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ENIGME.

A DEUX choses bien différentes,

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Un même nom convient Ce nom, qu'il faut trouver
Sans le secours des remarqu s suivantes,
Pourroit, lecteur, te faire trop rêver.
Pour te faciliter ce que tu te proposes,
Je te dirai que l'une de ces choses
S'exprime en genre masculin,
Et l'autre en genre feminin.
L'une est graciense, agréable,
D'un accueil doux et favorable,
Et très-volontiers se produit ;
L'autre toujours est ténébreuse,
Timide, inquiète, ombrageuse,
Et s'effarouche au moindre bruit.
L'une fait toujours bonne mine;
L'autre ne vit que de rapine,

Et ravage partout où son corps peut passer.
L'une n'est qu'un gâte ménage :
D'amour et d'amitié l'autre est un témoignagne;
Mais un moment aussi suffit pour l'effacer.

LOGOGRIPHE.

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UN acolyte, un bac, un arc un lit,
Le troc, le broc, le lec et le cabrit,
Un abricot, le roi, l'air et la Loire,
Ali, Lia, le baril et le bail,

Roc, taire, un bloc, l'abri, le lait et l'ail,
Clio, le Caire, Erato, lire et boire,
Coire, la Brie, un lac et le Loiret,
La tile, Albi, de la cire, un carbet,
Jusqu'au rolet de ce bon La Fontaine ;
Tous ces objets, qui forment un hachis,
Ou, pour mieux dire, un tudesque gachis,
Ami lecteur, se rencontrent sans peine,
En combinant les neuf pieds de mon nom :
J'offre à tes yeux la mach ne légère
Avec laquelle un autre Phaeton

Semble vouloir tout réduire en poussière.

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Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme du dernier No. est Parapluie.

Celui du Logogriphe est Pierre, où l'on trouve père, prière,
Celui de la Charade est Re-belle.

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Histoire de P. d'Aubusson-la-Feuillade, grand-maître de Rhodes; par le Père Bouhours, de la Compagnie de Jésus. Quatrième édition, augmentée de Notices sur quelques uns des personnages de la maison de P. d'Aubusson, qui se sont distingués dans ces derniers temps; par M. de Billy, ancien grand-vicaire de Langres, et chanoine honoraire de Besançon Un vol. in-4°. Prix : 9 fr., et 11 fr. 50 cent. par la poste. A Paris, chez Goujon, libraire, rue du Bacq, n° 84 Brunot, libraire, rue de Grenelle Saint-Honoré, n° 17; et chez le Normant, imprimeur-libraire.

LES

;

Es bons livres sont aujourd'hui si rares, que l'on est presque toujours assuré du succès quand on réimprime des livres anciens. L'histoire que nous annonçons méritoit les honneurs d'une nouvelle édition. Le respectable éditeur n'a rien négligé pour la rendre complète; et l'on ne lit pas sans intérêt une Dissertation sur Zizime, et des Notices sur quelques personnages illustres de la maison d'Aubusson. Nous suivrons la méthode que nous nous sommes tracée depuis long-temps, de parler avec autant d'étendue d'un bon livre réimprimé, que si nous avions à annoncer un ouvrage nouveau. Le public a paru approuver cette méthode, qui a l'avantage de fournir l'occasion d'appliquer les anciens et les seuls bons principes

de la littérature.

Parmi les vies des grands hommes des temps modernes, il en est peu qui fournissent une plus belle matière à l'historien que celle du grand-maître d'Aubusson. Distingué dès sa jeunesse par des exploits contre les Turcs, honoré de la bienveillance de Charles VII et de l'empereur Sigismond, il abandonna, à l'âge des passions, les délices d'une cour voluptueuse, pour se consacrer entièrement à la défense de la religion, Entré dans un Ordre militaire très-célèbre alors, et que l'exemple des excès des Templiers et de leur châtiment sévère avoit rappelé au but de son institution, d'Aubusson se dislingue aussitôt qu'il paroît dans cette nouvelle carrière. Sans employer les ressources de l'intrigue, il parvient par degrés aux premiers grades de l'Ordre. Les papes, les grands-maîtres, conçoivent de lui les plus flatteuses espérances. Les dangers. extrêmes que court la chrétienté, menacée par les armes vic

torieuses de Mahomet second, qui venoit d'anéantir l'Empire Grec, fixent tous les regards sur ce héros. A ce moment terrible, le vénérable Baptiste des Ursins, grand-maître de Rhodes, termine sa carrière; et ses derniers momens sont adoucis par l'espoir qu'on lui donnera d'Aubusson pour

successeur.

Cet espoir n'est pas trompé : d'une voix unanime le héros est nommé chef de l'Ordre religieux et militaire destiné à défendre le boulevard le plus important de la chrétienté.

Mahomet II, qui se connoissoit en hommes, renonce pour le moment à faire le siége de Rhodes. Il entame des négociations qui ont pour but de sauver au moins sa gloire, en obtenant de l'Ordre un léger tribut. Ces propositions sont rejetées avec horreur par le grand-maître, qui aime mieux s'exposer à attirer sur lui toutes les forces de l'Empire Ottoman que de ratifier un traité humiliant pour la religion. Alors Mahomet envoie contre une île de peu d'étendue, dont les fortifications étoient à peine réparées, une armée innombrable. C'est à ce siége que l'on a souvent lieu d'admirer des faits d'armes qui semblent vous reporter aux temps héroïques ou à ceux des premières Croisades. Ce siége, aussi fécond en événemens extraordinaires que ceux de Troie et de Jérusalem, n'auroit pas été indigne des pinceaux d'Homère et de ceux du Tasse. Quel sujet favorable pour un historien dont les peintures, sans rien perdre de l'exactitude, peuvent approcher de si près les conceptions sublimes de l'épopée !

L'armée de Mahomet échoue devant les rochers de Rhodes. Il meurt, et la division qui se met entre ses fils, donne aux Chrétiers le teraps de respirer. L'un d'eux (Zizime), qui a conçu pour d'Aubusson la plus grande estime, vaincu par son frère Bajazet, vient implorer la protection du grand maître, l'ennemi naturel de son culte et de sa nation. D'Aubusson se montre alors aussi habile négociateur qu'il a été intrépide guerrier. Ce précieux otage lui sert à tenir dans une inquiétude continuelle Bajazet, dont le frère, soutenu par un parti puissant, peut lui disputer le trône. Vainement Bajazet veut prodiguer les trésors pour que Zizime lui soit livré; vainement emploie-t-il des traîtres pour le faire périr, tant qu'il est sous la protection du grand-maître, ses jours sont en sûreté ; il ne périt que quand le pape Alexandre VI s'est emparé de lui, contre la foi des traités.

A cette époque, tous les princes chrétiens avoient préparé une Croisade contre les Turcs; on cherche à mettre à la tête de cette grande expédition, l'homme le plus renommé pour ses vertus guerrières. Le choix n'est pas long-temps indécis; et

de l'aveu de tous les princes chrétiens, d'Aubusson est nommé généralissime de la Croisade. Il est à présumer que si ce projet se fût exécuté, la vieillesse de d'Aubusson auroit été couronnée de lauriers encore plus brillans que ceux qu'il avoit cueillis dans son âge mûr, et que Constantinople seroit retombée au pouvoir des Chrétiens; mais l'ambition de Charles VIII, les intrigues d'Alexandre VI, rompirent toutes ces mesures; et d'Aubusson mourut avec le regret de n'avoir pas rétabli l'Empire Grec.

On voit combien le sujet choisi par le P. Bouhours étoit riche et brillant. Peut-être en a-t-il été trop ébloui. N'écrivant point une histoire générale, il a mal à propos cherché à imiter Tite-Live, dont il saisit assez bien la manière fleurie et majestueuse. Mais ce qu'il gagne en éloquence, il le perd en intérêt. Ce coup d'oeil vaste et rapide qui embrasse les révolutions des Empires, qui s'attache à marquer leurs différentes périodes, qui ne s'arrête point sur les détails, et qui ne s'occupe que des grands résultats, convient-il à celui qui veut écrire une vie particulière? Le héros ne paroît-il pas avec des traits trop vagues? Et confondu, s'il est permis de s'expliquer ainsi, avec les événemens importans, auxquels il n'a pas eu une part assez directe, n'est-il pas vrai qu'il perd à être célébré d'une manière trop pompeuse?

Il semble donc que le P. Bouhours, au lieu de choisir Tite-Live pour modèle, auroit dû suivre les traces de Plutarque. Dans quel historien trouve-t-on, comme dans les productions de cet écrivain célèbre, la physionomie particulière des héros de l'antiquité? Si les Hérodote, les Thucydide, les Tite-Live, les Salluste, nous ont transmis les révolutions des peuples, les variations de leurs mœurs, et les secrets de leur politique, trouve-t-on chez eux ces détails précieux qui nous présentent les héros dans leur vie privée, qui nous instruisent de leur caractère moral, qui nous font entrer dans l'intérieur de leur famille, et qui nous montrent ces foiblesses si intéressantes, lesquelles, sans altérer l'héroïsme d'un grand homme, le rapprochent de l'imperfection inévitable de l'humanité? C'est ce qui distingue éminement Plutarque des autres historiens. Il a créé une école dont ceux qui écrivent des vies particulières ne doivent point s'écarter. S'ils dédaignent cette simplicité, s'ils veulent s'élever trop haut, ils se privent de tous les charmes attachés à ce genre d'histoire que l'on pourroit regarder comme le plus moral de tous.

En se trompant sur le vrai caractère que devoit avoir la vie du grand-maître d'Aubusson, le P. Bouhours s'est préservé des écueils auxquels pouvoit l'entraîner son sujet. « Je

>> me suis souvenu, dit-il, que je faisois une histoire; que je » ne faisois pas un roman; et qu'il y avoit de la différence » entre un chevalier de Rhodes, et un chevalier d'Amadis. » Si le P. Bouhours eût voulu être romanesque, son sujet lui en présentoit tous les moyens. Dès le commencement de l'administration de d'Aubusson, une jeune reine de Chypre (Charlotte de Luzignan), célèbre par sa beauté, se réfugie à Rhodes, et implore la protection des chevaliers contre Catherine Cornaro vénitienne qui s'étoit emparée de ses Etats. Les chevaliers, comme on le présume, prennent le plus vif intérêt au malheur et à la beauté; mais la prudence du grand-maître se borne à envoyer à Rome la jeune reine avec quelques secours. Ne voit-on pas quel parti un historien comme Varillas auroit su tirer de cet incident? Si un poète eût voulu chanter le siége de Rhodes, n'auroit-il pas trouvé dans Charlotte de Luzignan une autre Armide? Le P. Bouhours s'est sagement préservé des ornemens romanesques que pouvoit lui fournir cet épisode: il raconte avec simplicité l'histoire de la reine de Chypre, et sa narration n'en inspire que plus d'intérêt.

Cependant il n'a pas toujours su conserver dans son style cette justesse de ton, et cette réserve que l'on admire dans ses combinaisons. Il court trop souvent après l'esprit, et ses rapprochemens forcés lui font perdre la gravité que doit avoir un historien. Nous n'en citerons qu'un exemple. Il parle d'une image miraculeuse que l'on mit avant le siége dans la principale église de Rhodes. « Ce que l'image fatale de Minerve, » dit-il, étoit au peuple de Troie, celle de la Vierge le fut >> au peuple de Rhodes. » Outre qu'un historien, et un Religieux sur-tout ne doit établir aucune comparaison entre une image de la sainte Vierge et une Idole, le goût et le bon sens s'opposoient à ce que l'on rapprochât deux traits d'histoire si différens. On sait en effet que Troie, protégée par Minerve, fut anéantie, et que Rhodes au contraire opposa une résistance victorieuse à Mahomet II.

Pour bien apprécier les actions de d'Aubusson, il seroit nécessaire de connoître quelle étoit alors la constitution politique de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, et quelle portion d'autorité étoit attribuée au grand-maître. Les exploits d'un héros ne se jugent que d'après les circonstances dans lesquelles il s'est trouvé. Malheureusement le P. Bouhours ne donne aucun détail sur cet objet important. L'abbé de Vertot, dans son histoire de Malte, garde a-peu-près le même silence.

Il seroit possible d'y suppléer sous quelques rapports, par l'examen de la lettre de convocation que le grand-maître adressa aux chevaliers de toutes les langues, lorsque Rhodes

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