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tombeau serait celui dans lequel l'abbé Hugues transféra en 835, le corps de saint Quentin', dans la crypte qu'il lui avait fait bâtir. Mais ce sarcophage nous paraît beaucoup plus ancien et nous croyons, avec quelque vraisemblance, qu'il est celui dans lequel sainte Eusébie a enseveli saint Quentin, au milieu du IVe siècle.

Qu'on nous permette de dire ici, en peu de mots, pourquoi le tombeau de marbre blanc ne nous paraît pas être celui de l'abbé Hugues, comme le dit Dom Grenier, et pourquoi il est vraisemblable que c'est celui de sainte Eusébie.

La forme du tombeau de saint Quentin diffère essentiellement de celle des sarcophages de l'époque mérovingienne. Le tombeau fait par Hugues a dû être décoré, puisqu'il était placé hors de terre, soutenu par des colonnettes; il a dû porter soit une inscription, soit des symboles chrétiens, puisqu'il était destiné à recevoir les reliques d'un Saint et à être exposé à la vénération des fidèles. Enfin, au VIIIe siècle, on n'aurait pas creusé un tombeau pour un Saint dans une colonne de marbre blanc, provenant sans doute de quelque temple païen, mais on eût fait un sarcophage en pierre, comme ceux de Clovis et de Clotilde, d'une forme évasée, avec couvercle prismatique, dans le style de ceux de saint Victorice et saint Cassien (IX siècle) qui indiquent ce qu'a dû être le tombeau apparent de l'abbé Hugues.

Les preuves abondent, au contraire, pour démontrer que le tombeau dont nous donnons ici le dessin, est celui préparé par sainte Eusébie. On sait que les sarcophages de la première période chrétienne n'étaient pas décorés; les ornements, les symboles, n'arrivèrent que sur les tombeaux destinés, soit à être apparents, soit à servir d'autels pour le saint sa

DOM GRENIER, liasse 22, paquet F. (Biblioth. impér.)

crifice de la Messe, comme le sarcophage de Moissac et celui qui sert d'autel dans l'église de Saint-Denis (fig. 4).

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Le tombeau de saint Quentin a la forme hémicylindrique des sarcophages chrétiens du IVe siècle. Il est semblable à celui d'Honorius (IVe siècle), qu'on voit à Ravenne. Le tombeau de saint Hilaire', enseveli en 368, est en marbre blanc; il a la même forme que celui de saint Quentin; mais, comme il devait être apparent, il a été décoré à ses extrémités et sur les croisillons, de figures et d'emblêmes.

Le fût de colonne en marbre blanc qu'on a choisi pour y creuser le tombeau de saint Quentin, indique qu'on a fait pour cet Apôtre ce qui a été pratiqué pour plusieurs Saints, c'est-à-dire qu'on l'a enseveli dans la colonne d'un temple païen dont il avait renversé les idoles. Ce tombeau n'a pas pu être placé sur des colonnettes, comme l'indique l'histoire pour celui de l'abbé Hugues, à cause des cannelures qui sont encore à sa partie inférieure. Enfin, l'absence de tout ornement montre évidemment que ce sarcophage a été destiné, par sainte Eusébie, à être mis en terre; ajoutons que la couleur jaune que ce tombeau a revêtue à l'extérieur et qu'il conserve encore, montre qu'il a séjourné dans la terre argileuse qui forme le fond du sol de l'église de Saint-Quentin.

CH. GOMART.

' Essai historique sur saint Hilaire, par M. DE LONGUEMAR, p. 54.

CHRONIQUE.

Le R. P. Dom Renon nous écrit de l'abbaye de Solesmes : «Notre article sur la Croix de Caravaca, inséré dans le no de février, a éveillé l'attention de plusieurs amateurs, au nombre desquels M. l'abbé Godefroy, de Cherbourg, et un anonyme de Marseille tous deux accompagnent leur lettre d'un dessin d'une Croix de Caravaca dont les détails diffèrent assez de la nôtre pour être mentionnés ici.

« M. l'abbé Godefroy fait observer d'abord la parfaite similitude des deux croix, pour la forme, pour les dimensions, pour les personnages, et même pour la place de chacun d'eux, aussi bien que des objets de la scène qui est évidemment le sujet principal de la gravure; les deux anges apportant la croix, le prêtre, les quatre assistants et jusqu'au répondant avec sa sonnette, rien n'y manque.

« Il y a cette différence que, sur la Croix publiée dans la Revue, le prêtre est représenté prêt à célébrer la messe, quoique le calice soit découvert, tandis que sur celle de M. l'abbé Godefroy le prêtre semble faire part à Zeyt-Abyzeyt de son embarras et lui dire en se tournant de son côté : « Il n'y a pas de Croix. » Ici, le calice est encore couvert et le sacrifice n'est pas commencé, mais le roi apercevant deux anges qui déposaient sur l'autel la Croix essentielle au sacrifice, la désigne du doigt en disant: «Ne serait-ce point ceci?»>

« Si ce côté de la Croix ressemble beaucoup, comme on en peut juger par ce qui précède, à la Croix de Solesmes, l'autre côté en diffère entièrement. Au lieu du Crucifix et de l'image de la Vierge immaculée, la croix de Cherbourg est toute chargée des objets qui rappellent la passion de Notre-Seigneur, la couronne d'épines, l'aiguière de Pilate, les dés, la sainte robe, l'oreille de Malchus, la lance et l'éponge, un gant, des fouets, une lanterne, l'échelle, la bourse et les deniers, le marteau et les tenailles, les trois clous; enfin la colonne surmontée du coq et portant sur une tête de mort.

Tous ces objets sont seulement gravés, comme ceux du premier côté de la Croix.

« Une seconde communication est d'un abonné de Marseille; lui aussi possède une croix de Caravaca, dont les gravures ne rappellent en rien l'origine de cette Croix; c'est donc au galbe qu'il faut s'attacher et non aux détails accessoires.

« Elle a 105 millimètres de hauteur; ses dessins et inscriptions sont au trait sans aucun relief. D'un côté, une sorte d'urne porte trois fleurs, au milieu desquelles se trouvent le monogramme IHS, puis l'inscription: GIOANES ORA PRO ME. De l'autre côté, un riche cartouche porte le monogramme A. M. et ces mots en langue espagnole SIN PECADO ORIGINAL.

« Il existe encore une Croix de Caravaca au musée de Cluny, sous le titre de « Reliquaire en forme de Croix de Lorraine. » C'est bien aussi la forme spéciale de Caravaca, sans aucun relief ni gravure, mais elle a treize ouvertures pour recevoir des reliques.

« La Croix de Lorraine et celle de Caravaca n'ont absolument de commun que le double croisillon. La première est très-courte et se termine toujours par des angles droits, la seconde au contraire est assez élancée et ses extrémités affectent constamment le même épanouissement signalé dans notre dessin. »

-M. Léon Mougenot, secrétaire de la Société d'Archéologie lorraine, vient de publier une brochure sur le type architectonique qui devrait obtenir la préférence à Nancy pour la construction d'une nouvelle église paroissiale. Les uns veulent adopter le style du XIIIe siècle, parce que c'est la plus noble expression des idées et des sentiments catholiques; les autres, et M. Mougenot est du nombre, admettent bien cette appréciation en général, mais ils croient que dans des villes complètement modernes, remarquables par leurs constructions des XVIIe et XVIIIe siècles, il ne faut point détruire l'harmonie par des pastiches gothiques. On voit que cette théorie ne concerne pas seulement Nancy, mais qu'elle peut s'appliquer à toutes les villes d'origine récente, à Versailles, Napoléon-Vendée, Turin, Carlsruhe, Mannheim, Dusseldorf, etc. Sans vouloir nous prononcer sur une question aussi grave, nous extrairons quelques lignes du spirituel plaidoyer de M. Mougenot:

« Étudions les siècles qui nous ont précédés, pour restaurer avec amour les monuments qui leur appartiennent, et les transmettre intacts à nos arrière-petits-neveux; mais ne semons pas au hasard, dans nos cités, et le roman, et le gothique, et la renaissance, et les styles postérieurs. Copions, puisque nous ne savons plus inventer, mais copions avec intelligence et n'imitons point le tobu-bohu improvisé à Munich par sa Majesté Bavaroise.

« Certes, il y a dans notre ville autre chose que le Nancy de Stanislas: il y a une période séculaire qu'il serait inique de répudier et que représentent les jalons qui s'appellent les tours Notre-Dame, le beffroi de Saint-Epvre, l'église des Cordeliers, les débris du château ducal, l'hôtel d'Haussonville, les portes militaires de Charlesle-Grand et de Henri, l'hôtel du Grand-Doyen de la Primatiale et les hôtels construits par Boffrand. A ces jalons véritables, ne mêlons point des jalons imposteurs; ne faisons pas de nos cités des magasins de bric-à-brac, débordant de contrefaçons gothiques et autres. Ne parodions rien, le beau surtout qui a droit à nos respects; et mettons-nous en garde contre la fausse monnaie archéologique.

« A Nancy done, que les constructeurs imitent le faire des meilleurs architectes du siècle dernier; et, de leur côté, que les Nurembergeois ne s'insurgent pas contre un type traditionnel dans l'ancienne ville impériale. Les compatriotes de M. Heideloff doivent accepter docilement le gothique; et en effet, maisons, portes de ville, gare de chemin de fer, toutes ces constructions nouvelles, d'un gothique quelquefois heureux, sont en harmonie avec l'aspect général de la vieille cité.

« Toutefois, c'est chose plus facile d'engendrer des ogives en Franconie, que d'élever en Lorraine des édifices Louis XV. Le gothique est à la mode, et Nuremberg ne fait que suivre le courant actuel qu'elle n'a point créé. A Nancy, au contraire, il faudrait se raidir contre cette mode et ses entraînements; car aujourd'hui le style Louis XV est honni, à peu près unanimement, en ce qui concerne l'architecture religieuse. Mais ce type a-t-il eu le temps de se développer? On construisait beaucoup au XVIIIe siècle, hormis des églises; et un architecte comme M. Louis eût sans doute conçu une œuvre fort remarquable.

« Nous ne proposons point pour modèles l'église Saint-Jacques

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