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reur Alexandre et son sénat dirigeant, dire que ce sont les alliés qui ont été battus. Toute l'Europe sait bien qu'il n'y a pas de familles en Russie qui ne portent le deuil. Ce n'est point la perte des alliés qu'elles pleurent; 195 pièces de bataille russes qui ont été prises, et qui sont à Strasbourg, ne sont pas les canons des alliés. Les 50 drapeaux russes qui sont suspendus à Notre-Dame de Paris, ne sont point les drapeaux des alliés. Les bandes de Russes qui sont morts dans nos hôpitaux ou sont prisonniers dans nos villes, ne sont pas les soldats des alliés.

L'empereur Alexandre, qui commandoit à Austerlitz et à Vischau avec un si grand corps d'armée, et qui faisoit tant de tapage, ne commandoit pas les alliés. Le prince qui a capitulé et s'est soumis à évacuer l'Allemagne par journées d'étapes, n'étoit pas sans doute un prince allié. On ne peut que hausser les épaules à de pareilles forfanteries. Voilà le résultat de la foiblesse des princes et de la vénalité des ministres. Il étoit bien plus simple pour l'empereur Alexandre de ratifier le traité de pais qu'avoit conclu son plénipotentiaire, et de donner le repos au continent. Plus la guerre durera, plus la chimère de la Russie s'effacera, et elle finira par être anéantic. Autant la sage politique de Catherine étoit parvenue à faire de sa puissance un immense épouvantail, autant l'extravagance et la folie des ministres actuels la rendront ridicule en Europe.

Le roi de Hollande avec l'avant-garde de l'armée du Nord, est arrivé le 21 à Gottingue. Le maréchal Mortier avec les deux divisions du huitième corps de la Grande-Armée, commandées par les généraux Lagrange et Dupas, est arrivé le 26 à Fulde. Le roi de Hollande a trouvé à Munster, dans le comté de la Marck et autres Etats prussiens, des magasins et de l'artillerie. On a ôté à Fulde et à Brunswick les armes du prince d'Orange et celles du duc. Ces deux princes ne règneront plus. Ce sont les principaux auteurs de cette nouvelle coalition. Les Anglais n'ont pas voulu faire la paix; ils la feront; mais la France aura plus d'Etats et de côtes dans son système fédératif.

Voici le rapport que le prince de Hohenlohe a adressé au roi de Prusse après la capitulation de son corps d'armée, et qui a été intercepté:

A Sa Majesté le Roi.

Je n'ai pas eu le bonheur de pouvoir passer l'Oder avec l'armée qui m'étoit confiée, et de la soustraire ainsi aux poursuites de l'ennemi. Ayant atteint, après les marches les plus pénibles, les environs de Boitzembourg, et me trouvant au

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moment de passer ce défilé pour atteindre Prentzlow, le même soir je le trouvai déjà occupé par l'ennemi. Quoique parvenu à le forcer, je ne jugeai pas à propos de poursuivre directement ma marche, ma cavalerie se trouvant sans fourrages, et extrêmement fatiguée; et devant m'attendre à la pointe du jour à une attaque dont l'issue malheureuse étoit bien à craindre, je me tournai en conséquence le plus promptement possible vers la gauche, et atteignis dans la nuit les environs de Schonemarck. J'avois, des deux heures du matin, ordonné que de fortes patrouilles fussent poussées au-devant de l'ennemi: ces patrouilles revinrent sans l'avoir rencontré. Pour éviter de tomber dans un cul-de-sac, j'envoyai encore une patrouille jusqu'à Prentzlow. Elle rendit compte qu'aucun ennemi ne s'étoit montré dans les environs, et qu'à Prentzlow, on n'avoit pas aperçu de ses patrouilles. Je me mis alors en marche pour atteindre cette ville, où j'espérois trouver du pain et des fourrages; tout autour de moi on en demandoit, la détresse étoit parvenue à son comble. A peine avois-je atteint les hauteurs de Prentzlow, que l'ennemi parut sur mon flanc droit; on en vint aussitôt aux mains. La supériorité de l'ennemi et son artillerie me forcèrent à la retraite par Prentzlow; l'espoir d'y trouver du pain et des fourrages fut donc totalement deçu par l'arrivée de l'ennemi. Des corps ennemis se montrèrent sur mon flanc droit. Les Français, bien supérieurs à moi en artillerie et en cavalerie, se disposoient à renouveler l'attaque sur mon centre: plusieurs bataillons se trouvoient sans cartouches; une batterie entière d'artillerie légère étoit perdue, et d'après le rapport du colonel Hozen, il ne restoit plus à la plupart des autres pièces que cinq charges.

Je me trouvois encore à sept milles de Stettin, et même toute apparence de secours fondée sur cette marche étoit évanouie. Coupé des secours restés à Lichen et du corps du général Blucher, sans cavalerie en état de combattre, puisque l'abattement des hommes et la fatigue des chevaux lui avoient ôté toute confiance en elle-même, sans munitions et sur-tout sans vivres; enfin, persuadé que je sacrifierois la vie de cette poignée d'hommes, sans aucune utilité pour le service de V. M., je me suis soumis à ma triste destinée, et j'ai capitulé avec l'ennemi. Je suis à même de justifier ma conduite pendant tout le cours de cette campagne aux yeux de mes contemporains et de la postérité, à ceux de V. M., et devant mes propres regards, que je puis tourner avec calme et avec sérénité sur

moi-même.

Je

pense pouvoir prouver que j'ai été la malheureuse vic→

time de la non-exécution de mes premiers plans. Le malheur seul m'atteint, et non la honte. La supériorité de la cavalerie ennemie avoit déjà détruit en grande partie le détachement du général Schimmelpenning; et cependant la possibilité de ma retraite ne reposoit que sur l'existeuce de ce corps qui devoit brûler tous le ponts sur le Rhinau, la Havel ́et`le canal de Finaw.

J'ai conduit une armée qui, manquant de pain, de munition, de fourrages, devoit atteindre un passage difficile, dans un cercle dans toute l'étendue duquel l'ennemi étoit en mouvement. L'impossibilité de l'exécution ne tenoit ni à mon zéle, ni à ma bonne volouté, ni à la chose en elle-même, ni à l'insuffisance de mes dispositions. On doit plaindre l'étendue de mon malheur, et l'on ne sauroit me condanner. Je me réserve de déposer aux pieds de Votre Majesté un rapport détaillé sur tous les événemens qui m'ont accablé depuis le 14.

Prentzlow, le 29 octobre 1806.

Signe F. L. le prince DE HOHENLOHE.
Capitulation de la ville de Stetin.

Après que le fort dit Preussen et la place de Stettin ont été nommées par le général Lasalle, au nom de S. A. I. et R. le grand-duc de Berg, et que cette sommation, après un premier refus, a été répétée avec instance, il a été conclu par le lieutenant-général, le baron Romberg, gouverneur, et le général-major Knobelsdorff, assistés par les généraux du génie de Raudem, et le major du génie de Barun, de rendre la ville de Stettin et le fort de Preussen, seulement sous les conditions suivantes, à M. le général Lasalle, commandant l'avant-garde de S. Á. I. et R. le grand-duc de Berg.

Art. I. Toute la garnison actuelle, y compris le petit étatmajor et tous les militaires ne faisant pas partie de le garnison, obtiendront librement la sortie avec armes et bagages, pour se rendre, soit en Prusse occidentale et septentrionale, ou en Silésie.

R. La garnison sortira avec les honneurs de la guerre, déposera les armes sur les glacis, sera prisonnière de guerre, et envoyée en France. Les officiers seront prisonniers sur parole, et il leur sera accordé des passeports pour se rendre où bon leur semblera.

II. La garnison susmentionnée conserve ses propriétés, et se rend sur parole au lieu qu'elle choisira.

R. Les officiers conserveront leur épée, leurs bagages, leurs chevaux, et tout ce qui peut leur appartenir.

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III. Il n'y a que les propriétés royales qui seront remises aux troupes françaises.

R. Tout ce qui se trouve dans la place appartenant à S. M. le roi de Prusse, sera remis aux troupes françaises.

IV. La garnison sortante recevra tous les secours néces

saires.

R. Accordé.

V. Il sera accordé aux troupes prussiennes au moins vingtquatre heures pour l'arrangement de leurs affaires.

R. Il sera accordé jusqu'à midi aux troupes prussiennes pour l'arrangement de leurs affaires.

VI. Pendant cet intervalle de vingt-quatre heures, on remettra aux troupes de S. M. l'Empereur des Français la porte de Berlin.

R. La porte de Berlin sera remise aux troupes françaises, qui auront un poste sur le pont de l'Oder. Čes deux postes seront occupés à six heures du matin par troupes

çaises.

les

fran

du

VII. Les troupes impériales françaises respecteront et protégeront les propriétés des habitans de la place de Stettin, fort de Preussen et des faubourgs,

R. Accordé.

VIII. Les familles de tous les militaires peuvent compter sur la protection des troupes impériales françaises.

R. Accordé.

IX. A dater de la ratification de cette capitulation, cesseront toutes les hostilités contre la ville de Stettin.

R. Accordé.

X. Les malades et blessés de l'armée prussienne qui se trouvent dans la place, sont abandonnés au traitement généreux des troupes françaises.

R. Accordé.

Stettin, le 29 octobre 1806, à six heures du soir.

Articles imposés par les Français.

XI. Le trésor qui se trouve dans la place sera remis aux troupes françaises.

XII. Il sera nommé de part et d'autre des officiers d'artillerie et du génie, pour remettre et recevoir tous les magasins, munitions, cartes, plans, etc., qui sont dans la place. Au quartier-général de Mohringen, le 29 octobre 1806. Le général de brigade commandant l'avant-garde du corps de cavalerie de réserve, aux ordres de S. A. I. et R. le grand-duc de Berg, lieutenant de l'EMPEREUR. Signé LASALLE

XXV BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Berlin, 2 novembre 1806.

Le général de division Beaumont a présenté aujourd'hui l'EMPEREUR 50 nouveaux drapeaux et étendards pris sur l'ennemi; il a traversé toute la ville avec les dragons qu'il commande, et qui portoient ces trophées : le nombre des drapeaux, dont la prise a été la suite de la bataille d'Jéna, s'élève en ce moment à 200.

Le maréchal Davoust a fait cerner et sommer Custrin, et cette place s'est rendue: on y a fait 4c00 hommes prisonniers de guerre. Les officiers retournent chez eux sur parole, et les soldats sont conduits en France. Quatre-vingt-dix pièces de canon ont été trouvées sur les remparts; la place, en trèsbon état, est située au milieu des marais; elle renferme des magasins considérables. C'est une des conquêtes les plus importantes de l'armée; elle a achevé de nous rendre maîtres de toutes les places sur l'Oder.

Le maréchal Ney va attaquer en règle Magdebourg, et il est probable que cette forteresse fera peu de résistance.

Le duc de Berg avoit son quartier-général le 31 à Friedlang. Ses dispositions faites, il a ordonné l'attaque de la colonne du général prussien Bila, que le général Becker a chargé sur la plaine en avant de la petite ville d'Anklan, avec la brigade de dragons du général Boussart. Tout a été enfoncé, cavalerie et infanterie, et le général Becker est entré dans la ville avec les ennemis, qu'il a forcés de capituler. Le résultat de cette capitulation a été 4000 prisonniers de guerre les officiers sont renvoyés sur parole, et les soldats sont conduits en France. Parmi ces prisonniers se trouve le régiment des hussards de la garde du roi, qui, après la guerre de sept ans, avoient reçu de l'impératrice Catherine, en témoignage de leur bonne conduite, des pelisses de peau de tigre.

La caisse du corps du général Bila et une partie des bagages avoient passé la Penne et se trouvoient dans la Pomeranie suédoise. Le grand-duc de Berg les a fait réclamer.

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Le 1 novembre au soir, le grand-duc avoit son quartiergénéral à Demmin. Le général Blucher et le duc de Weimar ayant le chemin de Stettin fermé, se portoient sur leur gauche, comme pour retourner sur l'Elbe; mais le maréchal Soult avoit prévu ce mouvement, et il y a peu de doute que ces deux corps ne tombent bientôt entre nos mains. Le maréchal a réuni son corps d'armée à Stettin, où l'on trou, e encore chaque jour des magasins et des pièces de canon.

Nos coureurs sont déjà entrés en Pologne.

Le prince Jérôme, avec les Bavarois et les Wurtembergeois, formant un corps d'armée, se porte en Silésie.

S. M. a nommé le général Clarke gouverneur-général de

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