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destinés à l'achèvement des routes commencées dans les Alpes, à travers le Simplon, le Mont Cénis, le Mont-Genèvre et de Vintimille.

17 sept. (30)-Bonaparte, vivement occupé de compléter les cadres des armées de la république, ordonne la formation d'un bataillon de marins qui porteront le nom de marins de la garde. 24 (1er vendémiaire an XII) Le Vengeur de 118 canons, et le Cassart, de 74, sont lancés au port de Brest. A Lorient, on avait lancé la veille le Suffren, de 74, et le 15 août à Toulon, le Neptune, de 80. La plus grande activité règne dans les ports de la république.

27 (4) Un traité d'alliance offensive et défensive est signé à Fribourg entre la France et la république helvétique. Cette convention, qui est faite pour un terme de cinquante années, assura la suprématie française dans les affaires de la Suisse. Quinze mille hommes de ce pays passent au service de la France.

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6 octobre (13)-Rivaud (Jean-Baptiste), général de division, meurt à Angoulême, sa ville natale; il naquit le 24 ou le 25 décembre 1755. Il avait été fait général de brigade le 8 octobre 1793, et divisionnaire le 21 septembre 1802. Rivaud commanda pendant quelque temps le Piémont.

10 (17) Pendant ce temps l'expédition de SaintDomingue touchait à sa fin. Après plusieurs combats livrés par les noirs au désavantage des Français, Dessalines, soutenu par une escadre anglaise, investit la ville de Port-auPrince, défendue par une faible garnison aux ordres du général Lavalette, et la force à se rendre par capitulation. Ce revers est bientôt suivi d'un autre.

12 (19) Le commodore anglais Cumberland, commandant des forces navales anglaises dans les Antilles, attaque la ville des Cayes, occupée par le général Brunet, chasse le petit nombre de Français de toutes leurs positions et oblige la place à capituler. Dès ce moment, il ne restait plus qu'à s'emparer du Cap pour que l'île entière fût conquise. (Voy. 18 novembre.) 13 (21) En France, mort du littérateur SaintMaurice (Louis - Alexandre de), surnommé le philosophe inconnu, né à Amboise le 18 janvier 1743.

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21

cupent la ville sous les ordres du général Rochambeau. Après un siége de douze jours, le général français capitule et remet la place au chef noir. La garnison reste prisonnière de guerre.

Ainsi se termina la malheurense expédition des Antilles. Une action glorieuse marqua toutefois là retraite des troupes françaises. Au moment où le convoi portant la garnison du Cap mettait à la voile pour se rendre en Angleterre, le général de Noailles, abandonné avec quelques centaines d'hommes au môle de Saint-Nicolas, espérant éviter le sort de Rochambeau, fait précipitamment embarquer ses troupes, trompe la croisière ennemie, se joint provisoirement au convoi et fait route. avec lui. Mais arrivé à une certaine distance, Noailles s'en sépare brusquement et se dirige sur l'île de Cuba, d'où il veut gagner, à bord d'un brick armé, le port de la Havane. Son projet allait être couronné de succès, lorsqu'il est rencontré par une frégate anglaise. Le moment était critique, la moindre hésitation, et tout était perdu. Préférant la mort aux fers que les Anglais lui destinent, le général harangue ses soldats et ordonne hardiment le branle-bas. Après un combat terrible, dans lequel le désespoir supplée au nombre, la frégate ennemie est enlevée à l'abordage par les grenadiers, aux cris mille fois répétés de vive la république! et conduite à la Havane...... La victoire coûta toutefois cher, car le brave Noailles fut mortellement blessé dans cette lutte glorieuse. (Voy. 9 janvier 1804.)

nov. (29) — Le sénat des États-Unis ratifie le traité du 30 avril, par lequel la France cède la Louisiane au gouvernement américain.(Voy. 14 décembre.)

27 (5 frimaire) Mort de l'abbé Guénès (Antoine). membre associé de l'académie des inscriptions et belles-lettres, né à Étampes le 23 novembr

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1717.

(8) Le gouvernement portugais signe, avec l France et l'Espagne, une convention par la quelle il s'engage à se tenir neutre dans l guerre avec la Grande-Bretagne. 1er décembre (9)—Tandis que les débris de l'armé de Saint-Domingue sont dirigés sur l'Angle terre, Dessalines se déclare capitaine généra de l'île, et fait reprendre au pays son ancie nom de Haïti.

4 (12) Ballois (Louis-Joseph-Philippe), publicist distingué et membre de l'académie de Bor deaux, meurt à Paris. C'est lui qui fonda le Annales statistiques et fut le propagateur d la science qui porte ce dernier nom. 14 (22) La Louisiane est remise aux commissair américains.

24 (2 nivôse) Jérôme Bonaparte, frère du premi

consul, épouse, à Baltimore, mademoisel

- 24 JANVIER 1804 (30 FRUCTIDOR AN XI Elisabeth Paterson, fille aînée de William | Arbogast (Charles-François-Antoine), ancien memPaterson de New-York. Ce mariage, qui avait bre de l'assemblée législative et de la convenété contracté par Jérôme à l'insu de sa fa- tion nationale, né à Mutzingen en Alsace, le 4 mille et sans la publication préalable dans la octobre 1759. commune habitée par sa mère, formalité exigée par les lois françaises, fut déclaré nul deux ans après, sur les réclamations de Napoléon et quoique deux enfants fussent issus de cette union.

28 déc. (6) —Un décret du premier consul ordonne la formation d'un camp à Compiègne, et en nomme le général Ney commandant en chef. A cette époque une grande partie des forces de la république se concentrent dans les départements du Nord et dans la Belgique. Cette nomination termine la série des événements politiques de l'année 1803.

Indépendamment des personnes citées, la France perdit également dans le courant de cette même année, mais à des dates inconnues :

Bernier (Pierre-François), astronome, né à la Rochelle le 19 novembre 1779; il mourut au mois de juin dans l'île de Timor.

Binos, chanoine, auteur d'un voyage en TerreSainte, né à Saint-Bertrand de Comminges en 1733.

Bruyière (l'abbé Pierre), auteur de plusieurs ouvrages estimés sur la religion, né à Thiers en 1730.

Crobère (Mme Julie de Thomas), poëte. Fregeville (Henri, marquis de), général de brigade, ancien membre du conseil des cinq-cents, né à Castres en 1762.

Lacoste (Elie), ancien membre de l'assemblée législative et de la convention nationale. Mansar (Jean-François), orateur, né à Morines, près de Pontoise, en 1732.

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1 janvier (10 nivôse an XII) Tandis que les faibles débris de l'armée des Antilles étaient conduits en Angleterre, les généraux noirs de Saint-Domingue s'étant constitués les représentants de la population de l'ile, proclament Findépendance politique du pays et sa séparation perpétuelle de la France. Ils élisent en même temps Dessalines en qualité de gouverneur général à vie.

6 (15) En France, le corps législatif ouvre sa session de l'an XII.

9 (18) Le général de brigade Noailles (le vicomte Louis de), meurt à la Havane par suite des blessures qu'il avait reçues dans le glorieux combat par lequel il illustra sa retraite de l'île de Saint-Domingue. (Voy. 18 novembre 1803.) 14 (23) Dessalines inaugure son autorité en faisant massacrer dix-sept cents blancs et mulâtres de l'île. C'était une espèce de garantie qu'il voulut donner de sa fidélité aux noirs et pour prouver qu'il « ne distinguait ses amis de ses ennemis que par la couleur. » 21 (30) Pour compléter leur décision du 1er janvier, les chefs noirs de Saint-Domingue se constituent en république sous le nom d'Incas ou d'Haïti.

24 (3 pluvióse) En Angleterre, une proclamation de George III déclare solennellement que le gouvernement britannique n'abandonnera ja

mais la cause de la maison de Bourbon. Cette promesse avait un grand but politique. Le ministère comptait relever les espérances du parti royaliste, en réunir les partisans et les jeter sur le sol français pour y rallumer la guerre civile. Déjà quelque temps auparavant, un grand nombre d'agents secrets s'étaient introduits furtivement en France par la frontière du Rhin. C'était un certain Drake, revêtu d'un caractère diplomatique à Munich, qui dirigeait ces intrigues. Ces agents avaient ensuite parcouru les départements dans lesquels on croyait que les Bourbons conservaient le plus de partisans, mais toutes leurs démarches étaient restées infructueuses. Plusieurs d'entre eux furent arrêtés et condamnés.

Ce résultat, qui n'était que trop connu du comité royaliste établi à Londres, aurait dû ouvrir les yeux aux partisans des Bourbons et leur faire perdre toute espérance. Mais le parti, malgré ses sanglants revers de 1794 et de 1795, conservait encore trop d'illusions pour qu'il pût reconnaître l'inutilité de ses efforts. I accueillit avec satisfaction la déclaration de guerre de l'Angleterre et plusieurs royalistes rentrés en France à la faveur de l'amnistie pour les émigrés, se rendirent en toute hâte à Londres pour se grouper autour du comte d'Artois et lui offrir leurs services :

différents projets furent alors proposés pour seconder le gouvernement anglais, mais ces projets étaient plus impraticables les uns que les autres. L'enthousiasme et la haine qui animaient le parti, le poussaient jusqu'à l'extravagance. Il est probable que le comité, voyant qu'il ne devait rien espérer de la nation française, aurait borné ses travaux à de simples intrigues sans résultat, à quelques protestations qui eussent encore agravé sa position, lorsque George Cadoudal, ancien chef de chouans, vint fort à propos à son secours. Il proposa aux chefs royalistes de se rendre à Paris avec quelques hommes déterminés, de s'emparer du premier consul, et de l'assassiner si les circonstances ne permettaient point de l'amener vivant en Angleterre. Au même instant, d'autres conspirateurs, d'un rang plus élevé, devaient insurger le peuple et proclamer le rétablissement des Bourbons sur le trône de France.

Il est triste de dire que ce projet fut embrassé avec chaleur par les royalistes: eux qui ne parlaient que d'honneur et de fidélité, ils descendaient jusqu'à s'associer une bande d'assassins pour faire dominer des principes condamnés par tout un peuple!...

siennes. Sa belle victoire de Hohenlinden
avait encore rendu plus étroits les liens qui
l'attachaient au vainqueur de Marengo. De
son côté, ce dernier l'avait accueilli avec une
attention toute particulière à son retour d'Al-
lemagne et lui avait donné, comme preuve
de la reconnaissance du gouvernement, des
pistolets d'honneur incrustés de diamants, et
sur lesquels étaient inscrites les victoires du
commandant de l'armée du Rhin. Cet accueil
était mérité, car le général avait rendu de
grands services à la France. Malheureusement
de misérables intrigues vinrent bientôt détruire
cette bonne harmonie. Plusieurs généraux
étaient jaloux de l'élévation de Bonaparte au
pouvoir suprême; ils faisaient une opposition
de coterie au gouvernement. Sans se dessiner
nettement, ils lui faisaient une guerre sourde,
lui suscitaient des tracasseries continuelles et
faisaient tout pour le discréditer dans l'opinion
publique. Comme ils connaissaient la faiblesse
du caractère de Moreau, ils entourèrent le gé-
néral, s'en firent un drapeau et élevèrent jus
qu'aux nues ses talents militaires en le plaçant
au-dessus du premier consul. Le général fut la
dupe de cette intrigue. Une ambition démesu-
rée s'empara de son âme. Bientôt son amour-
propre, continuellement excitée par sa femme
et sa belle-mère, qui étaient jalouses des gran-
des dames qui formaient la petite cour des
Tuileries, ne connut plus de bornes, et Moreau
se crut naïvement l'homme le plus important
de la république. Dès ce moment il ne conserva
plus aucun ménagement envers le gouverne-
ment qu'on lui signalait sans cesse comme étant
son oppresseur. Il ouvrit ses salons aux mécon
tents de tous les partis indistinctement, et on
censura, avec une inconvenance marquée, les
actes les plus insignifiants du premier consul.
Il poussa l'imprudence jusqu'à tourner hau-
tement en dérision l'institution de la légion
d'honneur, et surtout les sabres ou fusils d'hon-
neur, avec lesquels Bonaparte recompensait
les belles actions des soldats. C'était d'une ma-
ladresse impardonnable. Un jour, à la fin d'un
grand diner, il fit appeler son cuisinier, et

D'accord sur la nature et la base du complot, les émigrés s'occupèrent activement de trouver des chefs capables de conduire l'entreprise et jouissant d'une certaine influence en France. A cette époque le général Pichegru, proscrit au 18 fructidor, s'était échappé de la Guyanne, et était venu chercher un asile en Angleterre. Ses principes royalistes étaient connus depuis longtemps; on se rappelait qu'il avait voulu servir la cause des Bourbons, lorsqu'il était à la tête de l'armée du Rhin, et qu'il avait été déporté pour cela : tout faisait croire qu'il désirait se venger d'un gouvernement qui l'avait frappé d'un exil perpétuel. Ce fut donc sur lui que tout le parti jeta les yeux; on ne se trompa point. Pichegru accepta la proposition avec empressement et promit de servir de toutes ses forces le projet de George Cadoudal. Malheureusement les royalistes se faisaient une bien fausse idée de l'importance de Pichegru. Son influence en France était nulle depuis sa trahison, il 1 Plusieurs historiens ont dit que Bonaparte était jaloux de la était souverainement méprisé de tout le monde. renommée de Moreau et qu'il lui portait envie de la journée Le général eut toutefois la bonne foi d'avouer de Hohenlinden. Rien n'est plus absurde que cette accusation Voici en quels termes le consul s'exprime sur cette bataille dans son insuffisance personnelle pour lutter avec un message an tribunat le 12 nivòse an IX. a Tribuns, la répu le gouvernement consulaire et essayer de ren-blique triomphe et ces ennemis implorent encore sa modération verser la puissance de Bonaparte. Il conseilla alors au parti de sonder les dispositions du gé

néral Moreau.

La victoire de Hohenlinden a retenti dans toute l'Europe : elle qui aient illustré la valeur française; mais à peine avait-ell sera comptée par l'histoire au nombre des plus belles journée

été comptée par nos défenseurs, qui ne croient avoir vaincu qu Ce général jouait à cette époque un singu- quand la patrie n'a plus d'ennemis; l'armée du Rhin a pass lier rôle à Paris. Après avoir secondé Bona- l'inn, chaque jour a été un combat, et chaque combat un triom parte au 18 brumaire, Moreau s'était attaché phe. Franchement, est-ce là le langage d'un homme jaloux Était-il possible de rendre à Moreau une plus éclatante justice sincèrement au char triomphal du premier Voilà cependant comme on a écrit l'histoire, comment l'es consul, quoique ses opinions différassent desprit de parti défigure jusqu'aux faits les mieux établis !........

après lui avoir prodigué les éloges les plus sardoniques sur l'excellence d'un mets, il lui décerna, en présence de tous les convives, une casserolle d'honneur!.... C'était par de semblables plaisanteries, indignes d'un homme comme lui, que Moreau crut se venger de Bonaparte et du gouvernement.... Au lieu de se faire une position comme chef de parti par une conduite énergique, le général se rendit complétement ridicule aux yeux de tout le monde, car ces misérables bouderies prouvaient suffisamment la faiblesse de son caractère. Il était manifeste qu'il n'était que le jouet de l'ambition de deux femmes, l'instrument de quelques personnages subalternes mécontents de l'état des choses établi.

Telle était la pitoyable position que Moreau s'était faite lorsque le parti royaliste jeta les yeux sur lui, d'après les conseils de Pichegru. On lui supposait une influence extraordinaire dans l'armée. C'était une question importante pour amener une contre-révolution, et qu'on ne pouvait certes manquer de prendre en considération. Comme la haine qu'il portait au gouvernement consulaire le poussait nécessairement vers le parti qui combattrait ce pouvoir, on espérait le gagner facilement. Par malheur, il y avait un grand motif qui pouvait l'empêcher d'accepter les ouvertures qu'on comptait lui faire, car une semblable alliance paraissait tout à fait hétérogène; Moreau avait dénoncé Pichegru au 18 fructidor', divulgué sa trahison à la face de toute la France, après l'avoir favorisée par son silence; il devait donc craindre que celui-ci ne cherchât à se venger. Mais Pichegru déclara hautement qu'il était prêt à sacrifier ses anciens griefs pour fixer l'irrésolution du général Moreau.

Ce fut l'abbé David 2, ami de Pichegru et de Moreau, que le comité royaliste de Londres chargea de faire les premières ouvertures, mais ces démarches n'obtinrent aucun résultat positif. La négociation fut alors remise au général Lajolais. C'était un ami de Pichegru; Moreau le connaissait également, car il avait été impliqué dans les intrigues du commandant de l'armée du Rhin. Soit qu'il s'y prît plus adroitement que David, soit que le général eût plus de confiance dans ce nouvel agent, Lajolais parvint enfin, après avoir fait secrètement plusieurs voyages de Londres à Paris, à décider Moreau et à lui faire agréer le projet de conspiration formé contre Bonaparte.

Dès que cette importante nouvelle fut connue

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1er

à Londres, le comité décida sur-le-champ le départ pour la France de George Cadoudal et de ses complices. Ils devaient être suivis de plusieurs émigrés importants, ainsi que de Pichegru. Ce dernier devait s'entendre avec Moreau sur les moyens d'exécution du projet, et George agirait d'après leurs ordres. Ce furent des bâtiments anglais qui se chargèrent du transport des conjurés. Trois débarquements successifs, et à de longs intervalles, eurent lieu au pied de la falaise de Béville, sur les côtes de la Normandie. Le premier débarquement, à la tête duquel était George, eut lieu le 21 août 1803, le second, le 10 décembre, et le troisième, le 16 janvier 1804. Pichegru était de ce dernier. Un quatrième débarquement devait s'opérer au même endroit; il devait être commandé par un des princes de la maison de Bourbon, le duc de Berri; mais les vents y mirent obstacle. Les conspirateurs arrivés étaient au nombre de trente-cinq. On y remarquait, indépendamment de George et de Pichegru, le général Lajolais, les deux frères Armand et Jules de Polignac, le marquis de Rivière, le comte Bouvet d'Ozier, Armand Gaillard, etc. Ils se dispersèrent dans différentes directions. Le point de ralliement fut fixé à Paris; ils y arrivèrent séparément le 25 janvier.

Plusieurs maisons avaient été louées d'avance, à Chaillot, rue du Bacq, faubourg Saint-Marceau et au Marais. Jusque-là les intrigues s'étaient menées avec tant d'adresse et de circonspection, que les émigrés s'établirent dans la capitale sans que la police s'aperçût seulement de leur arrivée. Mais cette grande sécurité fut précisément la cause de leur perte. Tandis que Pichegru s'abouchait avec Moreau, et convenait du moment d'exécuter la capture de la personne de Bonaparte, George recrutait tous les chouans, les Vendéens et les émigrés qu'il pouvait trouver pour contribuer à cette périlleuse entreprise. Dans de semblables circonstances, rien d'étonnant que dans le nombre il y ait eu quelques individus qui furent effrayés des périls que présentait le complot et qui en avertirent la police. Ce fut un émigré, nommé Querelles, qui dénonça les conspirateurs dans les premiers jours de février. Dès ce moment, la police suivit de près les démarches de George, de Moreau et de Pichegru. Bientôt elle tint tous les fils du complot, et lorsqu'on fut arrivé au jour fixé pour son exécution, une circulaire du grand juge vint apprendre à la France et les projets des royalistes et l'arrestation de presque tous les conjurés. (Voy. 15 et 28 février, et 8 mars.)

février (11) Mort de Bouchard (MathieuAntoine), littérateur et jurisconsulte, né à Paris le 16 avril 1719, et de Draparnaud, (Jac

ques-Philippe-Raymond, naturaliste, né à Montpellier le 3 juin 1772.

2 fév. (12)-Le général Mortier est nommé commandant de la garde consulaire.

3 (13) En Suisse, la tranquillité publique étant complément rétablic, les troupes françaises appelées par le gouvernement de Berne (voy. 21 octobre 1802) évacucní le pays. -Mort de Le Brigant (Jacques), minéralogiste, né à Pontrieux le 18 juillet 1720.

5 (15) Mort de Giraudet (Charles-Philippe-Toussaint), littérateur et préfet de la Côte-d'Or, né à Allais en 1754.

14 (24) Un décret du premier consul nomme le général Murat commandant en chef des troupes de la première division et de la garde nationale de Paris, avec le titre de gouverneur. 15 (25) Instruite que le complot formé par les royalistes était à la veille d'éclater, la police fait arrêter brusquement les généraux Moreau et Lajolais, et se met à la recherche de Pichegru et de George. Trente-quatre autres individus, impliqués dans la conspiration, sont arrêtés dans la journée et les jours suivants sur différents points de Paris, et conduits à la prison du Temple. C'étaient le comte Bouvet d'Ozier, le marquis de Rivière, Armand et Jules de Polignac, Léridant, Picot, Couchery, Rolland, David, Gaillard, Roger, Hervé, Lenoble, Coster, Lagrimaudière, Joyant, Louis et Noël Ducorps, Darty, Burban, Lemercier, Pierre Cadoudal, frère de George, Lelan, Even, Merille, Gaston et Pierre Troche, Monnier, Denaud, Verdet, Spin, Dubuisson, Caron et Gallais.

:

17 (27) Une circulaire du grand juge, Regnier, apprend à la nation le but du complot que la police venait de déjouer. La conspiration fut entièrement attribuée au gouvernement britannique. « L'Angleterre voulait renverser le gouvernement, disait Regnier, et par ce renversement opérer la ruine de la France... Mais renverser un gouvernement soutenu par l'affection de trente millions de citoyens, et environné d'une armée forte, brave, fidèle, c'était une tâche à la fois au-dessus des forces de l'Angleterre et de celles de l'Europe. Aussi l'Angleterre ne prétendait-elle y parvenir que par l'assassinat du premier consul, et en couvrant cet assassinat de l'ombre d'un homme que défendait encore le souvenir de ses services (Moreau). » L'indignation fut générale. Le peuple se rappela alors la protestation des membres de la famille des Bourbons, la déclaration du gouvernement anglais relativement aux prétentions de cette famille, publiée le 24 janvier, et on conclut de la coïncidence de ces deux faits avec le complot découvert, que les conjurés n'étaient pas seulement les instruments des royalistes, mais qu'ils étaient mis en mou

vement par les princes bourbons et par le cabinet de Londres. Des milliers d'adresses parvinrent aussitôt au premier consul; elles portaient toutes le cachet du dégoût, de la plus vive exaspération, et elles flétrissaient, dans les termes les plus énergiques, les moyens odieux auxquels recouraient les ennemis de la France. La masse douta cependant de la participation du général Moreau aux machinations de Pichegru et de George; une alliance faite par le vainqueur de Hohenlinden avec l'ancien chef des chouans et avec l'homme qui avait trahi sa patrie en 1796, alliance surtout qui avait pour but l'assassinat de Bonaparte, lui semblait un forfait si énorme qu'il la crut impossible. Le gouvernement chercha vainement à prouver la connivence de Moreau, le doute resta dans l'opinion publique et bien des personnes croient encore à l'injustice de l'accusation.... Erreur honorable, s'écrie M. Norvins, pour le caractère national, qui demeura indécis entre le culte qu'il portait si justement au premier magistrat de la république et la cause d'un illustre accusé ! (Voy. 8 mars.)

Tandis que le grand juge révèle à la nation la conspiration royaliste, le gouverneur de Paris, Murat, en instruit les troupes et la garde nationale de la capitale. Son ordre du jour est empreint d'une virulence extrême.

« Soldats! disait Murat, cinquante brigands, reste impur de la guerre civile, que le gouvernement anglais tenait en réserve pendant la paix, parce qu'il méditait de nouveau le crime qui avait échoué au 3 nivôse, ont débarqué par petits pelotons et de nuit, sur la falaise de Béville. Ils ont pénétré jusque dans la capitale. George et le général Pichegru étaient à leur tête. Leur arrivée avait été provoquée par un homme qui compte encore dans nos rangs, par le général Moreau... Leur projet, après avoir assassiné le premier consul, était de livrer la France aux horreurs de la guerre civile et aux terribles convulsions de la contre-révolution. Les camps de Boulogne, de Montreuil, de Bruges, de Saintes, de Toulon et de Brest, les armées d'Italie, de Hanovre, de Hollande, auraient cessé de commander la paix ; notre gloire périssait avec la liberté! Mais tous les complots ont échoué; dix de ces brigands sont arrêtés. L'ex-général Lajolais, l'entremetteur de cette infernale trame, est aux fers. La police est sur les traces de George et de Pichegru... Dans cette circonstance, si affligeante pour le cœur du premier consul, nous, soldats de la patrie, nous serons les premiers à lui faire un bouclier de nos corps et nous vaincrons autour de lui les ennemis de la France et les siens. » Rien mieux que cette proclamation ne fait connaître les opinions et les sentiments de l'armée à cette époque. Au reste, ce n'est que sous ce point

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