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emporter et prenait l'argent des villes et des villages qu'elle traversait. Sans l'arrivée du comte de Sailly et du prince de Robecq, la ville de Grasse, où six cents alliés avaient pénétré par une porte qu'on leur livra, aurait subi toutes les horreurs du pillage. Les paysans provençaux massacraient les traînards. La flotte ralliée par les galiotes anglaises, se replia vers les îles d'Hyères. Le 27 Victor Amédée passa le Var.

Cette armée ne s'arrêta pas à Nice, elle dépassa le col de Tende. Les trois compagnies qu'elle avait jetées dans la forteresse d'Antibes, capitulèrent le 11 septembre. Déployant trente-six bataillons sur les hauteurs des Alpes provençales, appuyant sa droite à la vallée d'Entraunes, sa gauche aux monts de la Maurienne et son centre à Briançon, Tessé tenait en échec l'ennemi. Le 12 septembre, la France reprit l'offensive du côté du Piémont; le marquis de Mont-Georges passa le Var à la tête des dragons d'Hautefort. Les consuls de Nice allèrent le supplier d'épargner leur ville; il exigea une contribution de cent mille francs, qui fut payée dans les vingt-quatre heures par les plus riches propriétaires. Tout le comté de Nice tomba au pouvoir de la France. Villars était maître de la Savoie. Il avait forcé les passages de Fenestrelles, d'Eriles et de Suze. Mais le froid excessif de 1709 vint suspendre le hostilités. Cet hiver est le plus rigoureux dont notre histoire

locale fasse mention. Les oliviers périrent; une misère extrême, résultant du manque des récoltes, affligea les villes de Provence.

Mais la guerre recommença. Le comte de Thaux, général autrichien, s'avança jusqu'à Embrun; le duc de Berwick le força à la retraite. La France ne fut sauvée que par le vaillant coup d'épée de Denain, que , que Villars porta si bien au front de

l'ennemi.

Le 1 avril 1713, la paix fut enfin signée à Utrecht, entre la France, l'Espagne, la Savoie, le Portugal, la Prusse, la Hollande et l'Angleterre. Vienne refusa d'abord d'accéder à cette paix; mais aux conférences de Rastad, les difficultés furent aplanies, et l'empereur Charles vi signa, à son tour, le 6 mars 1714.

Ce traité d'Utrecht valut à la France la cession de Barcelonnette et de sa vallée, qui s'étaient données à la maison de Savoie depuis 1388; cette vallée fut réputée terre adjacente de la Provence ; elle n'eut pas le droit d'envoyer des représentans aux assemblées générales des communautés.

CHAPITRE QUATRIÈME ET DERNIER.

LOUIS XV.

LOUIS XVI.

Un systême nouveau en médecine prétend que la peste qui décime l'Orient, n'est pas contagieuse; la lecture de nos vieilles annales semblerait prouver le contraire. A chaque page, la description de la peste vient s'interposer entre des batailles et des querelles intérieures. Marseille devait à ses relations avec l'Orient, et à la presque absence des mesures de précaution, la réapparition constante du fléau qui la désolait. Sa dernière peste qui éclata en 1720, dépassa en calamités toutes les autres; mais depuis cette époque la formidable enceinte de son lazaret paraît l'avoir défendue contre le retour du mal.

Le capitaine Chataud partit de Seyde, le 31 janvier 1720, sur un vaisseau nommé le GrandSaint-Antoine, avec patente nette. Il alla réparer ses mâts et prendre des marchandises à Tripoli de Syrie, où il fut contraint de recevoir quelques Turcs pour les transporter en Chypre. Le len

demain du départ, un turc tomba malade et mourut trois jours après. Les deux matelots qui jettèrent le cadavre à la mer, périrent aussi. Le capitaine Chataud se séquestra alors, et donna ses ordres de sa retraite dans la poupe. Trois autres matelots moururent à Livourne.

Le capitaine arrivé à Marseille, le 25 mai 1720, remit aux intendans de la Santé le certificat du médecin et du chirurgien des infirmeries de Livourne, qui déclarait que les trois derniers matelots avaient succombé à des fièvres malignes. Il avoua aussi les décès précédents. On n'ignorait pas à Marseille que la peste désolait alors le Levant. On aurait dû donc prendre de minutieuses précautions; malheureusement la cupidité aveugla sur l'imminence du danger. La cargaison du Saint-Antoine était riche et abondante; les principaux négocians y était intéressés, et l'approche de la foire de Beaucaire leur en assurait un débit avantageux. On reçut donc, avec confiance, l'équipage, les passagers, les ballots, où la peste était cachée, dans les infirmeries.

On alla plus loin on admit trois navires venus du Levant, qui avaient leurs patentes brutes, aux mêmes conditions imposées au capitaine Chataud. Un quatrième mouilla dans le port le 12 juin. Les passagers eurent la libre entrée. Un garde de l'intendance sanitaire placé sur le premier navire, un matelot et un mousse du même

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