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trouvant à la tête de cinq cents hommes de cavalerie et de deux cents arquebusiers, se jette sur Puymoisson, le prend, et échoue devant Sisteron, malgré l'impétuosité de son attaque.

Le gouverneur de Provence se prépare, lui aussi, à la guerre ; il n'ignorait pas le nombre et l'habileté de ses ennemis; chaque château, dans cette vieille Provence, se dessinait, se dessinait, en ennemi de granit, sur les crêtes de nos montagnes. L'intérêt catholique n'était que le prétexte de ces levées de boucliers; les seigneurs, au moment où la féodalité expirait, pressentant la ruine prochaine d'une domination que le pied de l'heureux Capétien allait écraser, voulaient, en rouvrant le tournoi de la guerre, se donner encore les dernières émotions de l'individualité armée. La force morale allait les abandonner, mais pourquoi n'auraient-ils pas prolongé ces luttes énivrantes, tandis que leurs tours étaient encore scellées sur les rocs, et que la trompette, retentissant au haut de ces tours, ne remplissait pas les airs d'un vain bruit. La lice se rouvrit donc encore, le gouverneur qui agissait pour l'intérêt de la royauté, mit sur pied cinq mille hommes, convoqua à Aix tous les membres de la noblesse et les principaux bourgeois des communautés, pour leur faire prêter serment de bien et fidèlement servir le roi. Peu obéirent, le plus grand nombre embrassa le parti de la ligue.

De Vins voulait, avant tout, pénétrer dans Marseille, où il savait que la ligue échauffait bien des cœurs. Il savait aussi que le second consul, Louis de la Motte Dariez, chef de l'administration municipale en l'absence d'Antoine d'Arene, premier consul, s'était porté aux derniers excès envers les protestans et les Bigarrats (politiques), et n'attendait que l'occasion d'ouvrir les portes au chef de la ligue. Ce consul avait pour appui deux meneurs, Altovitis et Villecrose. Il avait contraint tous les habitans à coudre une croix blanche à leurs chapeaux. Les prisons regorgeaient de victimes accusées d'hérésie; la terreur régnait dans Marseille. L'évêque lui-même, Frédéric Ragueneau, n'échappa pas à cette accusation d'hérésie ; il se vit forcé de chercher un asile auprès du gouverneur à Aix.

Dariez, afin de consolider sa tyrannie, compta sur les équipages de quelques galères toscanes, venues à Marseille pour y prendre le duc de Nevers. S'étant ainsi composé une garde de satellites étrangers, il donna un libre essor à ses excès despotiques: Marseille tremblait sous lui. Mais une sourde opposition se formait dans le sein même de la commune; en pleine séance municipale, Nicolas de Bausset s'exprima sur son compte et en sa présence avec une grande véhémence d'apostrophes. Ces paroles allèrent éveiller le sombre courage de François Bouquier, homme influent

par sa position et ses grandes qualités. Bouquier s'entendit avec Henri d'Angoulême, il arma mille royalistes et la guerre civile éclata dans Marseille, où, pendant un jour, brillèrent les armes et régnèrent les désordres inséparables de ces mouvements intérieurs. Dariez se vit abandonné par ses soldats; vingt-cinq hommes, commandés par Boniface, dit Cabanes, l'un des capitaines de quartiers, restèrent fidèles à la mauvaise fortune du hardi consul. Dariez cherche avec sa petite troupe à se réfugier sur les galères de Toscane; il avait déjà le pied dans un bateau, quand Bouquier l'arrête et l'emprisonne. Un comité, chargé des pouvoirs les plus étendus, choisi par la commune, oblige les galères toscanes à quitter le port. A cette heureuse nouvelle, Henri d'Angoulême accourt d'Aix, suivi de l'évêque Ragueneau; une chambre de parlement juge Dariez et ses complices qui furent pendus, le 13 avril 1585 à minuit, aux flambeaux, en face du palais de justice et en présence du gouverneur, assistant en personne, d'une fenêtre, à la nocturne et imposante exécution.

Pourtant le comte de Sault occupa Saint-Paul, Ansouis et la Tour-d'Aigues; en même temps, le gouverneur Henri appelait, en Provence, le régiment français de Champagne, et le régiment corse commandé par le colonel Alfonse d'Ornano. Anthon Cristophe, corse, qui commandait la garnison de Sisteron, se nit traîtreusement en

rapport avec le seigneur de Vins; la place fut au moment de tomber au pouvoir de ce dernier. De Vins, véritable chef de la ligue, fait un appel aux armes catholiques; sa voix remue la Provence il établit aux Mées son quartier général, ayant sous lui le marquis de Trans, les seigneurs de la Verdière, d'Ampus, Besaudun, de Bouliers, de la Barben, de la Brillanc, de Chasteuil, de SaintEstève, de Lincel, de Saint-Marc, de la Molle, de Toramenes, de Vauvenargues, de Salignac, de Sillans, de Saint-Pons, d'Oise, de la Palud, de Soliers, de la Roquette, de Salerne, et le chevalier de Montméyan. De son côté le gouverneur réunit, à Tourves, le marquis d'Oraison, les barons de Vence, des Arcs, de Montclar et de Senas; les seigneurs de Saint-André, d'Allein, d'Eyguières, d'Alamanon, d'Auribaud, d'Entrais, de Buoux, de Beauveser, de Baulmettes, de Barras, de Buisson, de Boyer, de Saint-Cannat, de Callian, de Cucuron, de Saint-Ceslary, de Montauroux, de Vernègue, de Rousset, d'Espinouse, de Rede la Robine, de Sillans, de Ramolles, du Revest, de la Goy, de Grambois, de Janson, d'Istres, etc. Ainsi soutenu, Henri s'avance vers les Mées, mais les ligueurs ne l'attendirent

gusse,

Vins alla se cacher dans le Dauphiné.

pas; de

La fluctuation politique de la cour, ne fesait que perpétuer les haines; en révoquant, pour plaire aux catholiques, les édits favorables aux protes

tans, le roi transforma en rebelles les seigneurs dissidens qui se mirent en campagne à la tête de leurs partisans; le baron d'Allemagne se jette dans Seyne, Lesdiguières attaque Castellane, Montbrun tente un coup hardi sur Grambois, le seigneur de Ceyreste sur Apt que le seigneur Buoux défendait. Mais les protestans n'éprouvèrent que des pertes. Luc, dont ils s'étaient emparés, leur fut enlevé par le gouverneur qui en confia la défense au comte de Bar, beau-frère du baron d'Allemagne. Les paysans de la Camargue tuèrent un chef hardi, le baron de Bargême, aimé des huguenots.

Henri III était suspect aux factieux catholiques, cette dispositions des esprits, à son égard, créa trois partis : celui de la ligue, celui du roi et celui des protestans. Aussi vit-on à la fin de de l'année 1585, trois mille ligueurs, commandés par le maréchal d'Arville, traverser le Rhône pour se jeter dans Arles, d'Eyguières devait leur en ouvrir les portes; mais Arles fut secouru à temps et d'Eyguières eut la tête tranchée.

Seyne continuait toujours à appartenir aux rebelles; c'était dans cette place que le baron d'Allemagne avait réuni une foule de gentils-hommes dissidens qui déclamaient contre la ligue et le roi. D'Allemagne, profitant de cet entraînement de colère, se fit élire capitaine général de toutes les églises réformées de Provence, poste resté

T. IV.

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