les couronnes, l'épée, les manteaux, les anneaux, le sceptre, le globe, et la main de la justice'.

Les prières de cette bénédiction se trouvent toutes dans le Procès-verbal de la cérémonie du sacre et du couronnement, Paris, 1313, in-4°.

Cette cérémonie fut longue. Lorsqu'elle fut terminée, le saint-père s'avança gravement vers l'autel où était posée la couronne impériale, dans le but de la mettre sur la tête de l'empereur, mais au même instant Napoléon la saisit et en ceignit fièrement son front. Sur un signe de l'empereur, Joséphine se mit à genoux, et reçut à son tour, de la main de son époux, le glorieux diadême du grand empire. Ce double couronnement était comme une espèce de protestation par laquelle l'empereur voulait prouver qu'il ne prétendait tenir sa couronne que de la France et de lui-même. Le pape sourit, dit-on, à la vue de la vivacité avec laquelle Napoléon mit la couronne sur sa tête et sur celle de l'impératrice.

Pie VII accompagna ensuite processionnellement l'empereur au grand trône élevé au milieu de l'église, et le baisa respectueusement sur la joue. Puis, se tournant vers l'immense foule qui encombrait la basilique, il s'écria d'une voix faible: vivat imperator in æternum, et tous les assistants répétèrent avec enthousiasme vive l'empereur! vive l'impératrice! Pour compléter le cérémonial et consacrer le mariage mystique entre l'Église et l'État en usage dans les sacres, Napoléon et Joséphine reçoivent la communion de la main du pape. Revenu de la table sainte sur son trône, l'empereur, assis, la couronne sur la tête et la main levée sur l'Évangile, prononce d'une voix grave et solennelle, en face des présidents du sénat, du tribunat et du corps législatif, le serment qui lui était imposé par la constitution. Cela fait, les hérauts d'armes proclament à haute voix que le très-auguste et le très-glorieux empereur des Français est couronné et intronisé. Au même instant cent et un coups de canon apprennent à la capitale que le sacre est consommé.

De nombreuses fêtes publiques suivirent cette grande cérémonie: elles se prolongèrent jusqu'au mois de janvier.

3 décembre (12) - Pendant ce temps, une convention est signée à Stockholm entre le cabinet suédois et le gouvernement britannique, par laquelle ce dernier s'engage à payer à GustaveAdolphe un subside considérable; en retour, de cette subvention, le roi de Suède déclare la guerre à la France et se réunit à l'Angleterre. Le même jour, en Amérique, Jérôme Bonapartes'embarque à New-York, avec son épouse, à bord de la Présidente, et se rend à Baltimore. (Voy. 2 mars 1805.)

5 (14) Napoléon distribue au champ de Mars des aigles aux régiments en garnison dans la capitale, et aux députations d'élites envoyées à cet effet par tous les corps de l'armée de terre et de mer. Ce fut une des plus grandes solennités militaires de l'empire. Les plus braves de la France

s'y étaient donné rendez-vous. « Soldats, dit l'empereur, voilà vos drapeaux; ces aigles vous serviront toujours de point de ralliement; elles seront partout où votre empereur le jugera nécessaire pour la défense de son trône et de son peuple. Vous jurez de sacrifier votre vie pour les défendre et de les maintenir constamment par votre courage sur le chemin de la victoire : Vous le jurez? » Au même instant des milliers de voix répètent avec enthousiasme : nous le jurons! L'armée tint sa promesse, car moins d'un an après, ces mêmes aigles flottaient sur les tours de Vienne.

12 déc. (21)-Le gouvernement espagnol, indigné de l'attentat de Cadix (voy. 5 octobre), déclare solennellement la guerre à la Grande-Bretagne et joint ses forces navales, composées de trentecinq vaisseaux, à celles de la France.

17 (26) Mort du célèbre statuaire Julien (Pierre), membre de l'institut, né à Saint-Paulien, près du Puy, en 1731.

27 (6 nivôse) Napoléon ouvre solennellement la session du corps législatif, convoqué par décret du 17 octobre précédent. « La faiblesse du pouvoir suprême, dit-il dans cette circonstance, est la plus affreuse calamité des peuples. Soldat ou premier consul, je n'ai eu qu'une pensée; empereur je n'en ai point d'autre: la prospérité de la France. J'ai été assez heureux pour l'illustrer par des victoires, pour la consolider par des traités, pour l'arracher aux discordes civiles, y préparer la renaissance des mœurs, de la société et de la religion. Si la mort ne me surprend pas au milieu de mes travaux, j'espère laisser à la postérité un souvenir qui serve à jamais d'exemple ou de reproche à mes successeurs. Il m'eût été doux de voir la paix régner sur le monde. Les principes politiques de nos ennemis s'y opposent. Je ne veux pas accroître le territoire de la France, mais en maintenir l'intégrité... Je n'ai point l'ambition d'exercer en Europe une plus grande influence, mais je ne veux pas déchoir de celle que j'ai acquise. Aucun État ne sera incorporé dans l'empire...» Les événements devaient bientôt détruire cette déclaration formelle.

31 (10) Dans un exposé de la situation de l'empire présenté au corps législatif par le ministre de l'intérieur, le gouvernement assure que « quels que soient les mouvements de l'Angleterre, les destins de la France sont fixés... Lorsque l'Angleterre sera convaincue de l'impuissance de ses efforts pour agiter le continent; lorsqu'elle saura qu'elle n'a qu'à perdre dans une guerre sans fruits comme sans motif; lorsqu'elle sera

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convaincue que jamais la France n'acceptera d'autres conditions que celles du traité d'Amiens, et ne consentira jamais à lui laisser le droit de rompre les traités en s'appropriant Malte, l'Angleterre alors arrivera à des sentiments pacifiques..........» Le gouvernement se berçait d'une vaine espérance; il se trompait étrangement sur le caractère de la lutte engagée entre la France et la Grande-Bretagne.

Cette lutte n'était pas une guerre ordinaire qui pouvait se décider par une victoire ou par une défaite, c'était un duel à mort dans lequel l'une des deux puissance devait nécessairement succomber. L'année 1805 allait en donner la première preuve.

Indépendamment des personnes déjà citées, l'année 1804 fut encore marquée, mais à des époques imparfaitement connues, par la mort de plusieurs autres citoyens distingués dant l'État, les lettres, les sciences et les arts. Les principaux d'entre-eux furent :

Bertrand (François), professeur de peinture. Bonnaterre (l'abbé P. J.), botaniste. Bresson (Marceau), ancien membre de la convention nationale et du conseil des cinq-cents. Le maréchal duc de Broglie (Victor-François), né à Broglie le 19 octobre 1718. Il reçut le bâton de maréchal en 1760, émigra au commencement de la révolution, se joignit dans la suite à l'armée des princes, et mourut à Munster au moment où il allait retourner en France en vertu de l'amnistie sur les émigrés. Cammas (Lambert-François-Thérèse), architecte et peintre, né à Toulouse en 1743. Clauzel (Jean-Baptiste), ancien membre de l'assemblée législative, de la convention nationale, du conseil des cinq-cents et en dernier lieu du corps législatif.

Desprez (Louis-Jean), peintre architecte, né à Lyon en 1740. Il mourut à Stockholm, qu'il habitait depuis longtemps.

Gaucher (Charles-Étienne), graveur de portraits,

né à Paris en 1740.

Génissieux (J. J. V.), ancien député de la con

vention nationale, ministre de la justice, membre du conseil des cinq-cents et en dernier lieu juge au tribunal d'appel de la Seine. Il était né vers 1756.

L'abbé de Lubersac, littérateur, né au château de Palmanteau en 1730. Il émigra en 1792, et se retira à Londres, où il mourut. Laurent, ancien conventionnel et membre du conseil des cinq-cents.

Vidal (Gérard), graveur, né à Toulouse en 1742.

CHAPITRE II.

NAPOLÉON PROPOSE LA PAIX A L'ANGLETerre.

1805.

FORMATION DU ROYAUME d'italie. TROISIÈME COALITION LES FRANÇAIS ENVAHISSENT L'EMPIRE D'AUTRICHE; DÉSASTRES DES ARMÉES COALISÉES. -FIN DE LA CAMPAGNE D'AUTRICHE.

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PAIX DE PRESBOURG.

1" janvier (11 nivôse an XIII. L'année 1805, qui devait être marquée par tant d'événements remarquables, s'ouvre par une réforme. Un décret impérial rétablit les fêtes et usages du premier jour de l'an, abolis par la convention nationale.

- Un second décret nomme M. de la Rochefaucault à l'ambassade de Vienne. -Mort du marquis Ducoudray (Hilaire-Roullé), ancien lieutenant général de Louis XVI. 2 (12) L'empereur, espérant encore que l'Angleterre modifierait sa politique, écrit ' directement à George III pour lui proposer la paix. « Monsieur mon frère, disait Napoléon. Appelé au trône de France par la Providence et par les suffrages du sénat, du peuple et de l'armée, mon premier sentiment est un vœu de paix. La France et l'Angleterre usent leur prospérité. Elles peuvent lutter des siècles. Mais leurs gouvernements rempliront-ils bien le plus sacré de leurs devoirs? Et tant de sang versé inutilement, et sans la perspective d'un but, ne les accuse-t-il pas dans leur propre conscience? Je n'attache point de déshonneur à faire le premier pas. J'ai assez, je pense, prouvé au monde que je ne redoute aucune des chances de la guerre; elle ne m'offre d'ailleurs rien que je puisse redouter. La paix est le vœu de mon cœur ; mais la guerre n'a jamais été contraire à ma gloire. Je conjure V. M. de ne pas se refuser au bonheur de donner elle-même la paix au monde qu'elle ne laisse pas cette douce satisfaction à ses enfants! Car, enfin, il n'y eut jamais de plus belle circonstance, ni de moment plus favorable pour faire taire toutes les passions et écouter uniquement le sentiment de l'humanité et de la raison. Ce moment une fois perdu, quel terme marquer à une guerre que tous mes efforts n'auraient pu terminer? V. M. a plus gagné depuis dix ans en territoire et en richesse, que l'Europe n'a d'étendue; sa nation est au plus haut point de prospérité. Que veut-elle espérer de la guerre? Coaliser quelques puissances du

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continent? le continent restera tranquille. Une coalition ne ferait qu'accroître la prépondérance et la grandeur continentale de la France. Renouveler des troubles intérieurs? les temps ne sont plus les mêmes. Détruire nos finances? Des finances fondées sur une bonne agriculture ne se détruisent jamais. Enlever à la France ses colonies? les colonies sont pour la France un objet secondaire, et V. M. n'en possède-t-elle déjà pas plus qu'elle n'en peut garder? Si V. M. veut elle-même y songer, elle verra que la guerre est sans but, sans aucun résultat présumable pour elle. Eh! quelle triste perspective de faire battre les peuples pour qu'ils se battent! Le monde est assez grand pour que nos deux nations puissent y vivre, et la raison a assez de puissance pour qu'on trouve les moyens de tout concilier, si de part et d'autre on en a la volonté. J'ai toujours rempli un devoir saint et précieux à mon cœur. Que V. M. croie à la sincérité des sentiments que je viens de lui exprimer et à mon désir de lui en donner des preuves. »

Telle était la démarche franche et généreuse que fit le monarque français en faveur de la paix continentale. Dans la situation avantageuse où se trouvait la France, il y avait quelque chose de noble, de grand, à demander la paix à son ennemi le plus implacable, à cette même puissance qui avait foulé aux pieds tous les engagements solennels contractés et jurés à Amiens. Ce ne fut point pour justifier la guerre à la face de l'Europe que l'empereur écrivit cette lettre, car tous les droits étaient du côté de la France, mais pour donner une dernière preuve de son désir de maintenir le repos du monde, pour appeler une seconde fois les peuples à décider auquel des deux gouvernements ils devaient réellement la guerre. Napoléon, ont dit quelques écrivains, mécontenta et George III et le cabinet anglais en traitant la question de souverain à souverain, quoique l'Angleterre ne l'eût point reconnu. Si le fait est vrai, ce serait un ridicule de plus pour le ministère britannique. En effet, lorsqu'il s'agissait de rendre la paix à l'univers, qu'importait une simple étiquette de cour ou d'État? Na poléon général, consul ou empereur, n'en était

pas moins le chef du gouvernement français, le représentant d'une nation de trente millions d'âmes, et sous ce point de vue, il n'y avait point de déshonneur pour le roi de la Grande-Bretagne à être traité par lui de collègue. Mais ce n'est point là la question. Le fond de tout cela, c'est que l'Angleterre voulait la guerre, qu'elle y était décidée, et qu'elle voulait entraîner l'Europe dans sa querelle, dans sa haine. La preuve s'en trouve dans la réponse qu'elle fit à la lettre qu'on vient de lire. (Voy. 14 janvier.) 12 janv. (22)—A l'extérieur, le cabinet des Tuileries, profitant habilement de l'exaspération où l'injuste attaque de Cadix a jeté le gouvernement espagnol, signe avec l'Espagne une convention militaire. Par cette convention, Charles IV s'engage à tenir à la disposition de la France, trente vaisseaux de ligne et vingt-cinq mille hommes d'embarquement. La nouvelle de la conclusion de cet important traité arriva à Paris deux jours après la réponse du gouvernement anglais.

14 (24) Ce ne fut que dix jours après la réception

de la lettre de Napoléon, que lord Mulgrave écrivit à Talleyrand, au nom du cabinet de Saint-James, la missive que voici :

«S. M. a reçu la lettre qui lui a été adressée par le chef du gouvernement français, datée du deuxième jour du mois. Il n'y a aucun objet que S. M. ait plus à cœur que de saisir la première occasion de procurer de nouveau à ses sujets les avantages d'une paix fondée sur des bases qui ne soient pas incompatibles avec la sûreté permanente et les intérêts essentiels de ses États. Sa majesté est persuadée que ce but ne peut être atteint que par des arrangegements qui puissent en même temps pourvoir à la sûreté et à la tranquillité à venir de l'Europe, et prévenir le renouvellement des dangers et des malheurs dans lesquels elle s'est trouvée enveloppée. Conformément à ce sentiment, S. M. sent qu'il lui est impossible de répondre particulièrement à l'ouverture qui lui a été faite, jusqu'à ce qu'elle ait eu le temps de communiquer avec les puissances du continent avec lesquelles elle se trouve engagée par des liaisons et des rapports confidentiels, et particulièrement avec l'empereur de Russie, qui a donné les preuves les plus fortes de la sagesse et de l'élévation des sentiments dont il est animé, et du vif intérêt qu'il prend à la sûreté et à l'indépendance de l'Europe.

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Cette lettre décida irrévocablement de la paix du monde. Elle rejetait en définitive, mais par un moyen détourné, les seules propositions que l'intérêt comme l'honneur de la France permettait de faire. Tout arrangement devenait impossible; une guerre à mort allait s'engager entre la France et l'Europe, car le langage du cabinet britannique prouvait suffisamment

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que plus d'une puissance du continent était prêt à embrasser sa cause. Sa politique allait enfin dominer, mais en même temps elle déchaînera sur l'Europe les terribles conséquences d'une lutte gigantesque. Les petits États en seront les premières victimes; ils seront nécessairement broyés et engloutis par le choc des deux colosses. Tous les avantages de ce duel à mort où l'on pousse Napoléon seront provisoirement pour la France; et pour comble d'absurdité, à chaque conquête que la Grande-Bretagne forcera l'empereur d'ajouter à son immense empire, l'Europe criera à l'usurpation, à l'envahissement! Telle est la politique du funeste génie qui domine l'Angleterre..

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janv. (24) — Tandis que le cabinet anglais re-
nouvelle en quelque sorte l'arrêt de mort pro-
noncé contre la France et Napoléon à l'époque
de la rupture du traité d'Amiens, l'empereur
reçoit de la nation française le plus beau tro-
phée qu'un monarque puisse désirer. Sa statue
est inaugurée au corps législatif, conformé
ment à la délibération de ce corps en date du
24 mars 1804, afin d'éterniser la création du
code civil et la reconnaissance des Français en-
vers son fondateur. Une pompeuse solennité
consacra ce grand hommage national.
(27) Afin de répondre au refus du cabinet an-
glais d'une manière tout à fait digne de la
France, le gouvernement français appelle
soixante mille hommes sous les armes.
(29) De son côté, l'Angleterre fait remettre à
l'ambassadeur russe à Londres une note par
laquelle elle propose à l'empereur Alexandre
de coopérer à la guerre contre l'empire et d'en-
lever à la France ses conquêtes faites depuis
1792, de dépouiller ses alliés, entre autres la
maison d'Espagne, d'agrandir le Piémont de
l'Etat de Gênes, de rendre la Lombardie à
l'Autriche, et de réunir les Pays-Bas à la
Prusse. Tel est le nouveau droit public du
ministre Pitt, l'arrangement territorial qu'il
improvise au moment d'engager la grande lutte
qu'il a provoquée. Il veut décider l'Autriche
et la Prusse par l'appât du gain.

23 (3 pluviôse) Mort de Chappe (Claude), l'inventeur des télégraphes, né en 1763.

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(4) Le général Junot est nommé ambassadeur de France auprès de la cour de Lisbonne en remplacement du maréchal Lannes, appelé au commandement en chef des troupes françaises stationnées dans le Piémont.

(10) Un décret impérial institue la grande décoration de la légion-d'honneur. Cette décoration consistait en un ruban rouge passant de l'épaule droite au côté gauche, au bas duquel était attaché l'aigle de la légion par un ruban moiré rouge. et une plaque brodée en argent. composée de dix rayons, au milieu de laquelle se

2 MARS 1805 (12 trouvait l'aigle avec ces mots : honneur et patrie. Ce cordon ne pouvait être conféré qu'aux grands officiers de la légion; leur nombre était limité à soixante, non compris les princes de la famille impériale. Les premiers grandscordons furent nommés deux jours après : c'étaient les dix-huit maréchaux de l'empire; les grands dignitaires Cambacérès, Lebrun, Eugène Beauharnais, les ministres Talleyrand, Barbé-Marbois, Champigny, Décrès, Dejean, Fouché, Gaudin, Portalis, Regnier et Maret; les amiraux Bruix, Gantheaume et VillaretJoyeuse; les cardinaux Cambacérès, Fesch et de Belloy; les généraux Baraguey-d'Hilliers, Caulaincourt, Duroc, grand maréchal du palais, Gouvion Saint-Cyr, Junot, Marescot, Marmont, Songis; Lacépède, grand chancelier de la légion d'honneur, et Ségur, grand maître des cérémonies. On ne pouvait donner plus d'éclat à la nouvelle institution qu'en y appelant d'aussi beaux noms.

1 février (12) - Le maréchal Murat est appelé à la dignité de grand amiral de l'empire, et le général Eugène Beauharnais à celle d'archichancelier d'État. La qualité de prince était attachée à ces deux titres. « De tous les actes de notre pouvoir, disait Napoléon dans le décret relatif à Eugène, il n'en est aucun qui soit plus doux à notre cœur. Élevé par nos soins et sous nos yeux depuis son enfance, il s'est rendu digne d'imiter, et, avec l'aide de Dieu, de surpasser un jour les exemples et les leçons que nous lui avons donnés. Quoique jeune encore, nous le considérons dès aujourd'hui, par l'expérience que nous en avons faite dans les plus grandes circonstances, comme un des soutiens de notre trône et un des plus habiles défenseurs de la patrie. »

Ces deux hautes récompenses sont suivies d'un décret qui nomme vingt-deux généraux de brigade au grade de divisionnaire, et le même nombre de colonels à celui de général de brigade.

- Un autre décret appelle au sénat conservateur les cardinaux Cambacérès et Fesch, les généraux Beurnonville, ambassadeur à la cour d'Espagne, Sémonville, ambassadeur près de la république batave, Hédouville, Gouvion, Férino, Dambarère, et MM. Doulcet-Pontecoulant, Colchen, Caulaincourt, Saint-Vallier, Papin et Valence.

-Mort de l'abbé Grainville (Jean-Baptiste-François-Xavier Cousin de), compositeur dramatique, né au Havre le 2 avril 1746.

4 (15) L'empereur fait communiquer au sénat, au corps législatif et au tribunat, la lettre qu'il avait écrite au roi d'Angleterre pour lui proposer la paix, et la réponse du cabinet britannique à cette lettre.

11 (22) Une escadre expéditionnaire, commandée

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23 février (4)

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38,000,000

7,000,000

11,000,000

20,309,539

TOTAL. . . . 684,000,000 * Aux Antilles, l'escadre de Rochefort (voy. 11 janvier), arrive devant l'île anglaise de la Dominique. Le corps expéditionnaire, commandé par le général Lagrange, débarque sur-le-champ au Roseau, chef lieu de l'île, attaque le port, chasse les ennemis, brûle leurs batiments et leurs magasins, et ruine complétement cette station. L'escadre continue ensuite sa route vers la Guadeloupe, où elle arrive le 28 suivant. Après avoir ravitaillé l'île, l'amiral Missiessi ravage les possessions anglaises de Montserrat et de Saint-Christophe, fait de nombreuses et riches captures, et rentre dans la Charente, le 20 mai, sans avoir été rencontré par l'ennemi.

2 mars (11) En France, un décret impérial déclare de nulle valeur le mariage de Jérôme Bonaparte avec Mile Paterson, de Baltimore (Voy. 24 décembre 1803), comme ayant été

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