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précier complètement sa forme et sa destination primitive. Les murailles présentent trois appareils différents de construction cyclopéenne; les unes sont formées de polygones irréguliers; les autres, de blocs grossièrement équarris, rangés par assises horizontales, de hauteurs inégales et dont les joints tombent indifféremment sur des pleins ou sur d'autres joints; enfin le troisième appareil ne diffère du second que par la taille plus soignée des blocs qui le composent'.

Trois portes donnaient accès dans la citadelle: la principale, située à l'ouest, est la célèbre Porte des Lions; la seconde, plus petite, située au nord 2, est formée de deux montants carrés supportant deux gros blocs servant de linteaux. On voit encore dans les jambages les trous qui reçurent les gonds. Enfin, Dodwell signale une porte plus petite encore, de forme aiguë au sommet; mais elle est à peine visible, ensevelie qu'elle est sous les décombres et les broussailles.

La Porte des Lions paraît dater de l'époque de la seconde fondation de la ville par Persée. On y arrivait par un passage long de 17 mètres sur une largeur de 10 mètres, qui la mettait en communication avec la ville, disposition analogue à celle que nous avons signalée à la Trésorerie d'Atrée. Les murs qui forment ce passage sont composés de grands blocs de pierres rectangulaires, posés par assises horizontales, joints sur joints. Cette porte est encore probablement dans le même état où elle se trouvait lorsque Pausanias parcourait la Grèce. Le sol, très-exhaussé et couvert de broussailles, empêche d'en saisir l'ensemble et les proportions; cependant, selon Dodwell, sa hauteur totale dut être de 555 environ; la lar

Nous avons dit ailleurs quelles inductions on pouvait tirer de cette variété d'appareil.

2 Voyez la gravure en tête de notre premier article,

p. 401.

5 View's and descr. of Cyclopian or pelasgic remains in Greece and Italy.

geur, dans la partie supérieure, est de 3"; la longueur du seuil devait être un peu plus considérable. Le linteau consiste

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en une seule pierre de 4m80° de longueur, 2m de hauteur et 120c d'épaisseur. Les portes pliantes et qu'on assujettissait par des barres, jouaient sur des pivots dont les tourillons, d'environ 0m08 de profondeur, sont encore visibles sur la surface intérieure du linteau. Cette porte doit surtout sa célébrité au bas-relief qui la surmonte et qui lui a donné son nom. Ce bas-relief, sans doute le plus

ancien exemple que nous possédions de l'art des âges héroïques qui ont précédé la guerre de Troie, est sculpté dans une pierre triangulaire, encastrée au dessus de l'architrave, large de 3m20° à la base, haute de 2o90° et épaisse de 1m70c1.

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Bas-relief.

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Ce bloc a été pris tour à tour pour un marbre ou pour un basalte vert

« C'est une erreur, dit M. Blouet, aussi bien dans un cas que dans l'autre. C'est un calcaire très-fin, semblable à ceux que l'on trouve encore en Mes sénie et en Arcadie. »

Au centre du bas-relief s'élève une sorte de pilier semi-cir culaire, qui offrirait quelque analogie avec l'ordre dorique, n'était qu'à l'inverse de l'usage, il diminue sensiblement de haut en bas. Le chapiteau est composé de trois annelets, à quelque distance les uns des autres; l'abaque est celui de l'ordre dorique; il supporte quatre corps ronds, qui sont à leur tour surmontés d'un second abaque semblable au premier. La base consiste en un simple tore reposant sur un soubassement composé de deux plinthes séparées par une scotie. Aux côtés du pilier se dressent deux animaux qui semblent servir de supports, et qu'en terme de blason on désignerait par l'épithète de rampants. Les pattes de devant s'appuient sur le soubassement du pilier, tandis que les pattes de derrière reposent sur l'architrave de la porte. Les queues, à la vérité, ressemblent peu à celles des lions; les têtes manquent et ont sans doute été brisées à l'époque de la destruction de Mycènes par les Argiens, de sorte qu'on ne peut connaître si elles étaient tournées d'un côté ou de l'autre, ou si elles étaient de face. Cependant il serait impossible d'adopter l'opinion de Clarke, qui croit y voir des tigres ou des panthères'. Quand même les preuves tirées du symbolisme, que nous donnerons plus loin, ne sembleraient pas satisfaisantes, les restes de crinière que l'on reconnait encore à l'animal de gauche, les pattes qui sont parfaitement accusées, suffiraient pour détruire toute espèce de doute. D'ailleurs, Pausanias dit en termes précis, et c'est Clarke lui-même qui le cite: « Il reste encore une partie de l'enceinte et une porte sur laquelle sont placés des lions 2.

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Quoique cet antique bas-relief ait été fait au marteau et

Travels in various countries of Europa, Asia, and Africa,

Corinth c. XVI.

paraisse un peu roide et lourd de forme, il n'en a pas moins un caractère sévère qui produit une vive impression. Il paraît difficile d'indiquer d'une manière certaine la pensée qui a présidé à cette singulière composition; mais, en examinant les restes de sculptures mithriaques de la Perse, tels que nous les connaissons par les ouvrages de Tavernier, Chardin, Thévenot, Ker-Porter, etc., on trouve dans quelques-uns de leurs symboles tant de ressemblance avec ceux représentés à Mycènes, qu'il est impossible de ne pas reconnaître une donnée unique, une origine commune. Partout on retrouve ce même pilier, qui évidemment n'est autre chose que l'autel du feu, le πupaι0εiov, l'atschdan qu'on retrouve sur les médailles des rois perses de la dynastie des Sassanides, médailles si connues par l'excellent ouvrage de notre savant ami Adrien de Longpérier'.

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On sait que c'était sous une forme analogue que les Perses représentaient souvent le soleil comme emblème du principe générateur. A Amyclée, un pilier était de même l'image symbolique d'Apollon. Le lion est bien connu pour être l'emblème de Mithra 2, et il est sans cesse répété dans les sculptures per sanes. Les prêtres de ce Dieu, selon Porphyre, portaient

1840.

Essai sur les médailles des rois perses de la dynastie Sassanide. In-4,

2 Voy. le torse de Mithra du musée d'Arles. E. BRETON et DE JOUFFROY, Introduction à l'Histoire de France. Pl. VII.

même le nom de lions. Ces divers symboles, dit Diodore, avaient été empruntés à l'Égypte.

Des relations intimes existèrent longtemps entre les Spartiates et les Argiens, et il est avéré que les rites religieux des premiers, en ce qui touchait le culte du soleil, étaient les mêmes que ceux des Perses; car les Spartiates sacrifiaient à ce dieu des chevaux sur le Taygète, comme c'était aussi la coutume des Perses'. Ce culte fut probablement introduit dans la Grèce lors des premiers rapports qui existèrent entre les deux pays, suivant Hérodote et Xénophon, ou par les premières colonies égyptiennes. Dodwell suppose même que le bas-relief qui nous occupe pourrait avoir été apporté par elles des bords du Nil, comme une sorte de palladium. Cette conjecture nous paraît démentie par le style même de la sculpture, qui diffère très-notablement de l'ancien style égyptien.

Resterait à expliquer les quatre boules ou plutôt les quatre disques qui surmontent le pilier; car, ainsi que le fait remarquer Dodwell, ces objets présentent une surface plane et non sphérique. On a voulu y voir le symbole des révolutions de la lune, des quatre saisons, des quatre yeux qui, suivant Meursius, se voyaient au simulacre d'Apollon à Amyclée. Peut-être ces quatre disques ne sont-ils simplement que l'extrémité des bûches placées sur l'autel, et ce qu'on a pris pour un second abaque n'est-il que le profil d'autres pièces de bois placées en travers. Cette hypothèse, toute prosaïque qu'elle est, ne me paraît pas dénuée de vraisemblance, d'autant plus que le tout était surmonté d'une flamme, ainsi que l'indique la forme même du bas-relief, qui se terminait en pointe, et comme ne permettent pas d'en douter les divers exemples que nous avons cités.

1 PAUSANIAS. Lacon.

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