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toutes parts. On refit le plus grand nombre des cathédrales; les abbayes, les prieurés, les simples paroisses des campagnes furent à l'envi réédifiés; et ce qu'il y a de plus curieux, c'est que pour en venir là, il ne fallut pas même que ces édifices eussent besoin de réparation ou d'agrandissement. Les chroniques affirment que beaucoup d'entre eux ne durent leur reconstruction qu'à la pensée alors dominante d'embellir la maison de Dieu. Or, en quoi consistèrent principalement ces améliorations universellement enviées, sinon en ce que les édifices sacrés devinrent plus vastes et furent maçonnés non plus en mélange de bois et de moellons, comme auparavant, mais en fortes murailles composées d'un épais blocage de pierres et de ciment, que revêtit de tous côtés un appareil uniforme et régulier, comme nous l'avons encore dans la plupart de nos vieilles églises. Ce genre nouveau, signalé alors comme une conquête de l'architecture religieuse, et qui devait être emprunté aux forteresses de la féodalité, attestait par la noble et imposante fermeté de son style les grandes et immortelles pensées de ces peuples chrétiens, rendus par l'expulsion des barbares et le retour de la paix à leurs plus solides espérances. N'était-ce pas là encore un symbole de l'inébranlable force de la foi?

Une telle émulation se prolongea bien au-delà du règne de Robert, qui en avait donné l'exemple, et prépara ce beau XII° siècle, où les plus suaves fleurs de l'architecture chrétienne s'épanouirent sur les collines et dans les vallées de l'Occident.

L'ABBÉ AUBER,

Chanoine de l'église de l'oitiers, H storiographe du diocèse.

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VUE ANCIENNE DU CHÂTEAU DE PICQUICNY. (CÔTÉ SEPTENTRIONAL)

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A.Hirondar (gravures)

ÉTUDE HISTORIQUE SUR LES LOTERIES

Discours prononcé le 2 Décembre 1860

A l'Hôtel-de-Ville d'Amiens,

A L'OCCASION DU PREMIER TIRAGE DE LA LOTERIE DU MUSÉE NAPOLÉON

PAR M. L'ABBÉ J. CORBLET

Vice-président de la Commission du Musée Napoléon.

DEUXIÈME ARTICLE

IV. LOTERIES FRANÇAISES SOUS LE RÈGNE DE LOUIS XIV.

Le règne de Louis XIII ne nous a fourni aucun exemple de loteries; mais celui de son successeur nous offre des loteries, 1° de libéralité, 2° de spéculations particulières, 3° d'état, 4o de bienfaisance, 5o de commerce. Nous parlerons successivement de chacune de ces catégories.

I. Le 4 mai 1685, Louis XIV, se souvenant sans doute d'une loterie de munificence offerte autrefois par le cardinal Mazarin, en donna une de 3,000 billets gratuits aux dames de la Cour; il n'y avait que 24 lots, dont quatre de cinq cents

* Voir le numéro de janvier 1861, page 12.

TOME V. Février 1861.

5

louis et vingt de bijoux. « Par un bonheur extraordinaire, dit le marquis de Dangeau ', Mme de Levestein eut les quatre lots d'argent. » L'aventure, en effet, nous paraît aussi extraordinaire que celle des quatre Probus; et il est permis de se demander si le hasard n'a pas été un peu aidé.

Ce divertissement fut renouvelé quelques mois plus tard, à l'occasion du mariage de Me de Nantes avec le duc de Bourbon. Quatre splendides boutiques étalaient dans le grand salon de Marly les œuvres les plus accomplies de l'industrie parisienne, que le sort distribua entre les invités, et Voltaire 2 nous dit, qu'en cette occasion, la générosité du roi dépassa les prodigalités des empereurs romains.

Trois ans plus tard, dans le même château, c'était le prince de Conti qui consacrait mille pistoles à offrir aux dames de la Cour une blanque composée de riches étoffes, de gracieux éventails et de splendides bijoux 3.

4

Les nobles et les financiers imitaient souvent l'exemple du Roi, de la Reine et des princes du sang. A l'issue de leurs festins on apportait deux séries de billets; les uns contenaient les noms des convives; les autres, la liste des libéralités qui leur étaient destinées. On tirait en même temps un billet de chaque série, et le sort unissait ainsi le nom de chaque cadeau à celui de son destinataire ".

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Mémoires et Journal, 4 mai 1685.

Siècle de Louis XIV.

3 DANGEAU, Mémoires, 29 janvier 1689.

« M. Bontemps, premier valet de chambre du Roy, pour mettre à la lotterie de la Reyne, suivant l'ordre de Monseigneur, onze cents livres. » Compte du duc Mazarin, ms. cité par MONTEIL, Hist. des Francais, XVIIe siècle, note 9 du chapitre de la Belle mariée.

5 Une des plus riches loteries de dons fut celle du duc d'Anjou.

6 CHAUSSARD, Voyage de Casimir en France pendant le règne de Louis XIV, t. 1, p. 123.

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