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trouvée confirmée par la découverte d'un grand bas relief dont le moulage, exécuté par les soins de M. Charles Lenormant, a été offert par son fils à l'École des Beaux-Arts de Paris. Ce bas-relief, que j'ai vu à un second voyage que je fis exprès à Éleusis, le 28 mai', est brisé en quatre morceaux; il représente Triptolème entre Cérès et Proserpine 2.

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MM. Lenormant n'ont visité Eleusis que le 23 octobre. Nous avons donc le droit de revendiquer, pour M. Pittakis et pour nous, la priorité, malgré l'assertion de M. François Lenormant (Gazette des Beaux-Arts, 15 avril 1860): « Nous étions, dit-il, sinon les auteurs de la découverte, du moins les premiers étrangers, et peut-être les premiers archéologues qui eussent eu l'occasion de voir ce bas-relief et d'en constater l'importance.

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Au même lieu, on a trouvé presque en même temps une tête colossale de Neptune, que M. Ch. Lenormant a fait mouler également, et qui est encastrée dans la muraille,au-dessus de la porte de la nouvelle école communale d'Eleusis.

2 Voy. le savant mémoire de M. François Lenormant, Gazette des BeauxArts, 15 avril 1860.

On a beaucoup exagéré sa valeur, sans doute; mais il n'en est pas moins très-intéressant pour l'histoire de l'art, ne fût-ce que par l'inégalité même du mérite de ses diverses parties. Il nous semble évident, et en cela nous sommes heureux que notre opinion se soit rencontrée avec celle de notre savant ami, M. Beulé, il nous semble que ce monument appartient à une époque de transition, de transformation de l'art, et qu'on doit y reconnaître l'œuvre d'un sculpteur qui, sans abandonner entièrement le style de l'ancienne école achaïque dans laquelle il a été élevé, subit cependant déjà l'influence de celle de Phidias, qui commence à dominer et va bientôt porter l'art grec à son apogée. Ce bas-relief est aujourd'hui le plus précieux monument conservé dans la petite chapelle d'Éleusis, à laquelle, en son honneur, on s'est décidé à donner une porte et des fenêtres.

peu

Partis d'Éleusis à une heure et demie, nous suivons à près la voie sacrée que parcourait la grande procession qui se rendait, chaque année, d'Athènes au temple de Cérès. A peu de distance, à droite de la route, sont quelques assises helléniques d'un des nombreux tombeaux qui bordaient cette voie. Plus loin, à gauche, nous voyons les restes d'un mausolée plus important, dont la masse quadrangulaire est formée d'assises régulières de marbre blanc. A l'intérieur, un sarcophage renversé porte une longue épitaphe dont les premiers mots, ΣΤΡΑΤΩΝ ΙΣΙΔΟΤΟΥ, nous font connaitre le nom du personnage en l'honneur duquel le monument avait été érigé. Je crois ce tombeau d'époque romaine, d'autant plus que parmi ses ruines se trouve un grand médaillon trèsmutilé, de même style que celui que nous avons vu aux propylées d'Éleusis.

Avant de quitter les bords du golfe d'Eleusis, nous apercevons sur une colline, à quarante pas de la route, une

TOME V.

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bande nombreuse de vautours fauves que le bruit même de notre voiture ne fait pas enlever; sur le rocher, nous reconnaissons les traces qu'ont laissées les roues des chars qui suivaient la voie sacrée, et nous nous engageons dans le pittoresque défilé de Gaïdarion, qui, séparant les monts Icare et Corydalus, réunit les plaines d'Éleusis et d'Athènes. Vers le tiers de ce passage, on trouve, à gauche de la route, un monceau de ruines informes, et des traces d'ex-voto taillées dans le rocher; c'est tout ce qui reste du temple de Vénus Philo.

Au point le plus élevé du défilé est le monastère de Daphné, qui a remplacé un temple d'Apollon dont les deux dernières colonnes ioniques ont été enlevées par lord Elgin', et dont il ne reste visible que les substructions parallèles à l'église. Du côté de la route, le monastère était défendu par un grand mur crénelé, aujourd'hui en ruines; le rempart, flanqué de tours, est probablement de construction vénitienne. L'église, en fort mauvais état, est un curieux spécimen de l'architecture byzantine. En y entrant par la façade, on se trouve dans une sorte de vestibule, de narthex, formé par l'ancien porche dont on a muré les entrecolonnements. Trois des quatre colonnes qui formaient ce portique sont de marbre et antiques. Un sarcophage de marbre y est déposé. La muraille qui forme le fond du vestibule est percée de cinq portes; les deux plus petites, aux extrémités, ouvrent sur deux petites chapelles voûtées, dont une contient un énorme sarcophage de marbre. Les trois portes du milieu donnent dans un étroit vestibule communiquant à l'église par une porte très-élevée à chaque bout, et au milieu par une trèspetite porte ogivale. Dans des culs-de-four, aux extrémités

1 British Museum, Elgin Saloon, no 231 et 264.

de ce vestibule, sont les têtes en mosaïque de deux saints; sur les arcs existent encore quelques autres restes de mosaïques. L'église même est en forme de croix grecque avec dôme au centre et deux étroites chapelles aux côtés du chœur. Toute la partie supérieure du monument était revêtue de mosaïques. A la coupole est une tête colossale du Christ, et au-dessous, entre les fenêtres, sont seize figures de saints; aux pendentifs sont représentés le Baptême de Jésus-Christ, la Transfiguration, l'Annonciation et la Nativité. Dans la croisée de gauche sont peints en grisaille le Christ sur la croix et les saintes Femmes, en face de l'Entrée à Jérusalem ; à la croisée de droite, nous voyons la Résurrection de Lazare et l'Incrédulité de saint Thomas. A la tribune est en mosaïque la Vierge entre deux anges. Dans les chapelles latérales sont deux têtes de Saints, et dans celle de droite on remarque quelques restes de peintures byzantines représentant la Vierge, des Anges et des Saints. Au nord de l'église se trouve, comme je l'ai dit, l'emplacement du temple d'Apollon; au sud est un cloître ruiné, soutenu d'un côté par des tronçons de colonnes antiques. Sur un mur, à hauteur d'appui, est déposé un beau chapiteau ionique ayant dû appartenir au temple. Sur le sol sont couchées plusieurs autres colonnes antiques de granit, et d'autres marbres provenant, sans doute, du côté méridional du cloître qui manque entiè

rement.

Continuant à parcourir la voie sacrée, nous reconnaissons sur ses bords les restes de nombreux tombeaux antiques. En sortant du défilé, nous laissons à gauche le mont Saint-Élie, dont le sommet porte un petit monastère, et bientôt devant nous se déploie la plaine d'Athènes; en face se dressent l'Acropole et le mont Hymette; à droite s'étendent les ports et la mer; à gauche, notre ceil plane sur Céphissia et le Penté

lique, et un peu en arrière du même côté, il admire les profils heurtés et sévères du Parnès. A six heures, nous étions à Athènes, que nous n'avions quittée que depuis quatre jours; et pourtant, pendant ces quelques heures, quels souvenirs nous avions évoqués? Hercule, Persée, Thyeste, Atrée, Agamemnon, Tyrinthe, Argos, Mycènes, Némée, Corinthe, Mégare, Éleusis, Salamine, Lépante! Ces grands noms qui, dans notre jeunesse, ont tant de fois fait battre nos cœurs, ont pris pour nous un corps, une réalité. Avec quel bonheur nous relirons ces drames saisissants d'Homère, d'Hérodote, de Thucydide, de Diodore, dont maintenant la scène se déroulera sous nos yeux! Voir, c'est avoir, a-t-on dit; mais aussi, lire, c'est acquérir. Puissent mes lecteurs avoir eu quelque plaisir à partager mes richesses!

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