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» Si jours de printems ont leurs charmes,
» En jours d'hiver peuvent changer. »

Aux pieds d'un époux infidèle
Griselidis vole à l'instant.

« Grace demande, lui dit-elle,

» Ce n'est pour moi, j'en fais serment. » « Ah, lui dit-il, fût-ce à vous-même, » Je jure ici de l'accorder! >>

Seigneur, j'ai perdu ce que j'aime.... » Moi, je n'ai rien à demander.

» Mais de ce nouvel hyménée
>> Jurez de mieux sentir le prix.
» C'est assez d'une infortunée,
» Assez d'une Grisélidis.
>> Epargnez l'autre : elle est sensible;
» S'il lui falloit autant souffrir,
» Bien foible elle est; mais est possible
» Qu'eût le courage d'en mourir. »

«<< Ange, ou divinité sur terre,
» Reprit le Comte à ses genoux,
>> Revois tes enfans: à leur père
» Pardonne les torts d'un époux;
» Tu dois me haïr.... fais-moi grace!»
« Moi vous haïr! ... Ah, Monseigneur,
» Haine ne peut trouver sa place
» Où suffit à peine à bonheur ! »

De cette histoire intéressante
Finit ici le doux récit.

Mes chers amis, moi je vous chante
Ce qu'un Troubadour écrivit :
Fut toujours bonne autant que belle
Fut heureuse Grisélidis ;

Des femmes fut le vrai modèle....
Et voire même le phénix.

Jeunes époux, de jours tranquilles
Voulez-vous embellir vos ans?
Femmes, toujours soyez dociles;
Maris, ne soyez exigeans.
Retenez bien cette maxime:
L'indulgence est la clé du coeur;
Et tendre amour est sans estime,
Ce que plaisir est sans honneur.

L. M. F.

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VERS

servant d'envOI A UN PORTE-FEUILLE ET A UNE LETTRE.

AH! croyez-moi, défaites-vous
D'un fatras d'écrits circulaires,
De tant de jolis billets doux
Remplis d'ardeurs imaginaires.
De nos messieurs aux airs pincés,
A la tournure confiante,
Brulez les petits vers glacés
Et la prose insignifiante.

Mais, d'un tendre et discret amant
Lorsque vous recevrez l'hommage,
Quand il mettra dans son langage
Moins d'esprit que de sentiment;
Quand son style même un peu bête,
Exprimant un timide aveu,
Vous prouvera que tout son feu
Vient du cœur et non de la tête,
Des lettres écrites ainsi

Pourront valoir qu'on les recueille:
Serrez-les dans ce porte-feuille,
Et commencez par celle-ci.

ANDRIEUX.

L'AMOUR-PROPRE ET LA MODESTIE,

FABLE.

DANS les temps reculés de la Mythologie,
Au beau milieu de la céleste cour,

On vit naître le même jour

L'Amour-Propre et la Modestie.

« Ce couple, dit Jupin, nous vient fort à propos;
» La Modestie avec les sots

» Ira toujours de compagnie;

» L'Amour-Propre, au contraire, ira chez le Génie,
» Et le consolera de ses nombreux travaux. »
Mais le Destin à barbe grise,

En décida bien autrement.

Ah! vous le devinez, sans que je vous le dise:
La Modestie épousa le Talent,
Et l'Amour-Propre épousa la Sottise.

L'avis de Jupiter étoit plus consolant.

HOFFMAN.

ENIGME.

SANS être auteur, sans savoir lire,
J'ai publié des ouvrages savans;

On me retourne en tous les sens;

Je puis, sans dire un mot, faire pleurer ou rire.
Quoique né dans un rang au-dessous du bourgeois,
Du fond d'un galetas je monte chez les rois.
Du temps je brave les outrages,

Et je n'ai cependant ni santé ni vigueur;
Enfin, ans être grand seigneur,
On ne me voit point sans deux pages.

LOGOGRIPHE.

Je suis un tout avec ma queue
Composé de moi sans ma queue;
Et je ne meurs avec ma queue
Que quand je suis mort sans ma queue;
Les anciens m'employoient sans queue;
J'indique encor avec ma queue
L'endroit où l'on me met sans queue.
J'ai six pieds, orné de ma queue,
Donc je n'en ai que cinq sans queue.
Je te sers bien avec ma queue,
Lecteur, mais bien mieux sans ma queue.
Si tu me tiens avec ma queue
Tu dois me connoître sans queue.

CHARADE.

MON premier, tous les ans, sans pouvoir s'arrêter,
S'annonce, arrive, fuit, et se fait regretter;
Mon dernier, avec art, de trois corps se compose,
Quand il flatte le goût et les attraits de Rose;
Mon entier, qui nous mène aux liens les plus doux,
Cesse d'être aussitôt qu'il peut nous rendre époux.

F. BONNET (de l'Isle).

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme du dernier N°. est Bibliothèque.

Celui du Logogriphe est Moucheron.

Celui de la Charade est Vin-aigre,

Suite des RÉFLEXIONS SUR LE STYLE ET LA LITTÉRATURE.

(Voyez le numéro du 30 août.)

Si le style est l'expression de l'homme, la littérature n'est

pas moins l'expression de la société.

Le style est l'expression de l'homme intellectuel, de sa pensée, de son esprit, de son caractère; la littérature sera donc l'expression de la partie morale de la société ; c'est-à-dire de sa constitution, qui est son ame, son esprit, son caractère.

Ainsi, comme la constitution de la société, considérée dans sa division la plus générale, est domestique ou publique, constitution de famille et constitution d'Etat, la littérature considérée aussi dans ces deux genres qui comprennent toutes les espèces différentes de compositions, est du genre familier, ou du genre noble, élevé, public; elle représente dans la comédie, dans le roman, dans la pastorale, les aventures de la famille; elle chante dans la composition érotique, bachique, élégiaque, géorgique, les travaux, les plaisirs, les douleurs de l'homme privé; ou bien, elle raconte dans l'épopée, elle représente dans la tragédie les événemens de la société publique, et les actions des hommes publics; elle chante dans l'ode, ou le cantique, les faits mémorables de la religion ou de la politique. Et il faut remarquer ici que la poésie religieuse a précédé, chez tous les peuples, toute autre espèce de composition littéraire preuve que la religion est née avec la société, et que le sentiment de la divinité a précédé tout autre sentiment.

On peut donc réduire à trois espèces de composition dans chaque genre, toutes les productions littéraires, les compositions dramatique, lyrique et épique : car, à le bien prendre, le roman est l'épopée de la famille; la pastorale, une espèce de roman; l'idylle, un incident de la pastorale.

On voit, à l'aide de cette distinction, que les anciens, plus près que nous de l'état purement domestique de société, ont

dû cultiver avec succès le genre familier, et même en introduire la naïveté (1) jusque dans le genre noble; et que les modernes, plus avancés dans l'état public, et chez qui l'état s'est même constitué aux dépens de la famille, ont dû atteindre un haut degré de perfection dans le genre noble, et même en transporter l'élévation et la dignité dans le

genre familier. Non-seulement la littérature est dans ces deux genres l'expression des deux constitutions générales de société auxquelles l'homme appartient, mais elle est encore, dans ses progrès chez chaque peuple, l'expression de l'état plus ou moins avancé de la marche progressive ou rétrograde de ces diverses constitutions; c'est-à-dire que la littérature est plus ou moins naturelle ou perfectionnée dans ses productions, selon que la société dont elle est l'expression, est plus ou moins perfectionnée, plus ou moins naturelle dans ses lois.

Cette proposition n'est vraie, comme toutes les vérités morales, que sous un point de vue général; et il faut en chercher la preuve dans l'ensemble des productions littéraires d'une nation, plutôt que dans les productions particulières de tel ou tel auteur, à moins que des ouvrages tels que l'Iliade, l'Enéide ou la Jérusalem délivrée, par la nature même d'un sujet qui comprend tous les genres et s'étend à toutes les idées, ne soient l'expression fidelle des temps auxquels ils se rapportent, et des hommes qu'ils mettent en

action.

Ici l'on permettra à l'auteur de cet article, pour mieux faire entendre toute sa pensée, de transcrire ce qu'il a dit ailleurs sur le même sujet: « Plus dans sa législation politique » et religieuse, une société policée, ou qui connoît les arts, » se rapproche de la constitution véritable ou de la nature >> perfectionnée des sociétés; plus les arts, dans leurs produc¬ »tions, se rapprochent de la nature embellie et perfectionnée » des objets qu'ils ont à peindre. La France étoit plus près

(1) Naïf paroît n'être que le mot natif, adouci par l'usage dans la prononciation; et il désigne également une qualité qui appartient au pre mier âge

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