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Un de ses adjoints a fait la même découverte aux environs de Valladolid, dans la province de Mechoacan; et un autre, dans le district de Calabozo, de la province de Caracas.

Balmis a rempli subsidiairement un second objet dans son long voyage. If a rapporté un grand nombre de plantes exotiques, et notamment plusieurs arbres fruitiers qu'on espère pouvoir naturaliser en Espagne : mais ce n'est là que son moindre titre à l'immortalité que nous croyons pouvoir lui donner d'avance. Il nous sera permis de le citer désormais à nos détracteurs, et de dire, en parlant de Balmis et. de ses compagnons : « Les crimes des Pizzaro et des Valverde, » qu'on nous reproche depuis trois siècles, sont enfin com» pensés en Amérique par un bienfait qui conservera plus » d'hommes dans cette partie du monde, que leur férocité » n'en a immolé. »

PARIS, vendredi 12 décembre.

XXXVI BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE (1).

Posen, le 1 décembre 1806.

Le quartier-général du duc de Berg étoit, le 27, à Lowiez. Le général Bennigsen, commandant l'armée russe, espérant empêcher les Français d'entrer à Varsovie, avoit envoyé une avant-garde border la rivière de Bsura. Les avant-postes se rencontrèrent dans la journée du 26; les Russes furent culbutés. Le général Beaumont passa la Bsura à Lowiez, réta blit le pont, tua ou blessa plusieurs hussards russes, fit prisonniers plusieurs Cosaques, et les poursuivit jusqu'à Blonie,

Le 27, quelques coups de sabre furent donnés entre les grandes gardes de cavalerie; les Russes furent poursuivis ; on leur fit quelques prisonniers.

Le 28, à la nuit tombante, le grand-duc de Berg, avec sa cavalerie, entra à Varsovie. Le corps du maréchal Davoust est entré le 29. Les Russes avoient repassé la Vistule en brûlant le pont. Il est difficile de peindre l'enthousiasme des Polonais. Notre entrée dans cette grande ville étoit un triomphe; et les sentimens que les Polonais de toutes les classes montrent depuis notre arrivée, ne sauroient s'exprimer.

(1) Le dernier bulletin qui a été publié, étoit le 34. Nous insérons aujourd'hui le 36 : le lecteur n'attribuera le retard de l'arrivée du 35o quà une circ nstance imprévue qui a interventi cette fois l'ordre de la corres pondance.

L'amour de la patrie et le sentiment national est non-seulement conservé en entier dans le cœur du peuple, mais il a été retrempé par le malheur; sa première passion, son premier desir est de redevenir nation. Les plus riches sortent de leurs châteaux pour venir demander à grands cris le rétablissement de la nation, et offrir leurs enfans, leur fortune, leur influence. Ce spectacle est vraiment touchant. Déjà ils ont partout repris leur ancien costume, leurs anciennes habitudes.

Le trône de Pologne se rétablira-t-il, et cette grande nation reprendra-t-elle son existence et son indépendance? Da fond du tombeau renaîtra-t-elle à la vie? Dieu seul, qui tient dans ses mains les combinaisons de tous les événemens, est l'arbitre de ce grand problème politique; mais certes il n'y eut jamais d'événement plus mémorable, plus digne d'intérêt; et par une correspondance de sentimens qui fait l'éloge des Français, des traînards qui avoient commis quelques excès dans d'autres pays, ont été touchés du bon accueil du peuple, et n'ont eu besoin d'aucun effort pour se bien comporter.

Nos soldats trouvent que les solitudes de la Pologne contrastent avec les campagnes riantes de leur patrie; mais ils ajoutent aussitôt : Ce sont de bonnes gens que les Polonais. Ce peuple se montre vraiment sous des couleurs intéressantes.

PROCLAMATION.

Au quartier-général impérial, à Posen, le a décembre 1806. "Soldats,

« Il y a aujourdhiui un an, à cette heure même, que vous » étiez sur le champ mémorable d'Austerlitz. Les bataillons >> russes épouvantés fuyoient en déroute, ou, enveloppés, ren» doient les armes à leurs vainqueurs. Le lendemain, ils firent » entendre des paroles de paix; mais elles étoient trompeuses. » A peine échappés par l'effet d'une générosité peut-être >> condamnable, aux désastres de la troisième coalition, ils en >>ont ourdi une quatrième. Mais l'allié sur la tactique duquel >> ils fondoient leur principale espérance, n'est déjà plus. Ses » places fortes, ses capitales, ses magasins, ses arsenaux, » 280 drapeaux, 700 pièces de bataille, cinq grandes places » de guerre sont en notre pouvoir. L'Oder, la Wartha, » les déserts de la Pologne, les mauvais temps de la saison » n'ont pu vous arrêter un moment. Vous avez tout bravé, » tout surmonté; tout a fui à votre approche.

» C'est en vain que les Russes ont voulu défendre la capi» tale de cette ancienne et illustre Pologne, l'Aigle française » plane sur la Vistule. Le brave et infortuné Polonais, en » vous voyant, croit revoir les légions de Sobieski de retour » de leur mémorable expédition.

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» Soldats, nous ne déposerons point les armes que la paix » générale n'ait affermi et assuré la puissance de nos alliés, » n'ait restitué à notre commerce sa liberté et ses colonies. » Nous avons conquis sur l'Elbe et l'Oder, Pondichery, nos » établissement des Indes, le Cap de Bonne-Espérance et les >> colonies espagnoles. Qui donneroit le droit de faire espérer >> aux Russes de balancer les destins? Qui leur donneroit le » droit de renverser de si justes desseins? EUX ET NOUS NE » SOMMES-NOUS PAS LES SOLDATS D'AUSTERLITZ? »

Signé NAPOLÉON.

OUDRE D U JOUR.

De notre camp impérial de Posen, le 2 décembre 1806. NAPOLÉON, Empereur des Français et Roi d'Italie, Avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. I. Il sera établi sur l'emplacement de la Madeleine de notre bonne ville de Paris, aux frais du trésor de notre couronne, un monument dédié à la Grande-Armée, portant sur le frontispice: L'EMPEREUR NAPOLÉON AUX SOLDATS

DE LA GRANDE-ARMÉE.

II. Dans l'intérieur du monument seront inscrits, sur des tables de marbre, les noms de tous les hommes, par corps d'armée, et par régiment qui ont assisté aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz et d'Jena; et sur des tables d'or massif, les noms de tous ceux qui sont morts sur les champs de bataille. Sur des tables d'argent sera gravée la récapitulation, par département, des soldats que chaque département a fournis à la Grande

Armée.

III. Autour de la salle seront sculptés des bas-reliefs où seront représentés les colonels de chacun des régimens de la Grande-Armée, avec leurs noms; ces bas-reliefs seront faits de manière que les colonels soient groupés autour de leurs généraux de division et de brigade par corps d'armée. Les statues en marbre des maréchaux qui ont commandé des corps ou qui ont fait partie de la Grande- Armée, seront placées dans l'intérieur de la salle.

IV. Les armures, statues, monumens de toute espèce enlelevés par la Grande-Armée dans ces deux campagnes; les drapeaux, étendards et timbales conquis par la GrandeArmée, avec les noms des régimens ennemis auxquels ils appartenoient, seront déposés dans l'intérieur du monument.

V. Tous les ans, aux anniversaires des batailles d'Austerlitz et d'Jena, le monument sera illuminé, et il sera donné un concert, précédé d'un discours sur les vertus nécessaires au soldat, et d'un éloge de ceux qui périrent sur le champ de bataille dans ces journées mémorables.

Un mois avant, un concours sera ouvert pour recevoir la meilleure pièce de musique analogue aux circonstances.

Une médaille d'or de 150 doubles napoléons sera donnée aux auteurs de chacune de ces pièces qui auront remporté le prix.

Dans les discours et odes, il est expressément défendu de faire aucune mention de l'EMPEREUR.

VI. Notre ministre de l'intérieur ouvrira sans délai un concours d'architecture pour choisir le meilleur projet pour l'exécution de ce monument.

Une des conditions du prospectus sera de conserver la partie du bâtiment de la Madelaine qui existe aujourd'hui”, et que la dépense ne dépasse pas trois millions.

Une commission de la classe des beaux-arts de notre Institut sera chargée de faire un rapport à notre ministre de l'intérieur, avant le mois de mars 1807, sur les projets soumis au concours. Les travaux commenceront le 15 mai, et devront être achevés avant l'an 1809.

Notre ministre de l'intérieur sera chargé de tous les détails relatifs à la construction du monument, et le directeurgénéral de nos musées, de tous les détails des bas-reliefs, statues et tableaux.

VII. Il sera acheté cent mille francs de rente en inscriptions sur le grand-livre, pour servir à la dotation du monument et à son entretien annuel

VIII. Une fois le monument construit, le grand-conseil de la Légion d'Honneur sera spécialement chargé de sa garde, de sa conservation et de tout ce qui est relatif au concours annuel.

IX. Notre ministre de l'intérieur et l'intendant des biens de notre couronne, sont chargés de l'exécution du présent décret.

Signé NAPOLEON.

Le ministre des cultes a écrit la lettre suivante à messieurs les archevêques et évêques de l'Empire, sur le message de S. M. I. et R., lu à la séance du sénat, du 2 du courant:

« Monsieur l'évêque, les communications importantes faites au sénat, le 2 du courant, de la part de S. M. l'EMPEREUR "et Roi, attestent à son peuple, à l'Europe et à la postérité, les motifs généreux de sa conduite. Au milieu de ses triomphes, il n'aspire qu'au rétablissement de la paix générale.

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Il nous révèle les sacrifices qu'il s'imposoit pour écarter la nouvelle guerre qui a éclaté cette année, et dans laquelle son génie s'est signalé par tant de prodiges nouveaux. Il annonce qu'il est prêt à traiter avec nos ennemis, mais sur des bases qui puissent faire renaître la confiance des nations, garantir leur indépendance, et les défendre contre les entreprises et les violations d'un gouvernement dont l'affreuse politique est le fléau de l'Univers.

>> Pour atteindre ce but, il appelle autour de ses aigles triomphantes l'heureuse jeunesse destinée à vaincre sous ses ordres. Il vous appartient, monsieur l'évêque, de présenter aux hommes confiés à votre sollicitude pastorale, les raisons imposantes d'une mesure qui devance seulement de quelques mois la marche ordinaire de la conscription, et dont les résultats infaillibles seront le bonheur de la France et le repos du monde. Il vous appartient de manifester les dispositions paternelles ou bienfaisantes de l'EMPEREUR, et d'appuyer de toute l'autorité de la religion les devoirs sacrés qui lient si étroitement les sujets à leur prince et à leur patrie. Il vous appartient enfin d'inspirer par vos instructions ces sentimens nobles et élevés qui sont la source de toutes les vertus militaires et civiles, et qui constituent le vrai courage, ce dévouement généreux des ames fortes.

>> Dites aux jeunes braves: Le Dieu de nos pères conduit nos bataillons; il a béni les vastes et magnanimes projets de l'auguste monarque qui a relevé ses autels. Nos armées comptent autant de héros que de soldats. Les drapeaux sous lesquels vous allez vaincre, sont les drapeaux de la paix. Vous ne partez que pour la conquérir. Les espérances publiques ne seront plus trompées par des trèves perfides. L'EMPEREUR Veut que vous rapportiez dans vos cités et dans vos familles une paix solide et durable. C'est alors qu'il pourra réaliser tous les grands biens qu'il a résolu dans son cœur d'accomplir aux jours de son repos. Sachons tous, par notre zèle, par notre dévouement, par notre amour, nous montrer dignes des hautes destinées auxquelles la providence nous a appelés, en nous donnant un souverain devant qui la terre se tait, et qui, dans les combats, est toujours précédé de l'ange de la

victoire.

» Recevez, M. l'évêque, les assurances de ma considération distinguée. »

Paris, ce 5 novembre 1806.

Signé PORTALIS.

- En exécution du décret impérial, du 19 février 1806,

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