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de Pontèves, comte de Carces, lequel commandait les gentilshommes du pays.

La guerre menaçait la Provence et Marseille ; le connétable de Bourbon avait pris, de l'aveu de Charles-Quint, le titre de comte de Provence ; il marchait, avec ses troupes, vers le Var; le marquis de Pescaire lui servait de lieutenant. En même temps Hugues de Moncade, combinant ses opérations avec les siennes, longeait, avec sa flotte impériale composée de seize galères, les côtes de la Méditerranée. Hugues avait été fort bien accueilli, dans le port de Monaco, par Augustin de Grimaldi, évêque de Grasse et abbé de Lérins. Lafayette, qui commandait l'escadre française, résolut d'aller attaquer Moncade, qu'il rencontra à la hauteur de Nice. Dans l'engagement qui eut lieu, Moncade eut le dessous; il fit échouer trois de ses galères, et Pescaire les brûla, afin d'empêcher qu'elles ne tombassent au pouvoir de Lafayette. Celui-ci força Hugues à ramener sa flotte battue dans le port de Monaco; Philibert de Châlons, prince d'Orange, avec une foule de seigneurs qui l'avaient suivi depuis Barcelonne, tomba au pouvoir de Lafayette, qui envoya tous ces prisonniers de haut rang à Marseille.

Ce premier échec était d'un bon présage; au commencement de juillet 1525, Charles de Bourbon passa le Var; son armée se composait de

sept mille lansquenets, de six mille fantassins espagnols, de deux mille Italiens et de six-cents chevau-légers; il pouvait compter sur Lannoy, qui avait promis de le joindre avec mille hommes d'armes. Le long du Var, par ordre de Claude de Tende, gouverneur et sénéchal de Provence, Ludovic de Grasse, seigneur du Mas, à la tête de quelques bandes de paysans mal armés, était chargé de défendre le passage du fleuve. Bourbon le culbuta et fit son entrée en Provence; il dispersa les troupes de Jean de Pontèves de Carces, et de son frère Honoré, seigneur de Flassans, les passages furent bientôt libres; Bourbon s'avançait à travers un pays démoralisé.

Le connétable croyait enfin toucher au moinent de punir la cour de François 1er de tant d'affronts qu'il avait subis. Son plan de campagne, habilement préparé, échoua par un manque de promesses. Il croyait qu'à mesure qu'il envahirait le midi de la France, l'Espagne ferait irruption par la Guienne, l'Angleterre par la Picardie et l'Allemagne par la Bourgogne. Quatre armées devaient enlacer le pays; Bourbon arriva seul au rendez-vous.

Bourbon voulait marcher au cœur du pays, mais Pescaire s'y opposa, de peur de compromettre les troupes impériales et força le connétable à mettre le siège devant Marseille.

Toutes les villes qu'il rencontra furent prises; et dans les premiers jours d'août, les chevaux espagnols hennirent devant le village de Tretz, à quelques lieues de Marseille et d'Aix. Voici les dispositions que prit Charles de Bourbon : il distribua ses chevau-légers dans les villages de Fuveau, de Bouc, de Gardanne et de Peinier, et établit son quartier général près du hameau des Milles, au plan d'Aillane. De là il envoya par trois fois un hérault à Aix pour la soumettre à se rendre.

Le parlement l'avait abandonnée; le 7 août, Honoré du Puget, seigneur de Prat, premier consul de cette ville, vint en porter les clefs à Bourbon, qui nomma du Puget viguier d'Aix. Celui-ci, au retour, fit pendre à la place des Trois Ormeaux un paysan qui refusait de crier vive Bourbon.

Le 13 août, le connétable vint reconnaître Marseille, et le 19, il conduisit devant cette ville toute son armée. Le marquis de Pescaire se logea avec les siens à l'hôpital Saint-Lazare, les lansquenets à Porte-Galle et les Espagnols au chemin d'Aubagne.

On ouvrit la tranchée, et le 23 la ville commença à être canonnée; au feu des ennemis, les Marseillais opposèrent le leur; les boulets de la ville incendiaient le camp espagnol, mais la tranchée avait été si vigoureusement poussée, qu'elle permettait de faire une mine redoutable.

Les Marseillais contreminèrent, et dans leur défense ils furent si merveilleusement secondés par les femmes, que la fortification fut nommée la tranchée des Dames. Parmi ceux qui se distinguèrent dans cette glorieuse défense, l'histoire nomme le viguier Antoine de Glandevès, seigneur de Cuges, le consul Pierre Vento, Pierre Comte et Mathieu Laure, l'assesseur Sabatéris, Carlin Blanc, Charles de Monteoux, Cosme Arnaud et Jullien Beissan, capitaines de quartier et chefs de la milice bourgeoise, Jean de Caux et Gabriel Vivaud, commandans de l'artillerie. A ces noms il faut ajouter ceux de Charles de Forbin, de Nicolas d'Arene, d'Honoré de Valbelle, d'Antoine d'Albertas, de Bertrand de Candolle, de Thomas de Montolieu, de Riquetty, d'Aurias, de Gras de Jarente, de Bourguignon de Bricard et de Pierre de Cépède.

La canonnade continuait; une large brêche faite aux remparts semblait assurer le succès du siège; aussi Bourbon, contre l'avis de Pescaire, résolut de donner l'assaut; toutes les dispositions furent prises le 25 septembre ; au moment du coucher du soleil, les Espagnols s'avancèrent en bon ordre vers la brêche; là une horrible mêlée eût lieu les soldats de la garnison secondés, par les bourgeois et les femmes, se battirent en désespérés et portèrent une telle confusion dans les rangs des Espagnols, que ceux-ci, repoussés

et culbutés se précipitèrent dans leur camp, avec un inexprimable désordre. Dans la nuit Bourbon découragé, songea à la retraite. Ce qui acheva de le décider, c'était le manque de vivres et de munitions ; de plus il apprit que les maréchaux de Chabannes et de Montmorency, maîtres d'une formidable artillerie, allaient combiner leurs opérations avec le comte de Carces, déjà à la tête de nombreuses levées.

Bourbon apprit coup sur coup de bien plus affligeantes nouvelles l'avant-garde de l'armée française était déjà arrivée à Salon; abandonné de Pescaire, repoussé par des bourgeois marseillais, le connétable reprit, avec des débris de troupes, la route du Var; il fut harcelé par les paysans qui accoururent sur les flancs et les derrières de son armée. A Nice, où elle ne fut pas admise, elle commit d'horribles dégâts dans les campagnes voisines; elle repassa ensuite les monts.

A peine Marseille se trouvait-elle délivrée des Espagnols, que des bandes armées sorties de cette ville, allèrent piller Aix, pour la punir d'avoir admis dans son enceinte les troupes de Bourbon. Quelque temps après, François 1er arriva dans cette dernière ville, et fit trancher la tête au viguier Honoré du Puget, qui avait remis les clés d'Aix au connétable. C'est là cet acte de cruauté qui fut blâmé par les seigneurs de la cour. Ensuite François partit pour l'Italie,

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